L’Immaculée notre idéal : les armes puissantes du chevalier
par Serge Iciar

« Les termes de « chevalerie, combat, offensive, conquête des âmes, anéantissement des ennemis, munitions, utilisation des bonnes armes, etc. » reviennent constamment dans les écrits du fondateur, comme s’il avait prévu le danger de notre époque, où la chrétienté est endormie et où on a conclu la paix avec le démon. » C’est ce qu’on lit dans le livre L’Immaculée notre idéal[1].

Chevalier, chevalerie, combat : tout cela sonne très guerrier, mais justement, parce que c’est la guerre ! Non pas une guerre avec des carabines, des bombes, des blindés et des gaz asphyxiants, mais pourtant une véritable guerre. Quelle en est la tactique ? Avant tout la prière. Nous devons sortir de notre léthargie et de la simple défensive.

La franc-maçonnerie et la libre pensée combattent contre Dieu et la foi, veulent faire des hommes de vils animaux et des barbares destructeurs de la sainteté. Combattons donc, bien sûr par les moyens permis, non pas seulement pour empêcher le prochain d’être paganisé, mais plus encore, pour que Marie règne sur les cœurs de tous les hommes, car alors s’étendra sur eux le règne du Christ[2]

« Mais qui veut la fin, veut les moyens d’obtenir cette fin. La chevalerie a besoin d’armes spirituelles pour mener le bon combat et gagner la bataille. Cependant, ce n’est pas seulement à la qualité des armes qu’on juge du niveau d’une armée, mais aussi à la façon dont le chevalier entend utiliser ces armes. Autrement dit, Maximilien Kolbe ne reste pas dans la théorie, il donne une direction à la vie spirituelle, à la fois simple, efficace et pratique » .

La puissance de la prière

« Très souvent le Père Kolbe parle de la nécessité de la prière. Presque tous les jours, il exhorte les chevaliers de l’Immaculée à prier avec plus de ferveur, à vivre en présence de Dieu, à être fidèles aux exercices de piété. C’est d’elle qu’il tire sa force pour agir, en elle il puise »

À la source de son existence : nous savons où nous devons puiser la force pour nous sanctifier. Nous avons besoin de l’aide de la grâce, car seule la grâce peut nous rendre saints. Or nous obtenons la grâce par la prière. Telle sera notre prière, tel aussi sera tout le reste. Tout dépend de la prière : « Celui qui prie se sauve, celui qui ne prie pas se damne, » dit saint Alphonse. Satan le sait très bien. Il sait qu’il est toujours vainqueur si l’on reste dans le domaine des moyens purement naturels. Étant pur esprit, il a une intelligence bien supérieure à la nôtre, et donc il connaît bien mieux que nous les rouages de ces moyens. Mais quand on se place à un niveau plus élevé, quand on recourt aux moyens surnaturels par la prière, il tremble. Car alors ce n’est pas contre les hommes, mais contre Dieu qu’il lutte, et il sait que dans ce combat, il sera vaincu. C’est pourquoi il essaie par tous les moyens de détourner l’âme de la prière, par des distractions, sécheresses, la fatigue, le découragement etc., comme nous en faisons si souvent l’expérience .           

L’arme la plus puissante le sacrifice. « Ce sacrifice de soi-même est couronné par la souffrance. »

La vie de l’homme se divise en trois phases : la préparation au travail, le travail, et la souffrance. C’est par ces trois étapes que Dieu nous attire à lui. Plus une âme s’est consacrée à Dieu avec ferveur, plus tôt elle se prépare à cette troisième étape, pour sceller son amour pour l’Immaculée par des souffrances supportées par amour. Et ainsi, souffrir, travailler et mourir en chevalier, non pas d’une mort ordinaire, mais, pourquoi pas, d’une balle dans la tête, pour sceller notre amour pour l’Immaculée ; en chevalier, verser notre sang jusqu’à la dernière goutte pour hâter la conquête du monde entier à l’Immaculée ! C’est ce que je souhaite pour moi et aussi pour vous [3].

Son vœux s’est réalisé[4]. Il meurt par injection de phénol au camp de concentration d’Auschwitz le 14 août 1941 après s’être offert de mourir à la place d’un père de famille.

Priez et faites des sacrifices, car beaucoup d’hommes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui prie et se sacrifie pour eux.

