Mes Bien chers Frères,
Tous les auteurs contemporains qui rappellent l’importance du vice de l’acédie se demandent pourquoi celle-ci avait disparu de la liste des vices depuis le Moyen-Âge. Vous vous rappelez que l’acédie est un vice contre l’enthousiasme de l’amour de Dieu. Eh bien, quand cet enthousiasme a disparu, le démon n’a plus besoin de l’attaquer et ne suscite plus l’acédie puisqu’il est parvenu à ce qu’il voulait. Vous me demanderez alors comment il est possible que les pasteurs du peuple n’aient pas perçu ce problème fondamental de l’attiédissement de la charité. C’est tout le mystère de la lente descente de la vie chrétienne depuis la ferveur du Moyen-Âge. Mgr Lefebvre en donne une explication dans son livre Ils L’ont découronné, voici la racine de cette explication.
Je suis conscient qu’un seul sermon ne peut résoudre le problème, mais il peut au moins vous amener à réfléchir.
Que Dieu soit avec vous !
TéléchargerRésumé du sermon
La charité est une union à Dieu, mais une union active. Elle fait poser des actes pour développer cet amour et pour vivre dedans. C’est le dynamisme que je vous ai décrit en partant de la première communion.
Peu après saint Thomas d’Aquin des religieux ont voulu magnifier l’amour et rabaisser l’œuvre de l’intelligence qu’ils trouvaient moins noble. Ils accusèrent saint Thomas d’Aquin d’être trop intellectuel ou même “intellectualiste”, mais ils ne se rendaient pas compte que “l’intellectualisme” de saint Thomas était en réalité une contemplation du mystère de Dieu dans la foi, sous l’influence de l’Esprit-Saint et donc dans la charité et, surtout, que cette contemplation était la source de la charité.
Voyez Mgr Lefebvre. Il fut un phare de la foi. Il contemplait et transmettait sa contemplation. Face aux erreurs modernes, il exposa Jésus-Christ et la croix. Or le chrétien est fait pour adhérer à ces mystères. Il est comme un éponge qui boit l’eau de la foi.
Depuis des siècles le démon trouve des hommes qui plus ou moins consciemment – là n’est pas le problème – dessèchent le cœur des hommes. Lorsqu’on lui expose la beauté de l’Incarnation et de la Croix, il revit. Certes, certains sont tellement atteints qu’ils préfèrent la mort, c’est la conséquence – la fille – de l’acédie poussée trop loin et, alors on est dans le péché contre le Saint-Esprit, dont on ne sort que par miracle. Et nombreux étaient ceux à être tombé dans une profonde acédie, un profond dégout de Dieu d’où autre conséquence – autre fille – la haine de celui qui leur rappelait la vérité de cet amour.
Donc, quelles furent les conséquences de ces discours et de l’enseignement des religieux qui, sous prétexte de magnifier l’amour le coupaient de sa source, la contemplation ?
1ère conséquence, on ne pénètre plus la sagesse de Dieu, on perd l’idéal, on soumet la volonté aveugle de l’homme à la volonté aveugle de Dieu. C’est la morale réduite à l’obéissance.
Je vous ai plusieurs fois expliqué que le chrétien vit essentiellement de l’Esprit-Saint. Que la morale est essentiellement celle de la vertu, que le décalogue est un garde fou, une règle pour débutants, mais que limiter la morale chrétienne au décalogue c’est revenir au judaïsme alors que le Christ a pris soin de donner peu de lois pour que chacun le suive par amitié. Tout cela est perdu.
La charité qui ne se nourrit pas du don d’intelligence et de l’esprit de foi est une charité sclérosée.
2e conséquence, l’autoritarisme des chefs. Si la loi est le fruit de la volonté de Dieu et non de sa sagesse, il en va de même pour les chefs intermédiaires. Confusion entre l’autorité et le chef.
Paul VI à Mgr Lefebvre : obéissez !
3e conséquence, perte du bien commun.
4e conséquence, la liberté devient un absolu. Si ce n’est pas interdit, c’est permis.
exemple du jeune qui fait de la musique – ou de celui qui aime le vélo … ou de celui qui prend soin d’un malade.
appliquez cela à la vocation religieuse ou sacerdotale et voyez le résultat !
appliquez-le au mariage… quand la passion sensible disparaît, il n’y a plus rien pour faire tenir le mariage.
5e conséquence, ce discours volontariste et de liberté trouve une caisse de résonnance dans les passions des hommes et, alors, pourquoi même encore conserver la loi et ne pas vivre dans une totale liberté ?
6e conséquence, la haine de Dieu qui brime la liberté sans raison. Et la haine de tous ceux qui rappellent la vérité. C’est notre monde contemporain.
Dieu a une sagesse qui n’est pas celle du monde, mais qui est celle de la croix. Il faut redécouvrir la joie de la croix à travers la joie de se consacrer à Dieu, à travers la valeur d’amitié de la charité. Amitié avec Dieu.
Cette sagesse se contemple dans les mystères du rosaire.
Si nous voulons remonter la pente, nous devons accepter la persécution. Pie VI après l’assassinat de Louis XVI cite saint Cyprien : « D’où vient que les chrétiens sont jugés par les hérétiques, les hommes sains par les malades, ceux qui sont intacts par ceux qui ont reçu des blessures, ceux qui sont debout par ceux qui sont tombés, les juges par les coupables, les prêtres par les sacrilèges ? »