Sermon sur Dieu ~ 1 Peut-on découvrir la vérité divine et comment ?

Mes bien chers Frères,

Je commence une nouvelle série de sermons en reprenant l’étude de la doctrine chrétienne. Il y a en effet toute une partie que nous n’avons pas encore étudiée et qui se révélera très belle et très actuelle. C’est une de celles que Mgr Lefebvre préférait et qu’il traitait souvent en retraite.

Avant le sermon, je vous expose mes projets à venir. J’espère que vous répondrez à mes intentions.

Que la Très Sainte Vierge Marie vous bénisse !

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Annonce paroissiale
Résumé du sermon
Saint Thomas d’Aquin
Le concile Vatican I

Annonce paroissiale

Nous en avons assez dit, en sermon, sur la lutte entre les deux cités et nous reprenons nos sermons sur la doctrine chrétienne.

Car saint Thomas d’Aquin dit qu’à suivre les méandres des erreurs quand on veut exposer la doctrine chrétienne, on s’y perd et la vérité y perd de sa clarté.

J’ai cependant l’intention de faire quelques conférences sur la révolution dans l’Église, mais ce ne seront plus des sermons.

Je veux également faire une série d’exposés sur les questions ou les objections d’actualité auxquelles on ne sait pas toujours quoi répondre. Le seul ordre que j’y suivrai sera celui de votre utilité. Par exemple : Pourquoi le divorce n’est-il pas possible ? Est-il possible que l’âme sorte plus ou moins du corps pour voir l’au-delà et revienne ensuite dans son corps ? Les animaux ont-ils une intelligence ? Et aussi : Pourquoi les sacres d’évêques par Mgr Lefebvre ne furent pas un schisme ?

Mais, comme il s’agit de votre utilité, j’attends que vous me posiez les objections que vous entendez le plus souvent et auxquelles vous avez du mal à répondre. Cela concerne particuliè­rement les jeunes qui en entendent beaucoup et ne sont pas encore formés.

Je considère que je suis un curé à distance et je tiens à entretenir des liens avec mes « paroissiens ».

Résumé du sermon

Sujet du sermon : une double voie pour connaître Dieu, la connaissance de Dieu peut se faire de deux manières, par la raison naturelle et par la foi.

La connaissance par la raison

Importance de rappeler cette voie de connaissance par la raison

Saint Paul : « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » (Rom 1, 20)

Le concile Vatican I en a fait un exposé précis et détaillé.

Dieu respecte son œuvre et la révélation ne détruit pas la raison. L’erreur opposée est le fidéisme.

Saint Paul emploie cet argument pour confondre les ennemis du Christ qui nient les vérités naturelles les plus évidentes par le moyen de fables sans fondement.

Les missionnaires en Chine : Si nous avons commis une erreur, c’est de ne pas avoir enseigné la philosophie, c’est-à-dire la raison naturelle des choses, à nos fidèles.

C’est aussi un marchepied pour prendre le chemin de la foi, surtout quand on constate que, dans les faits, seuls les chrétiens ne tordent pas la nature.

 Ce que l’on sait de Dieu par la raison naturelle

La raison naturelle prouve que Dieu existe, elle fait connaître les perfections que révèlent ses œuvres. Qu’il est un, qu’il est infini, qu’il est la sagesse suprême, la source de toute bonté, le créateur…

La connaissance par la révélation que Dieu fait de son être intime

Mais la raison est impuissante à entrer dans l’intérieur de Dieu. Ainsi, je puis connaître beaucoup de choses sur un homme à partir de ce qu’il fait, mais je ne peux connaître sa pensée intime s’il ne la manifeste pas. Autre exemple : les sujets connaissent ce que le roi fait pour eux et ils peuvent en déduire une certaine connaissance du roi, mais ils ne peuvent connaître ce que le roi dit et fait dans sa propre famille, ce qu’il dit à sa femme.

Nous ne pouvons donc pas connaître la pensée intime de Dieu ni son être intime par la raison.

« Car l’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu, son cœur n’a pu s’élever à comprendre ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment (I. Cor., II, 9). »

Pour cela il faut la révélation.

Or, c’est ce que Dieu a fait : « Dieu, qui a parlé à nos pères par les Prophètes plusieurs fois et de plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps et de nos jours par son Fils. (Hébr. I, 1,2). »

Dieu aurait pu ne pas nous révéler le secret – le mystère – de sa vie intime, la vie des trois personnes divines, mais il a voulu nous élever à vivre dans la sainte société du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (St Pierre) Pour cela, il fallait évidemment qu’il se fasse connaître.

