Maria Valtorta
Recommandations de Mgr Lefebvre

Conférence audio de Mgr Lefebvre lors d’une retraite prêchée aux carmélites de Quiévrain en 1986. Durée : 9 mn.

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La connaissance de Dieu
Mgr Lefebvre
Retraite à Quiévrain 1986

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Connaissance de Dieu créateur
La connaissance de Dieu par Jésus-Christ
Les livres qui parlent de Jésus-Christ ~ Maria Valtorta

Connaissance de Dieu créateur

Commençons maintenant par examiner les sources de notre connaissance du Bon Dieu. Elles nous viennent de Dieu. Nous connaissons Dieu parce que le Bon Dieu nous a donné les moyens de le connaître. Quels sont ces moyens de le connaître ?

Le premier moyen est notre raison, notre intelligence. Mais le Bon Dieu n’a pas voulu que ce moyen soit l’unique moyen. Ayant pitié de la faiblesse et de la petitesse de notre intelligence, Il a voulu par un grand amour pour nous, par une grande libéralité, par charité, nous donner la foi [par] la révélation. Il s’est révélé à nous. Il a voulu nous dire lui-même ce qu’Il était, par sa parole, par son Verbe, et particulièrement par son incarnation, l’incarnation du Verbe de Dieu, de la parole de Dieu.

Alors voici quelques idées que donne saint Thomas d’Aquin à ce sujet. On ne présentera ici que quelques idées. C’est très enrichissant et profond. Le père Sertillanges, un auteur qui a fait la traduction de saint Thomas d’Aquin, nous dit citant ce passage sur la haute convenance d’une révélation en matière de vérité rationnelle relative à Dieu, de son existence, de son infinité, de ses attributs. « Ces notions, nous pouvons, à la rigueur, arriver à les connaître par notre raison, mais même ces vérités rationnelles, le Bon Dieu a voulu nous les révéler aussi. »

Il aurait pu ne révéler par exemple que les mystères, les choses qui dépassent notre raison, que notre raison ne peut pas connaître (car c’est absolument impossible) comme la Sainte Trinité. C’est sûr que la Sainte Trinité dépasse complètement notre raison. Nous aurons beau scruter toutes les créatures du monde et tout ce qui se passe ici-bas dans notre monde, jamais nous ne découvririons la Sainte Trinité. Mais non seulement le Bon Dieu a voulu nous révéler les grands mystères de Dieu (les grands mystères qui le concernent), mais il a voulu aussi nous révéler les vérités que notre raison peut atteindre. Pourquoi cela ?

Si ce genre de vérités était abandonné aux recherches de la seule raison (par exemple l’existence de Dieu, son infinité, son immensité, sa toute-puissance et que sais-je ?), trois graves inconvénients ne manqueraient pas de s’ensuivre, dit saint Thomas.

Tout d’abord, peu d’hommes arriveraient à la connaissance de Dieu car trois obstacles s’opposeraient aux fruits de la recherche plus studieuse qu’est la possession du vrai. Certains en seraient empêchés par le défaut de leur complexion intellectuelle et beaucoup sont, de (en fait) fait, inaptes à la science, tellement que, par aucune étude, ils ne pourraient atteindre ce sommet de l’humaine connaissance qui consiste à connaître Dieu. D’autres en seraient empêchés par les nécessités domestiques, car parmi les hommes, il est nécessaire qu’un grand nombre soit appliqué à l’administration des choses temporelles et ceux-là n’ont pas le loisir de consacrer aux recherches contemplatives tout le temps qui serait requis pour s’élever jusqu’à ce faîte de la recherche humaine qu’est la connaissance de Dieu. D’autres enfin, seraient empêchés par la paresse d’esprit et la négligence. Quand il s’agit en effet d’une recherche rationnelle de Dieu, une foule de connaissances préalables est requise, vu que la philosophie presque toute entière oriente ses considérations vers Dieu, en raison de quoi la métaphysique, qui traite des choses divines, vient en dernier parmi les branches philosophiques du savoir. Ce n’est donc que par un long et studieux labeur qu’on peut obtenir la vérité dont on parle, labeur que bien peu consentent à subir par amour de la science quoique Dieu en ait inséré le désir naturel dans l’esprit des hommes.

