Sermons sur l’Église
12. La communion des saints

Mes bien chers Frères,

L’union à Dieu étend l’Église non seulement à nos pères depuis Adam et l’Ancien Testament, mais aussi à tous les habitants du Ciel, anges compris, et à toutes les âmes du Purgatoire. Cela va plus loin qu’une entraide, tout est commun entre eux et nous.

Oui, même les anges appartiennent à l’Église puisque Jésus-Christ règne sur eux et que Jésus-Christ est la tête de l’Église. Il y a entre eux et nous la même charité, le même amour de Dieu, ils sont donc bien nos frères, membres de la communion des saints et, donc, de l’Église.

Rappel : dimanche prochain sera la Quinquagésime, c’est-à-dire le dernier dimanche avant le Carême qui commencera mercredi en huit.

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Résumé du sermon
Catéchisme du concile de Trente
Catéchisme de saint Pie X

Résumé du sermon

La communion des saints est une autre expression pour désigner l’Église.

Catéchisme du concile de Trente : que vous entriez en société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec Jésus-Christ son Fils (I Joan., 1, 3). Or, cette société est la Communion des saints.

C’est ce par quoi nous avons commencé : l’Église est une société. Or toute société est une amitié et toute amitié est une société. C’est la société des amis de Jésus-Christ et, par lui, des amis de Dieu et, par conséquent, tous les amis de Dieu sont amis entre eux.

Cette amitié nous lie évidemment aux saints du Ciel – l’Église triomphante – et aux saints du purgatoire – l’Église souffrante. Les saints du purgatoire sont en effet décédés dans l’amitié de Dieu, même s’ils n’en jouissent qu’imparfaitement puisqu’ils doivent encore se purifier pour le voir face à face. Et cette amitié nous lie à tous les chrétiens en état de grâce sur la terre – l’Église militante.

Quels sont les biens que la communion des saints met en commun ?

La foi ou, pour les saints du Ciel, la vision, mais la foi et la vision ont le même objet. La charité, c’est-à-dire l’amour de Dieu. Et cela nous fait comprendre que nous sommes déjà membres de la société céleste. Notre vie est bien plus dans le Ciel que sur la terre. Conversatio nostra in coelis est. (Phil 3, 20) Notre fréquentation est dans le Ciel.

La splendeur et l’honneur. Toute perfection d’un membre augmente la splendeur et l’honneur de l’Église. À l’inverse, tout péché déshonore l’Église entière.

L’entraide mutuelle. Prière après l’absolution dans le sacrement de pénitence : Que la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, les mérites de la Bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous les saints, tout ce que vous aurez fait de bon et supporté de pénible vous donnent la rémission de vos péchés, une augmentation de la grâce en votre âme et vous introduisent en la vie éternelle.

Saint Jean Bosco recommandait de communier sacramentellement pour autrui. La Très Sainte Vierge à Fatima recommande d’offrir la communion et la confession du premier samedi du mois pour la conversion des pécheurs.

Ceux pour lesquels un bien est accompli de façon plus spéciale ont part à ce bien de façon plus spéciale. Une personne en effet peut satisfaire pour une autre.

Nous profitons des mérites de toute la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ et pas seulement de ceux de sa Passion. (Saint Thomas d’Aquin) Dom Marmion : les mystères du Christ sont nos mystères. C’est pourquoi l’Église nous les fait revivre et méditer tout au long de l’année liturgique. D’où l’importance du chapelet.

Les âmes du Purgatoire ne peuvent que recevoir, mais elles rendront en abondance quand elles seront au Ciel près de Dieu et qu’elles pourront alors intercéder pour nous.

Magistère

Catéchisme du concile de Trente

§ X. – La communion des saints

S. Jean l’Évangéliste, écrivant aux fidèles sur les mystères de la foi, leur donne la raison pour laquelle il les instruit de ces vérités ; c’est afin, leur dit-il, que vous entriez en société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec Jésus-Christ son Fils ([1]). Or, cette société est la Communion des saints, dont il est question dans cet article. Et plût à Dieu que les Pasteurs eussent le même zèle que Paul et les autres Apôtres, pour répandre cet enseignement ! Car ce n’est pas seulement une sorte de développement de l’article précédent, et une doctrine féconde par elle-même en fruits excellents, cet enseignement est aussi pour nous un guide et un maître dans l’usage que nous devons faire des vérités contenues dans le symbole. En effet, nous ne devons les étudier et les sonder, ces vérités, que pour nous rendre dignes d’être admis dans cette grande et heureuse Société des saints, et pour y persévérer ensuite constamment, remerciant avec joie Dieu le Père, de nous avoir rendus dignes, par la lumière de la foi, du sort et de l’héritage des saints ([2]).

