Mes bien chers Frères,
Voici le sermon qui achève notre étude sur Dieu, si tant est qu’elle soit jamais achevée puisque nous la prolongerons par la contemplation éternelle de Dieu au Ciel.
Dire que ce mystère qui est le plus élevé de tous, le plus mystérieux, est à la portée des plus humbles, des plus simples des hommes ! Alors, redevenons comme de petits enfants pour entrer dans la merveille de ce mystère.
Résumé du sermon
Catéchisme de saint Pie X
Catéchisme du concile de Trente
Résumé du sermon
L’importance de ce mystère
La Sainte Trinité est l’objet d’un mystère. Nous ne pouvons pas tout comprendre, nous devons accepter la révélation.
Ne pas comprendre dans la foi est meilleur que de comprendre dans la foi. Le premier est purement divin et nous est révélé dans une lumière purement divine (la foi) et nous fait pénétrer directement en Dieu. Le second, tout en étant divin, tout en étant révélé dans la lumière divine de la foi, est comme abaissé à notre portée.
Il reste juste ce qu’il faut d’analogie avec les notions humaines – Père, Fils et Esprit d’amour – pour que le mystère ne soit pas une pure obscurité et que nous puissions y adhérer.
Au lieu de rabaisser les vérités divines à nos notions humaines, il faut que nous élevions nos notions humaines à leur origine divine. Ainsi, il ne faut pas croire que Dieu est père comme un père humain est père, mais que la paternité humaine est un pâle reflet de la paternité divine dans la Sainte Trinité. De même, notre sagesse n’est qu’un pâle reflet du Verbe, la deuxième personne de la Sainte Trinité, et nos amours ne sont que de pâles reflets de l’Esprit d’amour.
Ce que nous croyons
Nous croyons qu’un seul Dieu est en trois personnes égales, et que ces trois personnes sont Père, Fils, appelé le Verbe, et Esprit-Saint, Esprit d’amour. Que le Fils est engendré par le Père et que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Les conséquences
– La foi en la Sainte Trinité nous sépare radicalement de tous ceux qui croient en un Dieu unique, mais refusent qu’il soit en trois personnes. Ce sont principalement les juifs et les musulmans, mais aussi les païens.
La foi en la Sainte Trinité nous sépare radicalement de la notion vague d’un Dieu esprit indéfinissable qui est celui des modernistes, des francs-maçons et des prétendus « spiritualistes ».
– La foi en la Sainte Trinité nous révèle que les deux grandes vérités du monde, à savoir la vérité et l’amour, ont leur source en la Trinité.
– La foi en la Sainte Trinité exige de nous une adoration bien supérieure à la simple vénération d’un Dieu un.
– Enfin, puisque nous sommes appelés à entrer dans la sainte communion du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par le Christ, nous devons répondre à cet appel que nous ne pouvons refuser, ni négliger et suivre fidèlement Jésus-Christ pour entrer avec lui au Ciel.
Catéchisme de saint Pie X
Le Père
Pourquoi donne-t-on à Dieu le nom de Père ?
On donne à Dieu le nom de Père : 1 ° parce qu’il est par nature Père de la seconde Personne de la Très Sainte Trinité, c’est-à-dire du Fils qu’il a engendré ; 2° parce que Dieu est le Père de tous les hommes qu’il a créés, qu’il conserve et qu’il gouverne ; 3° enfin parce qu’il est le Père par la grâce de tous les bons chrétiens, appelés pour cela les fils adoptifs de Dieu.
Pourquoi le Père est-il la première Personne de la Très Sainte Trinité ?
Le Père est la première Personne de la Très Sainte Trinité parce qu’il ne procède pas d’une autre Personne, mais qu’il est le principe des deux autres Personnes, c’est-à-dire du Fils et du Saint-Esprit.
Le Fils
Que nous enseigne le second article : Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur ?
Le second article du Credo nous enseigne que le Fils de Dieu est la seconde Personne de la très sainte Trinité ; qu’il est Dieu éternel, tout-puissant, Créateur et Seigneur, comme le Père ; qu’il s’est fait homme pour nous sauver et que le Fils de Dieu fait homme s’appelle Jésus-Christ.
Pourquoi la seconde Personne s’appelle-t-elle le Fils ?
La seconde Personne s’appelle le Fils, parce que de toute éternité elle est engendrée du Père par voie d’intelligence : c’est pour cela qu’on l’appelle aussi le Verbe éternel du Père.
Nous sommes, nous aussi, fils de Dieu : pourquoi donc appelons-nous Jésus-Christ Fils unique de Dieu le Père ?
Nous appelons Jésus-Christ Fils unique de Dieu le Père, parce que lui seul est Fils de Dieu par nature, tandis que nous le sommes par création et par adoption.
Le Saint-Esprit
Que nous enseigne le huitième article : Je crois au Saint-Esprit ?
Le huitième article du Credo nous enseigne qu’il y a un Esprit Saint, troisième Personne de la très sainte Trinité, qu’il est Dieu éternel, infini, tout-puissant, Créateur et Seigneur de toutes choses, comme le Père et le Fils.
De qui procède le Saint-Esprit ?
Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme d’un seul principe par voie de volonté et d’amour.
Si le Fils procède du Père et si le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, il semble que le Père et le Fils soient antérieurs au Saint-Esprit : comment dit-on alors que les trois Personnes sont éternelles ?
On dit que les trois Personnes sont éternelles parce que le Père engendre le Fils ab æterno (de toute éternité) et que le Saint-Esprit procède aussi ab æterno du Père et du Fils.
Pourquoi la troisième Personne de la très sainte Trinité est-elle appelée spécialement du nom de Saint-Esprit ?
La troisième Personne de la Très Sainte Trinité est appelée spécialement du nom de Saint-Esprit parce qu’elle procède du Père et du Fils par voie de spiration et d’amour.
(Spiratio, de spirare, souffler, respirer : le Saint-Esprit est comme le souffle du Père et du Fils. Note du Traducteur).
Quelle est l’œuvre attribuée spécialement au Saint-Esprit ?
L’œuvre attribuée spécialement au Saint-Esprit est la sanctification des âmes.
Le Père et le Fils nous sanctifient-ils comme le Saint-Esprit ?
Oui, les trois Personnes divines nous sanctifient également.
S’il en, est ainsi, pourquoi la sanctification des âmes est-elle attribuée spécialement au Saint-Esprit ?
La sanctification des âmes est attribuée spécialement au Saint-Esprit parce qu’elle est une œuvre d’amour et que les œuvres d’amour sont attribuées au Saint-Esprit.
La Trinité
Quand est-ce que l’Église célèbre la fête de la très sainte Trinité ?
L’Église honore la très sainte Trinité tous les jours de l’année et principalement les dimanches ; mais elle lui consacre une fête particulière le premier dimanche après la Pentecôte.
Pourquoi le premier dimanche après la Pentecôte l’Église célèbre-t-elle cette fête particulière de la très sainte Trinité ?
L’Église célèbre, le premier dimanche après la Pentecôte, la fête de la très sainte Trinité, afin que nous comprenions que la fin des mystères de Jésus-Christ et de la descente du Saint-Esprit a été de nous amener à connaître la très sainte Trinité et à l’honorer en esprit et en vérité.
Que veut dire : très sainte Trinité ?
Très sainte Trinité veut dire Dieu un en trois Personnes réellement distinctes : Père, Fils et Saint-Esprit.
Dieu est un pur esprit : pourquoi donc représente-t-on la très sainte Trinité sous une forme visible ?
Dieu est un pur esprit ; on représente cependant les trois Personnes divines par certaines images pour nous faire connaître quelques-unes des propriétés ou actions qu’on leur attribue, et la manière dont quelquefois elles sont apparues.
Pourquoi Dieu le Père est-il représenté sous la forme d’un vieillard ?
Dieu le Père est représenté sous la forme d’un vieillard pour signifier ainsi l’éternité divine, et parce qu’il est la première Personne de la très sainte Trinité et le principe des deux autres Personnes.
Pourquoi le Fils de Dieu est-il représenté sous la forme d’un homme ?
Le Fils de Dieu est représenté sous la forme d’un homme, parce qu’il est vraiment homme, ayant pris la nature humaine pour notre salut.
Pourquoi le Saint-Esprit est-il représenté sous la forme d’une colombe ?
Le Saint-Esprit est représenté sous la forme d’une colombe, parce que c’est sous cette forme qu’il descendit sur Jésus-Christ lors de son Baptême par saint Jean.
Que devons-nous faire en la fête de la très sainte Trinité ?