Un second inconvénient est que ceux qui parviendraient à la connaissance ou à l’invention de la connaissance de Dieu, de son existence, n’y atteindraient qu’après un long temps, soit à cause de sa profondeur que les esprits les plus doués ne peuvent saisir au moyen de la raison qu’après un long exercice, soit à cause des nombreuses connaissances pré-exigées, ainsi qu’on l’a dit ; soit encore en raison de ce que, pendant la jeunesse, l’âme, agitée de passions, flotte en divers sens, et se trouve peu apte à découvrir une vérité si haute. C’est seulement quand elle s’apaise, qu’elle devient prudente et savante, comme il est dit dans la physique d’Aristote. Si donc les voies rationnelles étaient seules ouvertes à la connaissance de Dieu, le genre humain serait livré aux ténèbres d’une grande ignorance du fait que cette connaissance de Dieu, qui, plus que toute autre, rend les hommes parfaits et bons, ne serait accordée qu’à un petit nombre, et pour ce petit nombre même, qu’après un certain temps.

Le troisième inconvénient est celui-ci. Les recherches de la raison humaine sont sujettes à de nombreuses erreurs, soit à cause de la faiblesse de notre esprit dans l’acte du jugement, soit en raison des fantômes de l’imagination qui s’y introduisent. C’est pourquoi les choses les mieux démontrées demeurent en doute pour beaucoup, car ils en ignorent la preuve et d’autre part ils voient des hommes réputés savants enseigner des choses contraires. De plus, parmi les vérités obtenues par démonstration, des erreurs se glissent, qui elles, ne sont pas démontrées.

Concluons donc. La divine clémence a sagement disposé que les choses même auxquelles notre raison peut atteindre fussent imposées à notre foi, de telle sorte que tous facilement, puissent devenir participants de la connaissance divine, et cela, à l’abri du doute et de l’erreur. C’est pourquoi il est dit dans l’épître aux Ephésiens : « comme des païens qui suivent la vanité de leurs pensées et dont l’intelligence est dans les ténèbres » Et Isaïe : « Tous tes fils seront disciples du Seigneur et grande sera leur paix ».

Voilà ce qu’enseigne saint Thomas. Il dit que, grâce à la révélation, les hommes peuvent connaître d’une manière sûre et rapide la connaissance et l’existence de Dieu. C’est pourquoi, dans le credo, la première phrase concerne pratiquement des vérités qui n’ont besoin d’une révélation spéciale. Credo in unum Deum, patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae, factorem visibilium et invisibilium. Cette première phrase est une vérité que nous pouvons connaître [par notre seule raison] : je crois en seul Dieu, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles… C’est déjà magnifique que le Bon Dieu nous ait révélé cela, qu’Il nous ait mis cela comme un objet de notre foi dans le credo. Nous n’avons plus besoin de chercher, plus besoin de faire une quantité de raisonnements en disant : « Qui a crée les créatures ? », « Pourquoi faut-il qu’il y ait un créateur ? » ; « parce que les créatures sont finies, parce que les créatures sont limitées et parce qu’elles n’ont pas leur raison d’être en elles-mêmes » etc. Il faudrait raisonner et raisonner encore ainsi pour arriver à découvrir qu’il faut que Dieu existe, qu’il faut qu’il y ait un Dieu qui a crée toute chose, les choses visibles et invisibles. Par conséquent, Il nous enseigne la création de tout ce que nous voyons, de tout ce que nous sommes, de nous-mêmes, mais aussi des choses invisibles, nos âmes, la création de nos âmes, la création des esprits, de tous les anges. Oui, [il est déjà question] de l’immensité dans cette première phrase de notre credo, de l’immensité de l’étendue de nos connaissances [sur Dieu] ! C’est incroyable ! Quelle bonté de la part du Bon Dieu de nous avoir révélé cela et de mettre cela dans notre credo. Nous remercions le Bon Dieu qui nous donne la foi pour arriver à sa connaissance.

