Mes bien chers Frères,
Ce sermon s’adresse aux pères et aux éducateurs, je pense cependant qu’il intéressera tous les fidèles.
Saint Benoît nous dit quelles doivent être les qualités du père, il n’y a qu’à l’écouter et à les mettre en pratique.
Nous prêchons actuellement une retraite importante et je confie particulièrement à vos prières trois retraitants catéchumènes – non baptisés, donc.
Que Dieu vous bénisse !
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À partir de la règle de saint Benoît
Le père tient la place du Christ
C’est le fondement de son autorité, laquelle fonde son pouvoir.
Quand on voit quelle autorité et quel pouvoir saint Benoît demande au père abbé d’exercer, on comprend qu’il faut les reconnaître, et même plus, au père de famille.
Il aura à rendre compte de chaque enfant perdu. Il a une obligation de résultat et non de moyens seulement. Sauf si c’est malgré lui et malgré tous ses soins que la brebis s’est perdue.
Enseignement et exemple
ses ordres et ses enseignements doivent se répandre dans l’esprit de ses disciples, comme un levain de la divine justice.
Enseignement avec les disciples réceptifs, exemple avec les durs et les simples.
Reprends, supplie, menace, avec bonté
Sévérité d’un maître, tendresse d’un père.
Ainsi, encore, reprendra-t-il plus durement les indociles et les turbulents ;
il suppliera de progresser ceux qui sont obéissants, doux et patients ;
quant aux négligents et aux rebelles, nous l’avertissons de les menacer et de les corriger.
Qu’il ne ferme pas les yeux sur les péchés des délinquants. Mais qu’il les retranche autant qu’il le pourra, jusque dans les racines, aussitôt qu’il les verra naître, se souvenant du malheur d’Héli, grand-prêtre de Silo. (Cela ne signifie pas rudesse et peut s’allier à la bonté. La bonté sera d’autant plus facile qu’on s’y sera pris tôt.)
Pour ce qui est des âmes plus délicates et intelligentes, il lui suffira de les reprendre une fois ou deux par des admonitions ; tandis qu’il doit punir par des verges et autres châtiments corporels les méchants, les opiniâtres, les superbes et les désobéissants, et cela dès qu’ils commenceront à mal faire, sachant qu’il est écrit : »L’insensé ne se corrige point par des paroles » ; (Pr 29,19) 29 et encore : « Frappe des verges ton fils et tu délivreras son âme de la mort. » (Pr 23,14)
N. B. Saint Jean Bosco n’a frappé un enfant qu’une fois dans sa vie et savait qu’il prenait un gros risque. Les temps difficiles appellent cette douceur plus que la force. Encore que saint Jean Bosco mettait à la porte ceux qui contaminaient les autres.
Tel a besoin d’être conduit par les caresses, tel autre par les remontrances, tel encore par la persuasion.
L’abbé doit donc se conformer et s’adapter aux dispositions et à l’intelligence de chacun, en sorte qu’il puisse, non seulement préserver de tout dommage le troupeau qui lui est confié, mais encore se réjouir de l’accroissement de ce bon troupeau.
Le plus important : le salut des âmes
Qu’il pense sans cesse que ce sont des âmes qu’il a reçues à conduire et qu’il devra en rendre compte.
De peur qu’il ne se préoccupe à l’excès de la modicité des ressources du monastère, il se rappellera qu’il est écrit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice : le reste vous sera donné par surcroît » ; (Mt 6,33) 36 et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. » (Ps 33,10)
Règle de saint Benoît
Chapitre 2 Les qualités que doit avoir l’abbé
Il tient la place du Christ
1 L’abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler sans cesse le titre qu’il porte et réaliser par ses actes le titre de supérieur.
2 On croit fermement, en effet, qu’il tient la place du Christ dans le monastère, puisqu’on l’appelle de son nom même, 3 selon ces paroles de l’Apôtre : « Vous avez reçu l’esprit des fils d’adoption, par lequel nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ». (Rm 8,15 ; Ga 4,6)
Enseignement et exemple
4 L’abbé ne doit donc rien enseigner, établir ou commander qui s’écarte des préceptes du Seigneur ;
5 mais ses ordres et ses enseignements doivent se répandre dans l’esprit de ses disciples, comme un levain de la divine justice.
