Sermon ~ L’ordre 5
La vocation sacerdotale, 2 et fin

Mes bien chers Frères,

Puissions-nous restaurer la pratique du service et du dévouement ! C’est le fondement de toute vie en société et c’est parce que l’égoïsme domine que nous avons si peu de vocations sacerdotales. Les époques vraiment catholiques nous montrent l’exemple qui doit être admiré mais, surtout, admiré.

Seigneur, donnez-nous des prêtres !
Seigneur, donnez-nous de saints prêtres !
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres !

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Résumé du sermon
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Résumé du sermon

Retour sur la question de l’attrait

On voit que beaucoup de saints évêques acceptèrent l’ordination par devoir et malgré leurs réticences.

Les vocations de pure raison : saint Paulin, saint Augustin. Saint Antonin le Pieux, archevêque de  Florence.

Saint Paulin à saint Augustin : « Si, tout indigne que je sois d’un tel honneur, je m’estime digne d’entrer dans votre amitié fraternelle, ce n’est point présomption de ma part, mais c’est que Dieu l’a ainsi ordonné et que cela lui a plu. »

Pourquoi se faire prêtre

L’obligation de répondre à la vocation sacerdotale vient – de l’amour pour le sacrifice eucharistique – du devoir de servir l’Église : le bien commun passe avant le bien particulier – de la nécessité de sauver des âmes. Notre Dame à Fatima : sacrifices pour les pécheurs or, devenir prêtre, c’est offrir le plus parfait sacrifice pour le salut des pécheurs parce que c’est offrir le sacrifice eucharistique. – de l’amour de Dieu : l’amour est rayonnant et conquérant.

Saint Thomas d’Aquin : tout jeune homme doit se poser d’abord la question de la vocation. Si la réponse est positive, il n’y a pas à examiner d’autres possibilités, car on n’examine pas le moins parfait quand on peut accomplir le plus parfait.

Beaucoup de bons prêtres feraient de bons pères de famille, ce n’est pas une raison pour choisir le mariage plutôt que le sacerdoce.

Objection : si c’est cela, tous les hommes devraient se faire prêtres ! Réponse : non, car tous n’ont pas l’aptitude. Quand il y a trop de candidats, l’évêque doit choisir les meilleurs et refuser les autres. Cependant, tous les auteurs disent que beaucoup sont appelés à un état de perfection. Saint Jean Bosco : un jeune sur trois ou quatre est appelé (à la vie sacerdotale ou religieuse).

Comment avoir de bons prêtres ?

La recommandation essentielle de Notre Seigneur : prier pour avoir des prêtres. « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. »

Éduquer au dévouement, faire pratiquer les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.

Et encore ? Faire pratiquer les œuvres de miséricorde et éduquer au dévouement. Donner le goût de se soulager la misère pour la gloire de Dieu, par les œuvres de miséricorde tant corporelle que spirituelle.

C’est une des principales questions que les parents doivent se poser : commet faire pratiquer le dévouement effectif et les œuvres de miséricorde par les enfants ?

Saint Ignace : pauvreté, amour des opprobres, humilité et de là viennent toutes les vertus.

La prière en famille et particuliè­rement le chapelet.

La vertu des parents et particuliè­rement la chasteté. Méfaits de la méthode dite naturelle de régulation des naissances. C’est un égoïsme sensuel qui tue les vocations. Mon confrère qui n’était pas le deuxième des enfants.

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Catéchisme du concile de Trente

« La condition qu’il faut examiner du côté de l’ordinand, et qu’on appelle vocation sacerdotale, ne consiste nullement, du moins nécessairement et en règle ordinaire, dans un certain attrait intérieur du sujet ou en invites du Saint-Esprit à embrasser l’état ecclésiastique. (L’ordinand : celui que l’évêque appelle à l’ordination.)

Mais, au contraire, pour que l’ordinand soit régulièrement appelé par l’évêque, rien de plus n’est exigé de lui que l’intention droite unie à l’idonéité ; celle-ci consiste en de telles qualités de nature et de grâce ; elle s’affirme par une probité de vie et une mesure de science telles, qu’on en puisse concevoir l’espérance fondée que le sujet sera capable de remplir convenablement les fonctions du sacerdoce et d’en garder saintement les obligations.

Chanoine Lahitton

Le chanoine Lahitton rapporte des lettres écrites au pape par des prêtres :

Perplexités poignantes des prêtres recruteurs. Plusieurs, en effet, qui s’employaient au recrutement sacerdotal, lui avaient parlé à peu près en ces termes : « Très Saint Père, nous sommes à tout instant contrariés dans notre apostolat par certaines idées fort répandues en matière de vocation. Tel jeune homme très bien doué, à qui nous proposons le sacerdoce, nous arrête par ce mot : «  Je voudrais, bien ; mais je ne me sens pas appelé ; «  — ou encore : « Je ne me sens pas assez d’attrait ; »  — ou enfin : «  Je n’ose pas : car je n’y pense que depuis peu ; or, quand on doit être prêtre, ai-je lu souvent, on est marqué dès sa naissance, et, dès l’enfance, on se sent porté vers l’autel ».

«  Nous avons beau répliquer à ces natures d’élite que leurs qualités les désignent suffisamment ; que leurs excellentes dispositions constituent une vocation très solide, et qu’ils n’ont donc plus qu’à se décider en toute confiance et sécurité ; ils n’osent pas s’y résoudre, parce que, n’ayant pas entendu l’appel divin, ils seraient, pensent-ils, des prêtres sans vocation.