En la fête de la très sainte Trinité, nous devons faire cinq choses : 1° adorer le mystère de Dieu en trois Personnes ; 2° remercier la très sainte Trinité de tous les bienfaits temporels et spirituels que nous recevons ; 3° nous consacrer tout entiers à Dieu et nous soumettre entièrement à sa divine providence ; 4° penser qu’au Baptême nous sommes entrés dans l’Église et devenus membres de Jésus-Christ par l’invocation et la vertu du nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; 5° prendre la résolution de faire toujours avec dévotion le signe de la Croix qui exprime ce mystère, et de réciter avec une foi vive et avec l’intention de glorifier la très sainte Trinité ces paroles que l’Église répète si souvent : Gloire soit au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
Catéchisme du concile de Trente
Dieu le Père
On donne à Dieu le nom de Père pour plusieurs raisons. Il convient donc d’expliquer tout d’abord en quel sens on le lui attribue plus spécialement ici. Quelques-uns, même de ceux dont la foi n’avait pas éclairé les ténèbres, avaient compris cependant que Dieu est une substance éternelle, que tout émane de lui, qu’il gouverne et conserve, par sa Providence, l’ordre et l’état de tout ce qui existe. Et de là, voyant que les hommes appellent Père celui qui est l’auteur d’une famille, et qui continue de la diriger par ses conseils et par son autorité, ils donnèrent également ce nom de Père à Dieu, qu’ils reconnaissaient comme le Créateur et le Gouverneur de toutes choses.
Les Saintes Écritures elles-mêmes emploient ce mot lorsque, en parlant de Dieu elles lui attribuent la Création, la Puissance suprême et cette Providence qui régit si admirablement l’univers. Nous y lisons en effet : N’est-ce pas le Seigneur qui est votre Père, qui est votre Maître, qui vous a faits et tirés du néant ? Et aussi : N’est-ce pas lui qui est notre seul Père ? N’est-ce pas Dieu seul qui nous a créés ?
Mais c’est dans les livres du Nouveau Testament qu’il est appelé bien plus souvent et d’une manière bien plus spéciale le Père des chrétiens, puisqu’ils n’ont pas reçu l’esprit de servitude qui fait vivre dans la crainte, mais l’esprit d’adoption des enfants de Dieu, par lequel nous crions : Père ! Père ! – Car le Père nous a témoigné tant d’amour que nous sommes appelés, et que nous sommes réellement les enfants de Dieu. – Que si nous sommes enfants, nous sommes héritiers de Dieu, et cohéritiers de Jésus Christ, – qui est le premier-né de plusieurs frères – et qui ne rougit pas de nous appeler ses frères.
Ainsi, soit que l’on considère Dieu d’une manière générale par rapport à la création et à la Providence, soit qu’on s’arrête spécialement à l’adoption spirituelle (qu’il a faite) des chrétiens, c’est à bon droit que les fidèles font profession de le reconnaître pour leur Père.
Mais outre ces explications que nous venons de donner, le Pasteur ne manquera pas d’avertir les fidèles qu’en entendant prononcer ce nom de Père, ils doivent élever leurs âmes vers des mystères plus sublimes encore. En effet tout ce qu’il y a de plus caché et de plus impénétrable dans cette lumière inaccessible que Dieu habite, ce que la raison et l’intelligence humaine ne pouvaient ni atteindre, ni même soupçonner, les oracles divins commencent à nous le faire entrevoir par ce nom de Père.
Ce Nom nous indique qu’il faut admettre dans l’Essence divine, non une seule Personne, mais plusieurs réellement distinctes. Il y a en effet trois Personnes dans une seule et même Divinité : celle du Père qui n’est engendré d’aucune autre ; celle du Fils qui est engendré du Père avant tous les siècles ; celle du Saint Esprit qui procède du Père et du Fils, de toute éternité. Le Père est dans l’unité de la nature divine la première Personne, et avec son Fils unique et le Saint Esprit il forme un seul Dieu, un seul Seigneur non point une seule Personne, mais une seule nature en trois Personnes. Et il n’est pas permis de penser qu’il y ait entre ces Personnes la moindre différence, la moindre inégalité : Toute la distinction que l’on peut concevoir entre Elles vient de leurs propriétés respectives. Le Père n’est point engendré ; le Fils est engendré du Père ; le Saint Esprit procède de l’un et de l’autre. Ainsi nous reconnaissons une seule et même nature, une seule et même substance pour les trois Personnes, mais de telle sorte que dans notre profession de foi relative au Dieu véritable et éternel, nous adorons avec toute la piété et tout le respect possibles, la distinction dans les Personnes, l’unité dans la Substance, et l’égalité dans la Trinité.
