Mes bien chers Frères,
Un sermon enthousiasmant.
La hiérarchie doit diriger les chrétiens. Qu’est-ce que diriger ? Là est le gros problème aujourd’hui, plus personne ne sait ce qu’est de diriger, plus personne ne sait ce qu’est d’être dirigé.
Je puise dans l’enseignement d’un saint qui fut une lumière en ce domaine et je vous le résume avec saint Thomas d’Aquin.
Aujourd’hui je dis la messe pour un couvent de religieuses cloîtrées, persécutées par leur évêque et par la Rome moderniste et qui n’ont plus de prêtre pour leur dire la messe. N’ayant pas le don d’ubiquité, je demande aux saints anges de les transporter en esprit au pied de l’autel où je célèbre la messe pour elles, comme je demande chaque dimanche aux saints anges de transporter tous ceux qui, parmi vous, ne peuvent avoir autrement la messe qu’en se transportant au pied d’un autel où la messe est célébrée dans la fidélité à Notre Seigneur et à son Église.
TéléchargerRésumé du sermon
Enseignement de l’Église
Résumé du sermon
Principe : Gouverner, c’est donner la perfection. (Saint Thomas d’Aquin, du gouvernement divin, q. 103, a.5 c.)
Ce qu’est la hiérarchie
Saint Denys dit l’Aréopagite. La hiérarchie est à la fois ordre, science et action, se conformant, autant qu’il se peut, aux attributs divins, et reproduisant par ses splendeurs originelles comme une expression des choses qui sont en Dieu. La beauté incréée est principe de perfection, et selon les dispositions personnelles de chacun, elle communique aux hommes sa lumière, et, par un mystère divin, les refait au modèle de sa souveraine et immuable perfection.
Le but de la hiérarchie est donc d’assimiler et d’unir à Dieu… Contemplant d’un œil assuré la beauté suréminente, elle la retrace en soi, comme elle peut ; et elle transforme ses adeptes en autant d’images de Dieu[1] : purs et splendides miroirs où peut rayonner l’éternelle et ineffable lumière, et qui, selon l’ordre voulu, renvoient libéralement sur les choses inférieures cette clarté empruntée dont ils brillent.
Ainsi, par ce mot de hiérarchie, on entend un certain arrangement et ordonnance sainte, image de la beauté incréée, célébrant en sa sphère propre, avec le degré de pouvoir et de science qui lui revient, les mystères illuminateurs, et s’essayant à retracer avec fidélité son principe originel. Effectivement la perfection des membres de la hiérarchie est de s’approcher de Dieu par une courageuse imitation et, ce qui est plus sublime encore, de se rendre ses coopérateurs,[2] comme dit la parole sainte, et de faire éclater en eux, selon leur force propre, les merveilles de l’action divine.
C’est pourquoi l’ordre hiérarchique étant que les uns soient purifiés et que les autres purifient ; que les uns soient illuminés et que les autres illuminent ; que les uns soient perfectionnés et que les autres perfectionnent ; il s’ensuit que chacun aura son mode d’imiter Dieu.
Que ceux qu’on purifie, ne conservant plus aucune souillure, deviennent libres de tout ce qui a besoin d’expiation ; que ceux qu’on illumine soient remplis de la divine clarté, et les yeux de leur entendement exercés au travail d’une chaste contemplation ; enfin, que ceux qu’on perfectionne, une fois leur imperfection primitive abolie, participent à la science sanctifiante des merveilleux enseignements qui leur furent déjà manifestés ; pareillement, que le purificateur excelle en la pureté qu’il communique aux autres ; que l’illuminateur doué d’une plus grande pénétration d’esprit, également propre à recevoir et à transmettre la lumière, heureusement inondé de la splendeur sacrée, la répande à flots pressés sur ceux qui en sont dignes ; enfin, que le dépositaire habile des secrets traditionnels de la perfection, initie saintement ses frères à la connaissance des mystères redoutables qu’il a lui-même contemplés. Ainsi, les divers ordres de la hiérarchie coopèrent à l’action divine, chacun selon sa mesure propre ; et par la grâce et la force d’en haut, ils accomplissent ce que la divinité possède par nature et excellemment, ce qu’elle opère d’une façon incompréhensible, ce que la hiérarchie manifeste et propose à l’imitation des intelligences généreuses et chères au Seigneur.
