La Fraternité Saint Pie X vient de publier un communiqué suite à la mise en cause de Mgr Viganò. Voici le texte. Mes commentaires sont en rouge dans le texte. Abbé François Pivert.
21 juin 2024
Mgr Carlo Maria Viganò a publié sur internet la lettre du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) qui lui signifie sa citation à comparaître au Palais du DDF le 20 juin, après l’ouverture d’un procès pénal « extrajudiciaire » à son encontre.
Un peu d’explication
Qu’est-ce qu’un procès pénal extrajudiciaire ? Selon le Vademecum du DDF publié le 5 juin 2022, le procès pénal extrajudiciaire, parfois appelé « procès administratif », est une forme de procès pénal qui réduit les formalités prévues dans le procès judiciaire, afin d’accélérer le cours de la justice, sans pour autant éliminer les garanties processuelles requises pour un jugement juste.
On ne demande pas à la justice d’être rapide, mais d’être juste. Est-il possible que les garanties processuelles soient efficacement garanties si on ne prend pas le temps nécessaire et si on réduit les formalités ? Alors, pourquoi choisir ce type de procès plutôt que le procès judiciaire ? Parce qu’il s’agit de donner une apparence de justice à une décision arbitraire déjà prise.
Pour les délits réservés au DDF, il revient au seul DDF, au cas par cas, ex officio ou sur requête de l’Ordinaire, de décider s’il faut procéder par cette voie. Tout comme le procès judiciaire, le procès pénal extrajudiciaire peut se dérouler au DDF – ce qui est le cas pour Mgr Viganò – ou être confié à une instance inférieure.
La Fraternité Saint Pie X traite toutes ses affaires par cette procédure administrative. Le livre Quel droit pour la Tradition ? en donne l’évidence. Il n’y a donc pas à s’étonner qu’elle accepte le code moderniste et présente ce « procès extrajudiciaire » sans réticence en ne voulant pas voir qu’il est une nouveauté pour asseoir l’arbitraire, éliminer facilement les opposants gênants et protéger les complices du régime en place.
« Il revient au Dicastère pour la Doctrine de la Foi de décider s’il faut procéder par cette voie. » Selon quels critères ? Arbitrairement ? C’est la seule réponse possible.
Les accusations portées par le DDF
Le décret de convocation fait mention du chef d’accusation auquel il aura à faire face au cours du procès. Le crime de schisme est mis en avant, du fait d’affirmations publiques d’où émerge une négation des éléments nécessaires au maintien de la communion avec l’Eglise catholique : déni de la légitimité du pape François, rupture de la communion avec lui, et rejet du concile Vatican II.
Reconnaître la légitimité de Bergoglio est nécessaire pour maintenir la communion avec l’Église catholique ? Accepter Vatican II est nécessaire pour ne pas être en rupture avec l’Église catholique ? La Fraternité Saint Pie X se dévoile !
A la suite de cette convocation, Mgr Viganò a publié un communiqué, consultable sur internet, pour répondre à ces accusations. Il se défend de diverses manières, invoquant les errances du pontificat actuel, rejetant les erreurs néo-modernistes, et croyant pouvoir comparer son cas à celui de Mgr Marcel Lefebvre, lui aussi convoqué en son temps au Palais de l’ex-Saint-Office.
Pourquoi la Fraternité Saint Pie X ne donne-t-elle pas les arguments de Mgr Viganò ? Ils ne sont pas intéressants ? On les trouvera ici : J’accuse et Attendite a falsis prophetis, Méfiez-vous des faux prophètes.
Il est cependant un point qui le différencie notablement du fondateur de la Fraternité Saint-Pie X : Mgr Viganò se livre dans son texte à une nette déclaration de sédévacantisme. Autrement dit, selon lui, le Pape François n’est pas pape.
Comment explique-t-il cela ? En raison d’un « vice de consentement » chez le cardinal Jorge Bergoglio, au moment d’accéder au pouvoir suprême : considérant la papauté comme autre chose que ce qu’elle est vraiment, l’élu de 2013 accepta la charge pontificale sans y consentir pleinement, et cette erreur entraîna la nullité de son acceptation. Son pontificat serait dès lors celui d’un figurant.
Sur ce point, ni Mgr Lefebvre, ni la Fraternité qu’il a fondée, n’ont accepté de s’aventurer.
Le problème des « sédévacantistes » n’est pas d’affirmer que Bergoglio n’est pas pape. Il est de la fausse théologie sur laquelle ils s’appuient. C’est leur fausse théologie que Mgr Lefebvre réprouvait. Quant au fait que celui qui était sur le trône de Pierre puisse ne pas être pape, cela ne le choquait pas. Bien plus, il l’envisageait clairement dans son sermon de Pâques 1986 (audio et transcription). Mais, surtout, il plaçait le problème de la foi bien au-dessus de celui du pape, pape ou non.