Montessori et les traditionalistes
Sa vie
Sa philosophie
Ses croyances
Les promoteurs de la méthode Montessori
Montessori et saint Pie X
Montessori et les traditionalistes
La méthode Montessori jouit d’une réelle faveur dans les milieux catholiques conservateurs y compris chez les traditionalistes puisque les Dominicaines de Fanjeaux l’utilisent dans les petites classes. Chacun la met à sa sauce pour justifier son utilisation et prétendument corriger les défauts. Elle est particulièrement en faveur chez ceux qui se veulent conservateurs tout en étant « ouverts ».
Elle plaît parce qu’elle écrivit même des livres d’éducation religieuse catholique conformes à sa méthode, par exemple La messe expliquée aus enfants.
Elle plaît parce que le principe clé de Maria Montessori est l’éducation comme l’accompagnement du développement naturel de l’enfant, via un environnement préparé, adapté aux caractéristiques et aux besoins de son âge.
Comment ne pas voir qu’elle est un précurseur – pour ne pas dire qu’elle est à l’origine – de la conception moderne – et franc-maçonne – de l’éducation ? elle refuse la transmission du savoir, c’est à l’enfant de se former soi-même, l’adulte n’étant qu’un accompagnateur. Le ministre de l’éducation nationale française, Jean-Michel Blanquer, s’est dit en 2017 favorable à « l’esprit Montessori » : « Je suis pour la créativité, la diversité des expériences. Je ne dis pas que Montessori doit être appliqué partout. D’ailleurs c’est plus l’esprit Montessori, qui doit être revisité, dans des modalités qui doivent évoluer. Au-delà du génie pédagogique qu’était Montessori, c’est sa démarche qui est importante. » (Jean-Michel Blanquer : « Dans l’éducation, c’est par plus de liberté qu’on peut aller vers plus d’égalité » », France Culture, 27 juillet 2017 (lire en ligne [archive])
Ceux qui aiment Montessori sont aussi ceux qui donnent à plein dans la psychologie des tempéraments.
Mais, il faut que ces conservateurs soient bien imprégnés de l’esprit moderne et de son orgueil pour apprécier la pédagogie Montessori alors qu’elle repose sur les principes suivants : le libre choix de l’activité, l’autodiscipline, le respect du rythme de chacun et l’apprentissage par l’expérience. « Tout enfant est un roi en marche vers l’aurore » affirme Maria Montessori (Maria Montessori, la « Dottoressa » au regard confiant sur l’enfant, Journal La Croix, 12 novembre 2019 (ISSN 0242-6056, lire en ligne [archive]). L’objectif est de donner une éducation aux enfants pour qu’ils deviennent des adultes responsables, indépendants et capable de s’adapter : « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui, écrivait le docteur. Ce monde n’existera plus lorsqu’ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s’adapter. » (ibidem).
Sa vie
Maria Montessori naquit en 1870, enfant unique d’une famille italienne catholique.
Elle fréquenta une école technique italienne à Rome qui ne formait généralement que des garçons. Lorsqu’elle entre à l’université de Rome en 1890, les administrateurs refusent de l’admettre, elle ou toute autre femme. Elle persiste et obtient son diplôme en 1896.
Elle étudia la pédiatrie et la psychiatrie, et travailla dans un hôpital pour femmes.
Elle acquiert une renommée internationale en tant que défenseur acharné des droits des femmes lors du Congrès international des femmes à Berlin en 1896.
En 1897, Maria Montessori a fondé à Rome la société féministe italienne La Union per la Donna, La ligue féminine. L’une des déléguées de cette société, Cecilia Meyer, a pris la parole au congrès féministe maçonnique de 1900 à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle. Ce congrès était organisé, dirigé et composé presque exclusivement de francs-maçons de haut rang, tels que Clémence Royer, Annie Feresse-Deraisme, Maria Martin, Marie Bonneval et Annie Besant (dont nous parlerons plus loin).