Il convient donc de bien montrer tout d’abord aux fidèles que cette partie de l’article est un développement plus complet de ce que nous avons dit précédemment de la Sainte Église catholique. Comme cette Église est gouvernée par un seul et même Esprit, tous les biens qu’elle a reçus deviennent nécessairement un fonds commun.

Le fruit de tous les sacrements appartient à tous. Car les sacrements, et surtout le baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Église, sont autant de liens sacrés qui les unissent tous et les attachent à Jésus-Christ.

Et ce qui prouve que la Communion des saints n’est rien autre chose que la Communion des sacrements, ce sont ces paroles des Pères du Concile de Nicée ajoutées au Symbole : Je confesse un seul baptême ([3]). Car tous les autres sacrements, et l’Eucharistie en particulier, sont inséparables du sacrement de baptême. Et même le nom de communion peut s’appliquer à chacun d’eux, car chacun d’eux nous unit à Dieu, et nous rend participants de la Nature divine, par la grâce qu’il nous communique. Mais ce nom convient mieux à l’Eucharistie qu’à tout autre, parce que c’est elle principalement qui consomme cette communion.

Il est encore une autre espèce de communion à considérer dans l’Église. La charité en est le principe. En effet, comme cette vertu ne cherche jamais ses intérêts propres ([4]), elle fait tourner au profit de tous les œuvres saintes et pieuses de chacun. Ainsi l’enseigne S. Ambroise, en expliquant ces mots du Psalmiste : ([5]) Je suis uni de cœur à tous ceux qui vous craignent. « Comme un membre, dit-il, participe à tous les biens du corps, ainsi celui qui est uni à ceux qui craignent Dieu, participe à toutes les bonnes œuvres. » C’est pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans la prière qu’il nous a enseignée, nous ordonne de dire notre pain et non pas mon pain, et ainsi du reste, pour nous montrer que nous ne devons pas seulement penser à nous, mais encore au bien et au salut de tous les autres.

Pour marquer cette communauté de biens dans l’Église, nos saints Livres emploient souvent la comparaison si juste des membres du corps humain. En effet, il y a plusieurs membres dans le corps de l’homme ([6]), et néanmoins, ils ne font qu’un seul corps. Et ils remplissent tous, non la même fonction, mais la fonction particulière qui leur est propre. Tous non plus n’ont pas la même dignité, et leurs fonctions ne sont ni également utiles, ni également honorables ; cependant aucun d’eux ne se propose son avantage et son utilité particulière, mais l’avantage et l’utilité du corps tout entier.

D’autre part, ils sont si étroitement unis et si bien associés entre eux, que si l’un de ces membres éprouve une douleur quelconque, tous les autres l’éprouvent de même par affinité et par sympathie. Si au contraire il est heureux, tous les autres partagent son bonheur ([7]). Or nous pouvons contempler ce spectacle dans l’Église. Elle renferme bien des membres différents et des nations diverses, des Juifs, des Gentils, des hommes libres et des esclaves, des riches et des pauvres. Mais dès qu’ils ont reçu le baptême, ils ne font tous qu’un seul corps, dont Jésus-Christ est le Chef.

De plus, chacun dans l’Église a sa fonction déterminée ([8]). Les uns sont apôtres, les autres sont docteurs, mais tous sont établis pour l’avantage de la Société entière. Les uns ont la charge de commander et d’enseigner, les autres ont le devoir d’obéir et de se soumettre.

Cependant ces biens si précieux et si multiples, ces dons de la divine Largesse vont toujours à ceux qui vivent chrétiennement, gardent la charité, pratiquent la justice et sont agréables à Dieu.

