Philippe de Villiers et la chrétienté

Dans son dernier livre Les cloches sonneront-elles encore demain Philippe de Villiers dénonce les « Submersion, envahissement, colonisation de notre pays ».

Suffit-il vraiment d’affirmer que « La France n’a pas vocation à devenir la fille aînée de l’islam » pour faire barrage à « l’islam en marche », aux « islamistes radicaux qui veulent la France » au « salafisme qui s’installe” et pour empêcher que « Les unes après les autres, les villes basculent dans la France Halal » ?

Les écrits de Philippe de Villiers, ses interventions dans les média, le Puy du Fou, témoignent qu’il a conscience de la dimension spirituelle, voire religieuse de la guerre qui est en cours. Et, pourtant, ce qu’il préconise demeure au niveau de vœux pieux : « Il faut donc interdire la construction des mosquées, interdire le halal, affirmer partout la civilisation française et fermer les frontières. Les musulmans qui veulent devenir Français doivent faire descendre la France dans leur cœur, sinon ils doivent partir ».

Dès qu’il veut prendre de la hauteur et laisser la « politique derrière lui », son concept d’« assimilation » extrême est tout aussi improbable puisqu’il reviendrait, en quelque sorte, à généraliser le modèle du Puy du Fou comme méthode de reconquête. Suffit-il vraiment d’affirmer ceci ? « [Il faut inventer] un nouvel élément fédérateur, un nouveau roman national qui soit un roman d’amour. Comment peut-on attirer des jeunes avec une société hédoniste, nihiliste, matérialiste, consumériste, la société du vide ? En revanche, si on leur offre l’exaltation de nos rêves, de notre épopée, si on leur parle de nos héros, beaucoup d’entre eux nous rejoindront. Il faut créer un patriotisme compassionnel fondé sur le beau. C’est ce qui se passe au Puy du Fou, avec des résultats stupéfiants. Cela ne sert à rien de parler des valeurs de la République. Elles sont au mieux un code de la route, un règlement de copropriété. On n’a jamais vu un seul individu tomber amoureux d’un stop »[1].

Nous savons avec saint Pie X que la civilisation en jeu n’est pas la civilisation française, mais « la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété. » Fondements naturels et divins. Or, les fondements naturels ne peuvent être restaurés sans que, d’abord, soient restaurés les fondements divins. Il n’y aura jamais de restauration de la civilisation chrétienne sans la messe et, donc, au préalable, sans la confession et le baptême.

Comme au Ve siècle le barrage à la déferlante barbare c’est la foi, la foi en Jésus Christ Roi. Non pas un concept culturel mais « la loi chrétienne devenue loi fondamentale, la loi constitutionnelle des États, s’imposant également aux grands et aux petits, pénétrant l’ordre politique, civil, domestique, refoulant les passions égoïstes qui le bouleversent, conférant à tous une céleste dignité et ineffables espérances.[2] »

Cette définition, s’oppose, point par point à l’islam, au djihad, à la charia, à l’oumma.

Comme l’avait prédit le père Charles de Foucauld, la reconquête passe par la conversion des musulmans[3].

« Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exception­nellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent… Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens ». Or, nul ne les convertira qui ne soit d’abord soi-même plein de la foi chrétienne, de l’amour de Jésus-Christ, qui ne soit convaincu que les moyens donnés par Jésus-Christ sont les seuls possibles. Vouloir en trouver d’autres, c’est fonder une autre religion. Voilà ce que nous attendions de Philippe de Villiers, d’autant plus qu’il connaît le Père de Foucauld[4], et voilà pourquoi nous ne pouvons le suivre, ni nous réjouir de son œuvre. Si le succès du Puy du Fou était vraiment stupéfiant, il remplirait les confessionnaux, les cours de catéchismes et, surtout, les séminaires.

Reste à savoir par quelles réalisations concrètes ces chrétiens convaincus restaureront la chrétienté… ce sera l’objet d’un prochain article, mais on peut déjà comprendre que le feu de la charité est naturellement communicatif.

Vive le Christ-Roi !

 

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[1]    Interview dans l’Opinion.fr du 12/10/2016.

[2]    Le Christ-Roi point culminant de la mission de sainte Jeanne d’Arc par le père Jean-Baptiste Ayroles Le Sel de la Terre N°83 hiver 20112-2013

[3]    Lettre à René Bazin, JESUS CARITAS, Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie, 29 juillet 1916.

[4] Entretien avec Martial Bilde sur TV Libertés https://www.youtube.com/watch?v=eKXCVAliw6Q