En 1898, elle donne naissance à un fils, Mario, à la suite d’une relation avec un collègue, le Dr Guiseppi Montesano, qu’elle refuse d’épouser, sachant que ce serait la fin de sa carrière. Non seulement elle refusa de se marier, mais elle plaça son fils Mario dans une famille d’accueil, afin que sa carrière ne soit pas entravée. Elle ne le reprit avec elle que lorsqu’il avait 15 ans…
À partir de 1900, elle codirige une école pour enfants handicapés mentaux. C’est à travers son rôle d’enseignante qu’elle commença à mettre en œuvre sa compréhension de la théosophie dans sa méthode d’éducation. Lorsqu’elle commença à travailler avec des enfants normaux, elle utilisa les mêmes matériaux que ceux qu’elle avait utilisés avec les enfants handicapés mentaux.
Montessori a unifié son approche féministe et scientifique du changement social avec l’ouverture de la Casa dei Bambini, La maison des enfants en 1907. La Casa permettait aux mères et aux pères de travailler, assurés que leurs enfants étaient bien pris en charge. Elle explique : « Il faut se rappeler que toutes les mères de l’immeuble peuvent profiter de ce privilège et se rendre à leur travail l’esprit tranquille. »
En 1907, Maria Montessori se rendit à Londres pour écouter Annie Besant de la Société théosophique. Leur amitié dura toute une vie et ne s’est pas limitée à une simple rencontre d’un jour. En effet, nous verrons plus loin que Montessori était membre de la Société Théosophique depuis 1899, donc avant de développer sa Méthode… Annie Besant et les théosophes seront des amis pour la vie.
Plus tard, Montessori fuit l’Italie de Mussolini et se rend en Inde. « Elle avait été invitée à donner un cours de formation Montessori à Adyar par le président international de la Société théosophique de l’époque (depuis 1934), George Arundale, un franc-maçon de haut niveau depuis 1902. Il avait fait une invitation à Montessori alors que lui et sa femme étaient en visite en Hollande. Ils se sont même rendus à l’aéroport de Madras pour rencontrer la rencontrer. Maria Montessori passa le reste des années de guerre à travailler en Inde et la Société Théosophique la sponsorisait. Elle écrivait régulièrement pour le journal de la Société Théosophique, The Theosophist. Le premier journal de la Société théosophique fut fondé en 1887 par Mme Blavatsky qui l’intitula Lucifer. Un autre journal théosophique a été développé et intitulé The Blue Lotus, Le Lotus bleu. Le périodique « The Theosophist » a ensuite été développé en Inde.
« En octobre 1947, le magazine Time rapportait que le Dr Maria Montessori, éducatrice mondialement connue, bien que’presque oubliée’, était néanmoins bien vivante en Inde où elle continuait à donner des conférences dans le parc du magnifique domaine de la Société Théosophique à Adyar, dans la banlieue de Madras. » (History of Education Society Bulletin (1985) Vol. 36 pp 52 -54).
« En raison, sans doute, de sa résidence permanente à Adyar et du soutien généreux que la Société Théosophique a apporté à Montessori et à son fils Mario pendant les années de guerre, on lui demanda à une occasion, à l’ombre du célèbre banian géant d’Adyar, si elle était devenue théosophe. L’impérieuse Montessori rétorqua : « Je suis une Montessorienne ». Mais, après sa mort en 1952, le président de la Société, C. Jinarajadasa, a rapporté que le Dr Maria Montessori avait effectivement rejoint la Société Théosophique le 23 mai 1899. Sa demande originale avait été retrouvée par le bureau du secrétaire d’enregistrement à Adyar. Comme il n’y avait pas de section italienne à l’époque, Montessori avait rejoint la section européenne et admise par le secrétaire général, M. Otway Cuffe. Son adhésion a été abandonnée plus tard, bien que la date ne soit pas connue. […] Il est maintenant clair, cependant, que le lien de Montessori avec la Théosophie était plus ancien que la Méthode. » (History of Education Society Bulletin (1985) Vol. 36 pp 52 -54).
