Mes chers Amis,
Je vous ai dit qu’il vous faut trouver un prêtre qui soit l’ami de votre âme. Eh bien, que devez-vous lui demander en tout premier ? Vous devez en tout premier lui demander de vous confesser, de vous apprendre à bien vous confesser, de vous guider pour la suite.
Quand vous aurez découvert ce trésor, alors vous chercherez à en faire profiter les autres.
Voilà les deux réalités que je vous développe dans ce sermon.
Avec toute mon affectueuse amitié,
Abbé François Pivert
Textes de saint Jean Bosco
Vie de Michel Magon
Il se confesse et commence à fréquenter les sacrements
Magon passa cette journée à se préparer à faire son examen de conscience ; mais il tenait tellement à régler les affaires de son âme que, le soir, il ne voulut pas se coucher sans s’être d’abord confessé. Le Seigneur, disait-il, m’a attendu longtemps, c’est certain ; il n’est pas certain qu’il veuille que j’attende encore jusqu’à demain. Si donc je peux me confesser ce soir, je dois ne plus tarder ; et puis il est temps de rompre avec le démon. Il fit donc sa confession avec beaucoup d’émotion, et l’interrompit plusieurs fois pour laisser échapper des larmes. Quand il eut fini, avant de quitter son confesseur, il lui dit : Vous semble-t-il que tous mes péchés me sont pardonnés ? Si je mourais cette nuit, serais-je sauvé ?
– Va en paix, lui répondit-il. Le Seigneur qui, dans sa grande miséricorde, t’a attendu jusqu’ici pour que tu aies le temps de faire une bonne confession, t’a certainement pardonné tous tes péchés ; et si, dans ses adorables décrets, il veut t’appeler cette nuit à l’éternité, tu seras sauvé.
Tout ému, il ajouta : « Oh ! que je suis heureux ! » Puis, de nouveau en larmes, il alla se reposer. Ce fut pour lui une nuit de trouble, d’émotion. Il exprima plus tard à ses amis les idées qui lui traversaient l’esprit à ce moment-là.
« Il est difficile, disait-il, d’exprimer les affections qui ont occupé mon pauvre cœur pendant cette nuit mémorable. Je l’ai passée presque entièrement sans dormir. Je restai endormi quelques instants, et rapidement mon imagination me fit voir l’enfer ouvert et rempli de démons. Je chassai promptement cette lugubre image, en réfléchissant que tous mes péchés avaient été pardonnés, et qu’à ce moment il me semblait voir une grande multitude d’anges me montrer le paradis, et me dire : « Vois quel grand bonheur t’est réservé, si tu es constant dans tes intentions !
« Lorsque j’arrivai au milieu du temps fixé pour le repos, j’étais tellement rempli de contentement, d’émotion et d’affections diverses, que pour donner un peu d’air à mon âme, je me levai, je m’agenouillai, et je prononçai plusieurs fois ces paroles : « Oh ! que ceux qui tombent dans le péché sont malheureux, mais que ceux qui vivent dans le péché sont encore plus malheureux ! » Je crois que s’ils goûtaient ne serait-ce qu’un instant la grande consolation qu’éprouvent ceux qui sont dans la grâce de Dieu, ils iraient tous se confesser pour apaiser la colère de Dieu, donner un répit aux remords de la conscience et jouir de la paix du cœur. O péché, péché ! quel terrible fléau pour ceux qui te laissent entrer dans leur cœur ! Mon Dieu, à l’avenir, je ne veux plus jamais vous offenser ; au contraire, je veux vous aimer de toutes les forces de mon âme ; que si, par malheur, je tombe dans un petit péché, j’aille vite me confesser.
Notre Magon exprima ainsi son regret d’avoir offensé Dieu et promit de rester constant dans le saint service de Dieu. En effet, il commença à fréquenter les sacrements si saints de la confession et de la communion ; et ces pratiques de piété qui auparavant lui inspiraient de la répugnance, il les fréquentait ensuite avec un grand transport de joie. En effet, il prenait un tel plaisir à se confesser, et se confessait si souvent, que son confesseur devait le modérer pour l’empêcher de se laisser dominer par les scrupules. Cette maladie s’introduit très facilement dans l’esprit des jeunes gens, lorsqu’ils veulent vraiment se donner au service du Seigneur. Le mal est grave, car par ce moyen le démon trouble l’esprit, agite le cœur, rend pénible la pratique de la religion ; et il fait souvent retomber dans la mauvaise vie ceux qui avaient déjà fait de nombreux pas dans la vertu.
