Quelques citations de Mgr Lefebvre pour rétablir la vérité
Un journaliste ose affirmer que Mgr Lefebvre acceptait le concile Vatican II selon l’herméneutique de la continuité promue par Benoît XVI. C’est le contraire qui est vrai : « Je pense que le Concile est le plus grand désastre de ce siècle et de tous les siècles passés, depuis la fondation de l’Église. »
À propos de ses discussions doctrinales avec Rome
« Les choses n’ont pas beaucoup changé. Le seul changement qui a eu lieu et qui a facilité la rédaction du premier point au sujet du Concile, c’est la phrase elle-même du Saint-Père qui a dit qu’il fallait examiner le Concile et les décrets du Concile à la lumière de la Tradition et du magistère constant de l’Église. Je crois que cette phrase-là il ne la redirait plus maintenant. On a dû la lui reprocher plusieurs fois. Elle est d’ailleurs, il faut le dire, un peu ambiguë, ce n’est pas très clair. Dans la pensée du Saint-Père et du cardinal Ratzinger, si j’ai bien compris, il faudrait arriver à intégrer les décrets du Concile dans la Tradition, s’arranger pour les y faire rentrer, à tout prix. C’est une entreprise impossible.
Tandis que pour moi – pour nous, je pense – dire qu’on voit, qu’on juge les documents du Concile à la lumière de la Tradition, cela veut dire évidemment qu’on rejette ceux qui sont contraires à la Tradition, qu’on interprète selon la Tradition ceux qui sont ambigus et qu’on accepte ceux qui sont conformes à la Tradition. C’est là une chose claire, je l’ai d’ailleurs mis dans une lettre au cardinal Ratzinger. Mais enfin ils veulent garder un peu cette ambiguïté parce qu’ils voudraient que je signe. » (Conf., Écône, le 10 janvier 1983)
Impossible de corriger le Concile
« Il y a tout de même eu deux cent cinquante Pères du Concile qui se sont réunis et qui ont essayé, par tous les moyens à leur disposition, d’arriver à empêcher ces erreurs de se diffuser dans le Concile. Ce qui fait qu’on a tout de même limité les dégâts, on a changé quand même certaines phrases, on a ajouté certaines affirmations pour essayer de corriger ce qui n’était pas exact, ce qui était ambigu. Mais, on doit le dire, on n’a pas réussi à purifier le Concile de l’esprit moderniste qui l’avait pénétré, parce que ce sont ceux qui avaient cet esprit moderniste qui ont été les rédacteurs de ce qui nous a été présenté. Or, quand tout un ensemble de documents est rédigé avec un esprit faux, avec un esprit moderniste, il est pratiquement impossible de l’expurger complètement. Il faudrait le recomposer complètement pour lui donner un esprit catholique. » (Conf., Écône, le 14 déc. 1978)
Un concile adultère
« La volonté de Vatican II de vouloir intégrer dans l’Église les non-catholiques tels qu’ils sont, est une volonté adultère et scandaleuse. Le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens par des concessions mutuelles — le dialogue — aboutit à la destruction de la foi catholique, la destruction du sacerdoce catholique, l’élimination du pouvoir de Pierre et des évêques, l’esprit missionnaire des apôtres, des martyrs, des saints, est éliminé ; tant que ce Secrétariat gardera le faux œcuménisme comme orientation et que les autorités romaines et ecclésiastiques l’approuveront, on peut affirmer qu’elles demeureront en rupture ouverte et officielle avec tout le passé de l’Église et avec son Magistère officiel. C’est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire, tant qu’elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l’Église et de la foi catholique. » (Itinéraire spirituel, La vie divine, p. 29)
« Quel devoir s’impose à tout homme en présence de cette lutte foncière et irréductible des deux chefs opposés de l’humanité[1] ? C’est de ne pactiser jamais, en quoi que ce soit, avec ce qui est de Satan et de ses satellites, et de se ranger — pour y demeurer toujours et combattre vaillamment — sous l’étendard de Jésus-Christ. » (Itinéraire spirituel, Jésus-Christ, p. 52, citant le commentaire de la somme par Pègues, p. 383)
« Lisez le livre du cardinal Ratzinger, Les principes de la théologie catholique, pour vous faire une idée de ce qu’a été le Concile dans son esprit, et l’esprit de tous les experts et des cardinaux avec lesquels il travaillait. Cela montre toute cette nouvelle conception de l’Église qui est bien définie et soutenue par le cardinal Ratzinger lui-même. Exactement ce que dit le Pape. Il y a une logique parfaite dans leur transformation complète de l’Église, dans la Révolution qui s’est opérée au concile Vatican II. » (Conférence sur la nouvelle ecclésiologie, Écône, 5 juin 1986)
Une conjuration stupéfiante
« Peu à peu les yeux s’ouvrent sur une conjuration stupéfiante préparée de longue date. Cette découverte oblige à se demander : quel a été en toute cette œuvre le rôle du Pape ? Sa responsabilité ? En vérité, elle paraît accablante, malgré le désir de l’innocenter de cette affreuse trahison de l’Église.