Il est en effet très clair que Montessori a développé sa Méthode après être devenue théosophe, et après avoir lu les œuvres de Mme Blavastky (fondatrice de la Société Théosophique).
Sa philosophie
Montessori a donné pour la première fois sa vision de la « nouvelle femme » lors d’une série de conférences en Italie en 1899. « La nouvelle femme se mariera et aura des enfants par choix, et non parce que le mariage et la maternité lui sont imposés ». Cette citation est bien connue.
Elle a lu abondamment les œuvres d’Itard, de Séguin et de Frœbel, (qu’elle décrit elle-même dans la Méthode Montessori) ces hommes dont l’esprit avait été influencé par Rousseau. Il est clair que sa philosophie est fortement influencée par Rousseau, par exemple lorsqu’elle voit l’enfant comme un « Messie » qui peut enseigner au maître si son âme n’a pas été « déformée ». Rousseau pensait que l’homme était parfait, c’est la société qui le « déformait ». Kramer rapporte qu’elle aurait dit à un collaborateur « Je n’ai pas besoin d’enseigner quoi que ce soit aux enfants ; ce sont eux qui, placés dans un milieu favorable, m’enseignent, me révèlent des secrets spirituels pour autant que leur âme n’ait pas été déformée » (Kramer 1976 : 251).
Dans l’introduction du livre Education for a New World, Éducation pour un monde meilleur (Montessori series Book 5), de Maria Montessori et Lillya Foteva, on peut lire : « Ici commence donc une nouvelle voie, où ce ne sera pas le professeur qui enseignera à l’enfant, mais l’enfant qui enseignera au professeur ». Et dans l’introduction du livre Le secret de l’enfance (Série de livres Montessori n° 22), on peut lire : « L’adulte doit être déterminé à apprendre des enfants plutôt qu’à leur imposer ses propres idées » !
Elle a rejeté la méthode traditionnelle d’enseignement, où l’enseignant est en position d’autorité, pour un nouveau mode d’éducation où l’enfant est l’égal de l’enseignant…
Selon ses propres termes, « l’enfant doit avoir une liberté de choix absolue », « l’enfant doit apprendre par sa propre autorité individuelle… et ne pas être remis en question dans son choix ». (Montessori 1949 : 5 & 7).
Montessori a écrit quelques ouvrages éloquents, comme celui intitulé L’enfant : le Messie éternel… « Nous devons nous rappeler que la religion est un sentiment universel qui est à l’intérieur de chacun et qui a été à l’intérieur de chaque personne depuis le début du monde. Ce n’est pas quelque chose que nous devons donner à l’enfant. « (Maria Montessori, dans L’enfant, la société et le monde : discours et écrits inédits).
Je cite son propre livre Méthode Montessori : « Quant aux punitions, l’âme de l’homme normal se perfectionne par l’expansion, et la punition telle qu’on la conçoit communément est toujours une forme de répression ».
De même, elle n’était pas d’accord pour donner des prix ou même des notes… « Le prix et la punition sont des incitations à l’effort artificiel ou forcé ». (Méthode Montessori).
Certains de ses écrits ont une consonance communiste certaine, comme lorsqu’elle parle de « l’isolement des masses de pauvres ». Au Moyen-âge, la lèpre était isolée : les catholiques ont isolé les Hébreux dans le Ghetto » (Méthode Montessori).
Montessori était œcuménique : « Tout comme la langue a de nombreuses expressions, l’anglais, le suédois, le swahili, et ainsi de suite, l’élévation s’exprime par le biais de différentes croyances : le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme et de nombreux systèmes de croyance différents afin de communiquer avec et sur Dieu ».
Montessori était essentiellement gnostique : « L’enfant s’abreuve inconsciemment de la puissance divine, tandis que la conscience raisonnante de l’adulte n’est qu’humaine ».