Le moyen le plus simple de se libérer de ce malheur est de s’abandonner à l’obéissance illimitée du confesseur. Quand il dit qu’une chose est mauvaise, faisons tout notre possible pour ne pas la commettre à nouveau. Dit-il qu’il n’y a pas de mal dans telle ou telle action ? En bref, l’obéissance au confesseur est le moyen le plus efficace de se libérer des scrupules et de persévérer dans la grâce du Seigneur.
Un mot pour les jeunes quant à la confession
Les inquiétudes et les angoisses du jeune Magon d’une part, et d’autre part la manière franche et résolue dont il a réglé les affaires de son âme, me donnent l’occasion de vous suggérer, jeunes gens bien-aimés, quelques réflexions que je crois très utiles pour vos âmes. Prenez-les comme un gage d’affection de la part d’un ami qui désire ardemment votre salut éternel.
Tout d’abord, je vous recommande de toujours confesser tout péché, sans vous laisser induire par le démon à le taire. Pensez que le confesseur tient de Dieu le pouvoir de vous pardonner toute espèce et tout nombre de péchés. Plus les péchés confessés sont graves, plus il se réjouira dans son cœur, car il sait que la miséricorde divine est bien plus grande, qui, par son intermédiaire, vous offre le pardon et applique les mérites infinis du précieux sang de Jésus-Christ, avec lequel il peut laver toutes les taches de votre âme.
Mes jeunes gens, souvenez-vous que le confesseur est un père qui désire ardemment vous faire tout le bien qu’il peut, et qui cherche à éloigner de vous toute espèce de mal. Ne craignez pas de perdre son estime en lui confessant des choses graves, ni qu’il vienne les raconter à d’autres. En effet, le confesseur ne peut utiliser les informations qu’il a reçues dans la confession pour rien au monde, que ce soit en termes de gain ou de perte. Même s’il devait perdre la vie, il ne dit et ne peut dire à personne la moindre chose de ce qu’il a entendu en confession. Au contraire, je peux vous assurer que plus vous serez sincères et aurez confiance en lui, plus il aura confiance en vous et sera en mesure de vous donner les conseils et les avertissements les plus nécessaires et les plus opportuns pour vos âmes.
J’ai voulu vous dire ces choses afin que vous ne vous laissiez jamais tromper par le démon en taisant par honte quelque péché en confession. Je vous assure, chers jeunes gens, qu’au moment où j’écris, ma main tremble en pensant au grand nombre de chrétiens qui vont à la perdition éternelle pour avoir gardé le silence ou n’avoir pas exposé sincèrement certains péchés dans la confession ! Si quelqu’un d’entre vous, en jetant un regard sur sa vie passée, s’apercevait d’un péché volontairement omis, ou doutait de la validité d’une confession, je voudrais lui dire : Ami, pour l’amour de Jésus-Christ, et pour le sang précieux qu’il a versé pour sauver ton âme, je te prie de remettre ta conscience en ordre la première fois que tu te confesseras, en disant sincèrement combien tu souffrirais si tu étais à l’article de la mort. Si tu ne sais pas comment t’exprimer, dis simplement au confesseur que tu as quelque chose qui te fait souffrir dans ta vie passée. Le confesseur en a assez ; il suffit de suivre ce qu’il te dit, et tu seras alors assuré que tout s’arrangera.
Allez souvent voir votre confesseur, priez pour lui, suivez ses conseils. Quand vous avez fait le choix d’un confesseur que vous savez convenir aux besoins de votre âme, n’en changez plus sans nécessité. Tant que vous n’aurez pas un confesseur stable en qui vous avez toute confiance, vous manquerez toujours d’un ami de l’âme. Ayez aussi confiance dans les prières de votre confesseur, qui prie chaque jour pour ses pénitents à la Sainte Messe, afin que Dieu leur accorde de faire de bonnes confessions et qu’ils persévèrent dans le bien ; priez aussi pour lui.
