Original anglais : Asianews.it — John Baptist Lin
Note d’introduction par le traducteur
Les communistes chinois ont toujours persécuté durement l’Église catholique et, avec une intelligence diabolique, proposèrent à ceux qui ne voulaient pas être persécutés de se joindre à une « Église patriotique » créée de toute pièce par eux et totalement dans leur main. Ils obtinrent la trahison de quelques évêques qui en sacrèrent d’autres et donnèrent ainsi à cette Église une hiérarchie complice des communistes. Cette Église et ces évêques sont donc schismatiques et, surtout, communistes. Les catholiques fidèles n’eurent plus qu’à se constituer en une Église clandestine, toujours persécutée.
Pour bien comprendre la gravité de la trahison du Saint-Siège, donnons en premier l’enseignement de Pie XI.
L’enseignement de Pie XI – Divini redemptoris
« Le communisme veut attirer les foules par de nombreux subterfuges, en cachant ses propres desseins derrière des idées qui sont en soi bonnes et attrayantes. (…) Ainsi, sous différents noms qui ne font aucune allusion au communisme, ils fondent des associations et des magazines qui servent uniquement à faire pénétrer leurs idées dans des milieux qui, autrement, ne leur seraient pas accessibles ; au contraire, ils essaient avec perfidie de s’infiltrer dans des associations catholiques et religieuses. En outre, sans jamais abandonner leurs principes pervers, ils invitent des catholiques à collaborer avec eux dans les milieux dits caritatif et humanitaire, en proposant parfois des choses tout à fait conformes à l’esprit chrétien et à la doctrine de l’Église. Par ailleurs, ils poussent l’hypocrisie jusqu’à faire croire que le communisme dans des pays de plus grande foi ou plus cultivés aura un aspect plus mitigé, il n’empêchera pas le culte religieux et il respectera la liberté de conscience. Il y en a même qui, se référant à certains changements introduits récemment dans la législation soviétique, en déduisent que le communisme est sur le point d’abandonner son programme de lutte contre Dieu.
« Veillez, Vénérables Frères, à ce que les fidèles ne se laissent pas berner ! Le communisme est intrinsèquement pervers et on ne peut admettre dans aucun champs une collaboration avec lui (…) Et si d’aucuns, induits en erreur, coopèrent à la victoire du communisme dans leur pays, ils tomberaient les premiers, victimes de leur erreur, et plus le communisme parvient à pénétrer des régions qui se distinguent par l’antiquité et la grandeur de leur civilisation chrétienne, plus se manifestera la haine dévastatrice des “sans Dieu”. »
Texte d’Asia News
Guangzhou (AsiaNews) – Le Saint-Siège a demandé à Mgr Peter Zhuang Jianjian de Shantou, dans le sud du Guangdong, de prendre sa retraite afin de céder la place à un évêque excommunié, alors qu’un autre évêque nommé par le Vatican était prié de se rétrograder.
C’est la deuxième fois en trois mois que le Saint-Siège demande sa démission à Mgr Zhuang, qui a été secrètement ordonné en 2006 avec l’approbation du Vatican. Cependant, il est reconnu seulement comme prêtre par le gouvernement chinois qui, de son côté, soutient pleinement l’évêque excommunié Huang Bingzhang, membre de longue date de l’Assemblée populaire nationale, le parlement chinois.
Une lettre du 26 octobre a demandé à l’évêque de 88 ans de démissionner pour céder la place à l’évêque excommunié, que le Saint-Siège va reconnaître. « Mgr Zhuang à ce moment-là a refusé d’obéir et a plutôt « porté sa croix » pour avoir désobéi », a déclaré une source de l’Église du Guangdong qui a demandé à ne pas être nommée.
Cette même source précise que, lors du dernier incident, Mgr Zhuang fut escorté à Pékin du 18 au 22 décembre depuis son diocèse méridional pour rencontrer quelques hauts fonctionnaires du gouvernement central et une délégation du Vatican.
Avant le voyage, les fonctionnaires commencèrent à surveiller Mgr Zhuang le 11 décembre. Même en sachant que l’évêque n’était pas en bonne santé et que le temps était glacial à Pékin, ils rejetèrent sa demande de ne pas aller dans le nord de la Chine mais d’envoyer un médecin. Un total de sept fonctionnaires du gouvernement local se sont joints à Mgr Zhuang, mais aucun prêtre n’a été autorisé à le suivre.
En séjournant à l’hôtel Huguosi à Pékin, Mgr Zhuang a été emmené pour du tourisme le 19 décembre, puis au siège de l’Association patriotique catholique chinoise (APCC) et à la conférence des évêques le lendemain, où il a rencontré les évêques Ma Yinglin, Shen Bin et Guo Jincai, respectivement président, vice-président et secrétaire général de la conférence des évêques. [L’Association patriotique, la conférence des évêques et les évêques ici cités sont tous dans la main des communistes. Note du traducteur.]
Le 21 décembre, Mgr Zhuang fut emmené à la résidence d’État de Diaoyutai. Il fut d’abord accueilli par trois fonctionnaires de l’Administration d’État pour les affaires religieuses. Ensuite, il fut dirigé par le Père Huang Baoguo, un prêtre chinois qui sert à la Congrégation romaine pour l’évangélisation des peuples, pour rencontrer un évêque étranger et trois prêtres étrangers du Vatican.