6 L’abbé doit se souvenir sans cesse qu’au redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses : de son enseignement et de l’obéissance de ses disciples.
7 Qu’il sache que l’on imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de mécompte dans ses brebis.
8 Au contraire, c’est pour autant qu’il aura consacré toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, 9 que lui-même sera absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète : « Je n’ai point caché ta justice, dans mon cœur : je leur ai dit ta fidélité et ton salut, mais ils n’en ont fait aucun cas et ils m’ont méprisé. »
10 Alors, en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur pasteur.
11 Celui qui accepte le nom d’abbé doit donc gouverner ses disciples par un double enseignement, 12 c’est-à-dire leur montrer tout ce qui est bon et saint par des actes plus encore que par des paroles. Aux disciples réceptifs, il enseignera par ses paroles les commandements du Seigneur ; aux cœurs durs et aux simples, il les fera voir par son exemple.
13 C’est aussi par ses actes qu’il apprendra à ses disciples à éviter ce qu’il leur aura dénoncé comme contraire à la loi divine, de peur qu’après avoir prêché aux autres, il ne soit lui-même réprouvé (allusion 1Co 9,27)
14 et que Dieu ne lui dise un jour à cause de ses péchés : « Pourquoi proclames-tu mes lois et déclares-tu mon alliance par ta bouche, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles ? » (Ps 49,16-17) 15 et encore : « Toi qui voyais un fétu dans l’œil de ton frère, tu n’as pas vu la poutre dans le tien. » (Mt 7,3)
Acception de personnes
16 Que l’abbé ne fasse donc point acception des personnes dans le monastère.
17 Qu’il n’aime point l’un plus que l’autre, si ce n’est celui qu’il trouvera plus avancé dans les bonnes actions et l’obéissance.
18 L’homme libre ne sera pas préféré à celui qui sera venu de l’esclavage, à moins qu’il n’y ait à cela une autre cause raisonnable.
19 Si l’abbé juge, pour un juste motif, pouvoir faire cette distinction, qu’il en use ainsi à l’égard de chacun, de quelque condition qu’il soit ; hormis le cas susdit, que chacun garde sa place !
20 Car, libres ou esclaves, nous sommes tous un dans le Christ (allusion Ga 3,28 ; Ep 6,8 ; Rm 2,11), et nous portons tous les mêmes armes, au service d’un même Seigneur. Auprès de Dieu, en effet, il n’y a pas acception de personnes. (allusion Col 3,25)
21 La seule chose qui nous distingue à ses yeux, c’est le fait d’être plus riche que d’autres en bonnes œuvres et en humilité.
22 L’abbé témoignera donc à tous une égale charité ; et il n’y aura pour tous qu’une même discipline, appliquée selon les mérites de chacun.
Reprends, supplie, menace
23 Dans son enseignement, l’abbé doit toujours suivre le modèle que lui donne l’Apôtre quand il dit : « Reprends, supplie, menace. » (2Tm 4,2)
24 Ainsi doit-il varier sa manière selon les circonstances, mêlant douceurs et menaces, montrant tantôt la sévérité d’un maître, tantôt la tendresse d’un père.
25 Ainsi, encore, reprendra-t-il plus durement les indociles et les turbulents ; il suppliera de progresser ceux qui sont obéissants, doux et patients ; quant aux négligents et aux rebelles, nous l’avertissons de les menacer et de les corriger.
26 Qu’il ne ferme pas les yeux sur les péchés des délinquants. Mais qu’il les retranche autant qu’il le pourra, jusque dans les racines, aussitôt qu’il les verra naître, se souvenant du malheur d’Héli, grand-prêtre de Silo.( Héli avait négligé de corriger ses fils débauchés. Il mourut de chagrin en apprenant le défaite ses siens allusion 1S 2,12et ss)
27 Pour ce qui est des âmes plus délicates et intelligentes, il lui suffira de les reprendre une fois ou deux par des admonitions ; 28 tandis qu’il doit punir par des verges et autres châtiments corporels les méchants, les opiniâtres, les superbes et les désobéissants, et cela dès qu’ils commenceront à mal faire, sachant qu’il est écrit : »L’insensé ne se corrige point par des paroles » ; (Pr 29,19) 29 et encore : « Frappe des verges ton fils et tu délivreras son âme de la mort. » (Pr 23,14)
30 L’abbé doit toujours se rappeler ce qu’il est, se rappeler le titre qu’il porte ; savoir qu’il est exigé davantage à qui a été confié davantage.
