Sermons sur l’Église
26. Les notes pour reconnaître l’Église catholique

Mes bien chers Frères,

Nous arrivons à la conclusion de notre exposé sur l’Église. Il nous restera à voir pourquoi et comment nous en sommes arrivés à la conception si erronée qui a cours aujourd’hui et puis je traiterai de l’Église modèle de toute société.

Je vous conseille vivement de lire le commentaire de saint Thomas d’Aquin sur cet article du credo. Je vous le donne ci-dessous, il est bref, clair, profond et complet.

Que Dieu vous bénisse !

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Saint Thomas d’Aquin L’Église

Commentaire du Credo article 9 – Je crois en la sainte Église catholique

En l’homme, nous le savons, il y a une âme et un corps, et cependant ses membres sont divers. Pareillement, l’Église catholique constitue un corps unique et elle possède différents membres. Or l’âme qui vivifie ce corps de l’Église, c’est le Saint Esprit ; C’est pourquoi, après avoir exprimé notre foi au Saint Esprit, il nous est commandé de croire à la sainte Église Catholique, comme nous le voyons marqué dans le symbole.

Il importe de le savoir, « église »signifie « assemblée ». C’est pourquoi la Sainte Église c’est la même chose que l’assemblée des fidèles et chaque chrétien est comme un membre de cette Église, dont il est dit (Ecclésiastique 51, 31) : Approchez-vous de moi, ignorants, et réunissez-vous dans la maison de l’instruction.

Or cette Église possède quatre qualités.

A. Elle est une
B. Elle est sainte
C. Elle est catholique, c’est-à-dire universelle
D. Elle est forte et ferme.

A) En premier lieu, l’Église est une.

À ce sujet, il faut savoir que, bien que les divers hérétiques aient inventé diverses sectes, ils n’appartiennent pas cependant à l’Église, parce qu’ils sont divisés en parties. Mais l’Église, elle, est une. Comme le proclame le Cantique des Cantiques (6, 8) : Une est ma colombe, ma parfaite.

Or il y a trois causes, qui concourent à l’unité de l’Église.

Premièrement, l’unité de la foi.

Tous les chrétiens, en effet, qui appartiennent au corps de l’Église, croient aux mêmes vérités. Saint Paul dit aux Corinthiens (1, t, 10) : Frères, ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de scission parmi vous. Et aux Ephésiens, il écrit (4, 5) : Il n’y a qu’un Dieu, une foi, un baptême.

Remarque : L’Église moderne bafoue la foi.

Deuxièmement, l’unité de l’espérance. Tous les chrétiens, en effet, ont été affermis dans la même espérance de parvenir à la vie éternelle. C’est pourquoi l’Apôtre, dans sa lettre aux Ephésiens, leur dit (4, 4) : Il n’y a qu’un seul corps et un seul Esprit, puisque aussi bien vous avez été appelés, par votre vocation, à une même et unique espérance.

Remarque : L’espérance de l’Église moderne, c’est le monde. Lire Gaudium et Spes

Troisièmement, l’unité de la charité.

Tous les chrétiens, en effet, sont unis dans l’amour de Dieu et dans un amour mutuel, qui les lie les uns aux autres. D’où la parole du Seigneur à son Père (Jean 17, 22) : Je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un. Cet amour, s’il est véritable, se manifestera par la sollicitude mutuelle et la mutuelle compassion. L’Apôtre écrit en effet aux Éphésiens (4, 15-16) : Par la charité, croissons en toutes choses dans Jésus-Christ qui est notre tête ; c’est de lui que tout le corps, dont les parties sont jointes et unies ensemble avec une si juste proportion, reçoit, par tous les vaisseaux et toutes les liaisons qui portent l’esprit et la vie, l’accroissement qu’il lui communique, par l’efficace de son influence, selon la mesure qui est propre à chaque membre, afin qu’il se forme ainsi et s’édifie par la charité. Chacun, en effet, doit se mettre au service de son prochain au moyen de la grâce que Dieu lui a conférée.