Vous pouvez cependant, sans scrupule, changer de confesseur si vous ou votre confesseur changez de lieu de résidence et que cela vous gêne beaucoup pour aller le voir, ou s’il est malade, ou s’il y a un grand nombre de personnes qui viennent le voir dans les occasions solennelles. De même, si vous avez sur la conscience quelque chose que vous n’osez pas révéler à votre confesseur ordinaire, plutôt que de commettre un sacrilège, changez de confesseur, non pas une fois, mais mille fois.
Que si jamais cet écrit est lu par quelqu’un qui est destiné par la divine providence à entendre les confessions de la jeunesse, je le prierais humblement, en omettant beaucoup d’autres choses, de me permettre de lui dire respectueusement :
1° Recevez avec amour toutes sortes de pénitents, mais surtout les jeunes. Aidez-les à exposer les choses de leur conscience ; insistez pour qu’ils se confessent souvent. C’est le moyen le plus sûr de les éloigner du péché. Employez toute votre industrie pour qu’ils mettent en pratique les avertissements que vous leur suggérez pour éviter les rechutes. Corrigez-les avec bonté, mais ne les grondez jamais ; car aujourd’hui vous les grondez, et demain sans doute ils ne viendront plus vous voir, ou ils garderont le silence sur ce que vous leur aurez vivement reproché.
2° Quand vous serez entré dans leur confiance, faites prudemment votre chemin pour vous enquérir si les aveux de la vie passée sont bien faits. Car des auteurs renommés en morale et en ascèse et de longue expérience, et surtout une personne autorisée qui a toutes les garanties de la vérité, s’accordent à dire que la plupart du temps les premières confessions des jeunes gens sont, sinon nulles, du moins défectueuses par manque d’instruction, ou par omission volontaire des choses à confesser. Encouragez le jeune à bien réfléchir à l’état de sa conscience, surtout de sept à dix ou douze ans. À cet âge, il est déjà conscient de certaines choses gravement mauvaises, mais dont il fait peu de cas ou qu’il ne sait pas confesser. Que le confesseur use d’une grande prudence et d’une grande réserve, mais qu’il n’omette pas de poser quelques questions sur les choses qui concernent la sainte vertu de pudeur.
Je voudrais dire beaucoup de choses sur le même sujet, mais je me tais parce que je ne veux pas faire le maître en des choses où je ne suis qu’un pauvre et humble disciple. J’ai dit ici ces quelques mots qui, dans le Seigneur, me semblent utiles aux âmes de la jeunesse, au bien de laquelle j’entends consacrer tout le temps qu’il plaira au Seigneur Dieu de me laisser vivre en ce monde. Maintenant, revenons au jeune Magon.
Dominique Savio encourage ses camarades
Quelques généreux garçons de l’Oratoire formèrent une sorte de société pour l’apostolat auprès des plus difficiles de leurs camarades. Dominique en était, et parmi les plus zélés. S’il avait un bonbon, un fruit, une croix, une médaille, une image ou n’importe quoi d’autre, il le gardait pour cela.
– Qui en veut ? qui en veut ? disait-il.
– Moi ! moi ! criaient-ils tous en courant vers lui.
– Doucement, disait-il, je veux le donner à celui qui répondra le mieux à une question du catéchisme.
Il n’interrogeait alors que les moins doués : à peine fournissaient-ils une réponse un peu satisfaisante, il leur faisait ce petit cadeau.
D’autres étaient gagnés de manière différente : il les prenait, les invitait à se promener avec lui. Il les faisait parler et au besoin jouait avec eux. On le vit parfois avec une gros bâton sur l’épaule, tel Hercule avec sa massue, jouer à la grenouille . Il semblait se prendre au jeu mais soudain il interrompait la partie et disait à son camarade :
– Samedi, veux-tu que nous allions nous confesser ?