31 Qu’il considère combien difficile et laborieuse est la charge qu’il a reçue de conduire les âmes et de s’accommoder aux caractères d’un grand nombre. Tel a besoin d’être conduit par les caresses, tel autre par les remontrances, tel encore par la persuasion.
32 L’abbé doit donc se conformer et s’adapter aux dispositions et à l’intelligence de chacun, en sorte qu’il puisse, non seulement préserver de tout dommage le troupeau qui lui est confié, mais encore se réjouir de l’accroissement de ce bon troupeau.
Le salut des âmes
33 Avant tout qu’il se garde de négliger ou de compter pour peu le salut des âmes qui lui sont confiées, sans donner plus de soin aux choses passagères, terrestres et caduques.
34 Qu’il pense sans cesse que ce sont des âmes qu’il a reçues à conduire et qu’il devra en rendre compte.
35 Et, de peur qu’il ne se préoccupe à l’excès de la modicité des ressources du monastère, il se rappellera qu’il est écrit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice : le reste vous sera donné par surcroît » ; (Mt 6,33) 36 et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. » (Ps 33,10)
37 Qu’il sache donc bien que ce sont des âmes qu’il a reçues à conduire ; qu’il soit prêt à en rendre compte.
38 Quel que soit le nombre des frères placés sous sa garde, qu’il sache avec certitude qu’au jour du jugement il devra rendre comte au Seigneur de toutes ces âmes, et de plus, sans nul doute, de la sienne propre.
39 Vivant ainsi dans la crainte constante de cet examen qui attend le pasteur au sujet de ses brebis, c’est le souci même des comptes dus pour autrui qui le rendra attentif sur lui-même, 40 et, en corrigeant les autres par ses avis, il se corrigera de ses propres défauts.
Chapitre 64 L’élection de l’abbé
7 L’abbé, une fois établi, pensera sans cesse à la nature du fardeau qu’il a reçu, et à Celui à qui il devra rendre compte de son administration.
Bonté
8 Qu’il sache qu’il lui faut aider bien plus que régir.
9 Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir et d’avoir où puiser les leçons anciennes et nouvelles. Qu’il soit chaste, sobre, miséricordieux ; 10 que toujours il préfère la miséricorde à la justice, afin d’obtenir pour lui-même un traitement semblable.
11 Qu’il haïsse les vices, mais qu’il aime les frères.
12 Dans la correction même, il agira avec prudence et sans excès, de crainte qu’en voulant trop racler la rouille, il ne brise le vase.
13 Il aura toujours devant les yeux sa propre faiblesse, et se souviendra qu’il ne faut pas broyer le roseau déjà éclaté.
14 Et par là nous n’entendons pas qu’il puisse laisser les vices se fortifier, mais qu’il les détruise avec prudence et charité, en adaptant les moyens à chacun, comme nous l’avons déjà expliqué.
15 Il s’efforcera plus à se faire aimer qu’à se faire craindre.
16 Qu’il ne soit ni turbulent, ni inquiet ; qu’il ne soit ni excessif, ni opiniâtre ; qu’il ne soit ni jaloux, ni trop soupçonneux ; sinon, il n’aura jamais de repos.
17 Dans ses commandements, il sera prévoyant et circonspect. Dans les tâches qu’il distribuera, soit qu’il s’agisse des choses de Dieu, soit de celles du monde, il se conduira avec discernement et modération, 18 et se rappellera la discrétion du saint patriarche Jacob, qui disait : « Si je fatigue mes troupeaux en les faisant trop marcher, ils périront tous en un jour. » (Gn 33,13)
19 Imitant donc cet exemple et d’autres semblables de la discrétion, cette mère des vertus, qu’il tempère tellement toute chose que les forts désirent faire davantage et que les faibles ne se dérobent pas.
20 Par dessus tout, qu’il observe tous les points de la présente Règle, 21 afin qu’après avoir bien servi, il s’entende adresser par le Seigneur cette parole au bon serviteur qui avait distribué le froment, en temps opportun, à ses compagnons :
22 « En vérité je vous le dis, le Maître l’établira sur tous ses biens. » (Mt 24,47)