La résistance aux persécuteurs
l’importance de la résistance en famille

Mes bien chers Frères,

Il ne m’a malheureusement pas été possible d’enregistrer mon sermon.

Comme je viens de retrouver un livre sur l’exemple des familles chrétiennes en URSS, livre que j’avais lu étant étudiant et dont je savais qu’il portait de bonnes leçons pour notre époque, je voulais prêcher sur ce sujet. Je vous donne donc les notes que j’avais prises. Elles sont brutes de décoffrage, c’est de plus un sujet complexe. J’espère que vous pourrez néanmoins en faire votre profit.

Que Dieu vous bénisse !

Projet de sermon

Nous avons trois grands exemples de chrétiens sous persécution révolutionnaire : les Vendéens, les catholiques d’URSS, les catholiques de Chine. Dans les trois cas la leçon à retenir est la même : maintenir coûte que coûte publiquement, tout en appuyant le témoignage public sur une organisation clandestine. Il est possible d’analyser cette résistance en quatre points : prière, enseignement, exemple, action.

1. la prière

Les cérémonies du culte

C’est en premier l’exercice du culte public le plus longtemps possible, clandestin ensuite. Même quand les Vendéens furent obligés de quitter les églises desservies par des prêtres ayant prêté le serment de fidélité à la République, ils poursuivirent les pèlerinages.
Ensuite, ce fut le culte clandestin dans les maisons, dans les granges, dans les bois.

En Chine de même : l’Église dite « souterraine » a maintenu une véritable Église clandestine avec ses évêques, ses prêtres, ses séminaires, ses lieux de culte.

En URSS, la situation fut moins nette, du fait que les orthodoxes – schismatiques – étaient dans la main du pouvoir qui s’en servait pour contrôler et limiter la vie religieuse. Mais la Lituanie était un état catholique et la cohésion de son peuple dans la foi lui permit de maintenir un culte plus ou moins public. En Ukraine, les catholiques furent terriblement persécutés du fait qu’ils étaient de rite oriental – comme les orthodoxes, mais catholiques – et que leur influence sur le pays était grande. Toutes leurs cérémonies furent clandes­tines. Les Orthodoxes ukrainiens furent utilisés par le pouvoir plus qu’ailleurs.

Le culte, c’est aussi la confession sacramentelle, la communion privée.

La prière en famille

La prière en famille est à la fois, la prière strictement familiale, la participation avec la famille aux cérémonies du culte, la participation personnelle comme enfants de chœur, membres de la chorale, et par la confession.

En URSS, c’est en premier l’exemple de la prière des parents qui donne le goût de la prière et de la vie chrétienne aux enfants. Puis, dès qu’ils le peuvent ils doivent participer activement à la prière familiale, mais aussi au culte de leur propre mouvement.

Par exemple, un directeur d’école interdit à la mère et son fils aîné de 14 ans de participer au culte à l’église (ce qui est interdit en dessous de 18 ans). Ceux-ci ne répondent rien, mais saisissent la première occasion pour se confesser, ce qui, dans le rite oriental, se fait à l’entrée du chœur, en secret, mais en public.

2. L’enseignement

La connaissance de la doctrine est essentielle. C’est à travers elle qu’on connaît Dieu et toute la religion.

La famille tient une place essentielle dans l’enseignement des petits enfants, puis pour suppléer les cours de catéchisme quand le prêtre ne peut plus les donner.

Certaines familles organisent les cours pour celles qui ne sont pas en mesure de les donner.

L’enseignement des enfants doit leur donner des connaissances, mais surtout des convictions. Pour cela, l’enseignement ne peut se limiter aux cours de catéchisme.

En Chine, les prêtres préparaient des feuillets exposant les principaux points de la doctrine et répondant aux objections des persécuteurs.

En URSS beaucoup de feuillets contenant soit la doctrine, soit les prières, étaient recopiés artisanalement, à la main.

3. L’exemple

Le grand danger est la compromission. La Révolution française proposa aux prêtres toute liberté en échange d’un serment de fidélité à la République.

En Chine, ce fut la politique de la main tendue.

En URSS ce fut l’enregistrement des prêtres pour qu’ils reçoivent un « permis de ministère » qu’on menaçait de leur retirer s’ils ne respectaient pas les consignes du pouvoir, notamment s’ils n’écartaient pas les enfants du catéchisme et des sacrements.

Il faut toujours bien se rappeler que les épreuves ne sont pas des accidents de parcours à contourner, mais qu’elles ont un but : celui de montrer notre fidélité et, par là, de mériter le ciel, comme le Christ a voulu la croix pour lui et pour nous afin de nous sauver.

L’exemple suppose un témoignage public de la foi devant les persécuteurs. Les persécutions sont permises par Dieu pour cela.

Les professions de foi des parents sont des exemples convaincants pour les enfants.

En Union Soviétique, c’est chaque jour que les chrétiens, enfants et adultes, sont amenés à faire, en paroles et surtout en actes, le renouvellement dangereux de leur profession de foi.

Pie XI : « on ne peut collaborer en rien avec le communisme, car c’est intrinsèquement qu’il est pervers. » Intrinsèquement, c’est-à-dire que toute collaboration avec lui entraîne une collaboration avec ses faux principes.

4. L’action

C’est d’abord l’action de soutien aux frères dans la foi. Créer des « Églises domestiques » à plusieurs familles.