L’autre acceptait parce que le samedi était loin et pour vite reprendre la partie, mais aussi pour lui faire plaisir. Dominique en avait obtenu assez et reprenait le jeu mais il n’oubliait pas la promesse : il trouvait chaque jour un prétexte pour la lui rappeler et lui expliquait comment faire une bonne confession. Le samedi venu, tel un chasseur ramenant sa proie, il l’accompagnait à la chapelle et le précédait au confessionnal ; la plupart du temps il prévenait le confesseur ; ensuite il faisait avec lui l’action de grâces. Cela arrivait fréquemment. C’était pour lui une source de joie et pour ses camarades d’un grand profit : il arrivait en effet souvent que tel qui ne tirait aucun fruit d’un sermon entendu à la chapelle revenait ensuite à la piété sous l’influence de Dominique.
Il arrivait quelquefois que l’un d’eux le trompe toute la semaine et que, le samedi venu, il ne se laisse plus voir au moment de se confesser. Quand il le revoyait par la suite, il lui disait comme en plaisantant :
– Dis donc ! coquin, tu m’as eu !
– Mais, vois-tu, disait l’autre, je n’étais pas disposé, je n’en avais pas envie.
– Mon pauvre ami, tu as cédé au démon, répondait Dominique. Il était très bien disposé à te recevoir. Mais toi, maintenant, tu es encore plus mal disposé. Et même je te vois tout à fait de mauvaise humeur. Allez ! essaye donc d’aller te confesser. Fais un effort et tâche de bien le faire, tu verras combien ton cœur sera rempli de joie.
La plupart du temps le garçon, après s’être confessé, allait le trouver, le cœur content :
– C’est vrai, disait-il, je suis vraiment content et je veux à l’avenir me confesser plus souvent.
On trouve souvent dans les communautés de garçons des éléments soit un peu rustres, ignorants ou mal élevés, soit tourmentés pour quelque raison et de ce fait laissés de côté par leurs camarades. Ils souffrent d’être abandonnés alors qu’ils auraient le plus grand besoin du réconfort d’un ami.
Ceux-là étaient les amis préférés de Dominique. Il les approchait, leur redonnait de l’assurance par quelque bonne parole, leur prodiguait de bons conseils. Il est souvent arrivé que des garçons décidés à mal se comporter, à se révolter, reviennent à de bons sentiments, réconfortés par les paroles charitables de Dominique.
Voilà pourquoi tous ceux qui avaient le cafard s’ouvraient à lui et ceux qui étaient malades le demandaient pour infirmier. Ainsi pouvait-il exercer continuellement la charité envers le prochain et accroître ses mérites devant Dieu.
Vie de saint Dominique Savio
Assiduité à la confession et à la communion
L’expérience prouve d’abondance que les meilleurs soutiens de la jeunesse sont le sacrement de la confession et celui de la communion. Prenez un garçon fréquentant ces sacrements : vous allez le voir grandir, parvenir à l’âge d’homme puis arriver, s’il plaît à Dieu, jusqu’à la vieillesse la plus avancée avec une conduite exemplaire pour tous ceux qui le connaissent. Cette maxime, je voudrais que les garçons la comprennent bien afin de la pratiquer ; que la comprennent bien aussi tous ceux qui s’occupent de leur éducation afin de la leur faire entrer dans la tête.
Avant de venir à l’Oratoire, Dominique fréquentait ces deux sacrements une fois par mois, comme d’ordinaire dans les écoles. Par la suite il le fit avec beaucoup plus d’assiduité. Un jour, pendant un sermon, il entendit cette maxime : « Mes enfants, si vous voulez persévérer sur la voie du ciel, je vous recommande ces trois moyens : approchez-vous souvent du sacrement de la confession, fréquentez la sainte communion, choisissez-vous un confesseur auquel vous osiez ouvrir votre cœur, et n’en changez jamais sans nécessité ».
Dominique comprit l’importance de ces conseils. Il choisit un confesseur qu’il garda tant qu’il fut parmi nous. Pour lui permettre de le bien connaître, il voulut, comme on l’a dit, faire une confession générale. Il en vint à se confesser tous les quinze jours, puis tous les huit jours, en communiant de même. Son confesseur observant qu’il tirait un grand profit des nourritures spirituelles, lui conseilla de communier trois fois par semaine, et à la fin de l’année lui permit la communion quotidienne.