Apprenez-leur à agir
La hiérarchie a reçu la mission d’illuminer par la foi. Mais la foi ne suffit pas, il faut les œuvres. Elle reçoit donc la mission de perfectionner les œuvres des fidèles à l’image de la perfection divine.
Saint Thomas d’Aquin du gouvernement divin :
Un être est mû ou agit en vue d’une fin de deux manières.
Selon la première, il se porte lui-même vers sa fin, comme le font l’homme et les autres créatures raisonnables, car il leur appartient de connaître la raison de fin, et de moyens qui y conduisent.
Ou bien on dit qu’un être agit ou est mû en vue d’une fin parce qu’un autre l’actionne ou le dirige vers la fin ; ainsi la flèche est dirigée sur la cible par l’archer qui connaît la cible, tandis que la flèche l’ignore.
La créature est assimilée à Dieu de deux manières : d’une part elle est bonne à la manière dont Dieu est bon, en ce sens qu’elle-même est bonne ; d’autre part elle meut une autre créature vers la bonté, à la manière dont Dieu est cause de bonté dans les êtres. D’où résultent deux effets du gouvernement : la conservation des choses dans le bien [13.9] , leur motion vers le bien.
Puisque le gouvernement doit conduire à la perfection les choses gouvernées, il s’ensuit que le gouvernement sera d’autant meilleur qu’une plus grande perfection leur est communiquée par celui qui gouverne. Or il est plus parfait d’être bon soi-même, et en même temps cause de bonté pour les autres, que d’être simplement bon en soi. C’est pourquoi Dieu gouverne les êtres de telle manière que certains d’entre eux puissent être, en gouvernant, cause de bonté pour les autres. Ainsi le véritable maître ne fait pas seulement de ses disciples des savants, mais encore des enseignants.
Les perfections que doit donner la hiérarchie
La foi, c’était l’objet de la première mission. Mais il faut aussi ordonner les désirs : espérance et charité. Charité envers Dieu et envers le prochain, d’où apostolat.
Elle enseigne à être fidèle aux dons du Saint-Esprit : la sagesse qui contemple les vérités divines et qui voit toutes les réalités humaines dans cette sagesse. La prudence qui projette cette lumière sur les actions individuelles.
Elle enseigne à pratiquer la vertu. Par la prudence, elle forme des hommes libres. La justice, par laquelle chaque chrétien se réoccupe du bien de l’Église, elle forme des apôtres. La force, elle forme des martyrs. La tempérance, elle forme des anges.
Elle enseigne à être de miroirs qui réfléchissent à leur tour la lumière sur leurs inférieurs. Les parents sur les enfants, les amis sur les amis, les grands sur les petits, les hommes parfaits sur les pécheurs. Œuvres de miséricorde spirituelle.
La fausse notion de direction
(non traité dans le sermon oral)
Elle donne au chef de se substituer à l’inférieur supposé incapable. Incapable de recevoir seul, oui. Incapable d’exercer une activité divine une fois formé, non.
Elle repose sur l’obéissance, mais une obéissance aveugle.
Elle prend en main la réalisation concrète et matérielle des actions, non leur ressemblance à l’action divine. Elle fait du comportementalisme.
C’est la fausse conception du chef. On définit l’Église par le pape, au lieu de définir le pape par l’Église. Elle repose fondamentalement, nous le verrons plus tard, sur un mépris de la vérité, sur un refus de tout voir dans la sagesse éternelle.
Conclusion
Dans la mesure où vous êtes formés, agissez, rayonnez pour le bien de l’Église.
Dans la mesure où vous n’êtes pas assez formés, trouvez des maîtres théoriques et pratiques pour devenir maîtres à votre tour.
Enseignement de l’Église
Saint Denis
Définition de la hiérarchie et sa fonction
I. Selon moi, la hiérarchie est à la fois ordre, science et action, se conformant, autant qu’il se peut, aux attributs divins, et reproduisant par ses splendeurs originelles comme une expression des choses qui sont en Dieu. Or, la beauté incréée, parce qu’elle est simple, bonne et principe de perfection, est pure aussi de tout vil alliage ; toutefois, et selon les dispositions personnelles de chacun, elle communique aux hommes sa lumière, et, par un mystère divin, les refait au modèle de sa souveraine et immuable perfection.
