Sermons sur l’Église
10. Qui n’appartient pas à l’Église

Mes bien chers Frères,

Avec qui sommes-nous amis, avec qui ne le sommes-nous pas ? C’est la question de qui est hors de l’Église. Question importante, vous vous en rendez compte.

Eh bien ! Il est temps d’y répondre et cela donnera également un début de lumière sur la situation actuelle de l’Église et de nos rapports avec ses chefs actuels.

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Résumé du sermon
Catéchisme du Concile de Trente
Saint Thomas d’Aquin

Résumé du sermon

Voir catéchisme du concile de Trente

Infidèles : on distingue les infidèles qui n’ont jamais connu le Christ et les juifs qui l’ont connu et refusé. (Nous ne parlons pas des juifs de l’Ancien Testament, car ils avaient la foi et, à ce titre étaient des amis de Jésus-Christ qu’ils attendaient. Ils étaient donc membres de l’Église.) Telle est la définition du juif aujourd’hui. Voir Le judaïsme pour les nuls : ni la croyance, ni la loi morale, ni la race, ni l’origine ne définit le juif. Le judaïsme est une cooptation de ceux qui connaissent le Christ, mais le refusent. Certains, parmi eux, le refusent et le combattent soit en combattant les chrétiens, soit en combattant l’Église, soit en combattant la révélation, soit en essayant d’arracher la racine de la foi et de la croyance en Dieu, en combattant le principe même de la vérité.

Note sur la synodalité.

Les hérétiques. Voir saint Thomas d’Aquin. Nier un seul article de la foi rend hérétique. Au contraire, celui qui se trompe sans refuser l’enseignement du Christ transmis par l’Église n’est hérétique qu’en apparence, mais pas de cœur.

Sont extérieurement apostats et assimilés aux hérétiques ceux qui ont nié extérieurement le Christ ou la foi chrétienne, même par faiblesse. Leur péché les fait sortir de l’âme de l’Église, leur reniement extérieur les fait sortir du corps. Mais ils peuvent facilement y rentrer. Saint Pierre.

Les schismatiques. Rompent la charité qui est le lien d’union de l’Église. Souvent cela se fait par séparation de la tête visible de l’Église, le pape, mais cela peut se faire directement. En ce sens le pape peut tomber dans le schisme en se séparant de l’Église ou en mettant la division dans l’Église.

L’excommunication est une peine analogue à la peine de mort. L’Église retranche de son sein ceux qui peuvent causer des dommages graves à l’Église et aux chrétiens.

Les autres pécheurs continuent à appartenir au corps de l’Église, bien qu’ils n’appartiennent plus à l’âme.

Les chefs y compris le pape peuvent tomber dans l’hérésie, dans le schisme. Ils perdent alors tout pouvoir. Mais s’ils ne sont pas retranchés de l’Église, ils conservent leur pouvoir. La question de savoir qui peut déclarer le pape retranché de l’Église, voire même qui pourrait le retrancher, est une autre question, heureusement exceptionnelle qui appelle des réponses exceptionnelles.

Catéchisme du concile de Trente

De ce que nous venons de dire il résulte que trois sortes de personnes seulement sont exclues de l’Église : premièrement les infidèles, ensuite les hérétiques et les schismatiques, et enfin les excommuniés.

– Les infidèles, parce que jamais ils n’ont été dans son sein, qu’ils ne l’ont point connue, et qu’ils n’ont participé à aucun sacrement dans la société des chrétiens.

– Les hérétiques et les schismatiques, parce qu’ils l’ont abandonnée, et que dès lors ils ne peuvent pas plus lui appartenir qu’un déserteur n’appartient à l’armée qu’il a quittée. Cependant, on ne saurait nier qu’ils ne restent sous sa puissance. Elle a le droit de les juger, de les punir, de les frapper d’anathème.

– Enfin les excommuniés, parce qu’elle les a chassés de son sein par sa propre sentence et qu’ils ne sont plus de sa Communion, tant qu’ils ne se convertissent pas. Pour tous les autres, quelque méchants et quelque criminels qu’ils soient, il n’est pas douteux qu’ils font encore partie de l’Église. Et c’est une vérité qu’on ne saurait trop redire aux fidèles, afin que si par malheur la vie de leurs Chefs spirituels devenait scandaleuse, ils sachent bien que même de tels Pasteurs appartiendraient toujours à l’Église, et ne perdraient rien de leur autorité.

Saint Thomas d’Aquin

La confession de la foi, Somme 2a 2ae 3

ad 1. Il y a trois sortes de confessions qui sont louées dans les Écritures. L’une est la confession de foi, et celle-là est un acte propre de la vertu de foi, étant rapportée, comme nous venons de le dire, au but même de la foi. Une autre confession est celle de l’action de grâce ou de la louange, et celle-là est un acte du culte de latrie : elle tend à rendre extérieure­ment honneur à Dieu, ce qui est le but du culte de latrie. La troisième est la confession des péchés, et celle-là est ordonnée à l’effacement du péché, lequel est le but de la pénitence. Aussi concerne-t-elle la pénitence.

