Mes bien chers Frères,
Après les observations faites aux sept Églises, Dieu nous révèle ce qu’est l’Église.
Nous verrons plus tard comment il tire gloire de ses épreuves pour lui et pour elle, c’est-à-dire pour lui et pour nous, comment il lui manifeste son amour.
Comment pourrait-on donner un cours sur l’Église sans s’appuyer sur l’Apocalypse ? Or l’Église est notre trésor à tous.
Entrons dans le vif du sujet.
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Résumé du sermon
Texte de l’Apocalypse
Chapitre IV. Après cela je vis : et voici qu’une porte était ouverte dans le ciel : et la première voix que j’avais entendue, semblable au son d’une trompette, qui me parlait, [se fit entendre à nouveau], disant : Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver après cela.
Et aussitôt je fus [ravi] en esprit : et voici qu’un trône était disposé dans le ciel, et sur le trône [quelqu’un était] assis, Et celui qui était assis était semblable à l’éclat de la pierre de jaspe et de la cornaline : et il y avait à l’entour du trône un arc-en-ciel semblable une vision d’émeraude.
Et à l’entour du trône [il y avait] vingt-quatre sièges : et, sur les sièges, vingt-quatre vieillards assis, enveloppés de vêtements blancs, portant sur la tête des couronnes d’or.
Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres : et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu.
Et devant le trône, il y avait comme une mer de verre, semblable à du cristal : et au milieu du trône, et à l’entour du trône, [il y avait] quatre animaux, pleins d’yeux par devant et par derrière. Et le premier animal était semblable à un lion, et le deuxième animal était semblable à un veau, et le troisième animal avait une face comme celle d’un homme, et le quatrième animal était semblable à un aigle qui vole. Et les quatre animaux avaient chacun six ailes : et tout autour, et à l’intérieur, ils sont pleins d’yeux : et ils n’avaient de repos ni le jour ni la nuit, disant : Saint, saint, saint [est] le Seigneur, le Dieu tout-puissant, qui était, et qui est, et qui doit venir. Et tandis que ces animaux rendaient gloire, honneur et bénédiction à celui qui vit dans les siècles des siècles, les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui était sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils mettaient leurs couronnes devant le trône, disant ; Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance : car c’est vous qui avez créé toutes choses : et c’est de par votre volonté qu’elles étaient et qu’elles ont été créées.
Résumé du sermon
Le Ciel
La porte ouverte dans le Ciel, c’est la Passion.
elle seule fait entrer dans le Ciel
elle seule fait entrer dans le mystère et donc dans l’intelligence de la Révélation.
elle seule donne la clef de l’Écriture Sainte dans laquelle tout mène à la Passion
c’est en elle que les figures et les prophéties de l’Ancien Testament ont leur sens
de même dans l’Église, dans l’enseignement, dans la morale, etc.
Voir, par exemple, les pèlerins d’Emmaüs qui sont scandalisés et désemparés tant qu’ils n’ont pas compris la Passion de Jésus-Christ. De même les Apôtres étaient scandalisés par la mort de Jésus tant qu’ils n’eurent pas reçu l’Esprit-Saint.
Monte ici. On juge de la terre par le Ciel. On comprend la terre par le Ciel. Le temps par l’éternité et non l’inverse. C’est pourquoi Jésus-Christ va montrer ce qui doit arriver pour que nous sortions de l’esprit humain, terrestre, matériel, nominaliste. Ne nous arrêtons pas dans l’Apocalypse aux événements sensationnels, ni même aux épreuves, mais voyons la grâce et la gloire qui sont promis à ceux qui demeureront fidèles.
Le trône de Dieu : l’Église
Le trône est la figure de l’Église au milieu de laquelle Dieu siège sur la terre.
Dieu est décrit comme une pierre précieuse pour que nous ne nous arrêtions pas à une représentation matérielle. Dieu est vert de jaspe comme la vie, il est rouge de cornaline comme le feu de la charité.
Ce trône est celui du Père, mais aussi du Fils dont la charité se communique dans le sang rouge de sa passion. En lui sont unis le vert de la vie divine et le rouge de la passion corporelle.
