Sermon ~ Mise en garde contre les vices de notre époque
15. L’acédie, la joie de Dieu

Mes bien chers Frères,

Il vaut la peine d’aller à la racine de l’acédie. Nous verrons aujourd’hui que son problème est de ne pas savoir reconnaître la joie de Dieu.

L’objet du sermon sera donc : Comment cultiver la joie de Dieu dans notre âme.

Je recommande à vos prières la session que je donne cette fin de semaine dans le Jura sur le mariage, avec un baptême d’adulte dimanche matin. Plusieurs viendront découvrir la vie chrétienne et ses engagements et demanderont le baptême à leur tour…

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Résumé du sermon

Quelle joie cherchons-nous ?

L’étonnement de saint Thomas d’Aquin : la charité allume en nous un feu qui communique la joie et nous ne devrions pas être attirés par autre chose. « Comment est-il possible de nous attrister de Dieu ? »

En effet, la charité provoque de la joie, car Dieu nous a créés pour participer à sa propre vie divine ; il nous a rendus capables de quelque chose qui était, de soi, totalement hors de notre portée. Par pure grâce, Dieu nous a rendus capables de participer à sa propre vie, ce qui est le summum du bonheur. Le Christ nous donne un message de bonheur (béatitude, discours après la Cène) et ce bonheur consiste dans la participation à la vie divine : dès ici-bas, il veut nous faire anticiper, par notre vie, ce qui nous attend dans la vie éternelle.

Alors, comment est-il possible de nous attrister de ce qui devrait être le summum de notre joie ? Cela est possible parce que, pour participer à la vie de Dieu, pour vivre dès ici-bas dans la foi avec le Seigneur, nous devons y sacrifier des choses, des biens qui semblent plus concrets, plus sensibles ; la vie divine peut donc, de temps en temps, sembler très abstraite, et on risque alors d’être beaucoup plus affecté par ce à quoi on renonce, que par le bonheur futur qui nous attend. C’est une considération psychologique très fine ; on voit très bien que, de temps en temps, le combat spirituel, l’ascèse, le renoncement, la fidélité à notre engagement, la vie de prière, la pénitence, la charité fraternelle peuvent ne pas complètement satisfaire notre sensibilité et provoquer en nous une certaine tristesse, alors que ce devrait être le summum de la joie. Voilà à proprement parler ce qu’est l’acédie.

Cela est évidemment un mépris des biens qui viennent de Dieu. (Mépriser : ne pas estimer au juste prix.) C’est ce mépris qui constitue le vice de l’acédie en faisant perdre la joie de Dieu.

Importance de la première communion

Il est normal que l’enfant soit mis dès le début en possession de ce qui fait la vie chrétienne.

C’est sur les moyens concrets d’y arriver que l’enfant n’est pas encore formé, mais plus un moyen est proche de Dieu, mieux il l’apprécie, mieux il le possède.

Nous nous persuadons que les enfants sont des êtres incomplets parce qu’ils ne savent pas acheter un billet de train, parce qu’ils sont imprudents, alors qu’on constate chez tous les saints enfants une maturité supérieure à celle de bien des adultes.

Les bons enfants désirent la première communion : saint Jean Bosco, saint Dominique Savio, saint Pie X. Lorsque Dieu envoie la Très Sainte Vierge aux enfants de Fatima, il commence par leur donner la première communion, et, comme les prêtres ne les estiment pas assez mûrs, Dieu envoie un ange leur donner la communion.

Les bons chrétiens donnent une importance primordiale à la première communion. Elle fut la source de la vocation de Mgr Lefebvre et il affirme dans un sermon d’ordinations à Écône qu’il en est certainement de même de beaucoup de prêtres.

La première communion devrait être le critère de tous les choix de la vie.

Le choix du sacerdoce ou de la vie religieuse, évidemment.

Le choix d’un époux ou d’une épouse pour faire vivre toute la famille dans la communion prolongée tout au long des jours.

Le choix du métier, des amis, jusqu’aux conditions de fin de vie.

Dans la vie de tous les jours, c’est ici qu’intervient la paresse ou le désordre dans les actions – car il peut y avoir une paresse active. Se donner du mal dans les activités extérieures pour fuir l’amour de Dieu et ses exigences.

Restaurer la joie par la communion chez les enfants

Communion sacramentelle prolongée par la communion spirituelle.

Restaurer la joie chez les enfants : le discours sur le sacrifice, mais, surtout, le contact avec Dieu : chapelet, présence de Dieu.

Faire en premier ce que Dieu demande et non ce qui plaît. Il y a là un dressage de la volonté et de la sensibilité.

On en communique facilement l’enthousiasme par les lectures sur les martyrs, sur les missionnaires, sur les saints enfants : Dominique Savio, Michel Magon, saint Louis d’Anjou, saint Louis de Gonzague, sainte Germiane de Pibrac…

L’enfant ne saisit pas toujours l’amour de Dieu dans tout ce qu’on lui demande, c’est à nous de le savoir et à lui de faire confiance à l’adulte.

D’où l’importance de l’exemple,
de la joie dans le foyer, surtout les joies chrétiennes dans les œuvres de miséricorde.

 Restaurer la joie chez les adultes

Redevenir des enfants, c’est dans l’évangile.

Si nous considérons les enfants comme des êtres incomplets, il est ridicule de redevenir enfant, c’est pourquoi nous ne mettons pas en pratique le commandement de Jésus-Christ de redevenir comme des enfants.

Si nous considérons l’enfant come vivant dans l’émerveillement de sa première communion et si nous entretenons cet émerveillement dans les communions suivantes, alors il est urgent de redevenir comme des enfants.

Conclusion

Les moines de l’origine du christianisme se retiraient dans le désert pour ne vivre qu’avec Dieu. Évidemment, les démons en profitaient pour essayer de les décourager par l’acédie. Ainsi, des démons se mirent à jouer avec un moin comme avec un ballon, ils le lançaient en l’air, se le lançaient l’un à l’autre, puis le laissent retomber sur sa paillasse. Pendant ce temps, le moine continuait sa contemplation de Dieu sans s’apercevoir de rien, pas plus troublé que s’il entendait l’orage.

Dans le monde moderne, le démon joue avec nous comme avec un ballon.
inquiétudes sur l’avenir, sur notre avenir, car on s’inquiète bien peu de l’avenir des autres
inquiétudes sur l’avenir de nos enfants,
inquiétudes spirituelles : et si nous étions privés de messe, de sacrements, de prêtre à mon lit de mort.

Dès que nous répondons au démon par l’inquiétude, il a gagné. Il faut lui répondre par la joie.