Mes bien chers Frères,
Dieu est présent partout, ce qui fait que nous vivons dans le sacré. Y sommes-nous attentifs ?
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Saint Thomas d’Aquin et commentateurs
Résumé du sermon
Nous vivons dans le sacré et nous n’y prêtons pas attention !
Il est une évidence que Dieu est présent partout, mais comment ?
Dieu est présent à tout non comme une partie des choses ou un élément qui les constitue, mais comme un agent c’est-à-dire qu’il est présent à tout ce qu’il crée.
Il est en outre présent dans l’âme des justes comme ami connu et aimé.
N.B. Je n’ai pas suivi exactement ce plan que j’avais fait, mais toute la matière y est.
1. Dieu est présent par son action créatrice
C’est-à-dire comme l’ouvrier est présent à son œuvre.
Cette présence est universelle et intime. Cela parce que rien n’existe qui ne soit créé. C’est tout l’intérêt de bien connaître les choses que de voir tout ce que nous devons à Dieu. Non seulement notre nature, notre existence, mais nos pensées, nos vertus, notre capacité à rayonner et à communiquer aux autres ce que nous sommes et ce que nous possédons.
Saint Ignace de Loyola : « Je considérerai Dieu présent dans toutes les créatures. Il est dans les éléments, leur donnant l’être ; dans les plantes, leur donnant la végétation ; dans les animaux, leur donnant le sentiment ; dans les hommes, leur donnant l’intelligence ; il est en moi-même de ces différentes manières, me donnant tout à la fois l’être, la vie, le sentiment et l’intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et, dans cette vue, il m’a créé à la ressemblance et à l’image de sa divine Majesté. Ici encore je ferai un retour sur moi-même, comme il a été dit dans le premier point, ou de toute autre manière qui me paraîtrait plus convenable : ce qui doit s’observer dans les points suivants. »
Conséquences : nécessité de la grâce. Sans moi vous ne pouvez rien faire.
Le mystère de la liberté. Nous verrons en étudiant le gouvernement divin que Dieu communique aux hommes d’agir sur le monde sous son influence.
Saint Thomas d’Aquin : « Si dans le domaine des êtres corporels, dire que l’un est dans l’autre, c’est dire qu’il y est contenu, au contraire, les êtres spirituels, eux, contiennent ce dans quoi ils sont : ainsi l’âme contient le corps. C’est pourquoi Dieu est dans les choses comme contenant les choses. Toutefois, par analogie avec le monde corporel, on dit que toutes choses sont en Dieu en tant que Dieu les contient. »
2. Dieu présent dans l’âme des justes
Commun un ami connu et aimé.
Ce qui est connu est présent en nous. Les choses matérielles sont présentes comme par une image. Les choses spirituelles le sont beaucoup plus intimement, par exemple la Très Sainte Vierge. La présence de Dieu dans les justes en état de grâce est la plus intime qui soit. Il est en nous et nous sommes en lui comme les élus du Ciel, sauf que sa présence est ici-bas voilée.
Ami aimé : là où est ton trésor, là sera ton cœur.
3. Dieu n’est pas un élément constitutif des choses
L’erreur du panthéisme.
Le panthéisme moderne : Dieu âme du monde, Dieu vie du monde au sens de Dieu énergie créatrice.
Résumé
1. Dieu est en tout lieu par sa puissance parce que tout est soumis à son pouvoir ;
Par sa présence parce qu’il voit tout ;
Par son essence parce qu’il agit sur toute chose.
2. Il est présent comme un ami connu et aimé, très imparfaitement chez les païens qui le cherchent, très intimement chez les âmes en état de grâce.
Saint Thomas d’Aquin et commentateurs
Saint Thomas d’Aquin : S. th. 1ère partie, qu. 8
« Corpus. Dieu est en toutes choses, non comme une partie de leur essence ni comme un accident, mais comme l’agent qui est présent à ce en quoi il agit. Il est nécessaire, en effet, que tout agent soit conjoint à ce en quoi il agit immédiatement, et qu’il le touche par l’énergie qui émane de lui (sua virtute). Aussi dans la Physique d’Aristote est-il prouvé que le moteur et le mobile doivent être simultanément. Or, Dieu étant l’être par essence, il est nécessaire que l’être créé soit son effet propre, comme brûler est l’effet propre du feu. Et cet effet, Dieu le produit dans les choses non seulement quand les choses commencent d’être, mais aussi longtemps qu’elles sont maintenues dans l’être, comme la lumière est causée dans l’air par le soleil tant que l’air demeure lumineux. Aussi longtemps donc qu’une chose possède l’être, il est nécessaire que Dieu lui soit présent, et cela selon la manière dont elle possède l’être. Or, l’être est en chaque chose ce qu’il y a de plus intime et qui pénètre au plus profond, puisque à l’égard de tout ce qui est en elle il est actualisateur, nous l’avons montré. Aussi faut-il que Dieu soit en toutes choses, à leur intime. »
2. Si dans le domaine des êtres corporels, dire que l’un est dans l’autre, c’est dire qu’il y est contenu, au contraire, les choses, les êtres spirituels, eux, contiennent ce dans quoi ils sont : ainsi l’âme contient le corps. C’est pourquoi Dieu est dans les choses comme contenant les choses. Toutefois, par analogie avec le monde corporel, on dit que toutes choses sont en Dieu en tant que Dieu les contient. »
3. Quelle que soit la puissance d’un agent, son action ne peut s’étendre à ce qui est distant de lui sans passer par des intermédiaires. L’extrême puissance de Dieu, précisément, fait qu’il agit sans intermédiaire en toutes choses, et ainsi rien n’est éloigné de lui comme si Dieu en était absent. On dit pourtant que les choses sont loin de Dieu en raison d’une dissimilitude de nature ou de grâce, comme lui-même est au-dessus de tout par l’excellence de sa nature.