Entouré d’un arc en ciel, signe donné par Dieu à Noé en signe de miséricorde. Il entoure l’Église dont le propre est de faire miséricorde. Quand l’Église juge et condamne, c’est encore par miséricorde.
Les saints sur les vingt-quatre sièges
« Vous siégerez sur douze sièges pour juger les douze tribus d’Israël. » Notre Seigneur dans l’Évangile. Cela concerne tous les disciples et pas seulement les Apôtres.
Ici ils sont vingt-quatre pour inclure les saints de l’Ancien Testament.
Ils sont assesseurs. Ils sont surtout, dit saint Thomas d’Aquin, des références.
Vieillards : il arrive que des enfants emplis du Saint-Esprit, pas nécessairement de façon miraculeuse soient plus sages que des vieux. Saint Dominique Savio, Hermann Wijns…
Ils sont assis, parce qu’ils jouissent du repos et de la stabilité éternelle ; leurs vêtements blancs marquent l’innocence dont ils sont ornés, et les couronnes d’or qu’ils portent sur leurs têtes sont la récompense qu’ils ont reçue du Christ pour leurs labeurs et leurs combats.
Les éclairs, le tonnerre
Les éclairs sont les miracles par lesquels l’Église ne cesse de proclamer au monde son caractère divin.
De même qu’il est impossible, à moins d’être aveugle, de ne pas voir l’éclair qui fend brusquement l’ombre de la nuit, de même il n’est pas possible, à moins d’être muré dans ses préjugés, de ne pas apercevoir le caractère transcendant de l’Église et l’éclat lumineux qu’elle projette au milieu des ténèbres du monde présent. Les voix sont les appels qu’elle fait entendre sans cesse par ses Pontifes, ses Docteurs, ses saints, ses prédicateurs, pour inviter les hommes à suivre le Christ. Les tonnerres sont les avertissements qu’elle donne aux pécheurs, et les anathèmes qu’elle prononce intrépidement, sans craindre aucune puissance humaine, contre tous ceux qui mettent en péril le salut des âmes.
Les sept lampes
Quant aux sept lampes qui brillent devant le trône, saint Jean en explique lui-même le symbolisme, ce sont les sept esprits de Dieu, c’est-à-dire les sept dons du Saint-Esprit, qui illuminent l’Église, et il ajoute qu’elles sont ardentes, parce que ces dons ont pour effet, non seulement de donner la lumière aux âmes, mais encore de les embraser du feu de l’amour.
Les quatre animaux : les évangélistes et les saints
Les quatre animaux désignent les quatre Évangélistes, et, avec eux, l’ensemble des saints, qui sont tous, d’une certaine façon, des “Évangélistes”, parce qu’ils se sont tous employés à faire connaître Jésus-Christ et sa doctrine. La position qu’occupent ces animaux, à la fois au milieu et autour du trône, est extraordinaire : il est tout à fait vain de se creuser la tête pour chercher à la traduire sur le papier, comme s’y évertuent certains commentateurs.
Saint Jean se sert volontairement d’images irréalisables, pour que, dépassant le sens littéral des paroles, nous en cherchions la signification mystérieuse. Les quatre Évangélistes sont à la fois au milieu du trône, c’est-à-dire de l’Église, comme des flambeaux pour l’éclairer ; et tout autour, comme une muraille pour la défendre. Ils sont remplis d’yeux par devant et par derrière, parce qu’ils lui apprennent à regarder avec soin à la fois le passé et l’avenir, pour régler sa conduite. Ils ressemblent le premier à un lion, le second à un bœuf, le troisième à un homme, le dernier à un aigle. Le lion est attribué ordinairement à saint Marc, pour avoir mis en valeur, plus que les autres, la victoire remportée par Jésus sur ses ennemis et sur la mort. Le bœuf, figure du sacrifice, convient à saint Luc, qui a insisté particulièrement sur les souffrances du Sauveur ; l’homme, à saint Mathieu, pour avoir dressé la généalogie humaine du Christ ; et l’aigle, à saint Jean, qui a révélé les plus hauts mystères sur sa divinité. Ces attributions toutefois n’ont rien d’absolu ni d’exclusif : de même que chacun des quatre Évangiles contient en soi la doctrine des trois autres, de même on peut dire ici que chacun des quatre animaux possède à la fois sa forme propre, et celle des trois autres. C’est ce qui apparaît clairement si l’on rapproche ce passage de celui où le prophète Ézéchiel décrit les quatre animaux fantastiques qui lui furent montrés, et dont chacun rappelait tout ensemble le visage de l’homme, la face du lion, celle du bœuf et celle de l’aigle.