Corpus. Ce qui est nécessaire au salut tombe sous les préceptes de la loi divine. La confession de la foi, étant quelque chose de positif, ne peut tomber que sous un précepte positif. Aussi se range-t-elle parmi les choses nécessaires au salut de la même façon dont elle peut tomber sous un précepte positif de la loi divine. Or les préceptes positifs, nous l’avons dit, n’obligent pas à tout instant, encore qu’ils obligent tout le temps : ils obligent à l’endroit et au moment voulus, et suivant les autres circonstances voulues auxquelles doit se limiter un acte humain pour pouvoir être un acte de la vertu. Ainsi donc confesser la foi n’est pas de nécessité de salut à tout moment ni en tout lieu ; mais il y a des endroits et des moments où c’est nécessaire : quand en omettant cette confession, on soustrairait à Dieu l’honneur qui lui est dû, ou bien au prochain l’utilité qu’on doit lui procurer. Par exemple si quelqu’un, alors qu’on l’interroge sur la foi, se tait, et si l’on peut croire par là ou qu’il n’a pas la foi ou que cette foi n’est pas vraie, ou que d’autres par son silence seraient détournés de la foi. Dans ces sortes de cas la confession de la foi est nécessaire au salut.

ad 1. La fin de la foi, comme celle des autres vertus doit être rapportée à la fin de la charité, qui est d’aimer Dieu et le prochain. Et c’est pourquoi, quand l’honneur de Dieu ou l’utilité du prochain le demande, on ne doit pas se contenter de s’unir à la vérité divine par sa foi, mais on doit confesser cette foi au-dehors.

2. En cas de nécessité, là où la foi est en péril, n’importe qui est tenu de faire connaître sa foi, soit pour instruire ou affermir les autres fidèles, soit pour repousser les attaques des infidèles. Mais en d’autres temps, instruire les gens dans la foi n’est pas l’affaire de tous les fidèles.

3. Si le trouble chez les infidèles naît d’une profession de foi proclamée sans aucune utilité ni pour la foi ni pour les fidèles, il n’est pas louable de confesser la foi publiquement. D’où la parole du Seigneur (Mt 7, 6) : “Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur que, retournés contre vous, ils vous déchirent.” Mais, si l’on espère pour la foi quelque utilité, ou s’il y a nécessité, alors méprisant le trouble des infidèles, on doit publiquement confesser la foi. De là cette réponse du Seigneur (Mt 15, 14), alors que les disciples lui avaient dit les pharisiens scandalisés par une de ses paroles : “Laissez-les”, sous-entendu se troubler, “ce sont des aveugles et des conducteurs d’aveugles”.

L’hérésie Somme 2a 2ae 5, 3

Corpus. L’hérétique qui refuse de croire à un seul article de foi ne garde pas l’habitus de foi, ni de foi formée, ni de foi informe. Cela vient de ce que, dans un habitus quel qu’il soit, l’espèce dépend de ce qu’il y a de formel dans l’objet ; cela enlevé, l’habitus ne peut demeurer dans son espèce. Or, ce qu’il y a de formel en l’objet de foi, c’est la vérité première telle qu’elle est révélée dans les Saintes Écritures et dans l’enseignement de l’Église, qui procède de la Vérité première. Par suite, celui qui n’adhère pas, comme à une règle infaillible et divine, à l’enseignement de l’Église qui procède de la Vérité première révélée dans les Saintes Écritures, celui-là n’a pas l’habitus de la foi. S’il admet des vérités de foi, c’est autrement que par la foi. Comme si quelqu’un garde en son esprit une conclusion sans connaître le moyen qui sert à la démontrer, il est clair qu’il n’en a pas la science, mais seulement une opinion.

En revanche, il est clair aussi que celui qui adhère à l’enseignement de l’Église comme à une règle infaillible, donne son assentiment à tout ce que l’Église enseigne. Autrement, s’il admet ce qu’il veut de ce que l’Église enseigne, et n’admet pas ce qu’il ne veut pas admettre, à partir de ce moment-là il n’adhère plus à l’enseignement de l’Église comme à une règle infaillible, mais à sa propre volonté. Ainsi est-il évident que l’hérétique qui refuse opiniâtre­ment de croire à un seul article n’est pas prêt à suivre en tout l’enseignement de l’Église ; car s’il n’a pas cette opiniâtreté, il n’est pas déjà hérétique, il est seulement dans l’erreur. Par là il est clair que celui qui est un hérétique opiniâtre à propos d’un seul article, n’a pas la foi à propos des autres articles, mais une certaine opinion dépendant de sa volonté propre.

[39037] ad 1. Les autres articles de foi sur lesquels l’hérétique n’est pas dans l’erreur, il ne les admet pas de la même manière que les admet le fidèle, c’est-à-dire par une simple adhésion à la Vérité premières, adhésion pour laquelle on a besoin d’être aidé par l’habitus de foi. L’hérétique, lui, admet des points de foi par sa propre volonté et par son propre jugement.

Le schisme 2a 2ae 39, 1

Le péché de schisme est proprement un péché spécial du fait qu’on veut se séparer de l’unité que la charité réalise. La charité unit non seulement une personne à une autre par le lien de l’amour spirituel, mais encore rassemble l’Église tout entière dans l’unité de l’Esprit. On appellera donc schismatiques à proprement parler ceux qui d’eux-mêmes et intentionnellement se séparent de l’unité de l’Église, qui est l’unité primordiale. Car l’union particulière entre les individus est ordonnée à l’unité de l’Église, de même que l’organisation des différents membres dans le corps naturel est ordonnée à l’unité du corps entier.

Or, l’unité de l’Église est envisagée de deux façons : dans la connexion ou la communica­tion réciproque des membres de l’Église entre eux ; et en outre, dans l’ordre de tous les membres de l’Église à une tête unique, selon S. Paul (Col 2, 18) : “Bouffi d’un vain orgueil par son intelligence charnelle, il ne s’attache pas à la Tête d’où le corps tout entier, par les ligaments et les jointures, tire nourriture et cohésion pour réaliser sa croissance en Dieu.” Or, cette tête, c’est le Christ lui-même, dont le souverain pontife tient la place dans l’Église. C’est pourquoi on appelle schismatiques ceux qui ne veulent pas se soumettre au souverain pontife, et qui refusent la communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis.