Sermons sur l’Église
17. L’Église, c’est les amis de la Croix

Mes bien chers Frères,

Enfin nous arrivons au cœur de l’Église, à ce qui fait la différence d’avec l’Église du Paradis terrestre : Jésus Sauveur Crucifié.

Là est le grand vide de nos sociétés contemporaines et de Vatican II à leur suite. Là est le grand moyen de restauration.

Mais, chaque chose en son temps et commençons par bien nous pénétrer de cette vérité : l’Église, c’est la société des amis de la Croix, elle vit par la Croix.

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Résumé du sermon
Textes de Mgr Lefebvre
Lettre aux Amis de la Croix par st Louis-Marie Grignion de Montfort
Lettre aux Amis de la Croix en livret à imprimer

Résumé du sermon

S’il y a un moyen pour nous d’estimer un peu d’une manière – oh combien faible – ce qu’est cette charité, dans le sein de la Trinité Sainte, c’est bien le Saint Sacrifice de la messe qui nous en donne l’image la plus poignante, la plus réelle. Car s’il y a un acte de charité qui a été fait ici-bas et qui est le plus beau, le plus sublime qui ait jamais été accompli, c’est bien la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix pour la gloire de son Père, pour sauver nos âmes : charité envers Dieu, charité envers le prochain. (Mgr Lefebvre, sermon de Pâques, 15 avril 1979)

C’est autour du Sacrifice de la Messe que s’organisera l’Église, Corps mystique de Notre-Seigneur, que vivra le Sacerdoce pour édifier ce Corps mystique, par la prédication qui attirera les âmes à se purifier dans les eaux du baptême pour être dignes de participer au Sacrifice Eucharistique de Jésus, à la manducation de la divine Victime, et s’unir ainsi toujours plus à la Trinité sainte, inaugurant déjà ici-bas la vie céleste et éternelle. (Mgr Lefebvre, Itinéraire Spirituel)

Nous arrivons là au cœur de notre étude sur l’Église.

Aimer ce que Jésus aime, donc la Croix

L’Église est la société des amis de Jésus. Or chaque ami aime ce que l’autre aime. Et si l’un est plus petit, il cale son amour sur ce que son ami plus grand que lui aime. C’est vrai de toute société, c’est encore plus vrai de l’Église.

Il est manifeste que le Père Éternel a choisi la mort de son Fils pour rétablir l’amitié entre lui et les hommes.

Par conséquent, la Croix est d’abord la source du salut, mais elle est aussi le lien entre les membres de l’Église.

Cela est tellement important que le Christ a voulu approcher son sacrifice sur la Croix de tous les hommes, en tous les lieux, dans toutes les situations. C’est la messe qui n’est rien autre que la prolongation du sacrifice de la Croix.

L’Église, ce sont les amis de Jésus crucifié

Mon but n’est pas de vous exposer la grandeur de la Croix. Il est de vous exposer la grandeur de l’Église puisque la Croix en est le cœur, la raison d’être, le lien à travers la messe.

Bien plus, il est de vous faire comprendre à partir de la Croix ce qu’est l’Église.

Il est plus important de chercher à vivre du mystère de la Croix que de chercher à le comprendre. C’est en en vivant qu’on le comprend. C’est en en vivant qu’on fait vivre l’Église.

C’est toute la différence entre les amis de Dieu au Paradis terrestre et les amis de Dieu dans l’Église : Jésus crucifié. Saint Paul : « Je ne connais que Jésus, et Jésus crucifié. »

Tous les auteurs enseignent que c’est sur la Croix que le Christ a fondé son Église.
Certes, elle existant depuis Adam, mais c’est vers la Croix que Dieu a tourné les espoirs d’Adam et Ève. C’est dans la Croix que Dieu a mis les espérances d’Abraham par le sacrifice d’Isaac, les espérances des Hébreux sortant d’Égypte par l’agneau pascal, les espérances de David chantant dans les psaumes la Passion et la Croix.

David montre la grandeur de la Croix. Il chante l’Église qui se réunit à ses pieds. Il voit les nations accourir au pied de la Croix. Les prophètes annoncent tout cela.

Je vous ai dit qu’à Noël le Christ rassemblait son Église, et je le maintiens, mais c’est sur la Croix qu’il la fonde.

Toute l’Église se définit par la Croix

La prédication, je viens de vous le dire. Donc la foi.

Le culte dont le sommet est la messe, c’est-à-dire le Sacrifice Eucharistique. Et dont le début est le baptême par lequel le vieil homme est noyé avec le Christ dans la mort et ressuscite avec le Christ.

La charité qui s’épanouit dans les œuvres de miséricorde : « si on te prend ton manteau, donne aussi ta tunique ».

La famille qui forme les adorateurs du vrai Dieu au pied de la Croix.

La chrétienté qui est l’amour de la Croix transmis à la société civile.

L’importance du carême qui nous unit à la Croix.

Post Scriptum

Je confie à vos prières nos catéchumènes.

Citations de Mgr Lefebvre

Itinéraire spirituel

Or, il est évident – et c’est toute l’Histoire de l’Église, c’est toute l’Histoire qui nous l’ensei­gne, ainsi que la réalité de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ – il est évident que Notre Seigneur Jésus-Christ a régné par sa Croix.

