Sermon ~ Le Christ siège à la droite du Père
sa royauté sur le monde

Mes bien chers Frères,

Jésus-Christ siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant, comme Dieu et comme Roi. Quel est son royaume ? Comment le gouverne-t-il ? Participons-nous à sa royauté ?

Ci-dessous voici les notes à partir de saint Thomas et le canevas de mon sermon.

Je prie Dieu de vous bénir par la très Sainte Vierge.

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Canevas du sermon sur le Christ-Roi

Les titres de la royauté du Christ

Dieu —> il siège à la droite du Père parce qu’il règne avec lui. “Siéger à la droite du Père”, c’est posséder, comme le Père, la gloire de la divinité, la béatitude et le pouvoir judiciaire ; et cela d’une manière immuable et royale.

Il juge principalement en raison de sa sagesse divine.

N. B. La droite du Père, n’est pas à entendre au sens corporel, c’est la gloire et l’honneur de la divinité”.

Homme —> roi par sa dignité de chef et de la plénitude de sa grâce habituelle

       Il reçoit le jugement pour trois raisons :

       1° A cause de sa communauté et de son affinité avec les autres hommes. Or, Dieu agit par l’intermédiaire des causes secondes parce qu’elles sont plus proches des effets qu’il produit. Ainsi juge-t-il les hommes par le Christ-Homme, afin que son jugement leur soit plus indulgent. “Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos infirmités, dit l’épître aux Hébreux (4, 15) ; pour nous ressembler, il les a toutes éprouvées, hormis le péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de sa grâce.”

       2° S. Augustin : “Au jugement dernier, lors de la résurrection des morts, Dieu ressuscite les corps par le Fils de l’homme, comme il ressuscite les âmes par le même Christ, en tant qu’il est le Fils de Dieu.”

       3° S. Augustin encore, “il est juste que ceux qui doivent être jugés voient leur juge. Or, ceux qui doivent être jugés ce sont à la fois les bons et les méchants. Il faut donc que dans le jugement la forme de l’esclave soit montrée aux méchants comme aux bons, et que la forme de Dieu soit réservée aux seuls bons.”

Ses mérites —> selon la justice de Dieu, Jésus devait être établi juge, lui qui avait lutté et vaincu pour la justice de Dieu et qui avait été jugé injustement. Ainsi dit-il lui-même dans l’Apocalypse (3, 22) : “J’ai vaincu et je me suis assis sur le trône de mon Père.”

L’étendue de la royauté du Christ

Le gouvernement divin. Nous ne savons plus ce qu’est un roi, ni une société, d’où une fausse conception de la royauté du Christ chez beaucoup de fidèles traditionalistes.

La fin du gouvernement divin.

       Dieu crée et donc gouverne l’homme à son image 1° en lui donnant un être bon, 2° en lui communiquant la capacité de connaître sa fin, 3° de se diriger par soi vers cette fin, 4° d’être cause de la bonté en d’autres êtres et même en d’autres hommes.

       St Thomas : il y a trois degrés de gouvernement : sur les êtres qui ne connaissent pas leur fin, sur ceux qui ne sont pas libres, sur les hommes libres.

Les choses temporelles

Directement par sa providence
Par ceux qui participent à sa royauté, à sa sagesse, des rois jusqu’au simple chrétien.

La session du Christ à la droite du Père selon saint Thomas :

S. Marc (16, 19) “Après avoir parlé à ses disciples, le Seigneur Jésus monta au ciel, et il est assis à la droite de Dieu.”

Sous le nom de “session” nous pouvons considérer deux choses : le fait de demeurer ; et aussi le pouvoir royal ou judiciaire. Il convient au Christ de s’asseoir à la droite du Père dans les deux sens. Tout d’abord, il y goûte le repos, en tant qu’il demeure éternellement incorruptible dans la béatitude du Père, que l’on signifie par sa droite.

Le Christ siège aussi à la droite de Dieu le Père parce qu’il règne avec lui et tient de lui son pouvoir judiciaire, comme celui qui siège à la droite du roi l’assiste en régnant et en jugeant avec lui.

