Sermon qui est Dieu ~ 19 Dieu est amour

Mes bien chers Frères,

Dieu est bonté parce qu’il est parfait, il est amour parce qu’il se donne à nous.

Nous sommes habitués à profiter de l’amour de Dieu, mais sommes-nous suffisamment attentifs à la grandeur de ce mystère ?

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Résumé du sermon

La bonté de Dieu en lui même

Bonté de Dieu = nous devons l’aimer – nous avons étudié la bonne et la mauvaise manière de l’aimer : désintéressée ou égoïste.

Amour de Dieu = le bien que Dieu fait.

L’amour de Dieu porte d’abord sur lui, Dieu. L’objet de son amour, c’est lui-même.
par conséquent, tout ce qu’il aime, c’est en lui qu’il l’aime.
même lorsque le credo affirme que le Christ est venu en ce monde propter nos et propter nostram salutem, à cause de nous et pour notre salut, ce que Dieu a voulu en premier, c’est sa gloire qui rayonne par sa miséricorde.

Par rapport aux créatures, la grande différence entre l’amour de Dieu et celui des hommes, c’est que nous aimons le bien qui existe déjà et que nous n’avons pas créé, tandis que Dieu fait le bien, le crée, et que son amour consiste à communiquer sa bonté.
Cette communication est gratuite, elle n’apporte rien à Dieu, elle est pur libéralité.

La bonté de Dieu manifestée dans le Christ

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

Saint Thomas d’Aquin : La dilection fervente du Christ.

Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.

Commentaire sur saint Jean, le lavement des pieds. n° 1735. L’Évangéliste poursuit en mettant en lumière la dilection fervente du Christ, et cela sous quatre aspects. Tout d’abord en ce qu’elle fut prévenanteCe n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui-même qui nous a aimés le premier. Et quant à cela il dit ayant aimé les siens, comme pour signifier un « avant ». Il les a aimés avant de les créerTu aimes tout ce qui est, et tu ne hais rien de ce que tu as fait. Il les a aimés avant de les appelerD’un amour éternel je t’ai aimé. Il les a aimés avant de les racheter. C’est pourquoi il est dit plus bas : Personne n’a de plus grand amour que celui qui livre son âme pour ses amis.

 En second lieu, l’évangéliste met en lumière la dilection du Christ en montrant qu’elle convenait parce qu’il a aimé les siens. Là, il faut savoir que les hommes sont à lui de diverses manières, et que selon cela ils sont aimés par Dieu de diverses manières. Ils sont à lui de trois manières. D’abord par la création. Et ceux-là il les aime en conservant pour eux les biens de la nature – Il est venu chez lui, et les siens, par la création, ne l’ont pas reçu. D’autres sont à lui parce qu’il les consacre : il s’agit de ceux qui lui ont été donnés par Dieu le Père par la foi, ceux que lui-même racheta – Ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Et ceux-là il les aime en les conservant dans les biens de la grâce. Mais d’autres encore sont à lui par un amour spécialNous sommes à toi, ô David. Ceux-là, il les aime spécialement en les consolant.

Enfin, l’Évangéliste met en lumière la dilection du Christ en montrant qu’elle fut parfaite, c’est pourquoi il dit : [Jésus] les aima jusqu’à la fin. Or la fin peut s’entendre de deux manières : la fin de l’intention et la fin de l’exécution.

La fin de l’intention est ce à quoi notre intention est ordonnée ; et une telle fin doit être la vie éternelle, selon l’épître aux Romains : Vous avez pour fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle. Mais le Christ aussi doit être une telle finLa fin de la Loi, c’est le Christ. Et ces deux réalités sont une seule fin, parce que la vie éternelle n’est rien d’autre que de jouir du Christ selon sa divinité – La vie éternelle est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu. C’est en ce sens qu’il est dit : il les aima jusqu’à la fin, c’est-à-dire de telle sorte qu’il les conduise lui-même à la fin, ou à la vie éternelle qui n’est rien d’autre – D’un amour éternel je t’ai aimé.

Quant à la fin de l’exécution, c’est le terme de la réalité ; et ainsi la mort peut être dite fin, de sorte qu’il est dit : [Jésus] les aima jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à la mort, ce qui peut avoir trois significations. En un premier sens, selon Augustin, cela revient à dire d’une manière humaine que le Christ aima les siens jusqu’à la mort seulement, et non au-delà. Mais ce sens est faux : en effet, il ne saurait convenir que celui qui n’est pas limité par la mort ait limité l’amour par la mort.

En un autre sens, on peut comprendre que « jusqu’à » (in) indique la cause. Et le sens est celui-ci : [Jésus] les aima jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à la mort, comme si l’Évangéliste disait que son amour pour eux l’a conduit jusqu’à la mort – Il nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous.

En un troisième sens, on peut comprendre que “jusqu’à la fin” signifie : alors qu’il leur avait donné auparavant de nombreux signes d’amour, à la fin, à savoir au moment de la mort, il leur donna les plus grands signes d’amour – Je ne vous ai pas dit cela depuis le commencement. Comme s’il disait : il ne fut nécessaire de vous montrer combien je vous aimais qu’au moment de mon départ, de telle sorte qu’ainsi l’amour et la mémoire de moi fussent imprimés plus profondément dans vos cœurs.