Mes bien chers Frères,
Le Christ reproche aux Églises de Pergame et Thyatire leur manque de zèle. Ce zèle concerne-t-il les évêques seulement ou tous les chrétiens ? Tous les chrétiens répond saint Jean Chrysostome commentant saint Paul.
Alors, entrons courageusement dans le vif du sujet.
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Texte de l’Apocalypse
Texte de saint Jean Chrysostome
Résumé du sermon
Nous avons vu dans le précédent sermon que Notre Seigneur dénonce les vices contre la chasteté.
Mais il reproche aussi aux évêques leur faiblesse dans l’exercice de la correction fraternelle. « Tu permets que Jézabel etc. » c’est-à-dire non pas tu autorises, mais tu laisses faire.
La correction fraternelle est la première des œuvres de miséricorde, lesquelles découlent immédiatement de la charité. Le second commandement est semblable au premier, aimer son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu. C’est à tel point que saint Jean Chrysostome affirme que « notre vie aurait beau être irréprochable, cela ne nous exempterait pas sûrement de l’enfer où nous pouvons être jetés pour notre négligence vis-à-vis du prochain. »
La vie chrétienne et le soin spirituel du prochain ne font qu’un
Le second commandement ne se rajoute pas au premier, il lui est semblable. Il n’exprime pas un devoir supplémentaire, il exprime la réalité même de la vie chrétienne.
Citations de saint Jean Chrysostome et de l’Écriture Sainte.
Conclusion : l’amour de Dieu ne nous commande pas de rendre service au prochain, mais de le sauver avec nous.
La saine politique arrive à la même conclusion. La chrétienté n’est rien autre que l’œuvre commune du salut.
Les degrés de l’amour du prochain
1. Secourir les animaux et les bestiaux de ses ennemis
2. Rendre service à ses ennemis. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Mt 5, 44)
3. Prendre soin de ses frères, quand même ils seraient inconnus.
4. Prendre soin de ses parents.
5. Les assister dans leur âme exposée à se perdre.
6. Prendre soin de ses enfants qui se perdent.
7. Favoriser ceux qui peuvent les secourir.
Texte de l’Apocalypse
18. Et à l’ange de l’église de Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux comme une flamme de feu, et les pieds semblables à de l’airain fin.
19. Je connais tes œuvres, ta foi, ta charité, tes aumônes, ta patience, et tes dernières œuvres plus abondantes que les premières.
20. Mais j’ai quelque chose contre toi ; tu permets que Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse, enseigne et séduise mes serviteurs pour qu’ils commettent la fornication, et qu’ils mangent des viandes immolées aux idoles.
21. Je lui ai donné un temps pour faire pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution.
22. Voici que vais la jeter sur un lit de douleur ; et ceux qui commettent l’adultère avec elle seront dans une très grande affliction, s’ils ne font pénitence de leurs œuvres.
23. Je frapperai ses enfants de mort, et toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres. Mais je dis à toi 24. et à vous tous qui êtes à Thyatire : Tous ceux qui n’ont point cette doctrine, et qui ne connaissent pas les profondeurs de Satan, comme ils disent, je ne mettrai point d’autre poids sur vous.
25. Toutefois, ce que vous avez, gardez-le jusqu’à ce que je vienne.
26. Et celui qui aura vaincu, et aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations ; 27. il les gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme un vase de potier. 28. Comme je l’ai obtenu moi-même de mon Père, et je lui donnerai l’étoile du matin.
29. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
Texte de saint Jean Chrysostome
Lettre aux pères de famille chrétiens
sur la vie religieuse
Ne pas rechercher notre bien, mais celui du prochain :
Dieu n’a point créé l’homme pour qu’il borne ses soins à lui-même,
il veut qu’il les étende à tous ses frères
Si quelqu’un, ne prend pas soin de ceux qui le touchent, principalement de ceux de sa maison,
il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. (1 Tim. 5, 8.)
Portez les fardeaux les uns des autres,
ainsi vous accomplirez la loi du Christ (Gal 6, 2)
Le juge mettra une rigueur égale à nous demander raison et de notre salut et de celui du prochain ! Aussi saint Paul nous recommande-t-il partout de ne pas rechercher notre bien, mais celui du prochain. (Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui des autres. 1 Cor. 10, 24.) Aussi réprimande-t-il fortement les Corinthiens de ce qu’ils n’ont montré ni prévoyance ni soin à l’égard du fornicateur, et ont négligé sa blessure encore saignante. Et, écrivant aux Galates, il disait : Mes frères, si quelqu’un est tombé par surprise en quelque péché, vous autres, qui êtes animés de l’esprit de Dieu, relevez-le. (Gal. 6, 1.) Et auparavant il donnait aux Thessaloniciens les mêmes conseils, disant : Exhortez-vous les uns les autres, comme vous faites. Et encore : Redressez ceux qui sont dans le désordre, consolez les pusillanimes et soutenez les faibles. (1 Thess. 5, 11 et 14.) Pour que personne ne dise : Qu’ai-je affaire de songer aux autres ? que celui qui se perd consomme sa ruine, et que celui qui se sauve soit sauvé ; cela ne me regarde pas ; je n’ai reçu ordre que de m’occuper de mes affaires ; pour que personne ne dise cela et pour supprimer cette pensée sauvage et inhumaine, l’Apôtre dresse autour de nous comme une barrière inviolable le précepte de mépriser en plusieurs circonstances nos propres intérêts pour soigner ceux du prochain ; et il prescrit de garder partout cette règle sévère de conduite.
