Mes bien chers Frères,
Voici le premier sermon sur l’Eucharistie. Je vous invite à aller directement à la signification profonde de ce sacrement qui se trouve dans la Croix puisqu’il y a identité entre l’Eucharistie et le sacrifice de la Croix.
En raison de la richesse tant de la Croix que de l’Eucharistie, il nous faudra ensuite plusieurs sermons pour entrer dans l’ensemble de ce grand mystère.
Je sais bien que, en raison du confinement, ou plutôt en raison de la haine de la messe de la part de Satan et de ses complices, vous êtes privés de l’Eucharistie, mais, justement, puisque la Croix et l’Eucharistie sont une seule et même réalité, en vous unissant intérieurement à la Croix, vous vous participerez à l’Eucharistie.
Quant à moi, je vous associe aux messes que je célèbre auxquelles vous participez ainsi même de loin.
Résumé du sermon
Enseignement du concile de Trente
Résumé du sermon
L’Eucharistie est le sommet
Elle est le sommet de tous les sacrements qui sont tous ordonnés à elle
Elle est le sommet de la vie chrétienne ici-bas.
Les difficultés présentes quant au rapport entre la communion et le sacrifice
Ce sacrement est longuement étudié par saint Thomas d’Aquin à cause du miracle extraordinaire de la transsubstantiation, c’est-à-dire du changement de la matière du pain et du vin en le corps et le sang de Jésus-Christ. C’est évidemment beaucoup plus extraordinaire que l’eau du baptême ou l’huile de la confirmation.
Il fallait déterminer exactement l’étendue de ce changement pour éviter les mauvaises compréhensions du mystère, ce qui aurait eu des conséquences catastrophiques comme on le voit avec les protestants.
Pour la même raison, les catéchismes insistent sur la réalité de la transsubstantiation et donnent les explications nécessaires à ce que ce soit bien compris, et que le corps de Jésus-Christ soit adoré et respecté sous les espèces du pain et du vin.
Étant donné le très grand respect dû à ce sacrement qui contient Jésus-Christ lui même, contrairement aux autres sacrements qui donnent sa grâce mais ne le donnent pas lui même, il fallait insister sur la bonne réception de la communion.
De plus, étant donné la richesse de ce sacrement qui est aussi un sacrifice, et pas le moindre, celui même du Christ sur la Croix, sacrifice de nouveau rendu présent, les catéchismes rajoutent un chapitre sur l’Eucharistie comme sacrifice. St Thomas, lui, est plus succinct sur l’Eucharistie sacrifice puisqu’il a étudié le sacrifice du Christ sur la croix lors de son étude sur le Christ.
Tout cela lu un peu à la va-vite, avec la perte du sens théologique et contemplatif depuis la Renaissance, fait qu’on a presque séparé la messe-sacrifice et la communion et on ne considère plus que la communion comme sacrement, la messe ne serait pas un sacrement mais un sacrifice.
La conséquence est une inversion de l’union à Dieu qui rejaillit sur toute la vie chrétienne : conception personnaliste dont nous avons déjà parlé, au lieu de la consécration qui élève vers Dieu, fin de toute chose.
L’essentiel dans notre participation au sacrement de l’Eucharistie, c’est de mourir à nous-mêmes avec le Christ.
Il ne s’agit pas premièrement de lui demander de nous guérir, ni de lui demander les vertus pour le suivre et l’imiter, il s’agit essentiellement d’entrer avec le Christ dans l’amour de Dieu, de mourir avec lui, d’être livrés à Dieu.
Certes, très vite il faudra redescendre à nos pauvres réalités et lui demander de nous guérir et de nous donner ses vertus, mais après nous être offerts pour mourir avec lui dans l’amour de Dieu et en référence à cet amour, à cette union à Dieu. Il ne s’agit pas de nous consoler dans la force de Dieu, il s’agit d’entrer en Dieu avec amour, ce qui suppose une mort préalable.
L’inversion personnaliste est ce qui emprisonne les traditionalistes. Ils ne peuvent se priver des sacrements parce qu’ils en ont besoin, disent-ils. Résultat, ils le prennent plus ou moins n’importe où, n’importe comment et, surtout, ils ne s’offrent plus, ils ne participent plus à la rédemption de l’Église avec le Christ.
Conclusion : l’Eucharistie est à la fois sacrement et sacrifice, c’est-à-dire que le sacrement est un sacrifice et le sacrifice est un sacrement.
Mais pas n’importe quel sacrifice : celui du Christ sur la Croix.
Signification du sacrifice du Christ sur la Croix
Nous avons vu, en étudiant le sacrifice du Christ sur la Croix qu’il était la source de notre sanctification, qu’il en était le modèle.
C’est donc lui qu’il faut étudier en premier pour comprendre l’Eucharistie. C’est pour cela que saint Thomas d’Aquin a étudié la vie du Christ avant les sacrements.
Le sacrifice de Notre Seigneur nous montre deux choses : – sa totale appartenance à son Père et – la nécessité de réparer pour le péché.
Sacrifice = union à Dieu, c’est la définition donnée par saint Augustin.
Sacrifice = ‘faire du sacré’ comme bénéfice = ‘faire du bien’, maléfice = ‘faire du mal’
Le sacrifice de la Croix :
– charité (= amour) du Christ pour son Père
– abandon total entre les mains du Père : « Père entre vos mains, je remets mon esprit. »
– amour des hommes qu’il veut faire entrer dans la charité de Dieu
– rassemblement de tous les hommes qu’il prend pour les donner à son Père
– l’effusion du sang de Jésus-Christ est le signe de toutes les grâces purifiantes et vivificatrices
Ce sacrifice, en plus de sa signification, attire parce qu’il est grand, et, bien plus, il est efficace parce qu’il réalise ce qu’il signifie.
L’eucharistie, sacrement du sacrifice du Christ
L’Eucharistie est sacrement de tout cela, de ce riche mystère. Sacrement, c’est-à-dire signe sensible qui nous met en possession de ce qu’il signifie.
C’est dans ce mystère que le sacrement du corps et du sang du Christ sur l’autel nous fait entrer
Nous verrons donc cela plus précisément les prochaines fois.
Concile de Trente
J’explique dans le sermon pourquoi je ne donne que ces deux extraits du magistère de l’Église.
22e session sur la messe : « c’est la même et l’unique hostie, et que c’est le même qui s’offrit autrefois sur la croix qui s’offre encore à présent par le ministère des prêtres, n’y ayant de différence qu’en la manière d’offrir ; et c’est même par le moyen de cette oblation non sanglante que l’on reçoit avec abondance le fruit de celle qui s’est faite avec effusion de sang ; tant s’en faut que par elle on déroge en aucune façon à la première. »
Catéchisme dit du Concile de Trente : « Nous reconnaissons donc que le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même Sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est immolé une fois sur la Croix d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une sanglante, et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une ; il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvelle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce Commandement ([1]) : « Faites ceci en mémoire de Moi. »
Il n’y a non plus qu’un seul et même Prêtre dans ce Sacrifice, c’est Jésus-Christ. Car les Ministres qui l’offrent n’agissent pas en leur propre nom. Ils représentent la Personne de Jésus-Christ, lorsqu’ils consacrent son Corps et son Sang, comme on le voit par les paroles mêmes de la Consécration. Car les prêtres ne disent pas ([2]) : Ceci est le Corps de Jésus-Christ, mais, Ceci est mon Corps : se mettant ainsi à la place de Notre-Seigneur, pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang. »
[1] – Luc., 22, 19.
[2] – Cor., 11, 24.