Aux grands maux, les grands remèdes. À l’aveuglement généralisé la réponse est le désir du martyre. D’autant plus, mais cela nous le verrons dans un autre sermon, que c’est pratiquement le seul remède à l’esprit d’anti-martyre qui fait des ravages parmi les bons chrétiens.
Voyons en premier pourquoi le martyre tient la première place dans la spiritualité chrétienne.
Résumé du sermon
Deux parties dans ce sermon : quelques explications et une illustration.
Quelques explications
Le mot ‘martyre’ désigne l’action de tuer pour la foi et le mot ‘martyr’ désigne celui qui subit l’action.
1. Pourquoi avoir mis le martyre en première position dans notre examen de conscience contre l’hébétude ?
Parce que nous avons donné la consécration au Saint-Esprit comme attitude complètement opposée à l’hébétude. Or le martyre est totalement sous la motion du Saint-Esprit.
Parce que le martyre est une façon simple donnée par Dieu à tous pour accomplir l’union au Saint-Esprit. (Simple au sens de non compliqué, et non au sens de facile. Encore que…). Il convient aux grands saints et aux simples chrétiens, aux savants et aux ignorants, et même aux grands pécheurs. Il fait les grands saints. Il transforme même en un instant des aveugles auxquels il ouvre les yeux sur Dieu et sur la vie humaine. A fortiori ouvrira-t-il simplement les yeux aux chrétiens hébétés.
2. La place première du martyre dans la vie
À vrai dire, c’est le sacrifice qui est premier dans la vie chrétienne, non pas au sens restreint de destruction d’une chose pour Dieu, mais au sens de consécration à Dieu, d’union de nos âmes à Dieu.
Or le martyre est la plus parfaite consécration puisqu’elle consacre à Dieu non seulement telle ou telle chose, telle ou telle activité, tel ou tel désir, mais tout puisqu’elle consacre pleinement la vie tout entière et donc tout ce que cette vie permettait de posséder, de faire ou de désirer.
Le martyre est donc à l’origine de toute conception de la vie chrétienne. Par exemple celle de saint Ignace avec l’amour des opprobres qui ouvre à la consécration à Jésus en croix. Celle des Franciscains avec la parfaite pauvreté. Celle de Mgr Lefebvre centrée sur le sacrifice eucharistique.
3. Pourquoi le terme “spiritualité” et exposer la spiritualité du martyre ?
Parce qu’on a pris l’habitude de distinguer la vie spirituelle qui serait presque la seule vie chrétienne, de la vie professionnelle, de la vie sociale et même de la vie personnelle. Si les chrétiens essayent de rétablir l’unité entre leur vie personnelle et leur vie spirituelle, c’est-à-dire chrétienne, bien peu ont l’idée de rétablir l’unité entre leur vie sociale et leur vie spirituelle.
Or, c’est toute la vie qui doit être spirituelle, c’est-à-dire non seulement inspirée, mais informée, conduite par le Saint-Esprit, y compris la vie sociale et professionnelle. Le martyre rétablit simplement cette unité chez ceux qui l’avaient perdue.
En effet, le martyre remet chaque chose à sa place.
4. La couronne du martyre.
Il y a trois couronnes au Ciel : celles des martyrs, des confesseurs et des vierges parce que ce sont les trois façons les plus parfaites d’avoir consacré sa vie à Dieu.
Illustrations
Saint Antoine de Padoue
Il était religieux et allait souvent voir les franciscains.
Il assiste à une grande fête dans laquelle on rapporte solennellement le corps de cinq franciscains morts martyrs au maroc.
Il se dit que le martyre est la plus belle de toutes ls morts, parce qu l’homme a été créé pour honorer louer et servir Dieu. Or, par le martyre on loue Dieu plus que tout pouisqu’on met tout le reste en dessous de cela. On quitte tout le reste pour Dieu, donc c’est un des plus beaux témoignages qu’on puisse rendre à Dieu pour le louer.
Saint Antoine décide d’entrer chez les Franciscains pour devenir martyr.
Un jour on lui demande de faire un sermon. c’est la première fois qu’il prêche. On découvre que saint Antoine connaît très bien la théologie.
Il prend comme sujet de son sermon : « le Christ s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. » Il enseigne l’amour de la Croix. Tous les assistants sont stupéfaits, tout le monde pleure.
À cause de cela il sera nommé professeur de théologie et grand prédicateur.
Il fait des miracles. Remarque : il n’est pas facile de faire des miracles, essayez un peu ! Don Bosco disait : « Si vous saviez ce que cela me coûte pour faire des miracles ! » Lisez dans les récits et visions.
On retient que saint Antoine de Padoue faisait des miracles, mais il faut se demander pourquoi. Parce qu’il avait dit au bon Dieu qu’il voulait être martyr ! Les miracles se méritent.
Il y a trois couronnes au Ciel : de martyr, de docteur, de vierge. Le docteur parce qu’il glorifie Dieu par sa prédication. Finalement, Dieu, dans sa sagesse ne donna pas à saint Antoine de Padoue la couronne de martyr qu’il désirait, mais celle de docteur. Mais saint Antoine n’aurait pas eu la couronne de docteur s’il n’avait pas d’abord désiré celle de martyr.
Saint François d’Assise
C’est la même chose pour saint François d’Assise. Certes, il commença à se donner au bon Dieu par la pauvreté la plus absolue, mais très tôt il fut lui aussi pris par le désir du martyre. C’est pourquoi il alla en Égypte prêcher la foi, espérant bien être martyrisé. Mais le Sultan fut tellement admiratif qu’il le laissa repartir.
Sainte Thérèse d’Avila
Elle partit vers le sud pour être martyre. Fut rattrapée par son oncle. Devint carmélite et réforma le Carmel.
Saint Thomas l’apôtre
Saint Thomas n’était pas avec les apôtres le soir de Pâques et douta de la résurrection. Huit jours après, Notre Seigneur apparaît spécialement pour lui et lui donne la foi en sa résurrection. Jésus a eu pitié de lui parce qu’auparavant, lorsque les juifs cherchaient à mettre Jésus à mort, saint Pierre conseilla au Seigneur de renoncer à monter à Jérusalem. Notre Seigneur lui répondit : « Arrière de moi, Satan. » Quiconque veut détourner Jésus de sa mort sur le Croix est un satan. Saint Thomas au contraire dit : « Puisqu’il en et ainsi, allons et mourons avec lui ! »
Sainte Marguerite Marie Alacoque
Dieu lui propose deux couronnes, une blanche et une rouge, à son choix. Elle demande laquelle Jésus préfère qu’elle choisisse. Les deux me plairont autant, répond Jésus. « Alors je choisis la rouge pour mieux vous ressembler et souffrir avec vous. »
Les premiers chrétiens désiraient être martyrs parce que c’était la plus belle des morts qu’on puisse offrir à Dieu.
Deux garçons – j’en ai connu un – après le martyre du Père Jacques Hamel près de Rouen, se sont encouragés mutuellement pour demander le martyre.