N. B. La droite du Père, n’est pas à entendre au sens corporel, c’est la gloire et l’honneur de la divinité.

Cela convient au Christ en tant que Dieu, mais aussi en tant qu’homme :

“Siéger à la droite du Père”, ce n’est rien d’autre que de posséder, comme le Père, la gloire de la divinité, la béatitude et le pouvoir judiciaire ; et cela d’une manière immuable et royale. Or, c’est là un privilège qui convient au Fils en tant que Dieu. Par suite, il est évident que le Christ, en tant que Dieu, est assis à la droite du Père.

La grâce d’union implique la distinction de nature et l’unité de personne. Et c’est ainsi que le Christ, en tant qu’homme, est Fils de Dieu et, par conséquent, est assis à la droite du Père ;

Selon les conditions de sa nature, l’humanité du Christ n’a pas droit à la gloire ou aux honneurs de la divinité ; elle n’y a droit qu’en raison de la personne à laquelle elle est unie. Aussi S. Jean Damascène ajoute-t-il : “Dans la gloire de la divinité, le Fils de Dieu, qui existe avant les siècles comme Dieu et en tant qu’il est consubstantiel au Père, siège avec sa chair associée à sa gloire ; car c’est d’une seule et même adoration que toute créature adore une seule et même personne avec sa chair.”

Résumé : le Christ siège à la droite du Père en ce sens que selon sa nature divine il est égal au Père, et que selon sa nature humaine il possède les biens divins plus excellemment que toutes les autres créatures.

Le Christ-Roi

Saint Thomas traite ici de ce qui touche à la dignité du Christ et il traitera du jugement général en même temps que de la fin du monde.

Le pouvoir royal et judiciaire convient au Christ en tant que Dieu. Trois qualités sont requises pour prononcer un jugement : 1° Le pouvoir de contraindre les sujets. Aussi est-il dit dans l’Ecclésiastique (7, 6) -. “Ne cherche pas à devenir juge, si tu n’es pas capable d’extirper l’injustice.” 2° Le zèle de la droiture, afin de rendre les jugements, non par haine ou par envie, mais par amour de la justice, selon les Proverbes (3, 12) : “Dieu châtie ceux qu’il aime, et comme un père se complaît en son fils.” 3° La sagesse, qui sert à établir le jugement, selon l’Ecclésiastique (10, 1) : “Le juge sage jugera son peuple.” Les deux premières qualités sont nécessaires avant le jugement. Mais la troisième est proprement celle qui concourt à établir le jugement ; la norme même du jugement, en effet, c’est la loi de la sagesse ou de la vérité selon laquelle on juge.

Le Fils étant la “Sagesse engendrée”, la Vérité qui procède du Père et le représente parfaitement, il s’ensuit que le pouvoir judiciaire est attribué en propre au Fils de Dieu. Aussi S. Augustin écrit-il : “Telle est cette Vérité immuable qu’on appelle justement la loi de tous les arts, et l’art de l’Artiste tout-puissant. Nous et toutes les âmes raisonnables, nous jugeons avec rectitude et selon la vérité des choses qui nous sont inférieures ; ainsi seule la Vérité elle-même juge de nous, quand nous lui sommes unis. De la Vérité elle-même personne ne juge, pas même le Père ; car elle ne lui est pas inférieure. Aussi ce que le Père juge, c’est par elle qu’il le juge.” Et il conclut : “Le Père ne juge personne, mais il a livré tout jugement à son Fils.”

Le pouvoir royal et judiciaire convient-il au Christ en tant qu’homme ?

Bien que le pouvoir de juger réside en Dieu tout d’abord, les hommes reçoivent de lui un pouvoir judiciaire envers tous ceux qui sont soumis à leur juridiction. Aussi lit-on dans le Deutéronome (1, 16) “Jugez ce qui est juste” ; et ensuite : “Car la sentence est à Dieu” ; c’est en effet par l’autorité de Dieu que vous jugez. Or, nous avons dit précédemment que le Christ, même dans sa nature humaine, est le chef de l’Église tout entière, et que Dieu a mis toutes choses sous ses pieds. Il lui appartient donc, même dans sa nature humaine, d’avoir le pouvoir judiciaire. Ce pouvoir, le Christ le possède en vertu de la grâce capitale qu’il a reçue dans sa nature humaine.