Elle écrivait : « Il faut donner aux nouveaux enfants de l’humanité civilisée une émotion et un enthousiasme profonds pour la cause sainte de l’humanité « (Montessori 1949 : 75).
Et « le Plan Cosmique peut être présenté à l’enfant, comme une histoire palpitante de la terre où nous vivons… » (Montessori 1949 : 2).
Elle a également écrit « le principe fondamental de l’éducation est la corrélation de tous les sujets, et leur centralisation dans le plan cosmique. » Et enfin, « Le secret du succès réside dans le bon usage de l’imagination pour éveiller l’intérêt, et dans la stimulation des graines d’intérêt déjà semées par un matériel littéraire et pictural attrayant, mais tout cela est corrélé à une idée centrale, d’inspiration grandement ennoblissante – le Plan Cosmique dans lequel tous, consciemment ou inconsciemment, servent le Grand But de la Vie ». (Montessori 1949 : 3)
George Arundale, le franc-maçon et théosophe avec lequel elle travaillait en Inde, pensait qu’« une conséquence de la foi dans le karma et la réincarnation dans la perspective de l’éducation est que les gens se trouvent à différents niveaux dans le processus d’éducation. Par conséquent, l’enseignement devrait être orienté vers l’individu et avoir son point de départ au niveau où l’enfant se trouve dans le processus de développement. » (Fjällsby 216 : 165).
Sa vision de la « dignité humaine » était également erronée : « la dignité humaine naît du sentiment de son indépendance » (Montessori 1941).
Le programme Montessori comprend des lignes temporelles de l’histoire humaine parallèles à la ligne temporelle de la planète Terre, montrant quatre milliards et demi d’années de développement, du précambrien à l’ère moderne… Dans To Educate the Human Potential, Maria Montessori a fait valoir la valeur de l’enseignement de la préhistoire aux enfants.
Les écoles Montessori encouragent généralement l’acceptation de la spiritualité globale nécessaire à la formation de citoyens du monde.
Il est être très intéressant de voir une liste des personnes qui ont fréquenté les écoles Montessori : Bill Gates (Microsoft), Mark Zuckerberger (Facebook), Jeff Bezos (Amazon), Larry Page et Sergey Brin (Google), les princes William et Harry, George Clooney, Beyonce Knowles (chanteuse).
Ses croyances
De nombreux théosophes affirment qu’elle a été impliquée dès son plus jeune âge dans la Société théosophique, ce qui expliquerait ses fortes opinions sur le féminisme. Encore une fois, bien que cela soit possible étant donné son adhésion à la Société en 1899, je n’ai personnellement trouvé aucune rencontre attestée avec des théosophes connus ou de haut niveau avant cette année-là. Montessori avait cependant lu très tôt les livres de Mme Blavatsky.
La Société Théosophique écrit : « Il existe de nombreux parallèles entre les vies de Montessori et de Besant : toutes deux ont brisé les barrières contre les femmes ; toutes deux s’intéressaient à la science exacte moderne et au mysticisme ; et toutes deux étaient des oratrices charismatiques qui donnaient des conférences dans le monde entier. Mais le parallèle le plus important était peut-être leur vision commune de l’évolution et de l’unicité de la vie » (Theosophical.org).
La Société Théosophique a été officiellement fondée en novembre 1875 par deux francs-maçons notoires et très gradés, Mme Blavatsky et le Colonel Olcott. La théosophie est décrite dans le Dictionnaire encyclopédique mondial de 1971 comme « le système de croyance et de doctrine, basé en grande partie sur les idées brahamiques et bouddhistes de la Société théosophique ». Elle se considère comme une « science de l’occulte « (Burger 2014).