Cette révélation est donc gratuite. Elle est surnaturelle, c’est-à-dire au-dessus de la nature. Elle est faite à tout homme, mais beaucoup refusent de la recevoir.

Ce qu’il faut pour que la révélation parvienne jusqu’à nous

1. Il faut que Dieu parle, c’est la révélation.

2. Il faut que cette parole parvienne jusqu’à nous : l’Écriture Sainte et la Tradition.

3. Il faut une garantie : celle de l’Église qui conserve, et expose ces vérités révélées.

4. Il faut quelque chose dans le chrétien lui-même pour qu’il comprenne ce qui lui est dit, c’est la foi.

5. De plus, Dieu vient au secours de notre foi par les miracles, les prophéties, qui, sans nous obliger à croire, sans nous mettre en possession des biens éternels, nous font saisir que là est la vérité.

Conclusion

Être conscients de la valeur inestimable du trésor de la révélation. Conscients en théorie et en pratique, c’est-à-dire en vivre.

Saint Thomas d’Aquin

Somme contre les païens

Entre toutes les études auxquelles s’appliquent les hommes, celle de la sagesse l’emporte en perfection, en élévation, en utilité et en joie.

En perfection, car plus l’homme s’applique à la sagesse, plus il a part à la véritable béatitude; le Sage dit en effet: Heureux l’homme qui s’appliquera à la sagesse. En élévation, car c’est par là surtout que l’homme accède à la ressemblance de Dieu, qui a tout fait en sagesse; et comme la ressemblance est cause de dilection, l’étude de la sagesse unit spécialement à Dieu dans l’amitié, ce qui fait dire, au Livre de la Sagesse, que la sagesse est pour tous les hommes un trésor inépuisable, tel que ceux qui en ont usé ont eu part à l’amitié de Dieu. En utilité, car la sagesse elle-même conduit au royaume de l’immortalité: le désir de la sagesse conduira au royaume éternel. En joie, car sa société ne comporte pas d’amertume ni son commerce de chagrin, mais du plaisir et de la joie.

Concile Vatican I (extraits)

La révélation – la foi

En effet, personne n’ignore qu’après avoir rejeté le divin magistère de l’Église, et les choses de la religion étant laissées ainsi au jugement privé de chacun, les hérésies proscrites par les Pères de Trente [à savoir le protestantisme] se sont divisées peu à peu en sectes multiples, de telle sorte que, séparées d’opinion et se déchirant entre elles, plusieurs enfin ont perdu toute foi en Jésus-Christ. Ainsi elles ont commencé à ne plus tenir pour divine la sainte Bible elle-même, qu’elles affirmaient autrefois être la source unique et le seul juge de la doctrine chrétienne, et même à l’assimiler aux fables mythiques.

C’est alors qu’a pris naissance et que s’est répandue au loin dans le monde cette doctrine du rationalisme ou du naturalisme qui, s’attaquant par tous les moyens à la religion chrétienne, parce qu’elle est une institution surnaturelle, s’efforce avec une grande ardeur d’établir le règne de ce qu’on appelle la raison pure et la nature, après avoir arraché le Christ, notre seul Seigneur et Sauveur, de l’âme humaine, de la vie et des mœurs des peuples. Mais la religion chrétienne étant ainsi laissée et rejetée, Dieu et son Christ niés, l’esprit d’un grand nombre est tombé dans l’abîme du panthéisme, du matérialisme et de l’athéisme, à ce point que, niant la nature raisonnable elle-même et toute règle du droit et du juste, ils s’efforcent de détruire les derniers fondements de la société humaine.

La même sainte Mère Église tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées (Rom. 1, 20) ; « car les choses invisibles de Dieu sont aperçues au moyen de la création du monde et comprises à l’aide des choses créées. »  Cependant il a plu à la sagesse et à la bonté de Dieu de se révéler lui-même à nous et de nous révéler les décrets éternels de sa volonté par une autre voie surnaturelle, selon ce que dit l’Apôtre : « Dieu, qui a parlé à nos pères par les Prophètes plusieurs fois et de plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps et de nos jours par son Fils. (Hébr. I, 1,2). »

C’est bien à cette révélation divine que l’on doit que tous les hommes puissent promptement connaître, même dans l’état présent du genre humain, d’une certitude incontestable et sans aucun mélange d’erreur, celles des choses divines qui ne sont pas de soi inaccessibles à la raison humaine. Cependant, ce n’est pas à cause de cela, que l’on doit dire la révélation absolument nécessaire, mais c’est parce que Dieu, dans sa bonté infinie, a élevé l’homme à une fin surnaturelle, c’est-à-dire pour le mettre en état de participer aux biens divins qui surpassent tout à fait l’intelligence de l’homme, «  car l’œil de l’homme n’a point vu, son oreille n’a point entendu, son cœur n’a pu s’élever à comprendre ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment (I. Cor., II, 9). »