La connaissance de Dieu par Jésus-Christ

La foi, c’est, pratiquement, la parole de Dieu, c’est la révélation (la foi a pour objet la révélation). Qu’est-ce que révéler ? C’est découvrir. Dieu découvre ses vérités par ses prophètes, par ses apôtres, par Lui-même surtout, par Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, car c’est lui le Verbe et c’est lui qui illumine tout homme venant dans ce monde (illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum). Nous le récitons tous les matins dans le premier chapitre de l’évangile de sain Jean. Cet évangile est magnifique. C’est vraiment une lumière extraordinaire projetée sur le Bon Dieu. Jamais nous n’arriverons à pénétrer toutes les vérités inimaginables qui sont exprimées dans cette petite page de l’évangile de saint Jean. C’est pourquoi l’Église a tant de joie à faire lire au prêtre cette page de l’évangile. Et vous savez que cette première page, le protévangile de saint Jean est très souvent utilisée comme exorcisme parce qu’elle était tellement inspirée du Bon Dieu. Elle est tellement pleine de grâce et pleine de lumière : In principio erat Verbum et Verbum erat Deus. La lumière du Verbe. Choses que nous ne connaissions pas. Nous ne savions pas tout cela en Dieu ! Il y a sa parole, son Verbe qui est, comme le dit saint Paul : « la splendeur de sa majesté qui est reflétée dans le Verbe. C’est là aussi que saint Jean dit : « Dieu illumine tout homme venant dans ce monde. » Il nous donne la lumière. [Cette lumière], c’est Notre Seigneur lui-même, Notre Seigneur qui est Dieu et qui par conséquent est hier, aujourd’hui et demain : « Jesus Christus heri hodie et in saecula ». « Ego sum alpha et omega ». Cette magnifique prière du Samedi Saint pour le cierge pascal, cette magnifique bénédiction où Notre Seigneur se révèle. Ces paroles sont magnifiques. On pourrait méditer et contempler indéfiniment ces choses-là. Alors Notre Seigneur se révèle à nous. Le Verbe s’est incarné. Et Verbum caro factum est. C’est pourquoi l’Église nous fait généralement agenouiller devant une telle découverte, une telle bonté, une telle grandeur de la part de Dieu. Dieu s’est fait chair. Le Verbe de Dieu par qui tout a été fait (omnia facta sunt), qui a tout créé, tout fait, qui soutient toutes les choses de ce monde. Et Verbum caro factum est. C’est par Lui surtout que nous aurons le moyen de connaître de Dieu.

Alors, on pourrait se demander et saint Thomas se posa la question, tout comme sainte Thérèse d’Avila se l’est posée à propos de l’oraison : Est-il est convenable de jeter les regards sur l’humanité de Notre Seigneur, dans nos oraisons, dans nos prières ? Est-ce que le fait d’attacher nos regards à la personne physique de Notre Seigneur, le voir dans sa crèche, le voir dans la présentation au Temple, le voir dans la fuite en Égypte, le voir enfant au milieu des docteurs, le voir à Nazareth avec la très sainte Vierge, avec saint Joseph, suivre Notre Seigneur partout, vivre avec Lui, voir ses réactions, voir ses paroles, penser à Lui, est-ce que cela est bien ou n’est-ce pas un obstacle à l’oraison parce que, quand nous avons dans notre imagination le petit enfant Jésus au milieu des docteurs qu’il frappait d’étonnement, en train de répondre à leurs questions difficiles, est-ce que ce n’est pas un obstacle pour nous élever jusqu’à Notre Seigneur ? Et saint Thomas et sainte Thérèse disent que non. Cela ne peut être un obstacle. Il est impossible que l’humanité de Dieu, que l’humanité qui a été prise par Dieu, qui même est soutenue et assumée par Dieu, soit un obstacle pour aller à Dieu, alors qu’il a pris cette humanité pour nous faire monter vers le Bon Dieu, pour nous sauver, pour nous élever vers Dieu. Donc c’est impossible, ce serait même contraire à la volonté même de Dieu. C’est la seule exception[1]. Donc si nous voulons connaître mieux le Bon Dieu, essayons de pénétrer un peu dans la pensée de Notre Seigneur et songeons que Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas seulement un corps. Il n’y a pas seulement en Notre Seigneur que le corps et la divinité, le Verbe de Dieu. Il y a aussi son âme, et son âme est plus importante que son corps. Pourquoi ? Parce que c’est par son âme que Notre Seigneur Jésus-Christ a mérité le salut de nos âmes. S’il n’y avait eu que le corps tout seul, même si ce corps avait été offert en oblation, il n’y aurait pas eu de personne humaine, il n’y aurait pas eu de nature humaine. Il y avait une véritable âme avec son intelligence, sa volonté. Il n’y a pas deux personnes en Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, bien sûr : la personne de Dieu. Mais Dieu animait et soutenait cette âme. Et, donc, c’est à travers son âme, qui elle aussi dirigeait les actions du corps, que Notre Seigneur s’est offert sur la croix. Alors il faut pénétrer un peu cette âme de Notre Seigneur pour qu’elle nous apprenne ce qu’est Dieu. Et c’est une merveille que cette âme de Notre Seigneur ! C’est une créature tout à fait exceptionnelle ! L’âme de Notre Seigneur est remplie de la grâce puisque c’est même d’elle que nous recevons toute grâce. C’est elle qui est l’intermédiaire de toute grâce, la source de toutes les grâces.

