Fatima
L’importance de la hiérarchie dans l’accomplissement des demandes de Notre Dame

Une critique revient régulièrement concernant le secret de Fatima. Celui-ci n’ayant été mis par écrit qu’en 1941, sœur Lucie est souvent accusée d’avoir fait des prophéties post eventum (après les événements), en particulier en ce qui concerne l’embrasement du ciel durant la nuit du 25 au 26 janvier 1938. S’il était vrai que sœur Lucie a imaginé une prophétie de Notre-Dame après cette nuit, ce serait tout le message de Fatima qui serait touché et sa véracité serait fortement mise en cause. Sœur Lucie serait alors une menteuse ou au mieux une affabulatrice. Aussi est-il très important d’avoir l’assurance qu’elle n’a pas inventé ce secret et que c’est bien Notre-Dame qui le lui a communiqué en 1917. Sinon, toute la dévotion au Cœur Immaculé de Marie telle qu’elle figure dans le message et les écrits de sœur Lucie, pourrait être une invention de sœur Lucie et serait à rejeter.

Certes tous ceux qui ont bien connu sœur Lucie ont toujours affirmé que l’honnêteté était une de ses principales qualités. À l’époque des apparitions, la mère de Lucie a usé de tous les moyens possibles pour faire revenir sa fille sur ses affirmations, convaincue que sa fille mentait. Et pourtant, Lucie ne s’est jamais rétractée. De même, lorsque que l’administrateur de Villa Nova de Ourem la menaça de la jeter dans une marmite d’huile bouillante, elle ne revint pas sur ses déclarations. Cette attitude d’une petite fille de dix ans indique une honnêteté foncière rare. Pourquoi, après avoir été fidèle à la vérité jusqu’au risque de sa vie, en serait-elle venue à inventer un message sans aucune contrainte extérieure pour l’y forcer ?

Mais si sœur Lucie a bien dit la vérité, pourquoi le Ciel lui aurait-il prescrit de ne révéler certains événements qu’après leur réalisation, au risque d’affecter la crédibilité de ce qu’elle a dit par ailleurs ? En effet, le miracle du soleil du 13 octobre a bien été annoncé trois mois avant qu’il ne se produise, montrant par là le caractère indubitablement prophétique des paroles de la petite voyante. Pourquoi n’en fut-il pas de même pour l’embrasement de la nuit du 25 au 26 janvier 1938 ? La réponse se trouve dans un entretien avec le père Jongen de février 1945. Le père lui demanda : « Il est dommage que le secret n’ait pas été publié avant la guerre. Ainsi la prédiction aurait eu plus de valeur. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait connaître plus tôt ? » « Parce que personne ne me l’a demandé » lui répondit-elle.

En effet, Dieu a voulu que la diffusion du secret et l’accomplissement de ses demandes soient soumis à la décision des supérieurs hiérarchiques de la voyante. Dieu veut sauver le monde par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, mais Il veut aussi que celle-ci soit établie solennellement par les pasteurs de son Église, en usant de l’autorité qu’ils tiennent de Lui. Il veut que ses interventions extraordinaires soient subordonnées aux décisions des autorités hiérarchiques instituées par Lui pour diriger son l’Église. Malheureusement, ces autorités ne voulurent pas connaître les intentions divines.

Les indices que le secret aurait pu être révélé avant 1938 sont nombreux. En voici quelques-uns. Chaque fois que, suite à une demande de son confesseur ou de son évêque, Lucie demanda au Ciel l’autorisation de révéler tout ou partie du secret, la réponse fut toujours positive.

