Mais bien chers Frères,
Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Église. Quelle est la signification de cette affirmation ? L’Église est-elle bâtie sur un homme ?
Que le Saint Esprit nous donne d’entrer avec foi dans le mystère de l’Église !
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Sources linguistiques
Résumé du sermon
Sens des mots
Tu es petrus masculin et super hanc petram féminin.
En latin, le mot petrus n’existe pas sauf pour désigner saint Pierre.
En grec, petros signifie pierre – petra signifie rocher dans la mer et possède un sens figuré que ne possède pas petros : solidité, immobilité. Comme en français on dit d’un homme qu’il est un roc, on ne dit pas qu’il est une pierre.
1ère épitre de sait Pierre
« Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et mise en honneur par Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, soyez posés sur lui pour former une maison spirituelle, et un sacerdoce saint, qui offre des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ. »
Saint Augustin
L’Église est fondée sur la Pierre dont Pierre a reçu son nom, car la Pierre ne tire pas son nom de Pierre, mais Pierre tire son nom de la Pierre, de même que le nom du Christ ne vient pas de chrétien, mais que le nom de chrétien vient du Christ. En effet le Seigneur dit : Sur cette Pierre je bâtirai mon Église parce que Pierre avait dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Sur cette Pierre donc que tu as confessée, dit-il, je bâtirai mon Église. La Pierre en effet était le Christ. Sur ce fondement Pierre lui-même est bâti. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, le Christ Jésus (Cor 3, 11). L’Église qui est fondée sur le Christ a donc reçu de lui en Pierre les clefs du royaume des cieux, c’est-à-dire le pouvoir de lier et de délier les péchés. En effet, ce que l’Église est au sens propre dans le Christ, Pierre l’est figurativement dans la Pierre, et, dans ce sens figuratif, on comprend que le Christ est la Pierre et que Pierre est l’Église.
La force et la faiblesse de l’Église sont figurées en Pierre
Voilà pourquoi Pierre surtout représente, et la force de l’Église, quand il suit le Seigneur allant à la passion, et sa faiblesse, une faiblesse d’un certain genre, quand, interrogé par une servante, il renie le Sauveur. Subitement renégat après avoir tant aimé, hélas ! après avoir présumé de lui-même il n’a plus trouvé que lui. Il avait dit, vous le savez : « Seigneur, je serai avec vous jusqu’à la mort, et s’il est nécessaire que je meure, pour vous je donnerai ma vie ». Présomptueux, reprit le Seigneur, « pour moi tu donneras ta vie ? Je te le déclare en vérité, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois (4) ». Ce qu’avait prédit le Médecin se réalisa, au lieu que le malade ne put faire ce qu’il avait présumé. Mais après ? Le Seigneur le regarda soudain, car voici ce qui est écrit, voici comment s’exprime l’Évangile : « Le Seigneur le regarda, et il sortit, et il pleura amèrement (1) ». – « Il sortit » ; c’était confesser sa faute. « Il pleura amèrement » ; c’est qu’il savait aimer ; et bientôt la douleur de l’amour remplaça en lui l’amertume de la douleur. SERMO 295 IN NATALI APOSTOLORUM PETRI ET PAULI
Saint Thomas d’Aquin
Cette pierre est le Christ et c’est en vertu de cette onction que tous ont été appelés chrétiens. Ainsi, non seulement les chrétiens sont-ils ainsi nommés à partir du Christ, mais à partir de la pierre. C’est pourquoi le Christ donne un nom de manière particulière : TU ES PIERRE, à partir de la pierre qu’est le Christ.
