Mes bien chers Frères,
Il nous reste à contempler le feu de l’amour communiqué par le Saint-Esprit pour l’œuvre merveilleuse dans laquelle nous entrons par la confirmation.
Cela est particulièrement d’actualité dans les épreuves qui seront celles des familles dès le mois de septembre prochain.
Demandez à la Sainte Vierge qu’elle vous communique le Saint-Esprit comme elle le communiqua aux apôtres le jour de la Pentecôte. C’est plus nécessaire que vous le croyez.
« Car notre Dieu est un feu dévorant. » Hébreux 12, 24
Résumé du sermon
Saint Thomas d’Aquin
Résumé du sermon
Nous avons vu que la confirmation fait de nous des parfaits chrétiens ou des adultes dans la vie spirituelle. C’est à bien comprendre : elle nous rend actifs à travailler avec l’Église à l’extension du règne du Christ.
Dans le présent sermon, nous admirerons le troisième effet de la confirmation : elle nous donne le Saint-Esprit.
Tous les sacrements donnent le Saint-Esprit, pourquoi attribue-t-on particulièrement le don du Saint-Esprit à la confirmation ?
C’est que participer activement à l’œuvre de l’extension du règne du Christ, ce n’est pas un quelconque amour du Christ. Il ne s’agit pas seulement de vivre de l’amour du Christ – ce que donne le baptême – il s’agit de communiquer le feu de cet amour.
Communiquer le feu de l’amour, c’est communiquer le Saint-Esprit en personne, ce qui suppose que nous soyons pleinement habités de lui. Pour rendre cela possible, il faut que nous soyons pleinement dans la main du Saint-Esprit.
La plénitude de ses dons sont le prolongement de sa présence, ce par quoi ce feu qui nous habite se communique.
Voir l’exemple des saints missionnaires. Il saute aux yeux qu’ils sont habités, comme enivrés, du Saint-Esprit et que leur rayonnement de foi et d’amour de Dieu est tel qu’il serait plus juste de dire que c’est le Saint-Esprit qui rayonne à travers eux. Saint Pierre prêchant le Christ le jour de la Pentecôte convertit d’un coup trois mille personnes. Cette communication du Saint-Esprit est telle, que non seulement ces personnes se convertissent, mais elles entrent dans une vie chrétienne totalement détachée de ce monde et consacrée à Dieu. De même saint François d’Assise, saint Vincent de Paul les apôtres des Papous et bien d’autres.
Pour participer activer à l’extension du règne du Christ, il faut donc nous laisser guider par l’Esprit-Saint.
« Ne contristez pas l’Esprit Saint de Dieu, qui vous a marqué de son sceau… » Eph. 4, 30.
Saint Thomas d’Aquin
Somme 3, q. 72
Art. 1 les choses sensibles et corporelles sont à l’image des réalités spirituelles et intelligibles, et ce qui se passe dans la vie corporelle nous permet de comprendre les particularités de la vie spirituelle. Or, visiblement, il y a dans la vie corporelle une perfection spéciale quand l’homme arrive à l’âge adulte et peut accomplir parfaitement les actes de l’homme, comme dit l’Apôtre (1 Co 13, 11) : “Quand je suis devenu homme, j’ai abandonné ce qui était enfantin.” Aussi, après le mouvement de la génération qui donne la vie corporelle, y a-t-il celui de la croissance qui conduit à l’âge parfait. Ainsi l’homme reçoit la vie spirituelle par le baptême, qui est une génération spirituelle, et dans la confirmation il reçoit pour ainsi dire l’âge adulte dans la vie spirituelle.
ad 1. Certains ont soutenu que ce sacrement n’a été institué ni par le Christ, ni par les Apôtres, mais plus tard, au cours des temps, par un concile. D’autres au contraire disent qu’il a été institué par les Apôtres. – Mais cela ne peut être, car instituer un nouveau sacrement relève du pouvoir d’excellence qui n’appartient qu’au Christ.
Aussi faut-il dire que c’est le Christ qui a institué ce sacrement, non en le conférant, mais en le promettant, comme il dit en S. Jean (16, 7) : “Si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.” Et cela parce que ce sacrement nous donne la plénitude de l’Esprit Saint, qui ne devait pas être donnée avant la résurrection et l’ascension du Christ, comme dit S. Jean (7, 39) : “L’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’avais pas encore été glorifié.”
3. Comme on l’a dit plus haut, tous les sacrements sont en quelque façon nécessaires au salut ; mais il en est certains sans lesquels le salut est impossible, et d’autres qui servent à rendre ce salut plus parfait. C’est en ce sens que la confirmation est nécessaire au salut : on peut se sauver sans elle, pourvu qu’on ne l’ait pas refusée par mépris du sacrement.