Voilà pourquoi, lorsque nous disons que le Père est la première Personne, il ne faut pas croire que nous entendons supposer dans la Trinité quelque chose de premier et de dernier, de plus grand et de plus petit. À Dieu ne plaise qu’une pareille impiété entre jamais dans l’esprit des fidèles, puisque la religion chrétienne proclame dans les trois Personnes la même éternité, la même gloire et la même majesté. Mais comme le Père est le principe sans principe, nous affirmons avec vérité et sans aucune hésitation qu’il est la première Personne ; et parce qu’il n’est distingué des autres Personnes que par la propriété de Père, c’est à lui seul aussi qu’il appartenait d’engendrer le Fils de toute éternité.
Aussi c’est pour nous faire souvenir en même temps que Dieu a toujours été, et qu’il a toujours été Père que nous joignons ensemble, dans cette profession de foi, et le nom de Dieu et le nom de Père.
Mais comme il n’y a rien de plus périlleux que de chercher à pénétrer des vérités si hautes et si délicates, ni de plus grave que de se tromper en voulant les exprimer, le Pasteur aura soin d’enseigner aux fidèles qu’ils doivent retenir scrupuleusement les mots d’Essence et de Personne, consacrés en quelque sorte à l’expression propre de ce Mystère, et ne point oublier que l’unité est dans l’Essence et la distinction dans les Personnes. De plus, il faut éviter sur ce point les recherches subtiles et curieuses, selon cette parole : Celui qui voudra scruter la majesté sera accablé par l’éclat de la gloire. Il doit nous suffire de savoir d’une manière certaine par la foi que Dieu lui-même nous a enseigné cette vérité, (car ne pas croire à ses oracles serait une insigne folie et un malheur extrême). Allez, dit Notre-Seigneur Jésus-Christ à ses Apôtres, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. – Et l’Apôtre S. Jean nous dit également : il y en a Trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et l’Esprit, et ces Trois ne font qu’Un.
Que celui donc qui par la grâce de Dieu croit ces vérités, prie avec persévérance et conjure Dieu le Père qui a créé toutes choses de rien, qui dispose tout pour notre bonheur, qui nous a donné le pouvoir de devenir ses enfants, qui a révélé à l’esprit de l’homme le mystère de la Sainte Trinité, oui, qu’il demande sans cesse la grâce d’être admis un jour dans les tabernacles éternels, pour y contempler cette ineffable fécondité du Père qui, en se considérant et en se connaissant lui-même, engendre un Fils qui lui est égal et semblable ; pour y contempler aussi ce bien éternel et indissoluble par lequel l’esprit de charité qui est l’Esprit-Saint, amour parfaitement égal du Père et du Fils, procédant de l’un et de l’autre, unit ensemble et toujours Celui qui engendre et Celui qui est engendré ; pour y voir enfin l’unité d’Essence dans la Trinité divine et la parfaite distinction dans les trois Personnes.
Dieu le Fils unique du Père
Ces mots nous proposent à croire et à contempler en Jésus-Christ des mystères plus sublimes encore, à savoir qu’il est Fils de Dieu, et vrai Dieu comme son Père qui l’a engendré de toute éternité. De plus, nous reconnaissons et confessons en lui la seconde Personne de la Sainte Trinité, parfaitement égale en toutes choses aux deux autres ; car aucune inégalité, aucune dissemblance ne peuvent exister, ni même se concevoir entre les Personnes divines, puisque nous faisons profession de croire qu’elles n’ont toutes trois qu’une seule et même Essence, une seule et même volonté, une seule et même Puissance. Nous avons la preuve de cette vérité dans un grand nombre de textes de la Sainte Écriture, mais surtout dans cette parole de S. Jean, qui est si lumineuse : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Mais lorsqu’on nous dit que Jésus est le Fils de Dieu, il faut bien nous garder de penser qu’il y a quelque chose de mortel et de terrestre dans sa naissance. L’acte par lequel Dieu le Père engendre son Fils de toute éternité est incompréhensible et dépasse absolument notre intelligence. Nous devons le croire fermement, l’honorer avec la plus sincère piété, et, frappés d’étonnement devant un tel mystère, nous écrier avec le Prophète : Qui pourra raconter sa génération ? – Ce qu’il faut donc croire, c’est que le Fils est de même nature que le Père, qu’il possède la même Puissance et la même Sagesse, ainsi que nous le confessons d’une manière plus explicite dans ces paroles du Symbole de Nicée : Et en Jésus-Christ, son Fils unique, né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait.
On a coutume d’employer un certain nombre de comparaisons pour essayer d’expliquer le mode et la nature de cette génération éternelle : la plus juste semble être celle qui se tire de la formation de notre pensée dans notre âme. Aussi S. Jean donne-t-il au Fils de Dieu le nom de Verbe. De même en effet que notre esprit, en se comprenant et en se contemplant, forme de lui-même une image, que les théologiens appellent Verbe, ainsi nous pouvons dire – autant que les choses divines et les choses humaines peuvent se comparer entre elles – que Dieu, en se connaissant et en se contemplant lui-même, engendre son Verbe éternel. Au reste il est préférable de s’arrêter simplement à ce que la foi propose, c’est-à-dire croire et confesser avec sincérité que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme tout ensemble ; que comme Dieu Il est engendré du Père avant tous les siècles, que comme homme il est né dans le temps de la Vierge Marie sa mère. Toutefois, en admettant cette double naissance, nous ne reconnaissons qu’un seul Fils. Car Jésus-Christ n’est qu’une seule et même Personne, qui réunit en Elle la nature divine et la nature humaine.
Du côté de la génération divine, il n’a ni frères ni cohéritiers, puisqu’il est le Fils unique du Père, tandis que nous, nous ne sommes que ses créatures et le fragile ouvrage de ses mains. Du côté de sa génération humaine, il en est beaucoup à qui non seulement il donne le nom de frères, mais qu’il traite réellement comme tels, puisqu’il les admet à partager avec lui la gloire de l’héritage de son Père.
Ce sont ceux qui l’ont reçu par la foi, et qui manifestent cette foi qu’ils professent, par leur conduite et par les œuvres de la charité. C’est pourquoi l’Apôtre l’appelle le premier-né d’un grand nombre de frères.
Dieu le Saint-Esprit
- Nécessité de la foi au Saint-Esprit
Jusqu’ici nous avons parlé de la première et de la seconde Personne de la Sainte Trinité, et nous avons donné sur ce double sujet les explications convenables. Il s’agit maintenant d’exposer ce que le Symbole nous enseigne sur la troisième Personne qui est le Saint-Esprit. C’est un point qui réclame tout le zèle et toute l’application des Pasteurs.
Car il n’est pas plus loisible aux chrétiens d’ignorer ou de mal connaître cet article, que les articles précédents. Aussi l’Apôtre ne voulut-il point laisser un certain nombre d’Éphésiens dans l’ignorance où ils étaient par rapport au Saint-Esprit. Leur ayant demandé s’ils l’avaient reçu, ils lui répondirent qu’ils ne savaient même pas s’il y avait un Saint-Esprit. Aussitôt il leur fit cette question : Quel baptême avez-vous donc reçu ? Ces paroles nous montrent que les fidèles sont rigoureusement obligés d’avoir une connaissance spéciale de cet article. Et le premier fruit qu’ils en retireront, c’est que s’ils considèrent sérieusement que tout ce qu’ils possèdent, ils le doivent à la libéralité et à la bonté de l’Esprit-Saint, ils deviendront plus humbles et plus modestes dans leurs pensées et leurs sentiments sur eux-mêmes, et ils placeront toute leur espérance dans le secours de Dieu. Or, n’est-ce pas là, pour le Chrétien, le premier pas vers la Sagesse, et par suite vers le Bonheur éternel ?
- Ce que c’est que le Saint-Esprit
Pour commencer, il faut bien expliquer d’abord quelle idée et quel sens on attache ici au mot Saint-Esprit. C’est qu’en effet il peut s’appliquer aussi bien au Père et au Fils. (Tous deux sont Esprits, et tous deux sont Saints, et nous faisons profession de croire que Dieu est Esprit.) D’autre part, on donne également ce nom aux Anges et aux âmes des justes. Il faut donc prendre garde qu’il n’y ait ni équivoque, ni erreur dans l’esprit des fidèles. Par conséquent il est nécessaire de leur apprendre que par le Saint-Esprit on entend ici la troisième Personne de la Sainte Trinité. C’est ainsi qu’on l’appelle quelquefois dans l’Ancien Testament, et très souvent dans le Nouveau. David dit à Dieu dans sa prière : n’éloignez pas de moi votre Saint-Esprit. Le Sage s’écrie : qui connaîtra vos desseins Seigneur, sinon celui à qui vous donnerez la Sagesse, et à qui vous enverrez d’en haut votre Esprit-Saint ? – Dans un autre endroit, il dit : Dieu a créé la Sagesse dans le Saint-Esprit.