« Mais si nous laissons à Dieu et aux futurs vrais successeurs de Pierre de juger de ces choses, il n’en est que plus certain que le Concile a été détourné de sa fin par un groupe de conjurés et qu’il nous est impossible d’entrer dans cette conjuration, quand bien même il y aurait beaucoup de textes satisfaisants dans ce Concile. Car les bons textes ont servi pour faire accepter les textes équivoques, minés, piégés.
« Il nous reste une seule solution : abandonner ces témoins dangereux pour nous attacher fermement à la Tradition, soit au Magistère officiel de l’Église pendant vingt siècles. » (Préface à J’accuse le Concile, recueil de ses interventions lors de Vatican II)
Le plus grand désastre depuis la fondation de l’Église
« Il est impossible de comprendre cette crise profonde sans tenir compte de l’événement central de ce siècle : le deuxième concile du Vatican. Mes sentiments à son égard sont assez connus, je crois, pour que je puisse dire d’emblée le fond de ma pensée : sans rejeter en bloc ce concile, je pense qu’il est le plus grand désastre de ce siècle et de tous les siècles passés, depuis la fondation de I’Église. En ceci, je ne fais que le juger à ses fruits, utilisant le critère que nous a donné Notre-Seigneur (St Math. 7, 16). Or, quand on demande au cardinal Ratzinger de montrer quelques bons fruits du Concile, il ne sait que répondre.[2] Et tandis que je demandais un jour au cardinal Garrone comment un « bon » concile avait pu produire de si mauvais fruits, ils me répondit : “ce n’est pas le Concile, ce sont les moyens de communication sociale ! ”[3] » (Introduction de Ils L’ont découronné.)
« C’est là qu’un peu de réflexion peut aider le bon sens : si l’époque postconciliaire est dominée par la révolution dans l’Église, n’est-ce pas tout simplement parce que le Concile lui-même l’y a introduite ? « Le Concile, c’est 1789 dans l’Église », déclara le cardinal Suenens. « Le problème du Concile, ce fut d’assimiler les valeurs de deux siècles de culture libérale », dit le cardinal Ratzinger. Et il s’explique : Pie IX, par le Syllabus, avait rejeté sans appel le monde issu de la Révolution, en condamnant cette proposition : « Le Pontife romain peut et doit se réconcilier et composer avec le progrès, avec le libéralisme et avec la civilisation moderne » (Syllabus n° 80). Le Concile, dit ouvertement Joseph Ratzinger, a été un « contre-Syllabus » en opérant cette réconciliation de l’Église et du libéralisme notamment par Gaudium et spes, le plus long document conciliaire. Les papes du XIXe siècle, en effet, n’avaient paraît-il pas su discerner ce qu’il y avait de vérité chrétienne et donc d’assimilable par l’Église, dans la Révolution de 1789. » (Introduction à Ils L’ont découronné, 1987)
À notre librairie :
Je vous conseille la lecture des livres de Mgr Lefebvre Nos rapports avec Rome et Ils L’ont découronné
[1] Ces deux chefs sont Jésus-Christ et Satan, dont Mgr parle plus haut dans son livre
[2] Joseph Cardinal Ratzinger, Entretien sur la foi, Fayard, Paris, 1985, p. 45-48
[3] Entretien du 13 février 1975, cité dans l’introduction de Ils L’ont découronné