L’obéissance à Dieu par Marie
par Serge Iciar

Dans mon article précédent je terminais par une citation partielle de l’Abbé Stehlin que je restitue ici complètement :

« Comme cela a déjà été dit, la Milice de l’Immaculée au  3e niveau  repose, outre le don illimité de soi-même à l’Immaculée, sur deux colonnes, qui, en elles-mêmes, sont le contraire de l’essence du libéralisme et du modernisme, à savoir : la véritable obéissance et l’esprit de pauvreté. La nouvelle religion mondiale n’est-elle pas une insigne désobéissance envers la vérité révélée et les commandements de Dieu, et surtout le premier ? Ne consiste-t-elle pas en l’exaltation de la liberté illimitée de l’homme contre Dieu ? À cette catastrophe, la Sainte Vierge, à Fatima, a opposé le don total de soi-même, la réparation, la conversion des pauvres pécheurs ; telle est la quintessence du message de Fatima ».

Je soulignais alors dans une note de bas de page que ce thème de l’obéissance, de la véritable obéissance, occupait une place importante dans la pensée de Maximilien Kolbe et dans l’ouvrage de l’Abbé Stehlin.

C’est ce dont nous allons traiter ici, en nous tenant le plus respectueusement possible derrière le texte.

De l’obéissance à Dieu par la soumission à Marie et la subordination à nos supérieurs

« Nous pouvons donc dire sans crainte que notre plus grand et seul désir consiste à accomplir aussi fidèlement que possible la volonté de l’Immaculée, à lui appartenir toujours plus de jour en jour, à permettre que l’Immaculée règne sur tout notre être. Alors nous serons ses fidèles chevaliers » (Maximilien Kolbe).

Le chevalier de l’Immaculée qui accomplit la volonté de sa reine, a choisi la meilleure part. Il n’est pas de plus grande perfection, pas d’action plus magnifique que de s’oublier soi-même complètement et de faire la volonté infinie et parfaite de Dieu, qui se reflète dans la volonté de l’Immaculée.

Mais comment se manifeste concrètement cette volonté dans notre vie de tous les jours ? D’abord par les commandements, les vérités révélées de notre foi, les saintes règles de vie que nous donne l’Église. Mais surtout par l’obéissance à ceux qui tiennent la place de Dieu auprès de nous.

« Parfois nous connaissons les désirs de Marie par des inspirations intérieures. Mais, par nous-mêmes, nous ne pouvons presque jamais savoir avec certitude si elles viennent de Marie ou de notre amour-propre, voire du diable… Même si nous avions une vision et pensions que la Sainte Vierge nous apparaissait, pour nous charger de la mission la plus sublime, comment avoir la certitude que c’est bien elle et non pas une illusion ou un piège du démon… Le meilleur test est l’obéissance aux supérieurs. »

L’obéissance, la chevalerie de l’Immaculée mise en pratique

L’obéissance est au plus haut point un acte d’amour de l’enfant pour sa mère, du serviteur envers le maître, de la créature envers le créateur. En d’autres termes, il s’agit ici de l’obéissance surnaturelle.

« On exécute un ordre, non parce qu’il est agréable, raisonnable, judicieux, ou saint en soi, comme par exemple la prière, mais parce que telle est la volonté du supérieur et par conséquent la volonté de Dieu. Sans cette intention surnaturelle, on n’est pas un instrument dans la main de l’Immaculée, mais — je le dis sans ambages — on est un instrument dans la main de Satan, eût-on lu beaucoup de livres de spiritualité, récité beaucoup de chapelets, et accompli de nombreuses actions d’éclat. » (Maximilien Kolbe)

Le Père Maximilien attache une grande importance à cette obéissance fidèle, joyeuse et prompte, à la volonté de Dieu, exprimée à travers la voix de ses instruments et l’autorité humaine à laquelle il nous soumet ; c’est ce que montrent, non seulement la fréquence à laquelle il en parle, mais aussi son propre exemple : souvent il évoquait cet instant mémorable, où, jeune novice, il fut choisi pour continuer ses études à Rome. Il répondit d’abord à son supérieur qu’il n’en était pas capable à cause de sa mauvaise santé. Mais, plus tard, après mûre réflexion, il retourna chez son supérieur et lui demanda de décider comme il voulait, sans tenir compte des raisons qu’il avait avancées.

« Et que se serait-il passé si le Père Maître s’en était tenu à mes arguments ? La Milice de l’Immaculée aurait-elle vu le jour ? Niepokalanów[1] existerait-elle aujourd’hui ? Serions-nous tous ici » ?

La véritable obéissance

Mais qu’on n’aille pas s’imaginer que l’obéissance consiste en une sorte de paresse intellectuelle, en l’accomplissement de ses devoirs sans faire usage de sa volonté ni de sa réflexion.

« Le saint n’est pas un vieux barbon, un endormi, qu’il faut sans cesse pousser. Le saint doit être entreprenant, dynamique, plein d’initiative »…

Notre part d’initiative consiste, conformément aux statuts de la Milice de l’Immaculée auxquels nous nous sommes engagés, à utiliser tous les moyens à notre disposition pour sauver les âmes, selon les talents et les capacités dont le Seigneur nous a pourvus.

Enfin, le saint nous met en garde contre une fausse conception de l’obéissance. L’obéissance surnaturelle est toujours soumission à la volonté de Dieu. Au fond, nous obéissons toujours

à Dieu, directement ou indirectement, quand nous obéissons au supérieur, dans la mesure où celui-ci tient la place de Dieu et participe à son autorité. Ce qui n’empêche pas que le supérieur ait aussi ses limites.

Ainsi il peut arriver que le supérieur demande quelque chose qui, sans aucun doute possible, serait une faute, bien que très légère. Dans ce cas précis, le supérieur ne serait pas le représentant de Dieu, et nous ne serions pas soumis à son autorité. Si donc l’autorité terrestre ordonne la moindre chose qui soit contre la foi ou les mœurs, le sujet doit « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » et faire ce qu’ordonne l’enseignement inaltérable et immuable de l’Église. Dans ce cas précis, le sujet n’est désobéissant qu’en apparence, car en réalité il s’oppose à la grave désobéissance de ses supérieurs et pratique la vertu d’obéissance d’une manière parfaite : car même la persécution injuste et l’atteinte à sa réputation ne l’empêchent pas d’obéir à Dieu.

Ainsi est conçue la règle de vie du premier chevalier de l’Immaculée :

« Tout d’abord, exclure les péchés mortels ou les péchés véniels délibérés ! Quant à l’avenir, garder la paix — répare le temps perdu par un plus grand zèle. Je ne veux pas négliger : a) de réparer chaque péché (pour l’anéantir), b) d’augmenter tout le bien que je suis en mesure de faire, ou y contribuer de quelque manière que ce soit.

Ta règle de l’obéissance : la volonté de Dieu par l’Immaculée ».

Ainsi soit-il.

Serge Iciar

 

[1]    Niepokalanów, la ville de I’ Immaculée fondée en 1927 par le Père Maximilien Maria Kolbe.