– Dans le Nouveau Testament Jésus-Christ ordonne de baptiser les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Nous y lisons que la très Sainte Vierge a conçu par le Saint-Esprit. Enfin S. Jean nous renvoie à Jésus-Christ pour qu’il nous baptise dans le Saint-Esprit ; sans parler d’un grand nombre d’autres textes de nos saints Livres où nous rencontrons la même expression.
Et personne ne doit trouver étrange qu’on n’ait pas donné de nom particulier à la troisième Personne de la Sainte Trinité, aussi bien qu’à la première et à la seconde. Si la seconde Personne a un nom qui lui est propre, si Elle s’appelle le Fils, c’est que sa Naissance éternelle du Père s’appelle proprement génération, comme nous l’avons dit dans les précédents articles. Et du moment que cette Naissance peut porter le nom de génération, nous avons le droit d’appeler Fils la Personne qui émane, et Père, celle de qui Elle émane. Mais comme l’émanation de la troisième Personne n’a pas de nom qui lui soit propre, et qu’on l’appelle simplement aspiration et procession (qui sont des noms communs), par cela même, la Personne ainsi produite manque nécessairement de dénomination particulière. Et la raison en est que tous les noms que nous donnons à Dieu, nous sommes forcés de les emprunter aux choses créées. Et comme d’autre part nous ne connaissons pas, dans les créatures, d’autre communication de nature et d’essence que celle qui se fait par voie de génération, il nous est impossible d’exprimer par un nom propre cette communication que Dieu fait de lui-même et de son Être tout entier par voie d’amour. C’est pourquoi la troisième Personne de la Sainte Trinité porte la dénomination commune d’Esprit-Saint ; dénomination d’ailleurs qui lui convient parfaitement, parce que, d’une part, c’est Elle, la troisième Personne, qui répand dans nos âmes la vie spirituelle (la vie de l’Esprit) et parce que, d’autre part, sans le souffle et l’inspiration de cet Esprit très Saint, nous ne pouvons rien faire qui mérite la vie éternelle.
Le sens du mot Saint-Esprit étant bien expliqué, – il faut ensuite enseigner au peuple que le Saint-Esprit est Dieu, comme le Père et le Fils, qu’il leur est égal en toutes choses, Tout-Puissant comme Eux, éternel comme Eux, et comme Eux d’une perfection, d’une grandeur, d’une bonté, d’une sagesse infinie, en un mot qu’il a la même nature.
Cette égalité est suffisamment indiquée par ce petit mot en, que nous employons, quand nous disons : Je crois en l’Esprit-Saint. Ce mot nous le plaçons en effet devant le nom de chaque Personne de la Sainte Trinité : (Je crois en Dieu, et en Jésus-Christ) c’est une manière d’exprimer la plénitude et la force de notre foi.
Du reste cette Vérité a pour elle les témoignages les moins douteux de la Sainte Écriture. Par exemple, lorsque S. Pierre dans les Actes des Apôtres, dit : Ananie, pourquoi Satan a-t-il tenté votre cœur, au point de vous faire mentir au Saint-Esprit ? Il ajoute aussitôt : ce n’est point aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; donnant ainsi le nom de Dieu à Celui qu’il venait d’appeler le Saint-Esprit. De même l’Apôtre écrivant aux Corinthiens applique au Saint-Esprit le nom de Dieu qu’il venait de prononcer. il y a, leur dit-il, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. Et il ajoute : oui, c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons comme il lui plaît. De plus, le même Apôtre attribue au Saint-Esprit, dans le Livre des Actes, ce que les Prophètes rapportent à Dieu seul. Isaïe avait dit : J’ai entendu cette voix du Seigneur : qui enverrai-je ? Puis, il me dit : Va, dis à ce peuple, : votre cœur s’appesantit, et vos oreilles deviennent sourdes, et vous bouchez vos yeux pour ne pas voir, et vous fermez vos oreilles pour ne pas entendre. Or, l’Apôtre, citant ces paroles, (et s’adressant aux Juifs) s’exprime ainsi : ce que le Saint-Esprit a dit par la bouche du Prophète Isaïe est bien vrai.
