Mes bien chers Frères,
Le baptême de nos deux catéchumènes s’est bien déroulé. Ce fut une cérémonie splendide et leur joie était palpable. Deo gratias ! Je vous remercie des prières que vous avez faites pour eux et je continue à confier leur persévérance à vos bonnes prières.
Il ne m’est pas possible de vous donner mon sermon prévu sur le mystère de l’Église. La fatigue de la Semaine Sainte se fait encore sentir alors que j’ai dû repartir dans mes courses apostoliques. Mais, surtout, nous arrivons à un point clé de notre étude du mystère de l’Église, celui de la place et de la fonction de la hiérarchie dans l’Église. C’est un sujet que je connais bien, mais je veux prendre le temps d’en travailler soigneusement l’exposé. Alors, priez le Saint Esprit de m’assister.
Pour remplacer, voici le début des conférences de Mgr Lefebvre sur le Mystère de Jésus. Conférence aux séminaristes d’Écône 28 novembre 1977 ~ 51 B
Que Dieu vous bénisse !
TéléchargerTranscription
Je continue maintenant les conférences que je vous faisais. Et nous arrivons, je dirais déjà, au point où je souhaitais parvenir. Cette préparation dont je vous ai parlé, cette disposition dont nous avons besoin pour nous sanctifier, sont des dispositions qui nous préparent à l’union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Je voudrais, dans la mesure où le Bon Dieu me le permet, me donne les moyens de vous en parler, je voudrais vous parler – Oh ! pas aussi éloquemment que l’a fait Saint Paul bien sûr, ni aussi éloquemment que l’ont fait des orateurs comme Saint Jean Chrysostome et les grands Docteurs de l’Eglise ! – mais essayer de soumettre à votre intelligence, soumettre à votre cœur, soumettre à votre âme, le mystère de Notre-Seigneur Jésus-Christ car, en définitive, c’est tout de même Notre-Seigneur qui est vraiment le centre et le cœur de toute notre vie et qui le sera pour l’éternité. C’est par Lui, en Lui, que nous pouvons vivre de la grâce, que nous pouvons vivre de la charité, vivre et préparer notre éternité. Il n’y a pas d’autre voie.
Lorsque nous considérons ce que nous sommes, pauvres pécheurs toujours tentés de favoriser plutôt le désordre en nous que l’ordre, par toutes nos tentations, les faiblesses, comme je vous l’ai dit, les blessures que nous a fait le péché originel, et bien nous avons besoin de trouver, non seulement un modèle, mais aussi Celui qui est la cause de l’ordre à rétablir en nous.
Et Notre-Seigneur est non seulement notre modèle, mais Il est aussi la cause de notre résurrection, la cause de notre sanctification. C’est en Lui que nous trouverons vraiment tout ce dont nous avons besoin pour notre sanctification.
L’Eglise catholique nous présente cet homme parfait dans la Personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Alors, plus nous méditerons la Personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, plus nous fréquenterons Notre-Seigneur par tous les moyens mis par Notre-Seigneur Lui-même à notre disposition, par la Sainte Eglise, par le Saint-Sacrifice de la Messe, les sacrements, toute la liturgie, tout ce Notre-Seigneur met à notre disposition, et particulièrement par la Sainte Eucharistie, et bien plus nous nous servirons de tous ces moyens et plus nous devrions pénétrer ce mystère qu’est Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Car enfin, c’est tout de même un grand mystère. Saint Paul le répète constamment, n’est-ce pas, c’est ce qu’il enseigne d’une manière toute particulière à tous ceux auxquels il est envoyé. Dans l’épître aux Ephésiens, ch.III, voici ce qu’il dit :
A cause de cela, moi, Paul, le prisonnier du Christ pour vous, païens, puisque vous avez appris la dispensation de la grâce de Dieu qui m’a été donnée pour vous, comment c’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère que je viens d’exposer en peu de mots. Vous pouvez, en les lisant, reconnaître l’intelligence que j’ai du mystère du Christ. « Potestis legentes intelligere prudentiam meam in mysterio Christi ».
Il n’a pas été manifesté aux hommes dans les âges antérieurs comme il a été révélé de nos jours par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes de Jésus-Christ. Ce mystère, c’est que les Gentils sont héritiers avec les Juifs et membres du même Corps, qu’ils participent à la promesse de Dieu en Jésus-Christ par l’Evangile, dont je suis devenu le ministre selon le don de la grâce qui m’a été accordée par son opération toute-puissante.
C’est à moi, le moindre de tous les saints, qu’a été accordé cette grâce d’annoncer parmi les Gentils la richesse incompréhensible du Christ et de mettre en lumière aux yeux de tous l’économie du mystère qui avait été caché depuis le commencement en Dieu le Créateur de toutes choses, afin que le Principautés, les Puissances dans les cieux connaissent aujourd’hui, à la vue de l’Eglise, la sagesse infiniment variée de Dieu selon le dessein éternel qu’Il a réalisé par Jésus-Christ notre Seigneur.
Pour Saint Paul, voyez, c’est vraiment sa grande préoccupation : faire connaître aux Gentils le grand mystère du Christ.
Et en effet, nous savons tous bien sûr, et nous professons tous dans notre foi, que Notre-Seigneur Jésus-Christ est homme et que Notre-Seigneur Jésus-Christ est Dieu. Qu’Il est homme-Dieu. Dans ce mystère de cette union de Dieu avec la nature humaine, il est évident que nous avons beaucoup à méditer.
Cet homme qui, donc, a circulé en Palestine, cet homme qui a vécu à Nazareth pendant trente ans, cet homme était Dieu. C’est une chose évidemment extraordinaire et il nous est difficile ce qu’Il pouvait être parce qu’enfin, comment Dieu pouvait-Il être dans un corps d’homme, dans une âme humaine, une simple âme humaine, limitée ? Enfin, il est évident que Dieu peut se passer de la personne humaine et assumer par Lui-même directement l’âme et le corps d’une personne. Ce qu’Il fait par intermédiaire, Il peut le faire directement. Evidemment, le Bon Dieu n’a pas besoin d’intermédiaire, Il n’a besoin de personne. C’est évident que c’est un mystère parce que nous n’arrivons pas à comprendre exactement et à pouvoir avoir l’intelligence de cette réalité, cette réalité absolument stupéfiante qu’est la réalité de cette Incarnation, que ce Mystère de l’Incarnation. Et c’est pourtant dans ce mystère que se trouve notre salut, c’est dans ce mystère que se trouve toute la raison d’être même de la création. La création n’a pas d’autre raison d’être et de finalité que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ça, c’est encore Saint Paul qui le dit, d’une manière très claire.