Puisque l’homme dépend tout entier de Dieu comme de son Créateur et Seigneur, puisque la raison créée est absolument sujette de la vérité incréée, nous sommes tenus de rendre par la foi à Dieu révélateur l’hommage complet de notre intelligence et de notre volonté. Or, cette foi, qui est le commencement du salut de l’homme, l’Église catholique professe que c’est une vertu surnaturelle, par laquelle, avec l’aide de la grâce de Dieu aspirante, nous croyons vraies les choses révélées, non pas à cause de la vérité intrinsèque des choses perçue par les lumières naturelles de la raison, mais à cause de l’autorité de Dieu lui-même, qui nous les révèle et qui ne peut ni être trompé ni tromper. Car la foi, selon le témoignage de l’Apôtre, « est la substance des choses que l’on doit espérer, la raison des choses qui ne paraissent pas (Héb. XI, 1). »

Néanmoins, afin que l’hommage de notre foi fût d’accord avec la raison, Dieu a voulu ajouter aux secours intérieurs de l’Esprit saint les preuves extérieures de sa révélation, à savoir les faits divins et surtout les miracles et les prophéties, lesquels, en montrant abondamment la toute-puissance et la science infinie de Dieu, sont les signes très certains de la révélation divine et appropriés à l’intelligence de tous. C’est pour cela que Moïse et les Prophètes et surtout le Christ Seigneur lui-même ont fait tant de miracles et de prophéties d’un si grand éclat ; c’est pour cela qu’il est dit des apôtres : « Pour eux, s’en étant allés, ils prêchèrent partout avec la coopération du Seigneur, qui confirmait leurs paroles par les miracles qui suivaient (Marc XVI, 20). » Et encore : « Nous avons une parole prophétique certaine, à laquelle vous faites bien de prendre garde, comme à une lumière qui luit dans un endroit ténébreux (II. Petr. 1, 19). »

Mais encore bien que l’assentiment de la foi ne soit pas un aveugle mouvement de l’esprit, personne cependant ne peut adhérer à la révélation évangélique, comme il le faut pour obtenir le salut, sans une illumination et une inspiration de l’Esprit saint qui fait trouver à tous la suavité dans le consentement et la croyance à la vérité (Conc. d’Orange II, can. 7). C’est pourquoi la foi en elle-même, alors même qu’elle n’opère pas par la charité, est un don de Dieu, et son acte est une œuvre qui se rapporte au salut, acte par lequel l’homme offre à Dieu lui-même une libre obéissance, en consentant et en coopérant à sa grâce, à laquelle il pourrait résister.

Or, on doit croire d’une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les saintes Écritures et dans la Tradition, et tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel.

La foi et la raison

Dans son enseignement qui n’a pas varié, l’Église catholique a tenu et tient aussi qu’il existe deux ordres de connaissances, distincts non seulement par leur principe, mais encore par leur objet : par leur principe, attendu que dans l’un nous connaissons par la raison naturelle, dans l’autre par la foi divine ; par leur objet, parce qu’en dehors des choses auxquelles la raison naturelle peut atteindre, il y a des mystères cachés en Dieu, proposés à notre croyance, que nous ne pouvons connaître que par la révélation divine. C’est pourquoi l’Apôtre, qui atteste que Dieu est connu aux nations par les choses créées, dit cependant, à propos de la grâce et de la vérité qui a été faite par Jésus-Christ (Jean, I, 17) : « Nous parlons de la sagesse de Dieu en mystère, sagesse cachée que Dieu a prédestinée pour notre gloire avant les siècles, qu’aucun des princes de ce siècle n’a connue, mais que Dieu nous a révélée par son Esprit : car l’Esprit scrute toutes choses, les profondeurs même de Dieu (I. Cor. II, 7-9). » Et le Fils unique lui-même rend témoignage au Père de ce qu’il « a caché ces choses aux sages et aux prudents et les a révélées aux petits (Math. XI, 25). »