D’un autre côté, lorsque nous voyons la Sainte Écriture joindre la Personne du Saint-Esprit à la Personne du Père et du Fils, comme dans l’endroit où elle ordonne de conférer le baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, aucun doute n’est plus possible sur la vérité de ce mystère ; car si le Père est Dieu, et si le Fils est Dieu, nous sommes obligés de reconnaître que le Saint-Esprit l’est aussi, puisque l’Écriture le met sur le même rang que le Père et le Fils.
De plus, le fait d’être baptisé au nom d’une créature quelconque ne peut procurer aucun avantage. Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés, dit l’Apôtre ? Et en parlant ainsi, il voulait faire entendre évidemment qu’un baptême de ce genre serait inutile pour le salut. Si donc nous sommes baptisés au nom du Saint-Esprit, nous devons confesser qu’il est Dieu.
Ce même ordre des trois Personnes divines, qui nous fournit la preuve de la divinité du Saint-Esprit, se remarque également dans cette Épître de S. Jean, où nous lisons : il y en a Trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint, et ces Trois ne sont qu’une seule et même chose. Cet ordre se retrouve aussi dans cet éloge magnifique de la Sainte Trinité qui termine les Psaumes et les Cantiques sacrés : gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit
Enfin ce qui confirme puissamment cette Vérité, c’est que l’Écriture Sainte attribue d’une manière formelle au Saint-Esprit tout ce qui, selon les données de la foi, n’est propre qu’à Dieu seul. Ainsi elle lui reconnaît des temples : Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre, que vos membres sont les temples du Saint-Esprit ? Elle lui attribue le pouvoir de sanctifier, de vivifier et de scruter les profondeurs de Dieu, de parler par les Prophètes, d’être partout ; autant de perfections qui ne conviennent qu’à Dieu.
Ce n’est pas tout. Il faut de plus expliquer aux fidèles, et avec beaucoup de soin, non seulement que le Saint-Esprit est Dieu, mais encore qu’il est la troisième Personne dans l’Essence divine, parfaitement distincte du Père et du Fils, et produite par la volonté de l’un et de l’autre. C’est l’enseignement même de la foi. Car sans parler des autres témoignages de l’Écriture, la forme du baptême que notre Sauveur nous a apprise, montre très clairement que le Saint-Esprit est une troisième Personne qui subsiste par Elle-même dans la nature divine, et qui est distincte des deux autres. Ainsi le déclare l’Apôtre, quand il dit : que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et la charité de Dieu, et la communication du Saint-Esprit scient avec tous. Amen !
Mais ce qui plus que tout le reste met cette vérité en pleine lumière, c’est la déclaration formelle du premier Concile œcuménique de Constantinople. Pour réfuter l’hérésie absurde et impie de Macédonius, les Pères de ce concile ajoutèrent au symbole de Nicée ces mots si importants : je crois au Saint-Esprit Notre-Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les Prophètes. En confessant que le Saint-Esprit est notre Seigneur, ils montrent par le fait combien il est au dessus des Anges, qui sont cependant les plus nobles esprits que Dieu ait créés, tous, au témoignage de S. Paul, des esprits administrateurs, envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut. ils disent encore qu’il donne la vie, parce que de son union avec Dieu l’âme tire une vie plus réelle, que celle dont jouit le corps par son union avec l’âme. Et comme l’Écriture Sainte attribue au Saint-Esprit cette union de l’âme avec Dieu, il est clair qu’on a parfaitement raison de lui donner le nom d’Esprit vivifiant.