Mais avant d’être ceux des Évangélistes, ces attributs sont ceux du Christ lui-même, qui est né comme un homme véritable, qui a combattu comme un lion, qui s’est laissé offrir en victime comme un bœuf, et qui est monté au plus haut des cieux comme un aigle. À son tour, chaque chrétien doit chercher à se les approprier : il sera homme en obéissant à sa raison, plutôt qu’à ses passions, et en se montrant « humain » à l’égard de ses semblables ; lion, eu attaquant résolument les ennemis de son salut ; bœuf, en acceptant l’immolation ; aigle, en vivant dans les cieux plus que sur la terre, par la constance de son oraison.
Et chacun des six animaux avait six ailes
Les ailes, qui élèvent l’oiseau au-dessus de terre, sont la figure des vertus, qui soulèvent l’âme au-dessus des contingences du monde présent. Le nombre six est celui des degrés successifs qu’il faut franchir pour atteindre à la possession de la paix.
Les animaux sont pleins d’yeux au dehors et au dedans, parce que les Saints s’observent avec une très grande attention, tant pour leurs actions extérieures, que pour leurs pensées. Ils ne prennent de repos ni jour ni nuit, parce que leur vie est une louange continue à l’adresse de leur Créateur. Tout ce qu’ils font, et même le repos qu’ils s’accordent la nuit, ils l’ordonnent à la gloire de Dieu, pénétrés qu’ils sont du désir d’accomplir sa Volonté, et de Lui plaire en toutes choses.
Au sens mystique, la nuit représente les épreuves et les souffrances, par opposition au jour, qui symbolise la prospérité. Les Saints, donc, ne cessent de louer Dieu ni le jour ni la nuit, parce qu’ils chantent sa gloire dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Avec Job, ils lui rendent grâces de tout ce qui leur arrive, des maux comme des biens. Ils proclament son infinie perfection, sa bonté souveraine, en redisant le cantique des Séraphins, entendu déjà par Isaïe : Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, qui était de toute éternité, qui demeure toujours égal à Lui-même, et qui viendra juger les vivants et les morts. Et tandis que les animaux, c’est-à-dire la multitude des Saints, rendaient ainsi gloire à Dieu, les vingt-quatre vieillards, figurant les Docteurs des deux Testaments, se prosternaient en signe d’humilité ; et, adorant Celui qui siégeait sur le trône, ils mettaient à ses pieds leurs couronnes, c’est-à-dire les mérites de leurs œuvres, disant : « Ce n’est point à nous qu’en revient la gloire ; mais c’est à Vous seul, Seigneur notre Dieu… » Remarquez qu’ils disent : notre Dieu. Bien que Dieu soit le Maître de toutes les créatures, il l’est à un titre particulier de ceux qui se sont livrés à Lui par le renoncement, et qui font de Lui l’unique objet de leur amour. « C’est à Vous seul, donc chantaient-ils, qu’il est juste d’attribuer la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est Vous qui avez créé toutes choses. C’est de par votre volonté qu’elles ont existé, dans Votre intelligence, avant que d’être réalisées en acte, comme l’ouvrage existe dans la pensée de l’artisan avant d’être mis au jour dans la matière. C’est donc librement, volontairement, sans être pressé par aucune nécessité, que Vous les avez conçues, et c’est volontairement encore que Vous les avez créées, c’est-à-dire : que Vous les avez fait passer de cet être idéal à leur existence matérielle. Ainsi il est juste que tout ce qu’il y a de beau et de bon sur la terre Vous soit attribué et tourne à Votre gloire, puisque toutes choses sont sorties de Vous, et que Vous êtes à la fois le Principe et la Fin de tout ce qui existe. »