« De leur côté, Très saint Père, bien des prêtres mettent obstacles sur obstacles à notre action auprès des enfants. «  De quel droit, nous disent-ils, essayez-vous de conquérir au service des autels ces âmes naïves, confiantes, trop promptes à s’enthousiasmer ? En faisant miroiter à leurs yeux les beautés du sacerdoce, ne risquez-vous pas de provoquer en eux des désirs vains et trompeurs, dont eux seraient les victimes, et vous les dupes ? Si Dieu les veut à son service, il saura bien le leur faire savoir et les y appeler sans vous. Et, s’il ne les a pas élus, pourquoi les pousser dans une voie qui leur est interdite ? »

Saint Jean Chrysostome
Traité du sacerdoce

« Tout à coup il s’éleva un bruit qui nous troubla tous les deux : le bruit courait que l’on allait nous élever à la dignité du sacerdoce. À cette nouvelle, je fus pour ma part rempli de crainte et de perplexité; de crainte, car j’avais peur que l’on usât de violence à mon égard; de perplexité, car j’avais beau chercher, je ne découvrais pas comment les Pères électeurs avaient pu avoir de telles vues sur moi : plus je me considérais, plus je me trouvais dépourvu de tout ce qui pouvait m’attirer un pareil honneur. Quant à mon généreux ami, il était prêt à me suivre, quelque parti que je voulusse embrasser, qu’il fallût fuir ou te laisser élire.

Assuré de ses dispositions, et persuadé que j’allais faire à l’Église un tort grave, si, sans autre raison que mon inaptitude, je privais le troupeau de Jésus-Christ d’un jeune pasteur si excellent, si propre au gouvernement des hommes, je ne lui découvris pas cette fois la résolution que j’avais prise, bien qu’auparavant je ne lui eusse jamais rien caché dans mes desseins; je lui dis donc qu’il fallait remettre à plus tard la décision de cette affaire, vu que rien ne pressait; je lui persuadai de ne pas s’en occuper du tout pour le moment: enfin je lui laissai croire que je ne me séparerais pas de lui, si ce dont nous étions menacés s’accomplissait.

Peu de temps après, arrive le ministre qui devait nous conférer les Ordres : pendant que je reste caché, mon ami, qui ne se doutait de rien, se laisse conduire à l’assemblée sous prétexte d’une autre affaire. Il reçoit ainsi le joug, espérant, d’après la promesse que je lui avais faite, que je le suivrais n’importe où,  et mieux encore, s’imaginant qu’il ne faisait que marcher sur mes traces. Car, quelques uns des assistants le voyant se fâcher de la surprise qui lui était faite, le trompèrent en s’écriant : qu’il était étrange que celui qu’on avait cru devoir être le moins traitable (c’était de moi qu’on parlait), eût cédé avec beaucoup de docilité au jugement des Pères, tandis que lui, qui était le plus sage et le plus doux, s’opiniâtrait maintenant, et se montrait assez vain pour regimber, se cabrer, et résister ouvertement. A ces paroles il se rendit.

Lorsqu’il eut appris que je m’étais enfui, il vint me trouver dans une tristesse profonde : il s’assit près de moi; il voulait parler, mais son trouble l’empêchait de s’exprimer et de raconter la violence qu’il avait soufferte; il ouvrait la bouche sans pouvoir articuler un son; la douleur ne permettait pas à ses paroles de passer le bord de ses lèvres. En voyant les larmes qui coulaient de ses yeux, et le trouble dont il était agité, moi, qui en savais la cause, je me mis à rire, laissant éclater ma joie, en même temps je saisis sa main que je couvris de baisers, remerciant Dieu de l’heureux succès de mon stratagème et de l’accomplissement de mes souhaits. Lorsqu’il vit ma joie et mon contentement, il comprit que je l’avais trompé dès le principe, et sa peine et son dépit s’en augmentèrent encore. »

Saint Antonin de Florence

Cependant l’archevêché de Florence vint à vaquer [être libre], par la mort du cardinal Barthélemy Zarabella, et il y avait neuf mois entiers que l’on était en contestation sur l’élection d’un successeur, lorsque le pape Eugène IV, jetant les yeux sur le Père Antonin, vicaire-général de la Congrégation réformée de Naples, le nomma archevêque de cette grande ville et voyant qu’il refusait obstinément, il lui fit commandement, « en vertu du Saint- Esprit et de la sainte obéissance », sous peine de péché mortel et même d’excommunication, d’accepter cette charge. Ne pouvant plus s’opposer à des ordres si précis, il leva les yeux et les mains au ciel puis, se tournant vers quelques personnes doctes qu’il avait assemblées pour savoir si, vu son incapacité, il était obligé d’obéir à ce commandement « Vous savez », dit-il, « mon Dieu, que j’accepte cette charge contre ma volonté, pour ne pas résister à celle de votre vicaire assistez-moi donc, Seigneur, ainsi que vous savez que j’en ai besoin ». Il fit ensuite son entrée à Florence, les pieds nus et les yeux baignés de larmes, tandis que toute la ville retentissait de joie de posséder un si digne pasteur, le considérant comme un Saint et, en effet, il l’était devant Dieu, qui pénètre le secret des cœurs. Tiré des Petits Bollandistes.