Le premier point du secret à avoir été révélé fut la dévotion des premiers samedis du mois. L’enquête canonique avait été lancée le 3 mai 1922, soit moins de deux ans après la nomination de Mgr da Silva à la tête du diocèse de Leiria et Fatima. Lucie déposa officiellement devant la commission d’enquête le 8 juillet 1924. Mais elle ne révéla rien du secret et la commission ne tenta pas de le connaître. Moins de deux ans plus tard, le 10 décembre 1925, la Sainte Vierge lui demanda de commencer à propager la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Tout de suite, elle rapporta tout à son confesseur et à sa supérieure, laquelle informa Mgr da Silva. Mais la commission d’enquête ne cherchera pas à faire le lien avec les apparitions. Le temps passant, le secret n’étant toujours pas demandé par les autorités de l’Église, en 1929, le Ciel intervint à nouveau et révéla que le moment était venu pour le Saint-Père de consacrer la Russie. Deux des points essentiels du secret pouvaient ainsi être révélés. L’occasion de l’enquête canonique était un moment particulièrement propice à cette révélation. Malheureusement, la commission d’enquête ne demanda pas de précisions. Un an plus tard, elle rendit ses conclusions. Mgr da Silva reconnut l’authenticité des apparitions le 13 octobre 1930, mais sans que la commission d’enquête ait vraiment cherché à connaître le contenu du secret. Quel dommage que Mgr da Silva n’ait pas insisté pour en savoir un peu plus !

Il fallut encore plusieurs années avant que Mgr da Silva demande à sœur Lucie le contenu de secret. Il le fit enfin en 1941. Lorsqu’il lut le troisième mémoire, rédigé en août 1941, il fit sûrement le lien avec la nuit du 25 janvier 1938 ; mais, il ne chercha pas à savoir pourquoi sœur Lucie ne l’avait pas révélé plus tôt si vraiment Notre-Dame le lui avait annoncé en 1917. Pire ! Il fallut encore deux ans pour qu’il lui demande de lui confier le dernier point, non encore révélé, du secret. Sœur Lucie le mit par écrit en janvier 1944 et, le mois de juin suivant, il fut remis sous enveloppe cachetée à Mgr da Silva. Mais l’évêque ne voulut pas ouvrir l’enveloppe et la mit dans son coffre. Il tenta de s’en défaire en l’envoyant à Rome, mais le Vatican refusa de la recevoir. Lucie fit alors savoir à Mgr da Silva qu’il faudrait impérativement révéler le secret au moment de sa mort ou en 1960, selon ce qui se produirait en premier, en précisant qu’il pouvait le lire et le diffuser immédiatement s’il le voulait. Mais Mgr da Silva ne voulut point et l’enveloppe contenant le secret resta dans son coffre.

Une dizaine d’années plus tard, en 1956, le Vatican demanda à avoir tous les documents concernant Fatima, en particulier le secret. L’auxiliaire de Mgr da Silva supplia son évêque d’ouvrir le secret et d’en garder une copie. Mais Mgr da Silva refusa à nouveau et envoya à Rome l’enveloppe contenant le secret sans l’avoir ouverte. En recevant l’enveloppe, Pie XII ne l’ouvrit pas : il la plaça simplement dans un tiroir de son bureau. Il mourut un an plus tard. Et ce n’est qu’en août 1959 que le pape Jean XXIII ouvrit l’enveloppe. C’était la première fois qu’une autorité de l’Église prenait connaissance du troisième point du secret. Mais le pape décida qu’il ne serait pas diffusé contrairement à la demande expresse de Notre-Dame qui voulait qu’il soit communiqué au monde au plus tard en 1960.

Les autorités de l’Église ne furent donc pas pressées de connaître le contenu du secret que ce soit les deux premières parties ou la troisième. Pourtant, Notre-Dame avait fait un miracle absolument exceptionnel pour l’authentifier. Aussi, on ne peut tenir rigueur à sœur Lucie de ne l’avoir révélé qu’en 1941. Elle aurait sûrement accepté de le faire plus tôt si ses supérieurs le lui avaient formellement demandé. Si Mgr da Silva s’est décidé tardivement à le lui demander, on ne peut en rejeter la responsabilité sur sœur Lucie. Voilà pourquoi elle expliqua à père Jongen que si elle n’avait pas révélé le secret plut tôt, c’était « parce que personne ne le lui avait demandé. »

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

Cet article est paru sur www.fatima100.fr