Ce qui suit est presque entièrement et presque mot pour mot repris de l’article de Christian Lagrave dans Le Sel de la Terre n° 94 :
Mme Blavatsky avait quitté la Russie et son mari en 1848 et parcouru le monde. Au Caire, en Egypte, elle s’attacha à un mystique musulman qui l’initia aux « mystères d’Isis » ; elle se rendit ensuite aux États-Unis, où elle séjourna chez des mormons, et à la Nouvelle-Orléans fut initiée au vaudou. Elle se rend ensuite à Londres en 1851 et est connue dans les milieux spirites et subversifs. Elle s’affilie également aux Carbonari, ayant noué une amitié avec Mazzini, carbonaro et maçon. Mme Blavatski voyage également en Inde, au Japon, et enfin en Italie où elle accompagne le franc-maçon Garibaldi dans ses expéditions contre les troupes pontificales en 1856.
Elle rencontre enfin un certain Henry Steele Olcott, journaliste amateur de New York et franc-maçon, surnommé Colonel Olcott. Il ne la quittera plus et ensemble ils propageront leurs idées. Ils commencèrent par rejoindre la société secrète très fermée The Hermetic Brotherhood of Luxor. Ils étaient des amis intimes d’Albert Pike, l’un des plus célèbres francs-maçons, Grand Maître du Rite écossais. Enfin, le 17 novembre 1875, ils fondèrent la Société Théosophique. Mme Blavastki se vit finalement conférer le titre de « Princesse couronnée », le plus haut grade du rite maçonnique de Memphis-Misraim.
C’est Mme Blavastki qui a fondé, en 1887, la revue théosophique intitulée Lucifer. Elle avait au moins, contrairement à Montessori, le mérite d’être honnête…
N’oublions pas ce que Montessori elle-même a dit de Mme Blavastky, à savoir qu’« elle était surprise qu’il y ait eu, il y a si longtemps, des idées éducatives si semblables aux siennes d’aujourd’hui ». (History of Education Society Bulletin 1985 : 52 -54).
Annie Besant fut le successeur de Mme Blavastki à la tête de la Société Théosophique.
Besant était une protestante irlandaise qui abandonna son mari et ses deux enfants. « Elle avait une haine tenace contre le mariage, la famille et la religion ». (R.P. Lucien Roure). « Il faut combattre Rome et ses prêtres, combattre partout le christianisme, et chasser Dieu des cieux ». (Annie Besant à Bombay, en 1924). Elle se décrivait comme étant « aussi fière que Lucifer » (Besant cité dans Fjällsby 2016 : 80). Annie Besant était également membre de la société maçonnique anglo-française, du rite Memphis-Mïsraïm. Tous ses amis étaient francs-maçons, comme George Martin, franc-maçon, communiste et l’un des hommes de Garibaldi, ou Maria Arundale, une franc-maçonne féministe, dont la sœur est finalement devenue la secrétaire générale du Suprême Conseil Universel Mixte, la plus haute instance mondiale de la franc-maçonnerie mixte (hommes et femmes).
Annie Besant a décrit l’expérience suivante dans le périodique théosophique Lucifer : « J’ai senti que l’air de la pièce se transformait en ondes pulsantes et alors le corps astral brillant du Maître s’est manifesté, visible pour mes yeux physiques » (Fjällsby 2016 : 86). Vu le nom du périodique dans lequel elle écrit, il n’y a aucun doute sur l’identité du Maître…
Besant était « convaincu que les méthodes Montessori étaient le résultat de l’introduction des idées des théosophes dans l’éducation, notamment en plaçant l’enfant comme une “continuation de l’acte de création” et en validant une pédagogie spirituelle. » (Wagnon 2017 : 154). Les montessoriens sont souvent des théosophes et vice-versa dans de nombreux pays (Wagnon 2017 : 154).
Telles sont les personnes qui sont devenues la meilleure amie de Maria Montessori, telles sont les personnes qui l’ont parrainée en Inde, c’est la Société dont elle était membre… Ce ne sont pas de simples « photos d’elle avec une personne douteuse ».
En effet, « Jinarajadasa présume que Montessori n’a pas mentionné les efforts de la Société Théosophique pour faire avancer son travail, en particulier en Inde, parce qu’elle était catholique romaine, et que mentionner le travail de la’Société Théosophique’, aurait attiré sur elle la colère de la hiérarchie catholique » (History of Education Society Bulletin (1985) Vol. 36 pp 52-54).
Les promoteurs de la méthode Montessori
Nous avons vu comment la Société théosophique a effectivement parrainé Maria Montessori pour qu’elle travaille en Inde.
Pendant plus de trois décennies, Robert Muller a été sous-secrétaire des Nations Unies. Sa vision d’un programme de base mondial, telle qu’elle est exposée dans son livre New Genesis : Shaping a Global Spirituality, a été approuvée par l’influente Association for Supervision and Curriculum Development (ASCD), la branche de la NEA (National Education Association) chargée des programmes scolaires, et est utilisée comme modèle ou base pour le programme de base adopté dans les nations du monde entier.
La vision de M. Muller est celle d’un monde uni par une éducation globale et évoluant spirituellement vers la perfection ultime. Il admet que ses croyances sont basées sur les enseignements canalisés du « Maître tibétain Djhwal Khul », un guide spirituel de l’occultiste Alice Bailey. S’exprimant lors d’une conférence internationale parrainée par le Fonds des Nations unies pour la population, l’Université de la paix et le gouvernement du Costa Rica, Muller a déclaré :
« Nous avons besoin d’une nouvelle éducation mondiale. L’éducation mondiale, à savoir l’éducation des enfants dans notre foyer mondial et dans la famille humaine, fait de bons progrès. Mais nous devons aller plus loin. Nous avons besoin de l’éducation cosmique prévue par les religions et par des personnes comme Maria Montessori. Nous avons besoin d’une éducation holistique, qui enseigne l’holisme de l’univers et de la planète… ».
Philip Gang, l’un des premiers dirigeants du mouvement Montessori, a fait partie de l’équipe de conception initiale du projet d’éducation mondiale de l’UNESCO, dirigée par Robert Muller. Plus tard, il a fondé et dirigé l’Alliance mondiale pour transformer l’éducation (GATE).
Montessori et saint Pie X
Certains se recommandent de ce que saint Pie X a donné la bénédiction apostolique à Maria Montessori, mais cela n’est pas une approbation de l’œuvre puisque, à cette époque, Maria Montessori ne se montrait que comme une animatrice sociale d’une œuvre pour enfants.
Ce sont les partisans de Montessori qui tentent de récupérer le pape saint Pie X et non lui qui approuva Maria Montessori. Voici ce que j’ai trouvé à propos du livre La pédagogie religieuse de Maria Montessori – conférences de Londres 1946 » de Edwing Mortimer Standing, ISABEL EUGENIE :
« Lorsque saint Pie X permit l’accès précoce à l’Eucharistie, il initia une révolution dans la pédagogie religieuse : comment s’adresser à de jeunes enfants ? Maria Montessori s’attela à la tâche, formalisant sa pédagogie « intuitive » dans le domaine du sacré. En 1919, découvrant l’œuvre de Montessori, Mère Elizabeth, supérieure des religieuses de l’Assomption à Kensington, enseignante dans l’âme, décida de transformer leur jardin d’enfants. En 1921, Mère Isabel Eugenie obtint son diplôme des mains même de Maria Montessori. L’impulsion était donnée : première école Montessori reconnue en Angleterre, elle fut doublée dès son ouverture par la création d’un centre de formation où Maria Montessori intervint régulièrement. Les conférences de Kensington données en 1952 nous révèlent les ressources méconnues de la pédagogie religieuse de Maria Montessori.
Collaborateurs de Maria Montessori, E. M. Standing et Mère Isabel Eugenie, R. A., furent fer de lance de la pédagogie religieuse dans le monde anglo-saxon. »
Non, il n’y a pas d’accès précoce à l’Eucharistie, mais un accès dès l’âge de raison. Ce n’est pas la même chose.
