Chers Amis,
Voici un texte qui illustre le premier sermon de mise en garde contre les vices de notre époque, celui où je rappelais la nécessité de l’apostolat. L’autorité de l’auteur est des plus grande puisqu’il s’agit d’un des très grands Pères de l’Église, saint Jean Chrysostome. Homélie sur le chapitre 18 de saint Matthieu, homélie 60
« Je t’en conjure, dès la première heure, quand nous sortons de notre maison n’ayons qu’un seul but, cette principale sollicitude de sauver celle qui est en péril. Je ne parle pas ici de péril sensible, car ce n’est pas même un péril, mais du péril de l’âme, que le diable prépare aux hommes. »
Voyez-vous de combien de manières le Seigneur nous invite à prendre soin de nos frères, même des petits ? Ne dites donc pas : c’est un forgeron, un cordonnier, un laboureur, un sot, pour vous permettre de le mépriser. Car pour que vous ne tombiez pas dans ce mal, voyez de combien de façons le Maître vous invite à vous comporter modestement et à prendre soin de ces frères. C’est un enfant qu’il met au milieu de ses disciples et il dit : Devenez comme des tout petits, et encore : Quiconque aura reçu pareil petit enfant, me reçoit, et encore : Qui en aura scandalisé souffrira le pire châtiment. Si donc le Seigneur se réjouit ainsi du petit qui a été retrouvé, comment peux-tu mépriser ceux dont Dieu s’occupe avec tant de sollicitude, alors qu’il faudrait donner sa vie même pour un de ces petits ? Tant est grand le soin que Dieu prend de l’âme, qu’il n’y a pas même épargné son Fils.
C’est pourquoi, je t’en conjure, dès la première heure, quand nous sortons de notre maison n’ayons qu’un seul but, cette principale sollicitude de sauver celle qui est en péril. Je ne parle pas ici de péril sensible, car ce n’est pas même un péril, mais du péril de l’âme, que le diable prépare aux hommes.
Le méchant, dis-tu, est difficile à supporter. C’est pourquoi tu dois lui être uni par la charité, pour le retirer du vice, pour le convertir et le ramener à la vertu. — Mais il n’obéit pas, dis-tu et n’accepte pas de conseil. — D’où le sais-tu ? l’as-tu exhorté ? est-ce que tu t’es appliqué à le convertir ? — Je l’ai exhorté souvent, diras-tu.— Combien de fois ? — Fréquemment : une ou deux fois. — C’est cela que tu appelles : souvent. Mais quand tu l’aurais fait toute une vie, il fallait ne pas cesser, ni désespérer. Ne vois-tu pas comment Dieu toujours nous exhorte, par les Prophètes, par les Apôtres, par les Évangélistes ? Quoi donc ? est-ce que notre opération est correcte ? Est-ce que nous obéissons toujours ? Pas le moins du monde. Et cependant il n’a pas mis fin pour autant à ses avertissements.
Rien n’est aussi précieux que l’âme. Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il souffre détriment pour son âme ? Mais l’amour des richesses a tout perverti et tout renversé, occupant les âmes, comme un tyran la citadelle. Voilà pourquoi nous négligeons le salut de nos enfants et le nôtre. De là cette grande folie, que les enfants sont moins considérés que les serviteurs. Et pourquoi parler des serviteurs ? Si quelqu’un a une mule, il a grand soin de lui trouver un bon muletier qui ne soit pas méchant, ni voleur, ni ivrogne, ni sans habileté dans son art ; mais s’il nous faut donner un pédagogue à notre fils, nous acceptons, au hasard et sans choix, quiconque se présente ; alors qu’aucun art n’est au-dessus de l’art pédagogique. Que peut-on comparer à cet art auquel incombe, auquel il appartient de diriger l’âme du jeune homme et de former son esprit et son caractère ? Celui qui est doué d’une telle faculté, doit apporter à son œuvre plus de diligence que n’importe quel peintre ou statuaire.