Lorsque la raison, de son côté, éclairée par la foi, cherche soigneusement, pieusement et prudemment, elle saisit, par un don de Dieu, quelque intelligence et même très fructueuse des mystères, tant par l’analogie des choses qu’elle connaît naturellement, que par le rapport des mystères entre eux et avec la fin dernière de l’homme ; mais elle ne devient jamais apte à les percevoir comme les vérités qui constituent son objet propre. Car les mystères divins surpassent tellement par leur nature l’intelligence créée, que, bien que transmis par la révélation et reçus par la foi, ils demeurent encore couverts du voile de la foi elle-même, et comme enveloppés d’une sorte de nuage, tant que nous voyageons en pèlerins dans cette vie mortelle, hors de Dieu ; « car nous marchons guidés par la foi et non par la vue (II. Cor. 5. 7). »

Mais quoique la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison ; car c’est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, qui a répandu dans l’esprit humain la lumière de la raison, et Dieu ne peut se nier lui-même, ni le vrai contredire jamais le vrai. Cette vaine apparence de contradiction vient principalement ou de ce que les dogmes de la foi n’ont pas été compris et exposés suivant l’esprit de l’Église, ou de ce que les écarts d’opinion sont pris pour des jugements de la raison. Nous déclarons donc toute proposition contraire à une vérité, attestée par la foi, absolument fausse (Concile de Latran V, Bulle Apostolici regiminis). De plus, l’Église, qui a reçu, avec la mission apostolique d’enseigner, le mandat de garder le dépôt de la foi, tient aussi de Dieu le droit et la charge de proscrire la fausse science, afin que nul ne soit trompé par la philosophie et la vaine sophistique (Coloss. II, 8). C’est pourquoi tous les chrétiens fidèles non-seulement ne doivent pas défendre comme des conclusions certaines de la science les opinions qu’on sait être contraires à la doctrine de la foi, surtout lorsqu’elles ont été réprouvées par l’Église ; mais encore ils sont obligés de les tenir bien plutôt pour des erreurs qui se couvrent de l’apparence trompeuse de la vérité.

Et non seulement la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais elles se prêtent aussi un mutuel secours ; la droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par sa lumière, elle cultive la science des choses divines ; la foi délivre et prémunit la raison des erreurs, et l’enrichit d’amples connaissances. Bien loin donc que l’Église soit opposée à l’étude des arts et sciences humaines, elle la favorise et la propage de mille manières. Car elle n’ignore ni ne méprise les avantages qui en résultent pour la vie des hommes ; bien plus, elle reconnaît que les sciences et les arts venus de Dieu, le Maître des sciences, s’ils sont dirigés convenablement, conduisent à Dieu, avec l’aide de sa grâce ; et elle ne défend pas assurément que chacune de ces sciences, dans sa sphère, ne se serve de ses propres principes et de sa méthode particulière ; mais, tout en reconnaissant cette juste liberté, elle veille avec soin pour les empêcher de tomber dans l’erreur en se mettant en opposition avec la doctrine divine, ou en dépassant leurs limites propres pour envahir et troubler ce qui est du domaine de la foi.

Car la doctrine de la foi que Dieu a révélée n’a pas été livrée comme une invention philosophique aux perfectionnements de l’esprit humain, mais elle a été transmise comme un dépôt divin à l’Épouse du Christ pour être fidèlement gardée et infailliblement enseignée. Aussi doit-on toujours retenir le sens des dogmes sacrés que la sainte Mère Église a déterminé une fois pour toutes, et ne jamais s’en écarter sous prétexte et au nom d’une intelligence supérieure de ces dogmes. Croissent donc et se multiplient abondamment, dans chacun comme dans tous, chez tout homme aussi bien que dans toute l’Église, durant le cours des âges et des siècles, l’intelligence, la science et la sagesse ; mais seulement dans le rang qui leur convient, c’est-à-dire dans l’unité de dogme, de sens et de manière de voir (Vincent de Lérins, Common. n. 28).

Canons

I. Dieu Créateur de toutes choses

1. Si quelqu’un nie un seul vrai Dieu, Créateur et maître des choses visibles et invisibles ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un ne rougit pas d’affirmer qu’en dehors de la matière, il n’existe rien ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit qu’il n’y a qu’une seule et même substance ou essence de Dieu et de toutes choses ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu’un dit que les choses finies, soit corporelles, soit spirituelles, ou du moins les spirituelles, sont émanées de la substance divine ;

Ou que la divine essence par la manifestation ou l’évolution d’elle-même devient toutes choses ;

Ou enfin que Dieu est l’Être universel et indéfini qui, en se déterminant lui-même, constitue l’universalité des choses réparties en genres, espèces et individus ; qu’il soit anathème.