Depuis que la Chine et le Vatican ont repris contact officiellement en 2014, Mgr Claudio Maria Celli, un vétéran des affaires de l’Église chinoise, est connu pour être responsable des négociations et s’est rendu plusieurs fois en Chine à cet effet. On pense que le prélat rencontré par Mgr Zhuang est Mgr Celli.
L’évêque étranger a expliqué que le but de leur voyage en Chine était de faire quelque chose afin de parvenir à une entente avec le gouvernement chinois, et de permettre à Mgr Huang de devenir l’évêque légitime du diocèse, a indiqué la source.
La délégation du Saint-Siège a demandé à Mgr Zhuang de se retirer, comme elle l’avait déjà fait dans la lettre du 26 octobre, mais en ajoutant une concession pour consoler l’évêque âgé : il pourrait désigner trois prêtres parmi lesquels l’évêque Huang choisirait son vicaire général.
« Mgr Zhuang n’a pu retenir ses larmes en entendant la demande », a déclaré notre informateur, et a répondu que « cela n’a pas de sens de nommer un vicaire général, qui est toujours prêtre, et que l’évêque Huang pourra révoquer à tout moment ».
Certains évêques du sud de la Chine se sont opposés à l’idée de reconnaître à la hâte l’évêque Huang qui a été officiellement excommunié par le Saint-Siège en 2011 lorsqu’il a accepté l’ordination épiscopale illicite sans mandat pontifical. Un des évêques – qui a demandé à ne pas être nommé – a dit à Asia News que le Vatican avait demandé leur avis. « Je ne connaissais pas le résultat, mais c’est une mauvaise solution », a-t-il déclaré.
AsiaNews a également demandé au Vatican de confirmer la situation à Shantou. Un représentant, familier du dossier chinois, a déclaré que la lettre reçue par Mgr Zhuang n’était qu’une demande d’avis sur l’évêque illicite Mgr Huang. Une autre personnalité n’a pas répondu à notre demande. Le Cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, a confirmé les informations obtenues par AsiaNews.
L’affaire Mindong
Alors que Mgr Zhuang était convoqué à Pékin, la délégation du Vatican se serait rendue dans la province orientale du Fujian pour rencontrer Vincent Zhan Silu, l’un des sept évêques illicites qui attendaient leur reconnaissance par le Vatican.
Selon des sources locales, Mgr Joseph Guo Xijin, évêque ordinaire de Mindong appartenant à la communauté clandestine, a été invité à se rétrograder pour devenir assistant de l’évêque Zhan, l’une des affirmations étant qu’il devait rétrograder pour devenir évêque coadjuteur. [La communauté clandestine est celle fidèle à l’Église et non schismatique. Note du traducteur.]
Selon l’une des sources, la signature d’un document pour accepter une rétrogradation « volontaire » en tant qu’évêque coadjuteur était aussi une des conditions proposées [imposées ?] par les fonctionnaires du gouvernement à Mgr Guo pour le reconnaître alors qu’il était détenu un mois entier avant le Saint Semaine en 2017.
Mgr Zhan a refusé de confirmer la réunion ou de divulguer des détails sur ses progrès de reconnaissance avec le Saint-Siège. Il a seulement dit à Asia News que les officiels du Vatican et de la Chine avaient des réunions régulières concernant les négociations.
Un prêtre clandestin de Mindong a déclaré ne pas être au courant de la visite de la délégation du Vatican. « Nous estimons bien sûr cela difficile à accepter, mais avons-nous le droit de nous opposer au Vatican ? » a-t-il dit, ajoutant toutefois que si la chose se déroulait ainsi, « je pourrais envisager de quitter mon sacerdoce ».
Bien que la nouvelle d’abaisser l’état d’un évêque semble extraordinaire ou incroyable dans l’Église universelle, cela n’est pas surprenant en Chine. En octobre dernier, le rapport d’activité du secrétaire général Xi Jinping, lors de la séance d’ouverture du 19e Congrès national du Parti communiste chinois, a appelé à de « nouvelles approches » pour les œuvres liées aux affaires ethniques et religieuses.
Un article précédent sur Qiushi, un journal de haut niveau sur la théorie communiste dirigé par le Comité central du Parti, publié le 15 septembre, portait également le titre de « Théorie et pratique novatrice du travail religieux depuis le 18e Congrès national du Parti Communiste Chinois » en 2012.
Bien que sans une claire élaboration de ce qui sera la pratique novatrice envers l’Église catholique, l’Association patriotique et la conférence des évêques [patriotiques] ont adopté le 14 décembre un plan quinquennal visant à « siniser » l’Église catholique. La « Sinisation de la religion » est une directive mentionnée pour la première fois par Xi Jinping dans la réunion de travail du Front uni central en 2015. L’essentiel est de demander à toutes les religions de respecter un principe indépendant et de suivre la direction du Parti communautaire.
Pour le Saint-Siège, reconnaître sept évêques illicites (à l’origine huit, mais un est mort en 2017), parmi lesquels Huang et deux autres ont été publiquement excommuniés par le Saint-Siège, fait partie des questions épineuses à résoudre dans les négociations sino-vaticanes. En échange, la Chine devrait reconnaître une vingtaine de candidats évêques nommés par le Saint-Siège – dont certains ont déjà été secrètement ordonnés – pour la communauté ecclésiale non clandestine au cours des dernières années, ainsi que près de 40 évêques dans la communauté clandestine.
Selon un article du cardinal John Tong en 2017, le problème central à résoudre dans les négociations à huis clos entre la Chine et le Vatican est la nomination des évêques.