« Ces paroles de Notre-Dame, prononcées le 19 août 1917 à Fatima, confirment et illustrent ce mystère de la communion des saints, selon lequel le salut de beaucoup d’âmes dépend de nos petites prières, de nos petits sacrifices et de nos souffrances…Mais il faut se garder d’idéaliser cette arme. La plupart du temps, le sacrifice ne consiste pas en une pose héroïque, pathétique, visible de tous, comme on se l’imagine, par exemple, un martyre glorieux dont les hommes parleront encore longtemps avec admiration ».

Les « munitions » de l’Immaculée.

« Comme signe extérieur de son appartenance à la Milice de l’Immaculée, le chevalier porte la médaille miraculeuse. L’homme n’est pas seulement fait d’une âme, mais aussi d’un corps. La vie intérieure, l’idéal et l’état d’esprit doivent être perçus à l’extérieur, doivent se manifester par la vie extérieure. C’est pourquoi il faut des signes extérieurs, qui révèlent les convictions intimes. Le Sauveur n’a pas voulu donner ses grâces aux hommes autrement que par de tels « signes sacrés », à savoir les sacrements. D’une manière semblable, le chevalier doit lui aussi confesser par un signe extérieur son appartenance à l’Immaculée ».

La médaille miraculeuse est le signe extérieur de la donation totale à l’Immaculée .

La médaille miraculeuse doit être l’arme, la cartouche, dont se sert le chevalier de l’Immaculée. Fût-il le pire des hommes, si quelqu’un est prêt à porter la médaille miraculeuse, donne la lui et prie pour lui, et, à l’occasion, essaie par une bonne parole, de faire naître en lui l’amour de la Sainte Vierge, et de l’amener à chercher refuge auprès d’elle dans toutes les difficultés et les tentations, car quiconque se met à prier sincèrement l’Immaculée, se laissera bientôt convaincre d’aller se confesser. Il y a beaucoup de mal sur terre, mais n’oublions pas que l’Immaculée est encore plus puissante : « Elle écrasera la tête du serpent infernal ».      

Nous voilà donc bien armés et surtout assurés de la victoire finale. Il est en effet temps de mettre un terme à cette recension qui n’avait d’autre but que de compléter les enseignements que nous ont laissés Dom Chautard et Don Sarda y Salvany pour faire face aux défis des derniers temps.

Développer notre vie intérieure pour nous armer dans le combat que nous devons mener pour nous sauver et sauver d’autres âmes des griffes du démon. Le combat nous semblent perdus d’avance ? L’actualité est là pour nous le faire croire. Mais nous le croyons « les portes de l’enfer ne prévaudront pas ». Et Maximilien Kolbe nous le confirme en nous livrant « le secret d’une victoire assurée : être soumis a sa souveraine ».

Laissons-nous donc guider par elle dans notre vie intérieure et extérieure, et voulons ce qu’elle veut. On peut en toute tranquillité de conscience utiliser l’expression suivante : « Je veux accomplir la volonté de l’Immaculée », car elle veut toujours ce que veut Jésus, et Jésus veut toujours ce que veut le Père. Par conséquent, ce qu’elle veut coïncide toujours avec la volonté du Fils et du Père. Allons plus loin : quand on se réclame de la volonté de l’Immaculée, non seulement on montre qu’on aime la volonté de Dieu, mais on proclame que la volonté de l’Immaculée est si parfaite, qu’elle ne se distingue en rien de la volonté de Dieu, et ainsi on rend gloire à Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, d’avoir créé un être si parfait et de l’avoir rendu apte à devenir sa mère ».            

 

[1]    Citations  de l’Abbé K Stelhin entre guillemets.

[2]    Citations de M Kolbe en italiques.

[3]    Conférence du 28.08.1939

[4]    Les nazis consentent à la substitution ; dix prisonniers sont enfermés dans un bunker souterrain du camp à peine éclairé par des ouvertures étroites. Bien que la faim et la soif poussent les condamnés à la folie de s’entre-tuer après quelques jours seulement, le Père Maximilien réussit à faire régner le calme et la piété entre ses compagnons de cette tragédie au moyen de prières et d’oraisons. Après deux semaines sans nourriture, seul le père Kolbe qui a soutenu et vu mourir tous ses compagnons, est encore en vie. La place venant à manquer, il est exécuté le 14 août d’une injection de phénol  dans le bras. Son corps est incinéré le 15 août.