C’est ensuite, dans la mesure du possible, l’action conquérante.

Conclusion : application aux catholiques d’aujourd’hui

L’application est facile. J’insisterai sur le devoir d’éviter toute compromission. Si on ne peut collaborer avec le communisme parce que sa perversion est intrinsèque, cela est vrai de toute perversion intrinsèque : celle du modernisme, celle de la Révolution.

Puisque d’éviter les compromissions entraîne nécessai­rement de s’écarter des prêtres compromis, il y aura des dimanches sans prêtres. Il est alors nécessaire de sanctifier le dimanche, si possible en public avec d’autres familles, sinon en famille.

Ces réunions des familles le dimanche sont aussi le moyen de se soutenir.

Importance pour les fidèles de la Fidélité Catholique de s’organiser.

Notes de lecture

Extraits et résumés de Les familles chrétiennes en URSS

Ce qui est spécifique des familles chrétiennes, c’est que, dans un océan d’athéisme et d’athéisation, elles représentent chacune un petit ilot d’un immense archipel, l’archipel de Dieu. Chacune de ces familles chrétiennes s’efforce d’être aussi une modeste, mais authentique église domestique. La présence de l’Église dans la société soviétique se prolonge en profondeur par la vie quotidienne, familiale, sociale et professionnelle de tous les chrétiens.

Les familles chrétiennes sont doublement persécutées, parce qu’elles sont chrétiennes et parce qu’elles sont des familles.

La résistance par la pratique religieuse. Par les baptêmes.

Par les cérémonies religieuses. Il est interdit aux enfants de moins de 18 ans de fréquenter les cérémonies religieuses et encore plus de servir la messe. Or, les familles bravent ces interdits. Un élève de terminale s’absente de l’école après la première heure de cours un 25 décembre. Le professeur demande aux parents la raison. Les parents répondent qu’il s’est rendu à l’église, car Noël est une fête d’obligation pour tous les catholiques.

« Le professeur — Vous obligez vos enfants à rester à genoux. — Personne ne les oblige, répond la mère, ma fille est toujours allée à l’église spontanément et elle y va même pour l’adoration. — Faites-la rester à la maison, conseille le professeur. — Cela, jamais, je n’ai pas l’intention de contribuer à arracher Dieu aux âmes des jeunes enfants. »

« Est-ce vrai que tu vas à la messe ? demande le professeur à un élève. — Non seulement j’y vais, mais je joue de l’orgue. — Nous verrons comment tu te tairas quand tu seras obligé de faire ton service militaire ! »

Le rôle des familles chrétiennes dans la bataille contre les fonctionnaires communistes est primordial, car les prêtres seuls sont très vulnérables puisqu’ils sont sans cesse menacés de se voir retirer leur autorisation de ministère ou de la fermeture de leur église.

C’est la Lituanie qui offre le plus bel exemple de résistance. C’est l’unité entre prêtres et laïcs, entre le clergé et les familles, chacun s’appuyant sur l’autre, qui fait la force de la Lituanie. Les familles enseignent le catéchisme.

En Lituanie, l’Église catholique, bien qu’elle puisse avoir quelques activités publiques, est contrainte à la clandestinité quant aux congrégations religieuses, aux jeunes qui se préparent au sacerdoce, à la préparation des enfants à la première communion et à la confirmation, à la visite des malades dans les hôpitaux.

Dans le reste de l’Union Soviétique, l’Église est contrainte à une clandestinité encore plus grande, car la répression est plus forte. Cependant, quant elle est bien organisée, elle est difficilement repérable.

Cependant, les catholiques de rite oriental (en Ukraine) sont contraints à la clandestinité la plus absolue, car Moscou a prétendu les rattacher de force à l’Église orthodoxe schismatique. Ils sont persécutés sans pitié. Mais ce sont eux dont la vitalité chrétienne est la plus grande. Les conseils qui leurs sont donnés en cas de perquisition à domicile est de se mettre aussitôt à genoux et de prier sans rien répondre. La situation sera la même en France et en Europe pour les catholiques de Tradition se tenant à l’écart de la hiérarchie moderniste. Ce sont les plus dangereux pour le pouvoir et, s’ils n’acceptent de rejoindre l’Église valet du mondialisme, ils seront persécutés eux aussi sans pitié. Mais ce seront eux qui auront le plus de vitalité.

Il faut noter que les catholiques des villes sont dans une situation beaucoup plus difficile, car il leur est difficile de se connaître et à se rencontrer.

Le rayonnement des familles chrétiennes : la prière, l’exemple, l’apostolat.

Prière : les tout petits enfants commencent à prier parce qu’ils voient leurs parents prier.

L’exemple. C’est l’attitude timorée de ceux qui jouent double jeu qui renforce l’audace de la répression athée. L’exemple que les enfants doivent donner est de ne pas s’inscrire aux jeunesses communistes, de ne pas se cacher pour fréquenter l’Église, de ne pas nier ou cacher leur foi quand ils sont interrogés, de soutenir ceux qui sont interrogés en déclarant que eux aussi sont catholiques, vont à l’église, prient en famille…

L’apostolat. En tout premier le soutien aux autres catholiques, l’enseignement du catéchisme. Mais aussi, quand c’est possible, un apostolat plus conquérant.