Sermon ~ Mise en garde contre les vices de notre époque
17. Comme des agneaux au milieu des loups

Mes bien chers Frères,

Non seulement Jésus-Christ nous promet la persécution, mais il nous envoie sans tunique, sans bourse, sans bâton, comme des brebis, des colombes, au milieu des loups. Saint Jean Chrysostome nous explique pourquoi.

Or, nous, non seulement nous sommes trop souvent des loups avec les loups, mais il nous arrive d’être des loups avec nos frères.

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Résumé du sermon

« Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » S. Mathieu 10

La raison de la persécution

Saint Jean Chrysostome : La guerre à laquelle Jésus-Christ les destinait était nouvelle et la manière même de combattre serait tout à fait extraordinaire. Il leur avait déjà dit qu’il les envoyait sans armes, n’ayant qu’une robe, sans souliers, sans bâton, sans bourse, sans vivres, et leur commandant de manger chez ceux qui les recevraient. Mais il va encore plus loin, et pour leur montrer son ineffable puissance, il dit : allez ainsi et néanmoins montrez-vous doux comme des brebis, et cela lorsque c’est contre des loups que je vous envoie, et non seulement contre des loups, mais au milieu des loups. Outre la douceur des agneaux, il leur commande encore d’avoir la simplicité de la colombe.

Saint Jean Chrysostome fait dire au Christ : « Je pourrais en disposer tout autrement et ne pas permettre que vous ayez gravement à souffrir. Car bien que vous soyez comme des brebis à la merci des loups, je pourrais vous rendre plus terribles que des lions. Mais il en est mieux ainsi : cela vous donnera, à vous aussi plus d’éclat, en manifestant ma puissance. C’est ce qu’il dira plus tard à Paul : Ma grâce te suffit, car ma puissance agit pleinement dans ta faiblesse. C’est donc moi qui vous ai faits ce que vous êtes. »

La puissance de Dieu dans la foi : le serpent

le serpent abandonne tout son corps et peu lui importe qu’il doive être coupé en morceaux, pourvu qu’il garde la tête sauve. De même, toi aussi, hors la foi, n’hésite pas à perdre tout le reste, fallût-il sacrifier tes biens, ton corps et jusqu’à ta vie elle-même. Car la foi est la tête et la racine du chrétien ; si tu la conserves, même en perdant tout le reste, tu recouvreras tout, avec plus de gloire.

La puissance de Dieu dans la douceur et la simplicité, l’agneau et la colombe

Outre la douceur des agneaux, il leur commande encore d’avoir la simplicité de la colombe. C’est ainsi, leur dit-il, que je signalerai ma toute-puissance, lorsque les agneaux se trouvant au milieu des loups, et étant déchirés par leurs morsures cruelles, non seulement les agneaux ne céderont pas aux loups, mais qu’ils changeront même les loups en agneaux. Il est sans doute bien plus admirable de transformer son ennemi en un autre homme que de le vaincre ; et de lui changer l’esprit et le cœur, que de lui ôter la vie. Mais ce qui est encore plus étrange, c’est qu’il n’envoie que douze agneaux pour assujettir toute la terre qui était pleine de loups.

N.B. Le changement n’est pas individuel, mais global. Chaque loup n’est pas changé en agneau, mais la société de loups devient une société d’agneaux, grâce à l’ensemble des agneaux. À la fin, c’est la société du Ciel.

Examen de conscience

Rougissons donc, nous autres, qui faisons maintenant tout le contraire de ce que Jésus-Christ ordonne aux apôtres, et qui combattons nos ennemis non comme des agneaux, mais comme des loups. Tant que nous demeurerons agneaux, nous serons vainqueurs ; mais si nous devenons des loups, nous serons vaincus, parce que nous serons abandonnés de ce pasteur souverain qui paît des agneaux et non pas des loups. Il se retire de vous alors, et il vous abandonne ; parce que vous l’empêchez de faire éclater en vous sa toute-puissance. Car lorsqu’en souffrant beaucoup de vos ennemis vous ne témoignez contre eux aucune aigreur, à lui est attribué tout l’honneur de la victoire. Mais si vous vous élevez contre eux, et si vous les attaquez, vous obscurcissez l’éclat de son triomphe.

Bien pire : nous comporter en loups contre les chrétiens. Jugements téméraires, médisances, calomnies.

Saint Jean Chrysostome

Lecture du saint Évangile selon Matthieu.
Matt 10 :16-22

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Et le reste.