À une certaine époque il eut des scrupules et il voulut se confesser chaque fois qu’il ressentait quelque anxiété. Mais le prêtre ne le lui permit pas : la confession hebdomadaire suffisait.
Il avait une confiance sans bornes envers son confesseur. Il lui parlait de sa conscience avec une grande simplicité et même en dehors de la confession. Quelqu’un lui conseilla un jour de s’adresser parfois à un autre prêtre, mais il ne le voulut pas, disant « Le confesseur est comme un médecin de l’âme, et on ne change de médecin que si l’on n’a plus confiance en lui ou si le mal est si grand qu’il faut s’adresser à un spécialiste. Ce n’est pas mon cas. J’ai confiance en mon confesseur et je ne pense pas être gravement malade. » Lorsque pourtant son confesseur lui conseilla, pendant les exercices spirituels, de s’adresser à un autre prêtre, Dominique lui obéit sans difficulté.
Il trouvait en lui-même son bonheur : « Si j’ai quelque peine au cœur, disait-il, je vais voir mon confesseur qui me conseille selon la volonté de Dieu, puisque le Christ a dit « qui vous écoute m’écoute ». Si je veux ensuite quelque chose de grand, je vais recevoir la sainte hostie, c’est à dire le corps même, le sang, l’âme et la divinité que Jésus-Christ a offert à Dieu pour nous sur la Croix. Qu’est-ce qui me manque pour être heureux ? En ce monde, rien. Il ne me manque que de pouvoir aller au ciel, et voir de mes yeux Celui que maintenant je vois avec les yeux de la Foi et que j’adore sur son autel. »
Grâce à ces dispositions d’esprit Dominique passait ses jours dans un réel bonheur. De là cette disposition à la gaieté, cette joie céleste qui transparaissait dans tout ce qu’il faisait. N’allons pas penser qu’il ne comprenait pas l’importance des sacrements, qu’il n’avait pas une conduite digne d’un chrétien et telle qu’il convient à quiconque désire une communion quotidienne ! Sa conduite était sous tout rapport irréprochable. J’ai invité ses camarades à me dire si, pendant les trois années qu’il passa parmi nous, ils avaient observé chez lui quelque défaut à corriger ou qu’il lui manquât quelque vertu. Tous furent d’accord pour affirmer n’avoir jamais rien trouvé en lui qui méritât d’être repris. Ils n’auraient pas su dire non plus quelle vertu aurait pu lui manquer.
Vie de François Besucco
François avec son curé
Entretiens sur la confession
Bien que cet enfant ait été visiblement un prédestiné depuis son bas âge, néanmoins la sollicitude de ses bons parents, la vigilance si pleine de bienveillance de son curé, autant que son excellent naturel, contribuèrent grandement à l’heureux résultat auquel atteignit son éducation première. À peine fut-il en âge de se confesser, que ses parents l’amenèrent à accomplir cet acte, l’encourageant par leurs conseils et leur exemple, si bien que, au lieu de l’appréhension qu’éprouvent d’ordinaire les enfants au tribunal de la pénitence, François y allait comme attiré par l’affection et la confiance que lui inspirait l’excellent curé, son parrain, dont le zèle et la charité envers ses paroissiens, ont fait tant de bien et ont été si providentiels à la jeunesse de ce bourg et en particulier à François Besucco. Car ce digne pasteur, persuadé que pour moissonner il fallait semer avec soin, n’épargnait aucune fatigue pour que les enfants du pays fussent instruits et devinssent de vrais fidèles soutiens de la paroisse. Il allait les chercher dans leurs familles, les préparait lui-même à servir la Messe, à se prêter aux cérémonies du culte et des offices divins. Aussi, quand il reconnut de quelles grâces précieuses il avait plu au Seigneur d’orner l’âme tendre de son jeune filleul, il prit plaisir à lui enseigneur les premières notions du catéchisme, lui témoignant l’amour d’un père, et son aimable pupille le lui rendit au point qu’il n’était jamais si heureux que lorsqu’il avait pu entendre quelques paroles et conseils de son bien-aimé curé. Il ne voulut jamais se confesser à d’autre qu’à lui, tant qu’il resta à Argentera, parce que, disait-il, « mon vénéré parrain connaît le fond de mon cœur et il chérit mon âme, c’est pourquoi j’ai en lui toute confiance. »