Dans son Épître aux Romains, il leur ordonne de regarder cette prévoyance comme une grande partie de leur devoir, recommandant aux forts de servir de pères aux faibles, et les exhortant à veiller à leur salut. (Nous devons donc, nous qui sommes plus forts, supporter les faiblesses des infirmes, et ne pas nous complaire en nous-mêmes. Que chacun de vous plaise à son prochain en ce qui est bien, pour l’édification ; car le Christ ne s’est pas complu en Lui-même, mais, ainsi qu’il est écrit : Les outrages de ceux qui t’outragent sont retombés sur Moi. Rom. 15, 1.)
Le mauvais exemple
Saint Paul dit que ceux qui négligent le salut de leurs frères pèchent contre Jésus-Christ lui-même et sapent l’édifice de Dieu. (Prenez garde que cette liberté ne soit une occasion de chute pour les faibles. Car si quelqu’un voit celui qui a la science assis à table dans un temple consacré aux idoles, sa conscience, qui est faible, ne le déterminera-t-elle pas à manger des viandes offertes aux idoles ? Et ainsi périra par la science ton frère encore faible, pour qui le Christ est mort. Or en péchant de la sorte contre les frères, et en blessant leur conscience qui est faible, vous péchez contre le Christ. C’est pourquoi si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair, afin de ne pas scandaliser mon frère. 1 Cor. 8, 12.) Et il ne dit pas cela de lui-même, mais pour l’avoir appris du Maître. En effet, le Fils unique de Dieu, voulant montrer que c’est là une obligation indispensable et que les plus grands maux sont réservés à ceux qui s’y soustraient, avait dit : Si quelqu’un scandalisait un de ces petits, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui suspendit au cou la meule de l’âne et qu’on le précipitât ainsi dans la mer. (Math., 18, 6.)
Celui qui rapporte son talent n’est pas puni pour avoir négligé son propre salut, mais pour n’avoir pas travaillé à celui du prochain. Notre vie, à nous, aurait beau être irréprochable, cela ne suffirait pas à nous exempter de l’enfer où nous pouvons être jetés pour notre négligence vis-à-vis du prochain. Si aucune raison ne peut justifier ceux qui n’auront pas voulu secourir corporellement leur prochain, et s’ils sont éloignés de la chambre nuptiale, quand même ils auraient pratiqué la virginité ; celui qui aura omis un point bien plus important (car le soin de l’âme est de beaucoup préférable à celui du corps), comment ne serait-il pas justement condamné aux plus terribles châtiments ? Dieu n’a point créé l’homme pour qu’il borne ses soins à lui-même, il veut qu’il les étende à tous ses frères.
Aussi saint Paul appelle-t-il les fidèles des flambeaux, montrant par là qu’ils doivent servir aux autres. (Faites toutes choses sans murmures et sans hésitations, afin que vous soyez irrépréhensibles et des enfants de Dieu sincères et sans tache au milieu d’une nation dépravée et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des astres dans le monde ; portant la parole de vie, en sorte que je puisse me glorifier, au jour du Christ, de n’avoir pas couru en vain, ni travaillé en vain. Philipp. II, 15.) Car le flambeau, s’il n’éclairait que soi, ne serait plus un flambeau. C’est pourquoi il dit que ceux qui négligent leur prochain sont pires que des païens : Si quelqu’un, dit-il, ne prend pas soin de ceux qui le touchent, principalement de ceux de sa maison, il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. (1 Tim. 5, 8.) Quel sens voulez-vous donner ici à ce mot de soin ? S’agit-il de fournir au prochain ce qui est nécessaire pour soutenir sa vie corporelle ? Pour moi, je crois que l’Apôtre veut parler du soin de l’âme ; et si vous me contestez ce point, mon raisonnement n’en sera que plus fort. Si saint Paul entend cette parole du corps, et s’il voue à un tel châtiment celui qui n’aura pas fourni le pain de chaque jour, s’il le déclare pire qu’un païen, quelle peine ne subira pas celui qui néglige un soin plus grand et plus important ?
Les degrés des soins du prochain
Le premier degré de méchanceté et de cruauté, c’est donc de voir souffrir les animaux et les bestiaux de ses ennemis et de passer outre sans leur porter secours.
Le deuxième en remontant, de refuser tout service à ses ennemis ; car autant l’homme est supérieur à la brute, autant cette faute l’emporte sur la précédente. (Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Mt 5, 44)
Le troisième degré, c’est de négliger ses frères, quand même ils seraient inconnus.
Le quatrième, de ne prendre aucun soin de ses parents.
Le cinquième, de ne pas les assister, non seulement dans leurs corps, mais surtout dans leur âme exposée à se perdre.
Le sixième, de négliger non seulement ses parents, mais ses enfants qui se perdent.
Le septième, de ne pas chercher des personnes qui pourraient en prendre soin.
Le huitième, d’empêcher et d’écarter d’eux ceux qui voudraient les secourir.
Le neuvième, de ne pas les éloigner seulement, mais encore de les combattre à outrance.
une gravité nouvelle à la circonstance du temps où nous vivons. Oui, nous serons plus sévèrement punis que les Juifs, si nous commettons les mêmes fautes ; Ce peuple vivait sous la loi de Moïse, et nous nous vivons sous celle de Jésus-Christ ; nous recevons de plus grandes grâces, nous jouissons d’une doctrine plus haute et plus parfaite, nous sommes comblés d’honneurs. Une faute si grave par sa nature et par ses circonstances attirera, vous le comprenez, un châtiment terrible sur les coupables.