Non, cet accès n’a pas initié une révolution dans la pédagogie religieuse, au contraire, c’était un retour à la tradition éducative reposant sur le développement des vertus.
Oui, la pédagogie de Montessori est « intuitive », c’est-à-dire pas rationnelle. C’est encore plus nocif quand il s’agit de la foi !
Le pape Benoît XV lui a également donné sa bénédiction et a fait l’éloge de son travail. Mais outre ses lettres à Benoît XV, Maria Montessori a également eu de nombreux échanges épistolaires avec Sigmund Freud en 1917 et le Mahatma Gandhi en 1931.
Certains catholiques furent clairvoyants, heureusement. En Inde, quand Annie Besant fonda le Central Hindu College (CHC) et essaya de le faire reconnaître en ayant une connexion formelle avec l’Université d’Allahabad, le vice-chancelier catholique romain de cette université, Sir Anthony McDonnel, refusa d’approuver ce rattachement (Fjällsby 2016 : 176).
Bibliographie
www.biola.edu/talbot/ce20/database/maria-montessori
Burger, Maya. Marge ou centre ? Où chercher la vérité ? L’orientalisme d’une Russe en Inde : Helena Petrovna Blavatsky in Études de lettres, 2-3 | 2014, 297-322. https ://journals.openedition.org/edl/761.
Dictionnaire encyclopédique mondial, 1971. Paul Hamlyn, éd.
Fjällsby, P-O. Idealizing India : Une perspective transformative sur la contribution des théosophes à l’éducation et à la politique (1879-1930). 2016. Disponible en ligne : http ://kau.diva- portal.org/smash/get/diva2 :919959/FULLTEXT01.pdf.
History of Education Society Bulletin (1985) Vol. 36 pp 52 -54. http ://www.kelpin.nl/fred/download/montessori/english/theosophist.pdf
Kramer. Maria Montessori : Une biographie. 1976.
Lagrave, Christian in Le Sel de la Terre No 89 Eté 2014, La tactique moderniste, de Saint Pie X à Pie XI.
Lagrave, Christian in Le Sel de la Terre No 94 Automne 2015, Le féminisme contre la famille.
Maria Montessori. L’enfant, dans Le théosophe, décembre 1941.
Montessori, Maria. La méthode Montessori.
Maria Montessori. Pour éduquer le potentiel humain. 1949. www.parlonsmusique.wordpress.com/2017/03/29/maria-montessori
www.thenewinquiry.com/blog/dr-maria-montessori-feminist/
www.theosophical.org/publication/quest-magazine/1409-montessori-and-the-theosophical-society
Wagnon, Sylvain. Les théosophes et l’organisation internationale de l’éducation nouvelle (1911- 1921). Revista de Estudios Históricos de la Masonería Latinoamericana y Caribeña, vol. 9, n° 1, 2017, mai-novembre, p. 148-182 Universidad de Costa Rica.
Livres de Maria Montessori :
Anthropologie pédagogique
Citoyen du monde
Education et paix
Education pour un monde nouveau
De l’enfance à l’adolescence
Maria Montessori s’embarque pour l’Amérique
Maria Montessori parle aux parents
Maria Montessori écrit à son père
Maria Montessori écrit à ses petits-enfants
Psychoarithmétique
Psychogéométrie
Les conférences de Rome de 1913
Les conférences de Rome de 1913
Les conférences de Californie de 1915
Les conférences de Londres de 1946
L’esprit absorbant
La méthode Montessori avancée Volume I et Volume II
L’enfant dans la famille
L’enfant, la société et le monde La découverte de l’enfant
La formation de l’homme
La messe expliquée aux enfants
L’approche Montessori de la musique
Les conférences de San Remo
Le secret de l’enfance
Éduquer le potentiel humain
Ce que vous devez savoir sur votre enfant