5. Si quelqu’un ne confesse pas que le monde et que toutes les choses qui y sont contenues soit spirituelles, soit matérielles, ont été, quant à toute leur substance, extraites du néant par Dieu ;

Ou dit que Dieu a créé, non par sa volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement que nécessairement il s’aime lui-même ;

Ou nie que le monde ait été fait pour la gloire de Dieu ; qu’il soit anathème.

II. La Révélation

1. Si quelqu’un dit que Dieu unique et véritable, notre Créateur et Maître, ne peut pas être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, au moyen des choses qui ont été créées ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit qu’il ne peut pas se faire, ou qu’il ne convient pas que l’homme soit instruit par la révélation divine sur Dieu et sur le culte qui doit lui être rendu ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit que l’homme ne peut pas être divinement élevé à une connaissance et à une perfection qui dépasse sa nature, mais qu’il peut et doit arriver de lui-même à la possession de toute vérité et de tout bien par un progrès continu ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu’un ne reçoit pas dans leur intégrité, avec toutes leurs parties, comme sacrées et canoniques, les Livres de l’Écriture, comme le saint concile de Trente les a énumérés, ou nie qu’ils soient divinement inspirés ; qu’il soit anathème.

III. La Foi

1. Si quelqu’un dit que la raison humaine est indépendante, de telle sorte que la foi ne peut pas lui être commandée par Dieu ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit que la foi divine ne se distingue pas de la science naturelle de Dieu et des choses morales, et que, par conséquent, il n’est pas requis pour la foi divine que la vérité révélée soit crue à cause de l’autorité de Dieu, qui en a fait la révélation ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit que la révélation divine ne peut devenir croyable par des signes extérieurs, et que, par conséquent, les hommes ne peuvent être amenés à la foi que par la seule expérience intérieure de chacun d’eux, ou par l’inspiration privée ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu’un dit qu’il ne peut y avoir de miracles, et, par conséquent, que tous les récits de miracles, même ceux que contient l’Écriture sainte, doivent être relégués parmi les fables ou les mythes ; ou que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude, et que l’origine divine de la religion chrétienne n’est pas valablement prouvée par eux ; qu’il soit anathème.

5. Si quelqu’un dit que l’assentiment à la foi chrétienne n’est pas libre, mais qu’il est produit nécessairement par les arguments de la raison humaine ; ou que la grâce de Dieu n’est nécessaire que pour la foi vivante, qui opère par la charité ; qu’il soit anathème.

6. Si quelqu’un dit que les fidèles et ceux qui ne sont pas encore parvenus à la foi uniquement vraie sont dans une même situation, de telle sorte que les catholiques puissent avoir de justes motifs de mettre en doute la foi qu’ils ont reçue sous le magistère de l’Église, en suspendant leur assentiment jusqu’à ce qu’ils aient obtenu la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi ; qu’il soit anathème.

IV. La Foi et la raison

1. Si quelqu’un dit que, dans la révélation divine, il n’y a aucun mystère vrai et proprement dit, mais que tous les dogmes de la foi peuvent être compris et démontrés par la raison convenablement cultivée, au moyen des principes naturels ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un dit que les sciences humaines doivent être traitées avec une telle liberté que l’on puisse tenir pour vraies leurs assertions, quand même elles seraient contraires à la doctrine révélée ; et que l’Église ne peut les proscrire ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu’un dit qu’il peut se faire qu’on doive quelquefois, selon le progrès de la science, attribuer aux dogmes proposés par l’Église un autre sens que celui qu’a entendu et qu’entend l’Église ; qu’il soit anathème.

C’est pourquoi, remplissant le devoir de Notre charge pastorale suprême, Nous conjurons par les entrailles de Jésus-Christ tous les fidèles du Christ, surtout ceux qui sont à leur tête ou qui sont chargés d’enseigner, et, par l’autorité de ce même Dieu, Notre Sauveur, Nous leur ordonnons d’apporter tout leur zèle et tous leurs soins à écarter et à éliminer de la sainte Église ces erreurs et à propager la très pure lumière de la foi.

Mais, parce que ce n’est pas assez d’éviter le péché d’hérésie, si l’on ne fuit aussi diligemment les erreurs qui s’en rapprochent plus ou moins, Nous avertissons tous les chrétiens du devoir qui leur incombe d’observer les Constitutions et les Décrets par lesquels le Saint-Siège a proscrit et condamné les opinions perverses de ce genre, qui ne sont pas énumérées ici tout au long.

Donné à Rome, en session publique solennellement célébrée dans la basilique Vaticane, l’an de l’Incarnation de Notre-Seigneur mil huit cent soixante-dixième, le vingt-quatrième jour d’avril, la vingt-quatrième année de Notre Pontificat.