Le pouvoir judiciaire convient de la sorte au Christ selon sa nature humaine pour trois raisons :

1° A cause de sa communauté et de son affinité avec les autres hommes. Or, Dieu agit par l’intermédiaire des causes secondes parce qu’elles sont plus proches des effets qu’il produit. Ainsi juge-t-il les hommes par le Christ-Homme, afin que son jugement leur soit plus indulgent. “Nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos infirmités, dit l’épître aux Hébreux (4, 15) ; pour nous ressembler, il les a toutes éprouvées, hormis le péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de sa grâce.”

2° S. Augustin : “Au jugement dernier, lors de la résurrection des morts, Dieu ressuscite les corps par le Fils de l’homme, comme il ressuscite les âmes par le même Christ, en tant qu’il est le Fils de Dieu.”

3° S. Augustin encore, “il est juste que ceux qui doivent être jugés voient leur juge. Or, ceux qui doivent être jugés ce sont à la fois les bons et les méchants. Il faut donc que dans le jugement la forme de l’esclave soit montrée aux méchants comme aux bons, et que la forme de Dieu soit réservée aux seuls bons.”

Le Christ a obtenu le pouvoir judiciaire aussi par ses mérites

Rien n’empêche qu’une seule et même qualité soit attribuée à quelqu’un à des titres divers. Ainsi, la gloire des corps ressuscités était-elle due au Christ non seulement eu égard à sa divinité et à la gloire de son âme, mais aussi en vertu du mérite acquis par l’abaissement de sa passion. Pareillement, il faut dire que le pouvoir judiciaire appartient tout ensemble au Christ-Homme en raison 1° de sa personne divine, 2° de sa dignité de chef et de la plénitude de sa grâce habituelle ; 3° il l’a aussi reçu en vertu de ses mérites. C’est ainsi que, selon la justice de Dieu, celui-là devait être établi juge, qui avait lutté et vaincu pour la justice de Dieu et qui avait été jugé injustement. Ainsi dit-il lui-même dans l’Apocalypse (3, 22) : “J’ai vaincu et je me suis assis sur le trône de mon Père.” Le trône symbolise ici le pouvoir judiciaire, selon le Psaume (9, 5) : “Il est assis sur un trône, et il rend la justice.”

Le pouvoir judiciaire du Christ est-il universel par rapport à toutes les affaires humaines ?

Si l’on parle du Christ selon sa nature divine, il est évident que tout jugement appartient au Fils : de même en effet que le Père a fait toutes choses par son Verbe, ainsi juge-t-il tout par lui.

Mais si l’on parle du Christ selon sa nature humaine, il est également manifeste que toutes choses sont soumises à son jugement, et cela pour trois raisons :

1° A cause de la relation particulière qui existe entre l’âme du Christ et le Verbe de Dieu ; si, en effet, “l’homme spirituel juge de tout” (1 Co 2, 15) en tant que son esprit est uni au Verbe de Dieu, à plus forte raison l’âme du Christ, qui est remplie par la vérité du Verbe de Dieu, porte-t-elle un jugement sur toutes choses.

2° Le mérite de la mort du Christ le montre aussi : “Le Christ est mort et ressuscité afin d’être le Seigneur des vivants et des morts” (Rm 14, 9). Et tel est le motif pour lequel il juge tous les hommes. Aussi S. Paul ajoute-t-il aussitôt : “Nous comparaîtrons tous au tribunal du Christ.” Et Daniel (7, 14) avait déjà dit “Il lui a été donné pouvoir, honneur et royauté et tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues le serviront.”

3° On le voit encore si l’on considère le rapport des réalités humaines à la fin du salut de l’homme. En effet, à celui qui a la charge du principal, on confie aussi l’accessoire. Or, les réalités humaines sont toutes ordonnées à cette fin : la béatitude ; cette béatitude, c’est le salut éternel, et les hommes y sont admis ou rejetés par le jugement du Christ, comme on le lit en S. Matthieu (25, 21). Il est donc évident que toutes les réalités humaines sont soumises au pouvoir judiciaire du Christ.

Outre le jugement que le Christ exerce dans le temps présent, il faut attendre qu’il exerce un autre jugement universel dans les temps à venir.