Mes bien chers Frères,
L’acédie est un vice presque invisible et qui n’en est que plus dangereux.
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L’acédie chez les bons chrétiens
Saint Jean Climaque : « L’acédie est un relâchement de l’âme, un laisser-aller de l’intellect, la négligence de l’ascèse, la haine de l’état monastique ; elle proclame bienheureux les gens du monde, et accuse Dieu d’être impitoyable et sans amour pour les hommes ; elle est une langueur dans la psalmodie, une faiblesse dans la prière, une application infatigable au service extérieur, un empressement au travail des mains, une inaptitude à l’obéissance.
« L’acédie suggère de recevoir des hôtes ; elle presse de se livrer au travail manuel pour faire l’aumône ; elle exhorte avec ardeur à visiter les malades, en rappelant la parole du Seigneur : « J’ai été malade, et vous m’avez visité » ; elle porte à aller voir ceux qui sont abattus et découragés ; sans courage elle-même, elle suggère : « Allez réconforter les découragés. »
« Quand nous prions, elle nous rappelle quelque affaire indispensable ; et, déraisonnable elle-même, elle met tout en œuvre pour nous tirer hors de la prière par de bonnes raisons, comme par un licou.
« À la troisième heure, le démon de l’acédie nous donne des frissons, des maux de tête et même des douleurs d’entrailles. À l’approche de la neuvième heure, le moine retrouve un peu de force, et quand la table est servie, il saute de son lit. Mais quand vient l’heure de la prière, de nouveau le corps se sent accablé. Quand il est à la prière, le démon le plonge encore dans le sommeil et lacère chaque verset par des bâillements intempestifs. »
N.B. l’acédie atteint les bons chrétiens, pour les autres le démon a tout ce qu’il lui faut.
Chez les adultes : la même chose que les moines, plus Internet, écouter les nouvelles d’actualité politique ou religieuse, perdre son temps en vidéos, critiquer les bons chrétiens et même les prêtres supposés trop durs,
Chez les enfants : dégout de la prière, de la vertu en général, mauvais esprit,
Cause de l’acédie
La cause : le feu de l’amour de Dieu s’est éteint, ou, au moins, on ne veille plus à l’alimenter.
Amour de Dieu = charité, c’est donc un vice directement contre la charité. S’y laisser aller est donc un péché mortel.
Souvent il demeure un péché véniel, car on ne le mène pas jusqu’au bout de ses conséquences, mais comme il cause une tiédeur, une apathie, il mène vite au péché mortel.
C’est un péché invisible, car il se dissimule sous une fièvre d’activité extérieure sous prétexte de charité, de zèle pour l’amour de Dieu.
Conséquences de l’acédie
Elle est l’un des huit péchés capitaux. C’est même le plus grave puisqu’il ronge l’amour de Dieu.
Les péchés capitaux furent réduits à sept au moyen-âge, en confondant l’acédie et la paresse. Mais la paresse fuit l’effort, elle est une crainte des difficultés, c’est pourquoi elle fuit l’action difficile. L’acédie est une torpeur dans l’amour de Dieu.
Vice capital, elle a donc des filles.
1° Fuite de ce qui contriste.
a) par abandon : le désespoir, la pusillanimité, la torpeur à l’égard des préceptes divins.
b) par agressivité (contre les fauteurs de tristesse) – contre les personnes : rancune, – contre les biens spirituels eux-mêmes : malice.
2° Recherche des compensations mauvaises.
Par le vagabondage à l’entour des choses défendues. l’importunité de l’esprit, qui à temps et à contre temps est en quête de satisfactions multiples ; la curiosité, à l’affût des nouvelles ; le verbiage,les parloirs, les potins ; l’agitation du corps, signe de la divagation d’esprit ; l’instabilité, l’incapacité de rester en place, le besoin de bouger… : tous défauts que l’on rencontre chez le spirituel lorsque sa vie se voit dominée par l’acédie.
et chez celui qui n’est pas spirituel : les compensations dans la gourmandise, l’alcool et l’impureté, surtout le vice solitaire.
Les remèdes
Le principal : agir contre. Voir saint Ignace.
Saint Jean Climaque : « Que ce tyran soit donc enchaîné par le souvenir de nos péchés.
Frappons-le rudement par le travail de nos mains.
Traînons-le en justice par la considération des biens à venir, et quand il aura été ainsi amené à comparaître, interrogeons-le comme il le mérite : « Dis-nous, lâche et sans vigueur que tu es, quel est le misérable qui t’a engendré ? et quels sont tes rejetons ? quels sont tes adversaires ? et qui peut t’anéantir ? » Ainsi contrainte, l’acédie semblerait répondre : « Chez les vrais obéissants, je n’ai aucune place où reposer ma tête…
J’ai des mères nombreuses et diverses : parfois l’insensibilité de l’âme, parfois l’oubli des réalités d’en-haut, et parfois aussi l’excès dans les travaux.
« Mes rejetons sont les changements de lieu que j’inspire, la désobéissance au père spirituel, l’oubli du jugement, et parfois même l’abandon de la vie monastique. Et mes adversaires, par qui je suis ici enchaînée, sont la psalmodie et le travail manuel. Mon ennemie, c’est la pensée de la mort. Ce qui m’anéantit complètement, c’est la prière avec la ferme espérance des biens futurs. Quant à ce qui engendre la prière, demandez-le à celle-ci. »