Mes bien chers Frères,
Le désarroi dans lequel se trouve l’Église ne serait pas si grave si nous n’avions affaire qu’à des ennemis déclarés. Mais il est considérablement aggravé par les libéraux qui brouillent tout. On ne peut comprendre la situation actuelle de l’Église et de notre pays, sans comprendre ce qu’est le libéralisme. D’autant plus que ce vice a plus ou moins contaminé même les meilleurs et les plus fermes.
A caecitate mentis, libera nos Domine, de l’aveuglement de l’esprit, libérez-nous, Seigneur.
Résumé du sermon
La difficulté de comprendre et d’admettre le libéralisme : incohérence intellectuelle chez des personnes intelligentes.
Le libéralisme n’est pas une erreur, mais une passion, un vice.
Qu’est-ce qu’un libéral ?
Des personnes intelligentes et brillantes qui, grâce à cela, ont obtenu des places en vue dans la société.
Des personnes qui se définissent par les valeurs traditionnelles sur lesquelles elles se sont appuyées pour acquérir les places en vue.
Ces places sont souvent méritées en raison de leurs qualités. Le problème n’est donc pas en cela.
Le problème vient d’un attachement désordonné à ces places en vue, de l’attachement aux louanges que ces places leur méritent. C’est de l’orgueil, de la vanité.
La difficulté à admettre que quelqu’un est libéral vient de ce qu’il est difficile de discerner chez eux ce qui vient de l’orgueil et ce qui vient du talent. De plus, on hésite à porter des jugements moraux sur les personnes.
Peut-on juger les personnes ? Porter un jugement téméraire, non, et mieux vaut alors considérer comme bon quelqu’un de mauvais que l’inverse. Pour porter légitimement un jugement il faut deux conditions : l’évidence et une utilité pour le bien commun, pour soi ou le prochain.
L’attitude du libéral
Envers ses ennemis
Pour conserver sa place, il ferme les yeux sur le combat mené par les ennemis des valeurs auxquelles il est attaché. Il prête à ses ennemis des bons sentiments contre toute évidence.
Il cherche un accord avec eux en refusant de voir que cela se fait au détriment de ses convictions d’origine.
Envers ses amis
Il n’aime pas les vrais combattants et donc il fait tout ce qu’il peut pour éviter d’être embarqué dans leur combat. Très vite, il les critique, leur fait des reproches.
En toute logique, il devrait les encourager puisque leurs convictions correspondent aux siennes. Il est donc acculé à faire des reproches illogiques, qui reposent sur
– des prétextes,
– des faux raisonnements,
– des attaques personnelles
L’attitude de ses ennemis envers le libéral
Ses ennemis ont besoin de lui.
La révolution est laide, contradictoire, violente, détestable, etc. elle a besoin de se cacher derrière des hommes qui présentent bien, qui rassurent.
Il se fait sans peine un accord. Chacun donne à l’autre ce qu’il désire. Le libéral demande à la Révolution de lui laisser sa place et sa gloire, et celle-ci accepte. En échange, elle lui demande de ne pas la contredire et le libéral ferme les yeux.
Les conséquences
Le jeu est inégal et, nécessairement, la Révolution progresse.
Le libéral ne peut lui résister et pour deux raisons :
– il fut faible au moment il avait encore sa force. Céder l’a rendu encore plus faible devant un acte qui exige plus de courage. C’est comme une jeune fille qui n’a pas eu la force de refuser au jeune courtisan de l’embrasser, elle aura encore moins la force quand il lui demandera d’aller plus loin.
– il a écarté les principes qui lui donnaient la force. Sa foi lui donnait le courage du martyre, mais il l’a couverte d’un voile. Pour réaffirmer ses convictions qu’il conserve au fond de lui, mais qu’il a refoulées, il faudrait qu’il accepte un combat bien plus difficile que celui qu’il refusa au début et qu’il revienne aux principes qu’il a abandonnés.
Le libéral a commis un double péché contre le Saint-Esprit : il a refusé la vérité connue, il commet la présomption de se sauver sans Dieu.
En même temps que la Révolution progresse, le libéral régresse nécessairement. Le jour où la Révolution n’a plus besoin de lui, elle l’élimine. C’est le sort de tous les libéraux.
Le combat est en effet entre deux sagesses, celle de Dieu et la fausse « sagesse » du démon. Les combats inférieurs s’appuient tous sur ce combat-ci et n’ont de force que par la sagesse qui les inspire.
Exemple : la contrerévolution en Algérie ou en Indochine. C’est la vertu qui a donné leur force aux défenseurs de l’ordre. Cependant, on ne s’est pas assez appuyé et on n’a pas assez expliqué que l’enjeu était la défense de la chrétienté contre un mondialisme démoniaque. On a fait du naturalisme.
Des exemples historiques
Dom Gérard, fondateur du monastère du Barroux
Philippe de Villiers dont les actions, les livres, les spectacles, ne portent jamais le fer sur l’objet propre du combat.
Paul VI, selon Mgr Lefebvre
Mon ami devenu évêque qui fit son doctorat de théologie sur la présence réelle, pour ne pas avoir à défendre le Saint Sacrifice. Avec la présence réelle, on vit « gentiment » avec le Bon Dieu, avec le Saint Sacrifice, on est obligé de se sacrifier et de mettre « sa peau au bout de ses idées ».
Toux ceux qui défendent le rite traditionnel de la messe, mais évitent soigneusement la défense du Christ-Roi.
Les prêtres qui marient sous l’autorité de l’évêque moderniste tout en prétendant défendre la sainteté du mariage.
Tous ceux qui quémandent à la Révolution de leur maintenir leur liberté.
Tous ceux qui font de la tolérance un principe et du principe une tolérance.
L’histoire du curé de Chanzeaux sous la Révolution.