XII
COLLABORER AVEC LES COMMUNISTES ?
Le responsable de la salle des prêtres était un jeune chapelain. Il avait échoué en prison par hasard et, de ce fait, n’avait qu’une seule pensée : en sortir le plus rapidement possible. À plusieurs reprises il tâcha de me convaincre de collaborer avec les autorités du camp de concentration. Une conversation m’apprit que les autorités désiraient que les prêtres introduisent conjointement un recours en grâce. Cela impliquait naturellement un engagement de coopération avec le gouvernement pour le développement et la prospérité de l’État démocratique. Le chef de salle se dépensait sans compter pour rallier les voix de tous les ecclésiastiques en vue du recours en grâce. Il espérait gagner aussi mon concours, mais là il se trompait lourdement dans ses calculs. Au lieu de m’associer à son œuvre, j’inaugurai de mon côté une puissante offensive en sens contraire. Un jeune curé qui avait environ mon âge était mon principal auxiliaire. Il y eut de grandes discussions dans la salle, car les points de vue étaient totalement divergents. Le nôtre était le suivant : pourquoi mendier une remise de peine puisque nous étions innocents et maintenus en détention sans jugement ? En tout cas, il ne pouvait être question de collaborer avec le régime communiste. Tout cela fit tellement de bruit dans notre chambrée que les autorités du camp préférèrent enterrer provisoirement le projet de requête. Le chef de salle fut transféré en cellule pour avoir échoué dans sa mission. Il revint parmi nous après une quinzaine de jours mais on le déposséda de sa fonction de préposé.
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