C’est pourquoi nul ne doit, ni regarder pour indifférent, ni souffrir d’être rejeté et repoussé par cette Église. Car il n’y a qu’une Église en laquelle les hommes soient sauvés, de même qu’en dehors de l’arche de Noé aucun être vivant ne put trouver le salut (7).

Remarque : L’Église moderne a remplacé la charité par les droits de l’homme ou par la fraternité franc-maçonne. Elle exclut les vrais fidèles.

B) Venons-en à la deuxième qualité de l’Église : la sainteté.

On sait qu’il existe aussi une autre assemblée, mais elle est composée des méchants. C’est d’elle que le Psalmiste (Ps. 25, 5) : dit Je hais l’Église des pervers. Celle-ci est donc mauvaise. Mais l’Église du Christ est sainte. L’Apôtre écrit en effet aux Corinthiens (I ép. 3, 17) : Le temple de Dieu est saint, et c’est vous qui êtes ce temple.

C’est pourquoi dans le symbole des Apôtres, nous disons Je crois en la sainte Église.

Les fidèles de cette assemblée sainte sont sanctifiés par trois réalités le sang du Christ, la grâce du Saint Esprit, l’habitation en eux de la Trinité, et même par une quatrième, l’invocation de Dieu.

En premier lieu, de même en effet qu’une église, lors de sa consécration, est lavée matériellement, de même également les fidèles ont été lavés dans le sang du Christ. Il est dit en effet dans l’Apocalypse (1, 5) : Il nous a aimés et tous nous a lavés de nos péchés dans son sang. Et saint Paul écrit aux Hébreux (13, 12) : Jésus voulant sanctifier le peuple par Son propre sang a souffert hors de la porte de la ville.

En second lieu, de même qu’une église, dans la cérémonie de sa consécration, est ointe d’huile, de même les fidèles sont oints d’une onction spirituelle pour être sanctifiés ; autrement ils ne seraient pas des chrétiens. “Christ” en effet ne signifie pas autre chose que “oint”.

Or cette onction, c’est la grâce du Saint-Esprit. L’Apôtre écrit en effet aux Corinthiens (Il ép. 1, 21) : Celui qui nous a oints, c’est Dieu même ; et (I ép. 6, 11) : Vous avez été sanctifiés, au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ.

En troisième lieu, les fidèles sont sanctifiés par l’habitation en eux de la Sainte Trinité. Car quel que soit le lieu où Dieu habite, du fait qu’il y habite, ce lieu est saint. D’où l’exclamation de Jacob dans la Genèse (28, 16) : Vraiment ce lieu est saint. Et de son côté le Psalmiste dit à Dieu (Ps. 92, 5) : La sainteté convient à votre maison.

En quatrième lieu, les fidèles de l’Église sont sanctifiés par l’invocation de Dieu. Jérémie adresse en effet au Seigneur ces paroles (14, 9) : Seigneur, tu habites au milieu de nous ton nom a été invoqué sur nous.

Après une pareille sanctification de notre âme, il faut bien prendre garde de ne pas la souiller par le péché, car elle est le temple de Dieu. L’Apôtre écrit en effet aux Corinthiens (I ép. 3, 17) : Si quelqu’un profane le temple de Dieu, Dieu le perdra.

Remarque : L’Église de Vatican II bafoue la sainteté de Dieu par la liberté religieuse, l’indifférentisme, dont la bénédiction des homosexuels n’est que la conséquence. Elle bafoue le sang de Jésus-Christ en affirmant le salut dans toutes les religions.

C) La troisième note de l’Église est sa catholicité, c’est-à-dire son universalité. L’Église est universelle

premièrement quant au lieu ; car, contrairement à la croyance des Donatistes, elle est répandue dans le monde entier. L’Apôtre écrit en effet aux Romains (1, 8) : Votre foi est célébrée dans le monde entier. Et Jésus, avant de monter au ciel, dit aux onze Apôtres (Marc 16, 15) : Allez dans le monde entier, prêchez l’Évangile à toutes les créatures. C’est pourquoi Dieu, qui dans l’antiquité était connu seulement en Judée, l’est maintenant dans le monde entier.