Pour expliquer les paroles qui suivent : Qui procède du Père et du Fils, il faut bien faire entendre aux fidèles que le Saint-Esprit procède de toute éternité du Père et du Fils, comme d’un principe unique. Cette vérité est proposée à notre foi par les définitions mêmes de l’Église, dont un Chrétien n’a jamais le droit de s’écarter, et elle est confirmée par l’autorité de nos saints Livres et des Conciles. En effet, Notre-Seigneur Jésus-Christ parlant du Saint-Esprit, dit : Il Me glorifiera parce qu’il recevra de ce qui est à moi. Et lorsque nous voyons dans la Sainte Écriture qu’il est appelé tantôt l’Esprit du Christ, tantôt l’Esprit du Père ; qu’il est envoyé, tantôt par le Père, tantôt par le Fils. c’est bien la preuve manifeste qu’il procède également de l’un et de l’autre. Celui qui n’a pas l’Esprit de Jésus-Christ, dit S. Paul, n’est point à lui. Et dans l’Épître aux Galates, il appelle encore le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus-Christ : Dieu, dit-il, a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie, mon Père, mon Père. De son côté, Notre-Seigneur, dans S. Matthieu, l’appelle l’Esprit du Père : Ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de votre Père. Et dans la Cène, il s’exprime ainsi :
le Consolateur que Je vous enverrai, c’est l’Esprit de vérité qui procède du Père, et qui rendra témoignage de moi. Ailleurs, il nous annonce en ces termes que le même Esprit-Saint sera envoyé par le Père : le Père l’enverra en mon Nom. Toutes ces expressions s’entendent évidemment de la procession du Saint-Esprit, il est donc bien clair et bien certain qu’il procède du Père et du Fils.
Voilà ce qu’il faudra dire de la Personne du Saint-Esprit.
- Des choses qui sont spécialement attribuées au Saint-Esprit
Mais de plus les Pasteurs devront expliquer avec soin certains effets admirables, certains dons excellents que la foi lui attribue, et qui sortent et découlent de lui comme de la source éternelle de la Bonté. Il est vrai que toutes les opérations extérieures de la Sainte-Trinité sont communes aux trois Personnes. Cependant il en est quelques-unes que l’on attribue plus particulièrement au Saint-Esprit, pour nous faire comprendre qu’elles viennent de l’immense charité de Dieu envers nous. Le Saint-Esprit en effet procède de la volonté de Dieu, comme par un embrasement d’amour, et dès lors il est facile de concevoir que les effets qui lui sont spécialement attribués doivent découler de l’Amour infini de Dieu pour nous.
C’est pour la même raison que le Saint-Esprit est appelé don. Car on appelle don ce qui est accordé libéralement, gratuitement et sans espoir de récompense. Ainsi tous les biens, toutes les grâces que nous avons reçues de Dieu, – et qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de lui, dit l’Apôtre ? – nous les tenons de la libéralité du Saint-Esprit : Et cela nous devons le reconnaître avec une sincère et pieuse gratitude.
Les effets produits par le Saint-Esprit sont nombreux. Car sans parler ici de la création, de la propagation des créatures, du gouvernement du monde – sujets que nous avons traités dans le premier article du Symbole – nous venons de démontrer à l’instant qu’on lui attribue propre, ment la vivification spirituelle, et les paroles suivantes d’Ézéchiel sont un véritable témoignage en faveur de cette Vérité : Je vous donnerai mon Esprit, et vous vivrez.
Voici comment Isaïe énumère les effets (ou les dons) principaux du Saint-Esprit, et ceux qui lui conviennent plus spécialement : Il l’appelle : l’Esprit de Sagesse et d’intelligence, l’Esprit de Conseil et de Force, l’Esprit de Science et de Piété, l’Esprit de crainte du Seigneur. Effets que l’on nomme communément les Dons du Saint-Esprit, et auxquels on donne aussi quelquefois le nom même de Saint-Esprit. C’est pourquoi, remarque judicieusement S. Augustin, « lorsque nous rencontrons le mot de Saint-Esprit dans la Sainte Écriture, il faut bien voir s’il s’agit de la troisième Personne de la Sainte Trinité, ou seulement de ses effets et de ses opérations. Car ces deux choses diffèrent autant l’une de l’autre que Dieu lui-même diffère de la créature. »
Il convient de faire ressortir ces commentaires avec un soin particulier, car ces dons du Saint-Esprit sont pour nous comme une source divine où nous puisons les préceptes de la Vie chrétienne, et par eux encore nous pouvons savoir si le Saint-Esprit habite vraiment en nous.
Entre ces dons magnifiques celui qui, dans notre esprit, doit passer avant tous les autres, c’est la grâce qui nous justifie, et qui nous marque du sceau de l’Esprit-Saint, qui a été promis, et qui est le gage de notre héritage. C’est cette grâce en effet qui nous attache à Dieu par les liens les plus étroits de l’amour, qui allume dans nos cœurs le zèle ardent de la piété, qui nous fait entreprendre une vie nouvelle, qui nous rend participants de la Nature divine, et nous fait mériter le nom et la qualité réelle d’enfants de Dieu.