II. Le but de la hiérarchie est donc d’assimiler et d’unir à Dieu, qu’elle adore comme maître et guide de sa science et de ses fonctions saintes. Car, contemplant d’un œil assuré la beauté suréminente, elle la retrace en soi, comme elle peut ; et elle transforme ses adeptes en autant d’images de Dieu[3] : purs et splendides miroirs où peut rayonner l’éternelle et ineffable lumière, et qui, selon l’ordre voulu, renvoient libéralement sur les choses inférieures cette clarté empruntée dont ils brillent. …
Ainsi, par ce mot de hiérarchie, on entend un certain arrangement et ordonnance sainte, image de la beauté incréée, célébrant en sa sphère propre, avec le degré de pouvoir et de science qui lui revient, les mystères illuminateurs, et s’essayant à retracer avec fidélité son principe originel. Effectivement la perfection des membres de la hiérarchie est de s’approcher de Dieu par une courageuse imitation, et, ce qui est plus sublime encore, de se rendre ses coopérateurs,[4] comme dit la parole sainte, et de faire éclater en eux, selon leur force propre, les merveilles de l’action divine.
C’est pourquoi l’ordre hiérarchique étant que les uns soient purifiés et que les autres purifient ; que les uns soient illuminés et que les autres illuminent ; que les uns soient perfectionnés et que les autres perfectionnent ; il s’ensuit que chacun aura son mode d’imiter Dieu. Car cette bienheureuse nature, si l’on me permet une si terrestre locution, est absolument pure et sans mélange, pleine d’une éternelle lumière, et si parfaite qu’elle exclut tout défaut ; elle purifie, illumine et perfectionne ; que dis-je ? elle est pureté, lumière et perfection même, au-dessus de tout ce qui est pur, lumineux et parfait ; principe essentiel de tout bien, origine de toute hiérarchie, surpassant même toute chose sacrée par son excellence infinie.
III. Il me semble donc nécessaire que ceux qu’on purifie, ne conservant plus aucune souillure, deviennent libres de tout ce qui a besoin d’expiation ; que ceux qu’on illumine soient remplis de la divine clarté, et les yeux de leur entendement exercés au travail d’une chaste contemplation ; enfin, que ceux qu’on perfectionne, une fois leur imperfection primitive abolie, participent à la science sanctifiante des merveilleux enseignements qui leur furent déjà manifestés ; pareillement, que le purificateur excelle en la pureté qu’il communique aux autres ; que l’illuminateur doué d’une plus grande pénétration d’esprit, également propre à recevoir et à transmettre la lumière, heureusement inondé de la splendeur sacrée, la répande à flots pressés sur ceux qui en sont dignes ; enfin, que le dépositaire habile des secrets traditionnels de la perfection, initie saintement ses frères à la connaissance des mystères redoutables qu’il a lui-même contemplés. Ainsi, les divers ordres de la hiérarchie coopèrent à l’action divine, chacun selon sa mesure propre ; et par la grâce et la force d’en haut, ils accomplissent ce que la divinité possède par nature et excellemment, ce qu’elle opère d’une façon incompréhensible, ce que la hiérarchie manifeste et propose à l’imitation des intelligences généreuses et chères au Seigneur.
Saint Thomas d’Aquin
s. th I q. 103, a. 1 ad 1 Un être est mû ou agit en vue d’une fin de deux manières.
Selon la première, il se porte lui-même vers sa fin, comme le font l’homme et les autres créatures raisonnables, car il leur appartient de connaître la raison de fin, et de moyens qui y conduisent.
Ou bien on dit qu’un être agit ou est mû en vue d’une fin parce qu’un autre l’actionne ou le dirige vers la fin ; ainsi la flèche est dirigée sur la cible par l’archer qui connaît la cible, tandis que la flèche l’ignore.
Ibid. a. 6 puisque le gouvernement doit conduire à la perfection les choses gouvernées, il s’ensuit que le gouvernement sera d’autant meilleur qu’une plus grande perfection leur est communiquée par celui qui gouverne. Or il est plus parfait d’être bon soi-même, et en même temps cause de bonté pour les autres, que d’être simplement bon en soi. C’est pourquoi Dieu gouverne les êtres de telle manière que certains d’entre eux puissent être, en gouvernant, cause de bonté pour les autres. Ainsi le véritable maître ne fait pas seulement de ses disciples des savants, mais encore des enseignants.
[1] s. Mt 5, 48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait
[2] 1 Co 3, 9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.
[3] s. Mt 5, 48 Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait
[4] 1 Co 3, 9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.