Corpus. Il y a deux manières dont on dit que Dieu est dans une chose : d’abord comme cause efficiente, et de la sorte il est dans tout ce qu’il a créé ; ensuite, comme l’objet d’une opération est en celui qui opère, ce qui est propre aux opérations de l’âme, où l’objet connu est dans le sujet connaissant, l’objet désiré dans celui qui le désire. De cette seconde façon, Dieu est spécialement dans la créature raisonnable, lorsqu’elle le connaît et l’aime, en acte ou par habitus. Et parce que la créature raisonnable a cela par grâce, comme on le verra plus tard, c’est de cette façon que Dieu est dit être dans les saints par la grâce.
Mais comment il est dans les autres créatures, il faut l’examiner par comparaison avec ce qui se passe dans les choses humaines. Ainsi, on dit d’un roi qu’il est dans tout son royaume, à savoir par sa puissance, bien qu’il ne soit pas présent partout. Mais par sa présence quelqu’un est dit être dans toutes les choses placées sous son regard, comme, dans une maison, tout ce qui s’y trouve est présent à celui qui l’habite, bien qu’il ne soit pas substantiellement dans toutes les parties de la maison. Enfin, selon la substance ou l’essence, quelqu’un est dans le lieu où sa substance se trouve.
Or, certains, les manichéens, ont prétendu qu’à la puissance divine sont soumises toutes les créatures spirituelles et incorporelles, mais que les créatures visibles et corporelles sont soumises au pouvoir du principe contraire. Contre ceux-là il faut dire que Dieu est en toutes choses par sa puissance.
D’autres, admettant que tout est soumis à la puissance divine, ne consentaient pourtant pas à étendre la providence de Dieu jusqu’aux humbles réalités corporelles. Ce sont eux qui parlent ainsi au livre de Job (22, 14 Vg) : « Il circule au pourtour des cieux et ne s’occupe pas de nos affaires. » Contre ceux-là il était nécessaire de dire que Dieu est en toutes choses par sa présence.
Enfin d’autres encore, en accordant que tout relève de la Providence, ont prétendu que tout n’a pas été créé par Dieu immédiatement, mais seulement les premières créatures, lesquelles ont créé les autres. Contre ces derniers, il faut dire que Dieu est en tout être par son essence.
Ainsi donc, Dieu est en tout par sa puissance, parce que tout est soumis à son pouvoir. Il est en tout par présence, parce que tout est à découvert et comme à nu devant ses yeux. Il est en tout par essence, parce qu’il est présent à toutes choses comme cause universelle de leur être, nous l’avons dit.
ad 1. On dit que Dieu est présent en toutes choses par essence : il ne s’agit pas de la leur, comme s’il était une partie de leur essence, mais de la sienne, parce que sa substance est présente à tous les êtres comme la cause de leur existence, nous l’avons dit.
Revue des Jeunes « q. 8 a. 1 ad 4
Dans cet article capital, saint Thomas se place à égale distance du panthéisme, qui confond le monde avec Dieu, et de l’inconscient paganisme qui les sépare. Dieu est à la fois immanent et transcendant ; transcendant par sa nature, qui fait de lui le grand séparé et l’inaccessible ; immanent par le caractère immédiat et intime de son action, qui donne tout l’être. De ce que Dieu donne tout l’être, il s’ensuit évidemment que rien ne peut s’interposer entre lui et l’un quelconque des bénéficiaires de l’être. Ce qui a une cause créée n’en est pas moins causé immédiatement par Dieu quant à l’être, ainsi que sa cause elle-même, à qui Dieu donne ainsi à la fois et d’être et d’être cause, comme il donne à l’effet et d’être et d’être causé. La présence de Dieu comme cause totale et universelle de l’être est donc intime autant qu’il se peut, et elle précède, dans chaque sujet, sa propre présence à lui-même. »