Quant aux membres morts, c’est-à-dire les malheureux esclaves du péché et privés de la grâce de Dieu, ils ne perdent pas, malgré tout, l’avantage de faire encore partie du corps de l’Église ; mais comme ils sont morts, ils ne reçoivent point les fruits spirituels qui appartiennent aux chrétiens vraiment justes et pieux. Néanmoins, par cela seul qu’ils sont toujours membres de l’Église, ils se trouvent aidés, pour recouvrer la grâce qu’ils ont perdue et la Vie spirituelle, par ceux qui vivent de la vie de l’esprit ; et ils recueillent certains fruits de salut, dont demeurent privés ceux qui sont entièrement retranchés du sein de l’Église.

Les biens qui sont ainsi communs à tous, ne sont pas seulement les dons qui nous rendent justes et agréables à Dieu. Ce sont encore les grâces gratuites, comme la science, le don de prophétie, le don des langues et des miracles, et les, autres dons de même nature. Ces privilèges qui sont accordés quelquefois même aux méchants, ne se donnent jamais pour un intérêt personnel, mais pour le bien et l’édification de toute l’Église.

Ainsi le don des guérisons n’est point accordé pour l’avantage de celui qui en jouit, mais au profit des malades qu’il guérit. Enfin tout ce que le vrai chrétien possède, il doit le regarder comme un bien qui lui est commun avec tous, et toujours il doit être prêt et empressé à venir au secours de l’indigence et de la misère du prochain. Car ([9]) si celui qui possède, voit son frère dans le besoin, sans le secourir, c’est une preuve manifeste qu’il n’a pas la charité de Dieu en lui.

De là il est évident que ceux qui font partie de cette Communion jouissent déjà d’un bonheur appréciable, et peuvent répéter en toute vérité avec le Prophète David : ([10]) Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur, Dieu des vertus ! Mon âme soupire et tombe comme en défaillance en pensant à la Maison du Seigneur. Heureux, ô mon Dieu, ceux qui habitent dans votre Maison ! ([11])

Catéchisme de saint Pie X

Que nous enseigne le neuvième article : La sainte Église catholique, la communion des saints ?

Le neuvième article du Credo nous enseigne, que Jésus-Christ a fondé sur la terre une société visible qui s’appelle l’Église catholique et que tous ceux qui font partie de cette Église sont en communion entre eux.

Pourquoi après l’article qui traite du Saint-Esprit parle-t-on immédia­tement de l’Église catholique ?

Après l’article qui traite du Saint-Esprit, on parle immédiatement de l’Église catholique pour indiquer que toute la sainteté de cette Église dérive de l’Esprit Saint qui est la source de toute sainteté.

Que veut dire ce mot Église ?

Le mot Église veut dire convocation ou réunion de personnes nom­breuses.

Qui nous a convoqués ou appelés à l’Église de Jésus-Christ ?

Nous avons été appelés à l’Église de Jésus-Christ par une grâce particulière de Dieu, afin qu’avec la lumière de la foi et par l’obser­va­tion de la loi divine nous lui rendions le culte qui lui est dû et nous parvenions à la vie éternelle.

Où se trouvent les membres de l’Église ?

Les membres de l’Église se trouvent partie au ciel, et ils forment l’Église triomphante ; partie au purgatoire et ils forment l’Église souffrante ; partie sur la terre, et ils forment l’Église militante.

Ces diverses parties de l’Église constituent-elles une seule Église ?

Oui, ces diverses parties de l’Église constituent une seul Église et un seul corps, parce qu’elles ont le même chef qui est Jésus-Christ, le même esprit qui les anime et les unit, et la même fin qui est la félicité éternelle dont les uns jouissent déjà et que les autres attendent.


[1] – I Joan., 1, 3.
[2] – Col., 1, 12.
[3] – S. J. Dam. De fide orth. C. 12.
[4] – I Cor., 13, 5.
[5] – S. Amb. De Ps., 118. Serm., 8.
[6] – I Cor., 12, 14.
[7] – S. Aug, in Ps., 70. Serm., 2.
[8] – I Cor., 12, 28. Eph., 4, 11.
[9] – 2 Joan., 3, 17.
[10] – Ps., 83, 2.
[11] – Ps., 83, 6.