
Mercredi 29, le Bon Dieu a rappelé à lui ma mère. Je lui avais donné les derniers sacrements la semaine précédente, qu’elle reçut en pleine conscience, avant de célébrer la messe dans sa chambre et elle reçut la sainte Communion.
La cérémonie d’inhumation aura lieu à Rouen samedi 8 février à 9 h 45. Pour connaitre l’adresse : contact
Je vous en fais part parce que nous sommes une grande famille, mais aussi parce que vous lui devez beaucoup. Maman m’a plusieurs fois dit et rappelé sur son lit de mort qu’elle s’était mariée pour avoir un fils prêtre et elle était certaine que Dieu choisirait son aîné. Je lui dois ce témoignage qu’elle n’influença jamais ma vocation, qu’elle ne fit jamais pression sur moi et qu’elle ne cherchait aucune satisfaction personnelle, au contraire. Rencontrant mon père, elle comprit vite qu’il était celui que la Providence lui donnait pour accomplir son vœu. À partir de là, tout leur était commun et je ne peux plus parler de l’un sans parler de l’autre. Papa, de fait, cherchait une épouse pour former ses enfants à la générosité et au service de l’Eglise et de la Chrétienté, ce qui, pour eux deux, devait se concrétiser par la pratique des œuvres de miséricorde, les œuvres corporelles étant évidemment toujours au service des spirituelles.
Les occasions ne manquèrent pas et les trahisons de De Gaulle puis celles de la hiérarchie de l’Eglise les engagèrent très vite dans ce service sur lequel nous serons tous jugés : « Venez à ma droite, car vous m’avez donné à boire, à manger, vous m’avez accueilli… » C’est ainsi que nous fûmes, par la pratique, formés à comprendre la Chrétienté et son contraire la Révolution, à servir Dieu et à fuir le monde.
Lorsque vint pour moi le choix de l’orientation de ma vie, je compris à l’évidence que, si je me mariais, je ferais comme eux, mais que le problème de la Révolution était religieux plus que politique, et que mes parents m’avaient formés pour que je poursuive au-delà. Ce ne pouvait être que par le sacerdoce. Ils m’avaient laissé le soin de le découvrir par moi-même, mais ils savaient fort bien que ce devait être la décision que je devais prendre et ils l’attendaient.
Ils travaillaient si peu pour eux que, lorsque j’eus reçu la tonsure, c’est-à-dire que je fus officiellement engagé par Mgr Lefebvre dans la hiérarchie ecclésiastique, ils me convoquèrent solennellement : « Tu appartiens désormais aux âmes, tu dois ne plus te préoccuper de nous. Si tu viens nous voir nous en serons heureux, mais si tu ne viens pas, nous ne te le demanderons jamais. Fais ton devoir, c’est tout ce que nous voulons. » Pendant trente-cinq ans, je n’ai passé qu’une fois de courtes vacances avec eux, ils venaient me voir quelques jours par an.
Dieu qui a promis de rendre au centuple, récompense toujours ceux qui lui ont offert leur propre chair. Mes parents s’associèrent de très près à mon sacerdoce par leur prière quotidienne pour moi et pour vous, mes chers Amis, ainsi que par leurs sacrifices, silencieux, mais qui se laissaient deviner par moment. Mon père fut également un excellent conseiller et soutien dans toute affaire délicate, jusqu’à la fin.
Ils reçurent aussi de grandes satisfactions de mes frères et sœurs et eurent la récompense de voir deux vocations religieuses à la génération suivante.
Lorsque vint la fin de leur vie, la Providence voulut que mon devoir sacerdotal me rapprochât physiquement d’eux. Mgr Fellay, c’était De Gaulle, ils n’assistaient donc plus aux messes de la Fraternité Saint Pie X. Je leur donnai donc la messe chaque mois. Puis, je leur donnai les derniers sacrements pour qu’ils aillent en toute quiétude rejoindre le Seigneur : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle, entre dans la joie de ton maître. »
Samedi 8 je conduirai Maman près de son époux pour y attendre la Résurrection.
Maman, je ne saurai qu’au Ciel tout ce que je te dois. Merci.