Art. 2 Corpus. Le chrême est la matière qui convient à ce sacrement. Comme on l’a dit ce sacrement donne la plénitude du Saint-Esprit pour la force spirituelle qui convient à l’âge adulte. Mais arrivé à l’âge adulte, l’homme commence à entrer par son activité en communication avec les autres –, jusque-là il vivait isolément et pour lui seul. Or la grâce du Saint-Esprit est signifiée par l’huile ; on dit du Christ qu’il a été “oint d’une huile d’allégresse” (Ps 45, 8), à cause du Saint-Esprit dont il a été rempli. Ainsi l’huile consacrée est la matière de ce sacrement. On y mêle du baume, à cause de la force pénétrante de son parfum, qui se répand sur les autres.
2. Le baptême nous est donné pour que nous recevions purement et simplement la vie spirituelle ; aussi une matière toute simple lui suffit-elle. Mais ce sacrement est donné pour que nous recevions la plénitude du Saint-Esprit, dont l’opération est multiple, comme dit la Sagesse (7, 22)
Art. 4 la forme du sacrement de confirmation
Corpus. Ce sacrement donne le Saint-Esprit pour nous fortifier dans le combat spirituel. Trois choses sont donc nécessaires dans ce sacrement, et elles sont contenues dans la forme en question. D’abord la cause qui confère cette plénitude de force spirituelle, c’est la Trinité sainte, qu’expriment les mots : “Au nom du Père, etc.” – Ensuite, cette force spirituelle elle-même, communiquée à l’homme pour son salut par le sacrement d’une matière visible. Elle est indiquée par ces mots : “je te confirme avec le chrême du salut.” – Enfin le signe donné au combattant, comme dans les combats corporels les soldats sont marqués des insignes de leur chef. Et c’est pourquoi on dit : “je te marque du signe de la croix”, cette croix par laquelle, dit S. Paul, “notre Roi a triomphé (Col 2, 15).” [64.67]
3. Le baptême nous régénère à la vie spirituelle individuelle. Aussi la forme baptismale ne mentionne-t-elle que l’acte qui sanctifie l’homme en lui-même. Mais ce sacrement est ordonné à sanctifier l’homme non seulement en lui-même, mais en tant qu’il est exposé à une lutte extérieure. Aussi on ne fait pas mention seulement de la sanctification intérieure, quand on dit : “je te confirme du chrême du salut”, – mais aussi du signe par lequel l’homme est marqué à l’extérieur, comme de l’étendard de la croix, pour la lutte spirituelle extérieure, ce qui est exprimé quand on dit : “je te marque du signe de la croix.”
Art. 5 La confirmation imprime un caractère
Corpus. Le caractère est une puissance spirituelle ordonnée à certains actes sacrés. Or, si le baptême est comme une naissance spirituelle à la vie chrétienne, la confirmation est la croissance spirituelle qui amène l’homme à l’âge adulte dans la vie spirituelle. Or, il est visible, par l’analogie de la vie corporelle, que l’activité de l’homme à sa naissance, et celle qui lui convient quand il est parvenu à l’âge adulte, sont différentes. Aussi le sacrement donne-t-il à l’homme le pouvoir d’accomplir certaines actions sacrées autres que celles dont le baptême lui donne le pouvoir. Dans le baptême, il reçoit le pouvoir de faire ce qui concerne son salut personnel, en tant qu’il vit pour lui-même ; mais dans la confirmation, il reçoit le pouvoir de faire ce qui concerne la lutte spirituelle contre les ennemis de la foi. On le voit par l’exemple des Apôtres qui, avant de recevoir la plénitude du Saint-Esprit, étaient au cénacle, “persévérant dans la prière” (Ac 1, 13) ; mais ensuite ils en sortirent, et ne craignirent pas de confesser publiquement leur foi, même devant les ennemis de la foi chrétienne.
ad 1. Le combat spirituel contre les ennemis invisibles est le fait de tous les baptisés. Mais combattre contre les ennemis visibles, c’est-à-dire contre les persécuteurs de la foi, en confessant le nom du Christ, est le fait des confirmés, qui ont été conduits spirituellement jusqu’à l’âge adulte, selon S. Jean (1 Jn 2, 14) : “je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin.” Ainsi le caractère de la confirmation est un signe qui distingue non les fidèles des infidèles, mais ceux qui ont grandi spirituellement de ceux que S. Pierre appelle (1 P 2, 2) “des enfants nouveau nés”.
2. Tous les sacrements sont des protestations de foi. Par conséquent, si le baptisé reçoit le pouvoir spirituel de protester sa foi en recevant les autres sacrements, le confirmé reçoit le pouvoir de confesser la foi du Christ publiquement, et comme en vertu de sa charge.
Art. 6 Objection 1. Le sacrement de confirmation est ordonné à la confession publique de la foi au Christ. Or beaucoup, même avant le baptême, ont confessé publiquement la foi au Christ, en répandant leur sang pour elle.
Réponse 1 La puissance divine n’est pas liée aux sacrements. Un homme peut donc, sans le sacrement de confirmation, recevoir la force spirituelle pour confesser publiquement la foi du Christ, comme on peut recevoir la rémission des péchés sans le baptême. (…) Et cela, on peut l’avoir avant d’être baptisé.
art. 8 A qui convient-il de recevoir ce sacrement ?
ad 1. Ce sacrement confère une certaine supériorité, non pas la supériorité d’un homme sur un autre, comme le sacrement de l’ordre ; mais la supériorité d’un homme par rapport à lui-même ; ainsi le même homme, devenu adulte, possède une certaine supériorité par rapport à ce qu’il était dans son enfance.
2. L’âge du corps ne fait aucun tort à l’âme. Ainsi, même dans l’enfance, l’homme peut recevoir la perfection de l’âge spirituel dont parle la Sagesse (4, 8) : “La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années.” C’est ainsi que de nombreux enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu’ils avaient reçue, ont lutté courageusement et jusqu’au sang pour le Christ.
3. S. Jean Chrysostome dit que “pour les combats de ce monde on recherche la qualité de l’âge, de la beauté ou de la naissance, et c’est pourquoi on les interdit aux esclaves et aux femmes, aux vieillards et aux enfants. Mais dans les combats pour le ciel, le stade est ouvert à tous sans distinction de personne, d’âge ou de sexe”. Et ailleurs : “Devant Dieu, même le sexe féminin livre bataille ; beaucoup de femmes ont avec un courage viril combattu dans la milice spirituelle. Et dans la lutte du martyre, certaines ont égalé les hommes par la force de l’homme intérieur ; certaines même ont été plus courageuses que les hommes.”
4. Les mourants doivent recevoir ce sacrement, pour qu’à la résurrection ils apparaissent avec la perfection dont parle S. Paul (Ep 4, 13) : “jusqu’à ce que nous parvenions à l’état d’homme parfait, à la mesure de la pleine stature du Christ.” C’est pourquoi Hugues de Saint-Victor dit : “Il serait très périlleux que quelqu’un sorte de cette vie sans la confirmation.” Non parce qu’il serait damné, sauf le cas de mépris, mais parce qu’il serait privé de cette perfection. Aussi les enfants qui meurent confirmés reçoivent-ils une gloire plus grande, comme ici-bas ils obtiennent une grâce plus abondante. L’autorité citée se comprend en ce sens que la confirmation n’est pas nécessaire aux mourants pour affronter le combat de la vie présente.
art. 9 Pourquoi confirmer sur le front ?
Corpus. Dans ce sacrement l’homme reçoit l’Esprit Saint pour être fort dans le combat spirituel, et confesser courageusement la foi du Christ même au milieu des adversaires de la foi. Aussi convient-il qu’il soit marqué avec le chrême du signe de la croix sur le front, et cela pour deux raisons. D’abord parce qu’il est marqué du signe de la croix comme le soldat est marqué du signe de son chef, signe qui doit être apparent et visible. Or, de toutes les parties du corps humain, c’est certainement le front qui est le plus visible, puisqu’il n’est presque jamais couvert. Ainsi le confirmé reçoit l’onction de chrême sur le front, pour manifester ouvertement qu’il est chrétien, comme les Apôtres, qui d’abord cachés au cénacle, se montrèrent publiquement après avoir reçu le Saint-Esprit.
En second lieu, parce qu’il y a deux choses qui empêchent l’homme de confesser librement le nom du Christ, la crainte et la honte. Or l’une et l’autre se manifestent particulièrement sur le front, à cause du voisinage de l’imagination, et parce que les esprits animaux montent directement du cœur au front ; de là vient que “les honteux rougissent et que les peureux pâlissent”, dit Aristote. Aussi le confirmé est-il marqué du chrême sur le front, pour que ni la crainte ni la honte ne l’empêchent de confesser le nom du Christ.
Articles 10, 11, 12 Le parrain, le ministre, le rite de la confirmation