Or cette Église du Christ comprend trois parties. L’une est sur la terre, une autre au ciel, la troisième au purgatoire.

Deuxièmement, elle est universelle quant à la condition des hommes qui la composent, parce que personne n’en est rejeté, ni le maître, ni l’esclave, ni l’homme, ni la femme. Saint Paul écrit en effet aux Galates (3, 28) : il n’y a plus maintenant ni de Juif ni de Gentil, ni d’esclave ni d’homme libre, ni d’homme ni de femme ; mais vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ.

Troisièmement – L’Église est universelle quant au temps. Il y eut des hommes, qui affirmèrent au contraire : l’Église ne doit durer qu’un temps. Ce en quoi ils sont dans l’erreur ; car cette Église a commencé du temps d’Abel, et elle durera jusqu’à la fin du monde. Jésus en effet, avant de remonter au ciel, dit à ses disciples (Mt. 28, 20) : Voici que moi, je vais être avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. Et après la consommation des siècles, son Église demeurera dans le ciel éternellement.

Remarque : L’Église de Vatican II est nouvelle.

D) La quatrième note de l’Église est sa fermeté inébranlable.

En premier lieu, une maison est solide, si elle possède de bons fondements.

Or le principal fondement de l’Église, c’est le Christ. L’Apôtre écrit en effet aux Corinthiens (I Co. 3, 11) : Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé : Jésus-Christ. Et c’est aussi pour signifier la solidité de cette Église que Pierre a été nommé son chef suprême.

En second lieu, la preuve de la solidité d’une maison, c’est qu’elle ne peut être renversée, si on l’ébranle.

Or jamais l’Église n’a pu être détruite.

– ni par les persécuteurs ; au contraire, pendant le temps des persécutions, elle s’est développée, tandis que ses persécuteurs et ceux contre qui elle luttait succombaient, conformément à la parole de Jésus (Mt, 21, 44) : Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera.

– ni par les erreurs. Bien au contraire, plus celles-ci se présentèrent en grand nombre, plus la vérité fut manifestée. Écrivant à son disciple Timothée, l’Apôtre lui dit (2 Tim. 3, 8) : Ce sont des yens à l’esprit corrompu, pervertis dans leur foi, mais leur progrès aura ses bornes.

– ni par les tentations des démons. L’Église en effet est comme une tour, vers laquelle on court pour se réfugier, quand on a à combattre contre le diable. L’Église est un abri très solide, comme le nom du Seigneur, dont il est dit dans les Proverbes (18, 10) : Le nom du Seigneur est une tour extrêmement forte. C’est pourquoi le diable dirige ses efforts principaux vers la destruction de l’Église, mais il ne l’emporte pas sur elle, parce que le Seigneur a dit (Mt 16, 18) : Les portes de l’enfer ne pourront rien contre Elle. C’est comme s’il lui avait dit ils te feront la guerre mais ils ne l’emporteront pas (Jérémie 15, 20).

Remarque : L’Église moderne n’est pas une tour refuge, mais un coupe-gorge, un repère de brigands.

Elle possède pour fondement secondaire les Apôtres et leur doctrine. C’est pourquoi l’Église est solide et ferme. Saint Jean écrit en effet dans l’Apocalypse (21, 1. 4) : que la cité sainte avait douze fondements, et sur eux douze noms, à savoir les noms de douze Apôtres. C’est pourquoi l’Église est appelée apostolique. Voilà pourquoi seule l’Église de saint Pierre, qui eut en partage l’Italie toute entière, lorsque les disciples furent envoyés pour prêcher dans d’autres régions, voilà pourquoi cette Église seule demeura toujours ferme dans la foi. Et tandis que dans les autres parties du monde, ou bien la foi est inexistante, ou bien elle est mêlée de beaucoup d’erreurs, l’Église de Pierre, elle, est forte dans la foi et demeure pure de toute erreur. Il n’y a là rien d’étonnant, étant donné que le Seigneur a dit à Pierre (Luc 22, 32) : J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas.