4e semaine de l’avent

Dom Guéranger ~ L’année liturgique
4e semaine de l’avent

Lundi de la quatrième semaine de l’avent

Mardi De La Quatrième Semaine De L’avent

Mercredi de la quatrième semaine de l’avent

Jeudi de la quatrième semaine de l’avent

Vendredi de la quatrième semaine de l’avent

 

Voir aussi les grandes féries de l’avent

Le lundi de la quatrième semaine de l’avent

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 12

Et toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j’ai élu, fils d’Abraham mon ami, et dans lequel je t’ai pris des extrémités de la terre, je t’ai appelé à moi d’un pays lointain, et je t’ai dit : Tu es mon serviteur, je t’ai élu et je ne t’ai pas rejeté. Ne crains point, parce que je suis avec toi ; ne te détourne point, car je suis ton Dieu ; je t’ai fortifié, je t’ai secouru, et la droite du Juste que je t’ai envoyé t’a soutenu. Voici que tous ceux qui combattent contre toi seront confondus et rougiront de honte : ils seront comme s’ils n’étaient pas, et ils périront, ceux qui s’opposent à toi. Tu les chercheras, et tu ne les trou­veras pas, ces hommes qui s’élevaient contre toi ; et ceux qui te faisaient la guerre seront comme s’ils n’avaient jamais été et disparaîtront ; car je suis le Seigneur ton Dieu qui prends ta main et te dis : Ne crains pas ; c’est moi qui te soutiens. Ne crains point, ô Jacob ! faible vermisseau, ni vous, enfants d’Israël, qui êtes morts : c’est moi qui suis venu te secourir, dit le Seigneur ; et c’est le Saint d’Israël qui est ton Rédemp­teur. Je te ferai semblable à un chariot tout neuf, qui foule des blés, qui a des dents de fer : tu fouleras et tu briseras les montagnes, et tu réduiras en poudre les collines. Tu les van­neras, et le vent les emportera, et la tempête les dissi­pera : et toi, tu tressailleras dans le Seigneur, tu te réjouiras dans le Saint d’Israël.

C’est ainsi que vous nous relevez dans notre bassesse, ô Fils éter­nel du Père ! c’est ainsi que vous nous rassurez contre les trop légitimes terreurs que nous causent nos péchés. « Israël, mon serviteur, nous dites-vous, Jacob que j’ai élu, fils d’Abraham mon ami, je t’ai appelé de bien loin : ne crains point, car je suis avec toi. » Mais pour être ainsi avec nous, ô Verbe divin ! de quelles hauteurs ne vous a-t-il pas fallu descendre ! Nous ne pouvions venir à vous ; un chaos immense vous séparait de nous. Bien plus, nous n’avions aucun désir de vous voir ; tant nos péchés avaient appesanti notre cœur ! et d’ailleurs, nos yeux n’auraient pu sup­porter votre éclat. Dans cette extrémité, vous êtes descendu en personne, et, voilé de votre humanité comme d’un nuage, vous vous êtes donné à voir à nos faibles yeux. « Qui doutera, s’écrie saint Bernard dans son premier sermon de l’avent, qui doutera que ce ne soit là une grande chose, qu’une si sublime Majesté ait daigné descendre de si haut dans un lieu si indigne ? Oui, certes, c’est là une grande chose ; car c’est une miséricorde immense, une pitié excessive, une charité infinie. En effet, pourquoi vient-il ? Il vient chercher sa centième brebis qui s’était égarée. Ô admirable condescendance d’un Dieu ! ô dignité sublime de l’homme, objet d’une telle recherche ! Certes, si l’homme s’en glorifie, ce ne sera pas sans motif, non pas qu’il doive se considérer en cela comme s’il était quelque chose par lui-même ; mais bien parce qu’il est l’objet d’une telle estime de la part de son auteur. Toutes les richesses, toute la gloire du monde, tout ce qu’on désire dans le monde, est moins que cette gloire ; que dis-je ? n’est rien en com­paraison. Ô Seigneur ! qu’est-ce donc que l’homme, pour que vous le traitiez avec tant de gloire, pour que vous lui attachiez ainsi votre Cœur ? » Montrez-vous donc bientôt à vos brebis, ô divin Pasteur ! Vous les connaissez, vous les avez vues du haut du ciel, vous les contemplez avec amour, du sein de Marie où vous reposez encore ; elles veulent vous connaître aussi ; elles ont hâte de considérer vos traits chéris, d’entendre votre voix, d’entrer dans les heureux pâturages que vous leur promettez.

Hymne pour le temps de l’avent
(Composée par saint Ambroise ; elle est au bréviaire ambro­sien, au 6e dimanche de l’avent)

C’est un mystère de l’Église, c’est une hymne que nous chan­tons au Verbe du Père, devenu le fils d’une Vierge.

Seule entre toutes les femmes, vous avez été choisie dans le monde, et jugée digne de porter le Seigneur en vos saintes entrailles.

Ce mystère est grand ! À Marie seule le privilège de voir naî­tre de son sein le Dieu qui a créé toutes choses.

Vraiment vous êtes pleine de grâce, et votre gloire demeure à jamais ; car de vous est né le Christ par qui toutes choses furent faites.

Peuples, implorons la Vierge Mère de Dieu, afin qu’elle nous obtienne à tous paix et indulgence.

Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né de la Vierge ; gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles sans fin.

Amen.

Prière du missel ambrosien
(En la messe du 5e dimanche de l’avent)

O Dieu, qui ayant vu l’homme tombé dans la mort, l’avez voulu racheter par l’avènement de votre Fils unique ; faites, nous vous en prions, que ceux qui confessent sa glorieuse in­carnation méritent d’obtenir la société éternelle de ce divin Rédempteur, qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

Le mardi de la quatrième semaine de l’avent[1]

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 42

Voici mon serviteur, je le soutiendrai ; mon élu dans lequel mon âme a mis toute son affection. J’ai répandu mon Esprit sur lui : il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point ; il n’aura point acception de personne, et on n’entendra point sa voix au dehors. Il ne brisera point le roseau déjà éclaté, et il n’éteindra point la mèche qui fume encore : il rendra justice selon la vérité. Il ne sera point triste ni violent, jusqu à ce qu’il ait établi la justice sur la terre ; et les îles attendront sa loi. Voici ce que dit le Seigneur Dieu qui a créé les cieux et qui les a étendus, qui affermit la terre et tout ce qui germe en son sein, qui donne le souffle au peuple qui l’habite, et la vie à ceux qui la foulent. Moi le Seigneur, je t’ai appelé dans la jus­tice ; je t’ai pris par la main, et je t’ai gardé ; je t’ai établi pour être l’alliance du peuple, la lumière des nations : pour que tu ouvrisses les yeux des aveugles, pour que tu tirasses de la pri­son celui qui était enchaîné, et de la maison de captivité ceux qui étaient assis dans les ténèbres.

Que votre arrivée en ce monde est douce et pacifique, ô Jésus ! On n’entend point votre voix retentir avec empire ; et vos mains, encore immobiles au sein maternel, n’essaient même pas de rom­pre le faible roseau qu’un souffle achèverait de briser. Que venez-vous donc faire dans ce premier avènement ? Votre Père céleste nous l’apprend par le prophète. Vous venez pour être un gage d’alliance entre le ciel et la terre. Ô Enfant divin ! à la fois Fils de Dieu et fils de l’homme, bénie soit votre venue au milieu des hommes ! Votre berceau sera l’Arche de notre salut ; et quand vous marcherez sur la terre, ce sera pour nous éclairer et nous délivrer de la prison des ténèbres. Il est donc bien juste que nous allions au-devant de vous, et d’autant plus que vous faites à vous seul la plus grande partie du chemin. « C’est bien le moins, dit saint Bernard dans son premier sermon de l’avent, quand le ma­lade n’a pas la force de marcher au-devant de son médecin, qu’il tâche de soulever la tête, et de faire quelques mouvements à sa rencontre. Il ne s’agit donc pas, ô homme ! de passer les mers, de pénétrer les nuages, de franchir les montagnes : non, le chemin n’est pas considérable. Va seulement jusqu’à toi-même, et tu ren­contreras ton Dieu : car il est dans ta bouche, il est dans ton cœur. Va au-devant de lui jusqu’à la componction de ton cœur, jusqu’à la confession de ta bouche ; sors seulement du bourbier de ta malheureuse conscience ; car l’auteur de la pureté ne saurait la choisir pour asile dans l’état où elle est présentement. » Gloire à vous donc, ô Jésus, qui ménagez les fractures du roseau, afin qu’il puisse reverdir et fleurir au bord des eaux dont vous êtes la source ! gloire à vous, dont le souffle tout-puissant se modère, afin de n’étouffer pas la dernière étincelle de cette mèche qui s’éteint, mais qui, n’étant pas encore froide, peut se raviver et luire pour le festin de l’Époux.

Hymne en l’honneur de la Sainte Vierge
(Composée par saint Pierre Damien)

Que toute la terre soit en jubilation, que les astres retentis­sent de nos chants, et qu’un double chœur, au ciel et sur la terre, répète l’épithalame de la Vierge.

Cette Vierge que remplit le Verbe, devient la porte du para­dis ; elle a rendu Dieu au monde, elle nous a ouvert les cieux.

Heureuse Mère ! affranchie de la loi d’Ève, elle a conçu sans le secours de l’homme, enfanté sans gémissement.

Sein de Marie, riche trésor ! Il a porté le prix du monde, ce prix glorieux de notre rachat, à nous qu’il a dégagés d’une dette accablante.

Le Fils du Père repose en elle, l’Esprit-Saint la couvre de son ombre ; les très pures entrailles de la Vierge sont devenues le ciel.

Louange soit à vous, Très-Haut, né d’une Vierge ; ineffable honneur soit au Père et au Saint-Esprit.

Amen.

Prière du sacramentaire gallican
(Pour la venue du Seigneur, Prière après la prophétie)

Auteur de la lumière, qui fécondez toutes choses, vous qui venez visiter un peuple indigne de cet honneur, et qui, par la bouche du bienheureux Jean, accomplissez les oracles pro­phétiques qui retentirent dans les siècles, en même temps que vous les exécutez par les œuvres qu’il fait paraître au désert ; accordez à votre peuple qui vous en supplie la grâce de vous servir sans crainte, afin que, par les entrailles de vo­tre miséricorde, étant remplis de science, nous méritions d’être dirigés par la vérité.

 

Le mercredi de la quatrième semaine de l’avent[2]

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 51

Écoutez-moi, vous qui suivez la justice et qui cherchez le Sei­gneur. Rappelez-vous la pierre de laquelle vous avez été tail­lés, et la carrière profonde d’où vous avez été tirés. Jetez les yeux sur Abraham votre père, et sur Sara qui vous a en­fan­tés ; considérez que je l’ai appelé lorsqu’il était seul, et je l’ai béni, et je l’ai multiplié. Ainsi le Seigneur consolera Sion, et il consolera toutes ses ruines ; il changera son désert en un lieu de délices, et sa solitude en un jardin du Seigneur. On y trou­vera la joie et l’allégresse, l’action de grâces et la voix de louange. Écoute- moi, ô mon peuple ! nation que j’ai choisie, entends ma voix : car la loi sortira de moi, et ma justice éclai­rera les peuples, et se reposera parmi eux. Mon Juste est pro­che, le Sauveur que j’envoie va paraître ; et mes bras juge­ront les peuples : les îles m’attendront, et supporteront les délais de mon bras. Levez vos yeux au ciel, et abaissez-les vers la terre ; car le ciel se dissipera comme une fumée, et la terre s’en ira en poudre comme un vêtement usé, et ses habitants périront comme elle ; mais le Salut que je donnerai sera éter­nel, et ma justice ne manquera jamais.

Ô vous, qui êtes la Fleur des champs et le Lis des vallons, vous venez donc transformer notre terre ingrate et aride en un jardin de délices. Par notre péché, nous avions perdu Éden et toutes ses magnificences ; et voilà que cet Éden nous est rendu ; voilà que vous venez l’établir dans notre cœur. Ô plante céleste ! arbre de vie transplanté du ciel en terre, vous prenez d’abord racine en Marie, cette terre fidèle, et vous viendrez ensuite chercher en nous un sol reconnaissant qui vous garde et vous fasse fructifier. Préparez ce sol, divin agriculteur ! vous que la pécheresse par­donnée aperçut un jour sous la forme d’un jardinier. Vous savez combien il manque encore à nos cœurs, pour être propres à vos desseins. Remuez, arrosez cette terre, la saison est venue ; elle ne voudrait pas être stérile, ni se voir privée de posséder cette riche fleur qui fait la gloire du ciel, et qui daigne venir cacher un mo­ment son éclat ici-bas. Ô Jésus ! faites que nos âmes soient ferti­les, qu’elles se couronnent de la fleur des vertus ; qu’elles-mêmes deviennent autant de fleurs ; qu’elles soient du nombre de celles qui, croissant autour de la vôtre, préparent à l’œil du Père céleste un jardin digne d’être uni à celui qu’il a planté dans l’éternité. Ô fleur céleste ! vous êtes aussi la rosée, gardez-nous de la séche­resse ; vous êtes le soleil, gardez-nous de la froidure ; vous êtes l’odorant parfum, communiquez-nous votre suavité ; vous êtes la souveraine beauté, fleur blanche et pourprée, faites que nous soyons radieux autour de vous dans l’éternité, comme la couronne que vous avez conquise.

Hymne de préparation à Noël
(Composée par saint Ambroise, elle est aux premières vêpres de Noël au bréviaire ambrosien ; et dans les anciens bréviaires romains-français)

Venez, Rédempteur des nations ; montrez-nous l’enfante­ment d’une Vierge ; que tous les siècles soient dans l’étonne­ment : cet enfantement sied à un Dieu.

Ce n’est point l’œuvre de l’homme ; c’est par le souffle mysti­que de l’Esprit divin que le Verbe de Dieu s’est fait chair, que le fruit des entrailles a fleuri.

Le signe de la maternité se révèle en la Vierge ; mais le sceau de la pudeur est demeuré intact ; l’étendard de la puissance se déploie ; Dieu habite dans son temple.

Il sort de son secret sanctuaire, royal palais de la pudeur ; Géant aux deux natures, il court sa voie à pas de conquête.

Il est sorti du Père ; il est remonté au Père ; il plonge jusqu’aux enfers, il reparaît sur son trône de Dieu.

Fils égal à l’éternel Père, revêtez les trophées de la chair ; affermissez par votre vertu toujours vivante les défaillances de notre corps.

Déjà resplendit votre crèche ; dans la nuit s’exhale une lu­mière nouvelle, que jamais l’ombre n’obscurcira : c’est l’éternelle splendeur de la foi.

Gloire à vous, Seigneur, qui êtes né d’une Vierge, gloire avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles sans fin !

Amen.

Prière du missel mozarabe
(Au 2e dimanche de l’avent)

Seigneur, Dieu tout-puissant, qui, pour la rédemption du genre humain, avez voulu, par le message d’un ange, faire descendre jusqu’à nous dans le sein de la Vierge Marie, votre Fils, éternel comme vous et égal à vous ; accordez-nous, en ce temps de l’avènement de ce Fils unique, la même grâce de paix que vous avez daigné octroyer aux siècles passés, et comptez-nous au nombre de ceux qui allèrent au-devant de lui par la foi, alors que cette foi commençait, et qui, lavés par Jean dans les eaux de la pénitence, furent plus tard baptisés par votre Fils dans l’Esprit-Saint et dans le feu.

 

Le jeudi de la quatrième semaine de l’avent[3]

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 64

Oh ! si vouliez ouvrir les cieux et en descendre ! les monta­gnes fondraient devant votre face : elles se dessécheraient comme dévorées par le feu ; les eaux seraient embrasées, et votre Nom se signalerait devant vos ennemis ; les nations trembleraient devant votre face. Lorsque vous feriez éclater vos merveilles, nous ne les pourrions soutenir. Vous êtes des­cendu, et les montagnes se sont écoulées devant vous. Depuis le commencement du monde, les oreilles n’ont point en­tendu, l’œil n’a point vu, hors vous seul, ô Dieu ! ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent. Vous êtes allé au-devant de ceux qui étaient dans la joie et qui vivaient dans la justice : ils se souviendront de vous en marchant dans vos voies. Vous vous êtes irrité, parce que nous avons péché : nous avons toujours été dans les péchés, et néanmoins nous serons sauvés. Et nous sommes tous devenus comme un homme impur, et toutes nos justices sont comme le linceul le plus souillé ; et nous sommes tous tombés comme la feuille, et, comme un vent impétueux, nos iniquités nous ont enlevés et dispersés. Il n’est personne qui invoque votre Nom, qui se lève et qui se tienne attaché à vous. Vous avez caché votre face à nos regards, et vous nous avez brisés par la main de notre iniquité. Et cependant, Seigneur, vous êtes notre Père, et nous ne sommes que de l’argile ; c’est vous qui nous avez formés, et nous sommes tous l’ouvrage de vos mains. Ne vous irritez plus, Seigneur : c’est assez, et ne vous souvenez plus de notre iniquité. Jetez les yeux sur nous, et considérez que nous sommes tous votre peuple. La cité de votre sanctuaire est devenue déserte : Sion est changée en solitude, Jérusalem est désolée. La maison de notre culte et de notre gloire, où nos pères chantèrent vos louanges, est devenue la proie des flammes et tout ce que nous aimions a été converti en ruines.

Ô dieu de nos pères ! paraissez bientôt. La cité que vous aimez est dans la désolation ! Venez relever Jérusalem et venger la gloire de son temple. C’est le cri du prophète : et vous l’avez en­tendu, et vous êtes venu délivrer Sion de la captivité, et ouvrir pour elle une ère de gloire et de sainteté. Vous êtes venu, non détruire la loi, mais l’accomplir ; et, par votre visite, Sion trans­formée est main­tenant l’Église votre Épouse. Mais, ô Sauveur ! ô Époux ! pour­quoi avez-vous détourné votre face ? Pourquoi, cette Église qui vous est chère est-elle assise au désert, pleurant comme Jérémie sur les ruines du sanctuaire, comme Rachel sur ses en­fants, parce qu’ils ne sont plus ? Pourquoi son héritage a-t-il été livré aux nations ? Mère devenue féconde par votre vertu, elle avait allaité d’innombrables enfants ; elle leur avait enseigné en votre nom les choses de la vie présente et les choses de la vie future ; et voilà que ces enfants ingrats l’ont délaissée. Chassée de pays en pays, elle s’est vue contrainte de transporter d’un lieu dans un autre le flambeau de la divine foi ; ses Mystères ont cessé d’être célébrés dans les lieux mêmes où autrefois ils étaient l’amour des peuples ; et du haut du ciel, ô Verbe créateur de l’univers, vous apercevez par toute la terre des autels brisés, des temples profanés. Oh ! venez donc ranimer la foi qui s’éteint.

Souvenez-vous de vos apôtres et de vos martyrs ; souvenez-vous de vos saints qui ont fondé les Églises, qui les ont honorées par leurs vertus et leurs miracles ; souvenez-vous enfin de votre Épouse, et soutenez-la dans le pèlerinage qu’elle accomplit ici-bas, jusqu’à ce que le nombre de vos élus soit complet. Sans doute, elle aspire, cette Épouse, à vous voir à jamais dans la lumière du jour éternel ; mais le cœur de mère que vous lui avez donné ne peut se résoudre à laisser ses enfants au milieu de tant de périls, tant que l’heure n’a pas sonné, après laquelle il n’y aura plus d’Église militante, mais la seule Église triomphante, enivrée de votre présence, ô Jésus, et de vos caresses éternelles. Mais, ô Sauveur ! cette heure fatale n’est pas venue ; pendant qu’il est temps encore, abaissez les cieux, descendez, venez à nous. Rete­nez aux rameaux de l’arbre ces feuilles que le vent de l’iniquité en avait détachées. Qu’il pousse de nouvelles branches, cet arbre que vous aimez ; que celles qui sont tombées par leur faute, et qui étaient déjà préparées pour le feu, soient de nouveau, par votre puissance, rattachées à ce tronc maternel qui se sentit déchiré cruellement au jour de la scission. Venez pour votre Église, ô Jésus ! Elle vous est plus chère encore que ne fut l’ancienne Jéru­salem.

Hymne tirée de l’anthologie des Grecs

(Au 21 décembre)

Votre sein, ô Mère de Dieu ! est le monceau de froment qui, d’une manière ineffable, porte l’épi non semé, le Verbe de Dieu que vous enfanterez dans la grotte de Bethlehem ; lequel, par sa divine apparition, doit nourrir toute créature en la charité, et délivrer le genre humain d’une mortelle famine.

Ô Vierge intacte, d’où venez-vous ? Qui vous a engendrée ? Quelle est votre mère ? Comment pouvez-vous porter le Créateur en vos bras ? Comment votre sein n’a-t-il éprouvé aucune souillure ? Nous voyons s’accomplir en vous de gran­des grâces, de redoutables mystères, ô vous toute sainte ! Nous préparons, suivant notre devoir, la grotte de votre en­fantement ; nous demandons au ciel l’étoile mystérieuse. Voici que les mages s’avancent de la terre d’orient à l’occident, pour voir le Salut des mortels comme un flambeau lumineux dans vos bras.

Ô vous qui êtes le brillant palais du maître, comment venez-vous dans une chétive étable, mettre au monde le Roi, le Sei­gneur incarné pour nous, ô Vierge toute sainte, épouse du grand Dieu !

Ève, par le péché de désobéissance, introduisit ici-bas la malédiction ; mais vous, ô Vierge Mère de Dieu ! par l’excellence de votre fécondité, vous avez fait fleurir au monde la bénédiction ; c’est pourquoi nous vous célébrons tous.

Ne t’attriste point, ô Joseph, en regardant mon sein ; car tu verras celui qui doit naître de moi, et tu seras dans la joie ; tu l’adoreras comme un Dieu, disait la divine Mère à son époux, comme elle allait pour enfanter le Christ. Célébrons sa douce mémoire et disons : Réjouissez-vous, ô pleine de grâces ! le Seigneur est avec vous, et par vous, avec nous.

Prière du missel ambrosien

(En la messe du premier dimanche de l’avent)

Ô Dieu, qui, par votre Fils unique, avez fait de nous des créatures nouvelles, regardez avec bonté les œuvres de votre miséricorde, et daignez, dans l’avènement de ce divin Fils, nous purifier de toutes nos anciennes taches. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Le vendredi de la quatrième semaine de l’avent[4]

Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le.

Du prophète Isaïe. Chap. 66

Écoutez la parole du Seigneur, vous qui l’entendez avec trem­blement. Vos frères qui vous haïssent et vous rejettent à cause de mon Nom, vous ont dit : Que le Seigneur fasse paraître sa gloire en vous, et nous le reconnaîtrons dans votre joie ; mais eux-mêmes seront couverts de confusion. Voix du peuple dans la cité ! Voix qui vient du temple ! Voix du Sei­gneur qui rend à ses ennemis ce qu’ils méritent ! Sion a en­fanté avant d’être en travail ; elle a mis au monde un en­fant mâle avant le jour de l’enfantement. Qui jamais entendit chose semblable ? Qui jamais vit rien de pareil ? La terre pro­duit-elle son fruit en un seul jour ? Tout un peuple est-il en­gendré en même temps ? Et cependant Sion, dans un même instant, a été en travail, et a enfanté ses fils. Moi qui fais en­fanter les autres, n’enfanterai-je point aussi moi-même, dit le Seigneur ? Moi qui donne aux autres la fécondité, demeure­rai-je stérile, dit le Seigneur, ton Dieu ? Réjouissez-vous avec Jérusalem, soyez dans l’allégresse avec elle, vous tous qui l’aimez : unissez votre joie à la sienne, vous tous qui pleuriez sur elle ; et vous sucerez, et vous tirerez de ses mamelles le lait de ses consolations : vous trouverez une abondance de délices dans la gloire qui l’environne de toutes parts car le Seigneur a parlé et a dit : Voici que j’épancherai sur elle comme un fleuve de paix ; je répandrai sur elle la gloire des nations comme un torrent qui se déborde. Vous sucerez son lait ; on vous portera à la mamelle, et on vous caressera sur les genoux, comme une mère caresse son enfant ; ainsi je vous consolerai, et vous trouverez votre consolation dans Jérusalem. Vous verrez ces choses, et votre cœur sera dans la joie, et vos os reprendront une nouvelle vigueur comme l’herbe qui repousse ; et le Seigneur fera connaître sa main à ses serviteurs, et il répandra sa colère sur ses ennemis ; car voici que le Seigneur va paraître dans les feux, et son char sera comme la tempête. Il vient répandre son indignation et sa fureur, et sa vengeance au milieu des flammes. Le Sei­gneur viendra environné de feux et armé de son glaive, pour juger toute chair ; et le nombre de ceux que le Seigneur tuera sera grand.

Votre présence, ô Jésus ! va donner la fécondité à celle qui était stérile, et l’étroite Sion va tout d’un coup enfanter un peuple pour qui la terre ne sera plus assez vaste. Mais la gloire de cette fécondité est toute à vous, ô Verbe divin ! Le psalmiste l’avait an­noncé. « O Jérusalem ! ô Reine ! avait-il dit, il te naîtra des en­fants à la place de tes pères ; tu les établiras princes sur toute la terre : ils se souviendront de ton nom dans la succession des âges, et les peuples qui sauront qu’ils sont sortis de toi, te loueront à jamais dans les siècles des siècles. [5] » Mais, pour cela, il était néces­saire que le Seigneur descendît en personne. Lui seul a pu rendre féconde une Vierge ; lui seul pourra, avec des pierres, pro­duire des enfants d’Abraham. « Encore un peu de temps, dit-il par un prophète, et j’ébranlerai le ciel et la terre, et je remuerai toutes les nations. [6] » Et par un autre : « De l’aurore au couchant, mon Nom est grand parmi les nations ; et voici « qu’en tout lieu on va offrir et sacrifier à mon Nom une victime pure. [7] » Bientôt donc il n’y aura plus qu’un seul Sacrifice ; car l’Agneau de ce Sacrifice va naître dans peu d’heures. Or, le sacrifice est le lien des peuples ; quand le Sacrifice sera unique, il n’y aura plus aussi qu’un seul peuple.

Ô Église ! qui allez nous unir tous, hâtez-vous de naître. Et puis­que déjà vous êtes née pour nous, nous qui sommes nés de vous, que l’Agneau, votre Époux, épanche sur vous ce fleuve de paix annoncé par le prophète ; qu’il répande sur vous la gloire des na­tions comme un torrent qui se déborde ; qu’il donne un lait abon­dant à vos mamelles, et que les peuples reviennent autour de cette Mère commune qui les pressera sur son cœur et les cares­sera sur ses genoux. Ô Christ ! c’est vous qui inspirez cette ten­dresse à notre Mère ; c’est vous qui nous consolez, qui nous illu­minez par elle. Venez la visiter : venez renouveler en elle la vie, dans cette nouvelle naissance que vous allez prendre. Donnez-lui, cette an­née comme toujours, la fermeté de la foi, la grâce des sacrements, l’efficacité de la prière, le don des miracles, la succes­sion hiérar­chique, la puissance du gouvernement, la force contre les princes du siècle, l’amour de la croix, la victoire contre Satan, la couronne du martyre. Qu’elle soit belle comme votre Épouse, en cette nou­velle année qui va s’ouvrir ; qu’elle soit fidèle à votre amour, et toujours plus heureuse dans le grand œuvre que vous lui avez imposé ; car, d’année en année, approche le jour où vous viendrez pour la dernière fois, non plus dans les langes, mais sur un char de feu, briser ceux qui n’ont point aimé votre Église, ou qui l’ont méconnue, et l’enlever avec vous dans votre royaume éternel.

Hymne de la naissance du Christ

(Tirée du poète Prudence, 8 Kal. Januarias)

Paraissez, doux enfant, né d’une Mère, la chasteté même, qui enfante sans alliance humaine ; paraissez, Médiateur, en votre double nature.

Bien que sorti dans le temps de la bouche du Père, et incarné à la parole de l’ange, toutefois au sein du Père déjà vous ha­bitiez, ô Sagesse éternelle !

Cette Sagesse apparut en créant le ciel, la lumière et toutes choses ; par la puissance du Verbe tout a été fait ; car le Verbe est Dieu.

Mais ayant ordonné les siècles, et fixé les lois de l’univers, ce Verbe, fondateur, artisan des êtres, demeura au sein du Père ;

Tant qu’enfin, les années par milliers déroulant leurs révolu­tions, il daigna visiter ce globe depuis longtemps pécheur.

Car la tourbe aveugle des mortels prosternée devant d’abjectes vanités, proclamait Dieu l’airain, le bois, le marbre glacé.

Par ce culte insensé, ils étaient tombés sous le joug du tyran perfide ; et leur vie esclave s’engloutissait dans l’abîme téné­breux.

Mais le Christ ne put souffrir la chute des nations tombant sans vengeur, ni la ruine de l’œuvre de son Père.

Il revêtit un corps mortel, afin qu’en ressuscitant ce corps, il brisât les chaînes de la mort et transportât l’homme au sein du Père.

Sentez-vous, ô noble Vierge ! malgré de douloureux pressen­timents, croître par un enfantement glorieux l’honneur intact de votre pudeur ?

Oh ! quelles joies pour le monde sont contenues en ce sein très pur, d’où va partir une ère nouvelle, un autre âge d’or !

Prière du sacramentaire gallican

(In Adventu Domini, Contestatio)

C’est une chose digne et juste que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, ô vous, Dieu tout-puissant, par Jésus Christ notre Seigneur, que Jean, le fidèle ami, précéda dans la naissance, précéda dans la prédication du désert, pré­céda dans l’administration du baptême, préparant ainsi la voie à Celui qui est en même temps Juge et Rédempteur. Jean convoqua les pécheurs à la pénitence, et gagnant un peuple au Sauveur, il baptisa dans le Jourdain ceux qui confessaient leurs péchés. Il ne conférait pas cette grâce qui renouvelle l’homme pleinement ; il avertissait seulement d’attendre l’arrivée du Sauveur miséricordieux ; il ne remet­tait pas les péchés de ceux qui venaient à lui, mais il promet­tait cette rémission à ceux qui croiraient, et qui, descendant dans les eaux de la pénitence, espéreraient le remède du par­don de la part de Celui qu’ils apprenaient devoir venir bien­tôt, tout rempli du don de la Vérité et de la Grâce, Jésus-Christ, notre Seigneur.

[1] Si ce dimanche tombe le 24 décembre, on l’omet cette année-là, et on fait l’office de la vigile de Noël, ci-après page 142

[2] Si ce dimanche tombe le 24 décembre, on l’omet cette année-là, et on fait l’office de la vigile de Noël, ci-après page 142

[3] Si ce dimanche tombe le 24 décembre, on l’omet cette année-là, et on fait l’office de la vigile de Noël, ci-après page 142

[4] Si ce dimanche tombe le 24 décembre, on l’omet cette année-là, et on fait l’office de la vigile de Noël, ci-après page 142

[5]           Psaume 44.

[6]           Aggée, 2, 8.

[7]           Malach. 1, 2.