Homélie de saint Jean Chrysostome, 33

Il leur fait voir ensuite combien la guerre à laquelle il les destinait était nouvelle, et comme la manière même de combattre serait tout à fait extraordinaire. Il leur avait déjà dit qu’il les envoyait sans armes, n’ayant qu’une robe, sans souliers, sans bâton, sans bourse, sans vivres, et leur commandant de manger chez ceux qui les recevraient. Mais il va encore plus loin, et pour leur montrer son ineffable puissance, il dit : allez ainsi et néanmoins montrez-vous doux comme des brebis, et cela lorsque c’est contre des loups que je vous envoie, et non seulement contre des loups, mais au milieu des loups. Outre la douceur des agneaux, il leur commande encore d’avoir la simplicité de la colombe. C’est ainsi, leur dit-il, que je signalerai ma toute-puissance, lorsque les agneaux se trouvant au milieu des loups, et étant déchirés par leurs morsures cruelles, non seulement les agneaux ne céderont pas aux loups, mais qu’ils changeront même les loups en agneaux. Il est sans doute bien plus admirable de transformer son ennemi en un autre homme que de le vaincre ; et de lui changer l’esprit et le cœur, que de lui ôter la vie. Mais ce qui est encore plus étrange, c’est qu’il n’envoie que douze agneaux pour s’assujétir toute la terre qui était pleine de loups.

Rougissons donc, nous autres, qui faisons maintenant tout le contraire de ce que Jésus-Christ ordonne aux apôtres, et qui combattons nos ennemis non comme des agneaux, mais comme des loups. Tant que nous demeurerons agneaux, nous serons vainqueurs ; mais si nous devenons des loups, nous serons vaincus, parce que nous serons abandonnés de ce pasteur souverain qui paît des agneaux et non pas des loups. Il se retire de vous alors, et il vous abandonne ; parce que vous l’empêchez de faire éclater en vous sa toute-puissance. Car lorsqu’en souffrant beaucoup de vos ennemis vous ne témoignez contre eux aucune aigreur, à lui est attribué tout l’honneur de la victoire. Mais si vous vous élevez contre eux, et si vous les attaquez, vous obscurcissez l’éclat de son triomphe.

Jésus semble leur dire : « Ne vous troublez point si, tout en vous envoyant parmi les loups, je vous enjoins d’être comme des brebis et des colombes. Sans doute, je pourrais en disposer tout autrement et ne pas permettre que vous ayez gravement à souffrir. Car bien que vous soyez comme des brebis à la merci des loups, je pourrais vous rendre plus terribles que des lions. Mais il en est mieux ainsi : cela vous donnera, à vous aussi plus d’éclat, en manifestant ma puissance. C’est ce qu’il dira plus tard à Paul : Ma grâce te suffit, car ma puissance agit pleinement dans ta faiblesse. C’est donc moi qui vous ai faits ce que vous êtes.

Mais examinons quelle prudence il demande : la prudence même du serpent. Or le serpent abandonne tout son corps et peu lui importe qu’il doive être coupé en morceaux, pourvu qu’il garde la tête sauve. De même, toi aussi, hors la foi, n’hésite pas à perdre tout le reste, fallût-il sacrifier tes biens, ton corps et jusqu’à ta vie elle-même. Car la foi est la tête et la racine du chrétien ; si tu la conserves, même en perdant tout le reste, tu recouvreras tout, avec plus de gloire. C’est pourquoi Jésus ne nous a pas demandé seulement d’être simples, ni seulement prudents, mais il a mêlé ces deux choses en une seule, pour en faire la vertu chrétienne. Il demande une prudence de serpent, afin que pour sauver votre tête vous exposiez tout le reste ; et une simplicité de colombe, afin que vous ne vous vengiez point de ceux qui vous font injure, et que vous ne désiriez point la punition de ceux qui vous dressent des pièges pour vous perdre. Car toute la prudence du serpent serait inutile, si elle n’était accompagnée de cette douceur de la colombe. Quelqu’un me dira peut-être : Qu’y a-t-il de plus pénible que ce précepte ? Ne suffit-il pas de souffrir tout le mal qu’on veut nous faire ? Non, répond Jésus-Christ. Cela ne vous suffit pas, mais je vous défends encore d’eu ressentir la moindre aigreur. Et c’est en cela que je veux que vous ayez la simpli­cité de la colombe.

Que si tu désires voir la réalisation de ces paroles, lis les Actes des Apôtres. Assurément, tu verras souvent, comment, alors que le peuple des Juifs se ruait sur les Apôtres, en aiguisant les dents, ceux-ci, en imitant la simplicité de la colombe et en répondant avec une grande modération, calmaient leur colère, apaisaient leur rage et arrêtaient leur élan. Par exemple, lorsque les Juifs leur disaient : Ne vous avions-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? les Apôtres pouvaient accomplir une infinité de miracles, et cependant ils ne font ni ne disent rien de dur ; ils répondent seulement avec beaucoup de mansuétude : Jugez vous-mêmes s’il est juste que nous vous obéissions plutôt qu’à Dieu. Tu reconnais ici la simplicité de la colombe. Voici maintenant la prudence du serpent : Car, ce que nous avons vu et entendu, disent-ils, nous ne pouvons pas le taire.