Désormais le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est plus concevable sans la Croix. La Croix est son trône ; sa couronne d’épines est sa couronne rayon­nante de gloire au­jour­d’hui ; ses bras étendus montrent l’infinité de son royaume ; et son cœur ouvert montre que c’est par son amour qu’il règne, par sa charité. Voilà comment Notre Seigneur Jésus-Christ appa­raît dans notre foi.

Le mystère du Christ est avant tout le mys­tère de la Croix.

Autant pour la vie spirituelle des prêtres que pour celle des fidèles, il est essentiel d’éclairer notre foi et notre intelligence de l’acte, voulu par la Sagesse divine, qui a fait revivre spirituellement et surnaturellement l’humanité.

Cet acte est la raison de l’Incarnation, la réali­sa­tion de la Rédemption, celui qui glori­fie Dieu infi­ni­ment et ouvre les portes du Ciel à l’huma­ni­té péche­resse, c’est le Sacrifice du Calvaire.

Pour notre justification, pour notre sanctifi­ca­tion, Jésus organisera tout, autour de cette fon­taine de vie qu’est son sacrifice du Calvaire. Il fonde l’Église, il transmet son sacerdoce, il ins­ti­tue les sacrements, pour faire part aux âmes des mérites infinis du Calvaire ; saint Paul n’hésite pas à dire « Je n’ai pas jugé que je devais savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (1 Co. 2, 2)

Or ce sacrifice du Calvaire devient sur nos autels le Sacrifice de la Messe, qui en même temps qu’il réalise le Sacrifice de la Croix réalise aussi le sacrement de l’Eucharistie, qui nous rend participants à la divine Victime, Jésus crucifié.

C’est donc autour du Sacrifice de la Messe que s’organisera l’Église, Corps mystique de Notre-Seigneur, que vivra le Sacerdoce pour édifier ce Corps mystique, par la prédication qui attirera les âmes à se purifier dans les eaux du baptême pour être dignes de partici­per au Sacrifice Eucha­ristique de Jésus, à la manducation de la divine Victime, et s’unir ainsi toujours plus à la Trinité sainte, inaugu­rant déjà ici-bas la vie céleste et éternelle.

C’est de la Croix aussi que la grâce du ma­riage reçue au Sacrifice de la Messe, cons­truira la Chrétienté ou le règne social de Jésus crucifié, dans la famille et la société. La Chrétienté, c’est la société vivant à l’ombre de la Croix, de l’Église paroissiale construite en croix, surmon­tée de la Croix, abritant l’autel du Calvaire re­nou­velé quotidiennement, où les âmes viennent naître à la grâce et l’entretiennent, par le minis­tère des prêtres, qui sont d’autres Christs.

La Chrétienté, ce sont les villages, les cités, le pays qui, à l’imitation du Christ en Croix, accom­plis­sent la loi d’amour, sous l’influence de la vie chrétienne de la grâce. La Chrétienté, c’est le Royaume de Jésus-Christ ; les autori­tés de cette Chrétienté se disent « lieutenants de Jésus-Christ » chargés de faire appliquer sa Loi, de protéger la foi en Jésus-Christ et d’aider par tous les moyens à son développe­ment, en plein accord avec l’Église.

On peut dire en vérité que tous les bienfaits de la Chrétienté viennent de la Croix de Jésus et de Jésus crucifié, c’est une résurrection de l’huma­nité déchue, grâce à la vertu du sang de Jésus-Christ.

Le rayonnement de la Croix

Ce programme merveilleux élaboré par la Sagesse éternelle de Dieu ne pourrait se réali­ser sans le Sacerdoce, dont la grâce particulière est de perpétuer l’unique sacrifice du Calvaire, source de vie, de Rédemption, de Sanctification et de Glorification.

Le rayonnement de la grâce sacerdotale c’est le rayonnement de la Croix. Le prêtre est donc au cœur de la rénovation méritée par Notre-Seigneur. Son influence sera déterminante sur les âmes et la société. Un prêtre illuminé par sa foi et rempli des vertus et des dons de l’Esprit de Jésus peut convertir de nombreuses âmes à Jésus-Christ, susciter des vocations, transformer une société païenne en société chrétienne.

Il est évident que le rôle de l’évêque – lui qui est le prêtre accompli – pourra être considérable pour la multiplication de vrais prêtres, l’encouragement aux vocations religieuses, la réalisation d’institutions chrétiennes, pour la vitalité de la Chrétienté et la croissance du règne universel de Notre-Seigneur.

Aux évêques de garder une foi sans faille et sans compromission en la vertu de la Croix de Jésus, unique source de salut, et de ne pas verser, à l’image du monde, dans la recherche des moyens humains pour un apostolat soi-disant plus efficace ; il y aurait là un signe de la perte de leur foi en Jésus-Christ crucifié. (Itinéraire spirituel, ch. 7)

Sermon Pâques 1979

S’il y a un moyen pour nous d’estimer un peu d’une manière – oh combien faible – ce qu’est cette charité, dans le sein de la Trinité Sainte, c’est bien le Saint Sacrifice de la messe qui nous en donne l’image la plus poignante, la plus réelle. Car s’il y a un acte de charité qui a été fait ici-bas et qui est le plus beau, le plus sublime qui ait jamais été accompli, c’est bien la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix pour la gloire de son Père, pour sauver nos âmes : charité envers Dieu, charité envers le prochain.