SUR CETTE PIERRE, c’est-à-dire le Christ, afin qu’il soit le fondement et que l’Église ainsi fondée en reçoive de la solidité. Dans le livre des Rétractations, Augustin dit qu’il l’a interprété de diverses manières et qu’il laisse aux auditeurs le soin d’accepter l’interprétation qu’ils veulent. CETTE PIERRE peut désigner le Christ, 1 Co 10, 4 : Mais la pierre était le Christ. Et aussi 1 Co 3, 11 : Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, à savoir, le Christ Jésus. Autre interprétation : SUR CETTE PIERRE, c’est-à-dire : « Sur toi, la pierre, parce que de moi, la pierre, tu reçois d’être pierre. Et comme je suis la pierre, de même je bâtirai sur toi, etc. »
Est-ce que le Christ et Pierre sont le fondement ? Il faut répondre que le Christ l’est par lui-même, mais Pierre pour autant qu’il confesse le Christ, à titre de vicaire de celui-ci. Ep 2, 20 : Édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, le Christ Jésus demeurant la pierre angulaire, etc. Ap 21, 12 : La ville avait douze bases sur lesquelles étaient inscrits les noms des douze apôtres et celui de l’Agneau. Ainsi donc, le Christ est fondement par lui-même, mais les apôtres ne le sont pas par eux-mêmes, mais par une concession de la part du Christ et par l’autorité que [leur] a donnée le Christ. Ps 86[87], 1 : Ses fondements sont posés sur les montagnes saintes. Mais, d’une manière spéciale, la maison de Pierre, qui est fondée sur le roc, ne sera pas emportée, comme [on le lit] plus haut, 7, 25. Ainsi, celle-ci peut être assiégée, mais elle ne peut être abattue.
Conséquences
Le concile Vatican I tire les conclusions des principes qu’il a posés et s’étend sur l’étendue de la primauté, sur sa liberté d’exercice. Mais c’est en dépendance de la fonction dévolue et Vatican I l’expose clairement : le Saint-Esprit n’a pas été donné à Pierre et à ses successeurs pour enseigner une nouvelle doctrine, mais pour garder saintement et exposer fidèlement le dépôt de la foi.
La foi une fois clairement enseignée est un trésor de toute l’Église, c’est-à-dire de tous et chacun des fidèles ; c’est ce que nous avons vu précédemment.
Sources linguistiques
Définition de « petra » en grec |
un roc, falaise ou chaîne.
rocher escarpé, terrain rocheux.
rocher, grosse pierre.
métaphorique l’homme comme un roc en raison de sa fermeté et de la force de son âme.
Bailly : πέτρα, ας (ἡ) rocher, roche :
I en gén. IL. 9, 15, etc. ; OD. 5, 412, etc. ; HÉS. Sc. 421, etc. ; ESCHL. Pr. 4, etc. ; SOPH. O.R. 464, etc. ; PLAT. Leg. 838 b, etc. ; fig. comme emblème :
1 de solidité, d’immobilité, OD. 17, 463
2 de dureté, d’inflexibilité, ESCHL. Pr. 242 ; EUR. Andr. 537, etc.
3 de stérilité, PLAT. Rsp. 544 d, etc.
II rocher dans la mer ou sur le rivage, écueil,
Définition de « Petros » en grec |
Pierre = « un roc ou une pierre » |
Dictionnaire Bailly : πέτρος, ου (ὁ)
1 pierre, IL. 7, 270 ; 16, 734 ; 20, 288 ; PD. O. 10, 86, etc. ; ESCHL. Pers. 460 ; SOPH. O.C. 435, etc. ; EUR. I.T. 327, etc. ; XÉN. An. 4, 7, 12 ; Hell. 3, 5, 20, etc. ; prov. πάντα πέτρον κινεῖν, EUR. Her. 1002, remuer toute sorte de pierres, c. à d. mettre tout en jeu ; cf. PLAT. Leg. 843 a ; fig. comme synon. de dureté, d’insensibilité, SOPH. O.R. 334 ; EUR. Med. 28, H.f. 1397
2 rarement, comme πέτρα, rocher, SOPH. Ph. 272, O.C. 19, 1595
En latin Gaffiot : |
pĕtra, æ, f. (πέτρα), roche, roc, rocher : Plin. 10, 91 ; Curt. 7, 11, 1
Petrus, i, m. : nom du prince des apôtres.