Je tiens pour assuré que le choix d’un confesseur stable est, pour un adolescent, de la plus grande importance. Il s’en fait un ami qui le maintient dans la bonne voie et l’encourage à être assidu à ce sacrement si efficace au salut. François ne se contentait pas de s’en remettre du soin de son âme, dans le confessionnal seulement, à son excellent curé, mais il le consultait souvent sur tout ce qui pouvait l’avancer dans la pratique du bien et mettait tout l’empressement possible à suivre le moindre de ses conseils. Souvent, pendant les jours qu’il se préparait à aller à confesse, il disait à ses frères et sœurs, avec une naïve confiance, qu’il se proposait d’en retirer le plus grand profit, les priant de l’aider à se rappeler les moindres manquements de son innocente vie et, après cet acte auquel il apportait un examen si scrupuleux, il se promettait d’être fidèle à ses résolutions, et manifestait une vive reconnaissance envers la Divine Bonté, qui pardonnait ainsi nos fautes, tandis que nous nous montrions si peu dignes de ce bienfait par nos ingratitudes. Ah ! disait-il, que nous devrions trembler à la pensée de nos infidélités ! Je voudrais souffrir tout au monde plutôt que d’offenser jamais le Seigneur. Avant de se rendre à l’église, il demandait à son père, s’il n’y avait pas quelque travail pressant et s’il voulait lui accorder la permission d’aller se confesser. Ayant reçu le consentement de ses chers parents, il se mettait à prier avec tant de ferveur qu’il n’en dormait pas de la nuit et, dès l’aube, sans parler à personne de la maison, il se rendait à l’église où il s’agenouillait dans le plus profond recueillement. Il laissait passer devant lui les personnes qu’il croyait être plus pressées et attendait patiemment qu’il pût approcher, ce qui obligea bien des fois M. le curé, comme il nous l’a raconté, pendant le froid glacial de la saison d’hiver, à appeler l’humble enfant au confessionnal. Il assurait son parrain qu’il préférait céder son tour à ceux qui pourraient recevoir des reproches chez eux d’avoir tardé à revenir ou aux femmes qui avaient de petits enfants. Ses frères et sœurs s’amusaient à lui dire quelquefois qu’il allait souvent à confesse pour éviter la fatigue des champs. « Oh ! répondait-il avec bonne grâce, je ferai volontiers votre travail quand vous irez vous confesser. Puissiez-vous y aller souvent ! J’en serais bien heureux ! » Et il ajoutait avec l’assurance d’un maître dans les voies spirituelles : « Cette indifférence, ces retards d’un jour à l’autre pour s’accuser au tribunal de pénitence, sont l’effet du démon : il sait combien la confession est puissante pour nous corriger de nos défauts et il fait tous ses efforts pour nous en éloigner. Lorsqu’il s’agit de nos devoirs religieux, nous craignons toujours ce que le monde en pensera ; ce n’est pas le monde qui sera notre juge après la mort ; c’est à Dieu seul auquel nous aurons à rendre compte et par qui nous serons jugés pour notre éternité. » Il avait coutume de dire après la Ste Communion qu’il éprouvait un contentement si grand, qu’il serait heureux de mourir, pour ne pas être exposé à jamais commettre quelque faute. En ce jour il s’abstenait même des jeux de son âge, sur quoi le bon curé l’ayant interrogé, il lui répondit. « Le bon Jésus m’a accordé aujourd’hui de si grandes consolations pour mon âme qu’il ne faut pas que je cherche à me donner d’autres plaisirs ; ce que je regrette c’est de ne pas savoir l’en remercier dignement. » Il restait ce jour-là en grande partie à l’église dans le recueillement et la joie.
On m’a assuré que François faisait chacune de ses Communions comme si ce devait être la dernière, en y apportant réellement ce sentiment.