Cette âme avait aussi quatre sciences, qui ne se gênaient pas l’une l’autre, mais se complétaient l’une l’autre en quelque sorte. Mais évidemment, on ne peut pas dire que cela ajoutait quelque chose à la science divine de Dieu, car rien ne peut s’y ajouter. Mais dans cet homme qu’était Notre Seigneur, il y avait la science humaine telle que nous l’avons, science de l’intelligence. Il avait une intelligence humaine, donc limitée et une intelligence qui faisait aussi des raisonnements. Il a raisonné avec les apôtres, il a raisonné avec les docteurs du Temple, Il avait la connaissance raisonnable, la connaissance de la raison. Il a discuté avec les pharisiens, les scribes. Donc il se servait de sa raison, de son intelligence. Cela c’est sa première science, l’une des sciences de Notre Seigneur.

Ensuite, Notre Seigneur avait aussi la science infuse comme les anges qui n’ont pas notre science, mais une science plus parfaite que la nôtre. Les anges ont la science infuse parce qu’ils reçoivent directement de Dieu des idées qui sont beaucoup plus parfaites que les nôtres. Nous, nous mettons des siècles pour découvrir certains principes du monde matériel par exemple la science de la physique, de la chimie. On a mis des siècles avant de découvrir certains principes, tandis que les anges ont ces principes infus par le Bon Dieu Lui-même, et ils voient toutes les conséquences de ces principes. Ils ont donc une science très parfaite, très grande. Ils connaissent beaucoup mieux les réalités terrestres, toutes les réalités spirituelles et humaines que nous-mêmes. C’est sans comparaison, parce que dans ces grands principes qui sont comme de grandes lumières en eux, ils voient toutes les conséquences, ils connaissent toutes les espèces par exemple, toutes les créatures, tous les animaux que le Bon Dieu a faits, les petits comme les grands. Ils connaissent parfaitement toutes les espèces. Ils connaissent tous les végétaux. Ils connaissent cela dans les principes, avec toutes les ramifications. Ils ont une science très grande. C’est la science intuitive, infuse. Notre Seigneur avait cette science puisqu’Il est bien plus que les anges. Il avait cette science dans son âme.

Il avait une troisième science, c’est la vision béatifique. Il avait la vision béatifique. C’est là encore une science bien supérieure. C’est vrai que maintenant les anges ont aussi la vision béatifique. [En effet], par la suite, ceux qui ont été fidèles à Dieu, Dieu leur a donné la grâce de la vision béatifique, qui est encore beaucoup plus importante, comme science, que la science infuse qu’ils ont par leur nature. C’est la science de Dieu, directement. Ils voient les choses en Dieu, par Dieu, d’une manière encore plus parfaite, plus profonde. Notre Seigneur, sur terre, dès sa conception, dès que son âme a été infuse, avait parfaitement toutes ces sciences-là dans son petit corps, dans le sein de la Vierge Marie : la science humaine, la science angélique, la science des élus et la science de Dieu, puisqu’il était Dieu. Alors là [dans cette science divine], il n’y avait pas de limites. Imaginez ce qu’était cette âme, Notre Seigneur et cette personne de Notre Seigneur ! Quel rayonnement ! Quelle science extraordinaire ! Tout en étant sur la terre, l’âme de Notre Seigneur contemplait Dieu dans la vision béatifique. C’est d’ailleurs l’un des grands mystères de sa passion. On se demande comment Notre Seigneur a pu souffrir dans sa passion, alors qu’il avait la vision béatifique. Comment a-t-il pu souffrir dans son âme alors qu’il avait la vision béatifique, qui lui donnait le bonheur ? La vision béatifique remplit et inonde l’âme de joie et de bonheur. Alors comment son âme pouvait-elle être triste jusqu’à la mort, triste à en mourir, en même temps qu’il avait la vision béatifique ? Saint Thomas dit qu’il y avait dans son âme l’étage supérieur, si l’on peut dire, la fine pointe de son âme qui était dans le bonheur parfait, mais que dans les facultés inférieures de son âme il pouvait souffrir. Il a accepté toutes ses souffrances jusque dans son âme. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? Comment Notre Seigneur a-t-il pu exprimer une chose pareille ? Deus, Deux, ut quid dereliquisti me ? Pourquoi m’avez-vous abandonné ? Pourtant, Lui, Il avait à ce moment-là la vision béatifique. Il y avait là presque une contradiction apparente. Alors il nous est bon d’entrer dans le sanctuaire de l’âme de Notre Seigneur et de demander à Notre Seigneur : « Faites-moi davantage connaître Dieu. Vous êtes Dieu vous-même. Faites-moi connaître ce que vous êtes. Faites-moi connaître un peu, même si peu que ce soit, ce que vous êtes par la connaissance. Si un jour, Vous nous donnez l’élection au ciel, vous nous béatifiez, faites-nous participer déjà un peu maintenant à cette connaissance, au moins à cette connaissance par l’amour que nous avons pour Vous. Si ce n’est pas la connaissance par l’intelligence directement, faites-nous un peu connaître Dieu comme les anges Vous connaissent. Et illuminez notre intelligence humaine pour qu’elle soit toute remplie du Bon Dieu, pour qu’elle comprenne que Dieu est sa fin, que Dieu est son bonheur, que Dieu est sa science. Alors pénétrons cela. Vivons dans l’âme de Notre Seigneur afin de mieux connaître Dieu, d’approcher un peu plus de Dieu, du grand mystère de Dieu.

Et pourtant, voyez-vous, seule la personne divine qui était en Notre Seigneur avait vraiment la parfaite et complète connaissance de Dieu. L’âme de Notre Seigneur ne pouvait pas l’avoir. Toute parfaite qu’elle était, toute remplie de grâces du Bon Dieu, toute remplie de cette vision béatifique qu’elle était, elle était quand même limitée. Il y a une immense distance entre la science que le Bon Dieu avait par la vision béatifique et la science divine de Dieu qui animait cette âme. Dieu a la science infinie, Il se connaît parfaitement. Mais dès qu’on descend à l’étage inférieur, à la vision béatifique, c’est tout de suite une vision limitée de Dieu. Même la sainte Vierge, qui a certainement la vision béatifique la plus étendue qu’on puisse avoir, était limitée [dans sa connaissance de Dieu]. On peut dire d’une certaine manière qu’elle ne connaît pas Dieu. Elle n’a pas l’intelligence de Dieu, dans ce sens qu’elle n’a pas la compréhension de Dieu. Elle n’a pas la science divine, elle n’est pas Dieu. Pour comprendre Dieu, pour arriver à pénétrer toute l’intelligence de Dieu, toutes les possibilités que le Bon Dieu a d’agir et de penser, il faut être Dieu. Or, nous ne sommes pas Dieu, mais nous ne sommes que des créatures. Nous sommes donc très limités, y compris la sainte Vierge.

Nous connaissons Dieu comme il se connaît en ce sens que c’est [une connaissance de] la même nature que la sienne, mais ce n’est pas dans la même extension. Bien loin de là ! C’est impossible que nous connaissions Dieu. Nous ne connaîtrons jamais l’infinité de Dieu. Nous connaîtrons Dieu qui est infini, mais nous ne connaîtrons pas l’infinité de Dieu, parce que nous sommes limités et que Dieu est illimité. Dieu n’a pas de limites, n’a pas de mesure. [Le mot] « immensus » veut dire « sans mesure ». Et nous, nous sommes bien sûr modérés, même avec la vision béatifique. Mais je dirais que c’est une consolation. C’est à la fois une occasion d’humilité pour nous parce que nous sommes bien peu de choses, mais c’est en même temps une consolation, car jamais notre bonheur ne cessera, car nous pourrons toujours connaître le Bon Dieu davantage et jamais nous ne le connaîtrons comme Il est. C’est le grand mystère du Bon Dieu. C’est là le grand mystère de la connaissance de Dieu. Alors voyez-vous, à l’occasion de cette source qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, source de notre connaissance de Dieu, et à l’occasion de ce contact avec l’humanité de Dieu, nous verrons après comment Notre Seigneur s’est révélé lui-même, nous verrons un peu plus en détails comment Il a révélé la connaissance de Dieu.

Les livres qui parlent de Jésus-Christ ~ Maria Valtorta

Mais à cette occasion, je voudrais faire une petite parenthèse sur les divers livres qui nous parlent de Dieu. Je vous dirai quelques mots de la Bible et du Nouveau Testament. Là, dans l’Ancien et le Nouveau Testament, nous sommes sûrs de ce que nous lisons, nous apprenons, de ce qui est découvert de Dieu. Là, il n’y aucune hésitation puisque la Bible, c’est la parole de Dieu. Cela est de foi. Nous n’avons pas le droit de douter un instant que la Sainte Écriture est la parole de Dieu. Ce n’est pas la parole des apôtres. C’est Dieu qui parle à travers les apôtres. Bien sûr il s’est servi de leur intelligence, de leur mémoire, de leur amour et de leurs facultés, mais c’est lui l’auteur principal. Les apôtres ne sont que des instruments. Comme un porte-plume est l’instrument de notre écriture. Les apôtres sont des instruments intelligents. Le Bon Dieu s’est servi de leur intelligence, de leur mémoire et de leurs connaissances, mais ils sont des instruments de Dieu. La parole qui en est résulté, c’est Dieu qui en est l’auteur. C’est Lui qui est responsable de tout ce qui a été écrit. Par conséquent, là, nous n’avons pas de doute, lorsque nous lisons la sainte Écriture nous savons que c’est Dieu qui parle, donc ce qui est dit là n’est pas douteux.

Mais dans toutes les bibliothèques de nos couvents et de nos séminaires, il y a combien et combien d’écrivains qui ont écrit sur Notre Seigneur. On pourrait remplir des bibliothèques de ces livres. Il y a certainement des choses très bonnes, très saintes qui sont approuvées par l’Église : L’Imitation de Jésus-Christ, tous ces livres sur l’Écriture Sainte, ces commentaires, ces explications… Enfin les livres ne manquent pas !

Mais nous avons d’autres livres qui ne sont plus seulement des commentaires ou des explications de la Sainte Écriture, mais qui se donnent pour être aussi une certaine révélation sur Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous avez par exemple un dernier livre et qui est assez lu, qui se trouve dans de nombreuses mains, c’est le livre de Maria Valtorta. Vous avez certainement entendu parler de ce livre-là. Vous l’avez peut-être même lu vous-mêmes, ce livre de Maria Valtorta qui est énorme (treize volumes, je crois). Treize volumes sur la vie de Notre Seigneur. Alors que faut-il penser de cela ? Il faut vraiment faire très attention de ne pas accorder immédiatement foi parce que cette personne qui se dit inspirée et qui dit avoir eu en vision particulière tout ce qu’elle a écrit. [Elle entre] dans de nombreux, dans de très petits détails, qui vont jusqu’à des choses très insignifiantes : les apôtres sont décrits dans les moindres détails. [Elle relate] les conversations entre les apôtres et la très sainte Vierge, entre Philippe et Jacques. Elle [évoque], dans les plus petits détails, le caractère de celui-ci ou de celui-là.

