Dilexi te de Léon XIV ~ La religion de l’homme sous couvert de charité

Cela s’appelle une exhortation apostolique, on découvre un document moralisateur de l’UNESCO. Sous couvert de justice et d’équité le premier texte dit ‘magistériel’ de Léon XIV, Dilexi te, troque le Credo contre les slogans du développement durable.

Il n’y est question que de « justice sociale », d’« équité », de « structures d’injustice » et de « politiques de transformation ». Mais où donc est passée la conversion des âmes ? Où est le salut éternel ? Léon XIV est plus préoccupé de la faim du corps que de la faim spirituelle.

Il cite les Nations Unies, il encense les ONG, il parle d’« inclusion » et d’« intégration » des migrants, mais pas un mot sur la nécessité de la confession, de la messe, du retour à Dieu par la pénitence.

À lire Dilexi te, on croirait que la pauvreté matérielle est la seule, première et principale misère de l’homme, et non plus le péché. L’aumône remplace les sacrements, car il ne s’agit plus de ramener l’homme à Dieu, mais de lui rendre une prétendue dignité purement humaine comme si la seule dignité véritable n’était pas la grâce.

La pauvreté fait partie des châtiments imposés par Dieu à l’homme après le péché, châtiments dignes de la miséricorde divine puisque à ceux qui les acceptent en toute humilité ils sont des remèdes qui rendent non seulement la grâce, mais aussi la joie.

Au contraire, les richesses sont la seule récompense que Dieu laisse à ceux qu’il condamne à cause de leur obstination à se passer de lui. À moins que le riche ne profite de ses richesses pour s’appauvrir, pour pratiquer la charité, pour soutenir les œuvres missionnaires, pour avancer le royaume du Christ. « Faites-vous des trésors dans le Ciel, là où ni la rouille, ni la teigne ne détruisent » (Mt 6, 20).

« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu », proclame Jésus-Christ (Mt 19, 24) et voici que l’Église moderne n’a qu’un souci, celui de répartir les richesses entre tous, et de susciter le désir des richesses chez ceux qui n’en ont pas, c’est-à-dire de rendre à tous extrêmement difficile de se sauver.

Léon XIV n’est pas seulement l’héritier et le continuateur de Bergoglio, mais de tous les francs-maçons qui, ne pouvant attaquer l’Église de front, la détruisent de l’intérieur : Église humanitaire, où le Christ est réduit avec ses disciples à être un serviteur des pauvres en argent.

Le vocabulaire n’est pas celui des saints. Où sont les appels à la conversion au retour à Dieu, à la pureté, à la chasteté, à la lutte contre le péché ? Tout se dissout dans un discours horizontal, socialisant, marxiste.

« Les pauvres, disait saint Augustin, ont besoin du Christ plus que du pain. »

Léon XIV reprend l’expression « option préférentielle pour les pauvres », une invention théologique née dans les laboratoires de la “théologie de la libération”, que même le cardinal Ratzinger autrefois condamnait ! Au nom de charité, il promeut un christianisme sans transcendance, c’est-à-dire le contraire du christianisme.

Il ose écrire que l’aumône est une « justice rétablie ». Mais c’est là une confusion gravissime ! La charité n’est pas justice : elle est amour surnaturel, inspiré par Dieu. Transformer la charité en revendication sociale, c’est la profaner. Et quand il déclare que « les structures d’injustice doivent être détruites par la force du bien », il parle comme un militant politique de gauche, pas comme un successeur de Pierre. Le bien ne se décrète pas dans les parlements démocratiques, il s’enseigne dans les catéchismes, il se pratique dans l’amour de Dieu.

Mais, précisément, si Léon XIV se retranche derrière la charité – la charité complètement falsifiée – c’est pour ne pas rappeler la justice chrétienne, car, alors, il lui faudrait condamner et le communisme et le capitalisme. Il lui faudrait montrer toute l’injustice de l’économie moderne ou de ce qui se prétend tel. Condamner comme l’Église l’a toujours fait jusqu’au XIXe siècle le prêt à intérêt qui dépouille les emprunteurs, et qui est le fondement de l’exploitation moderne. Et cela, il ne le peut ni ne le veut, car le monde moderne dont il se veut l’ami, c’est cela. Il lui faudrait rappeler que toute économie est en vue de la contemplation, selon le modèle des monastères ou toute l’activité économique des moines est un moyen de purifier l’âme, de la soutenir dans sa contemplation, de témoigner de l’amour de Dieu aux pauvres que l’on reçoit au monastère. Cette doctrine n’est plus de notre époque ? Non, c’est notre époque qui n’est plus celle de Dieu. Or Léon XIV veut être de son époque.

Où sont les religieux qui ramenaient l’humanité à sa condition normale en la ramenant à sa condition de pécheresse repentie ? L’Église de Vatican II les a détruits, découragés, sécularisés.

Et les prêtres qui offrent chaque jour le Saint Sacrifice pour la rédemption des pécheurs ? Lorsque Mgr Lefebvre parlait de la société chrétienne, c’était souvent après avoir parlé de la messe qui réunit les hommes autour de la Croix qui y constituent avec les vertus chrétiennes une véritable chrétienté.

Nous ne reconnaissons pas dans Dilexi te la voix de l’Église. Quel châtiment pour le monde moderne d’avoir des pasteurs qui le livrent à ses vices !

Abbé François Pivert