Moi, j’avoue, j’en ai lu une partie grâce au père Barrielle qui était très en faveur des treize livres de Maria Valtorta. Il était convaincu que c’était absolument vrai. [Pour lui], cela ne pouvait pas ne pas être vrai. Cela lui faisait tellement de bien. Je ne dis pas que cela ne fasse pas du bien parce que le fait d’entrer dans la compagnie des apôtres, de la sainte Vierge, de voir vivre la sainte Vierge et l’enfant Jésus, le voir grandir, c’est vrai que cela nous met dans une ambiance qui fait vivre davantage avec Notre Seigneur. Mais il y a un danger aussi, c’est que cela peut faire descendre un peu l’idée que nous nous faisons de Notre Seigneur lorsqu’on lit les Évangiles ou simplement l’Écriture ou les commentaires de l’Écriture. [Dans les Écritures], on reste à un niveau très spirituel parce que les Évangiles ne sont pas entrés dans ces détails physiques, matériels, la maison de Nazareth, la cuisine qui est préparée, les aliments qui sont cuits, les petits oiseaux qui sont dans la cage… Tout cela a quelque chose de ravissant. C’est prenant, mais il y a l’inconvénient de faire descendre la vie de Notre Seigneur à notre niveau, au niveau de la vie [de l’homme ordinaire]. Sans doute, le Bon Dieu a voulu vivre parmi nous. Il est clair qu’Il n’a pas voulu vivre en ange. Il n’était pas comme Raphaël qui accompagnait Tobie et qui a dit : « Vous croyiez que je mangeais, mais en fait je ne mangeais pas, parce que je me nourris d’un autre aliment. Je suis un des sept qui se tiennent devant la majesté divine. Tobie est tombé par terre, tellement il était effrayé. « Et il semblait manger et il ne mangeait pas ». Est-ce qu’on peut dire cela de Notre Seigneur ? Je ne crois pas. Notre Seigneur a vraiment voulu vivre comme l’un des nôtres. Quand Notre Seigneur mangeait, Il mangeait. Il n’avait pas un corps simplement apparent, mais Il a pris un véritable corps, Il a souffert dans son corps, son sang a coulé. Cependant, il y a un petit danger, celui de trop matérialiser la vie de Notre Seigneur.

J’ai lu un peu Maria Valtorta et je suis tombé sur un passage qui ne m’a pas beaucoup plu, c’est la conversation de Marie-Madeleine avec la Sainte Vierge au pied de la croix. Je ne crois pas que Marie Madeleine ait dit des choses comme cela à la sainte Vierge, c’était vraiment presque grossier. Marie Madeleine s’adressant à la Vierge lui dit : « Toi, tu es pure, moi, [avec] tout ce que j’ai fait dans ma vie, je suis une impure, moi, je suis ceci, moi, je suis cela, tandis que toi… » Cela ne se dit pas. Cela m’a choqué. On ne s’adresse pas à la sainte Vierge comme cela. Pourquoi rappeler ses adultères et sa vie dissolue ? Et d’une manière presque grossière ! Je ne pense pas que ce soit possible que Marie Madeleine se soit adressée comme cela à la sainte Vierge au pied de la croix. Ce n’est pas possible.

Alors je ne sais pas. J’avoue que je mets un point d’interrogation sur ces révélations. Je vous le dis parce que c’est important. Il faut tout de même rester au niveau de la connaissance de Notre Seigneur par la connaissance des Évangiles et ne pas descendre à des choses… [trop terre-à-terre].

Il y a d’autres [voyantes] comme Catherine Emmerich, Marie d’Agréda et je pense qu’il y a des choses qui sont très belles et qui sont peut-être beaucoup plus approuvées que les [écrits] de Maria Valtorta. Cela peut faire du bien. Je n’en doute pas. Mais enfin, je pense qu’il ne faut tout de même pas donner à cela l’équivalence de l’Évangile. On ne peut pas mettre cela sur le même pied que l’Évangile. Je pense que nous avons d’ailleurs tellement de livres de saints et de saintes qui ont décrit leur vie avec Notre Seigneur et tout ce qui leur a inspiré, mais on ne remplacera jamais l’Écriture Sainte. Par conséquent, nous devons avoir une grande estime pour cette parole de l’Évangile et essayer de découvrir davantage le Bon Dieu par l’Évangile.


[1] Il faut probablement comprendre que cette considération n’est valable que pour Jésus-Christ. S’intéresser au physique des autres personnages, des autres saints nous détournerait peut-être de la véritable piété.