Monseigneur Williamson avait invité cent-vingt de ses amis pour son 80e anniversaire à Londres. J’étais du nombre et je lui ai exprimé vos vœux et vos meilleurs sentiments.
Monseigneur était heureux et détendu et il faisait plaisir à voir.
La journée commença par une messe pontificale dans un salon d’un hôtel Hilton. Mgr Faure et Mgr Zendejas étaient présents. M. l’abbé Morgan était le prêtre assistant, j’étais le diacre, M. l’abbé Abraham le sous-diacre, M. l’abbé Ballini (prêtre italien exerçant en Irlande) était le cérémoniaire. Le R.P. Marie-Dominique, du couvent d’Avrillé, confessait pendant la cérémonie.
Dans son sermon, Monseigneur évoqua les trois événements déterminants de sa vie. Le 1er lorsque, étudiant en lettres et encore protestant, il découvrit que le monde moderne n’allait pas et qu’il découvrit que, derrière ce qui n’allait pas se trouvait le protestantisme. Le deuxième lorsque, professeur dans un lycée en Afrique, il découvrit la chrétienté et la religion catholique. Le troisième lorsque, professeur dans un lycée anglais, ses élèves lui demandèrent pourquoi il enseignait et parlait en catholique, mais n’était pas catholique. Le jeune Williamson décida de se convertir et de se mettre au service de Dieu en devenant prêtre. Plusieurs essais furent sans suite, car le jeune Williamson ne pliait pas devant les modernistes. Alors, un prêtre lui fit connaître Écône et Mgr Lefebvre. Ce furent les joies de la découverte de la vraie vie. On connaît la suite.
Après la messe, Monseigneur régala ses hôtes et Mgr Zendejas, avec beaucoup d’humour anima l’après-midi et invita plusieurs des invités à donner un discours. Son frère, un ancien collègue du lycée anglais, des fidèles du monde entier, Mgr Faure, les prêtres, rappelèrent des souvenirs et dirent ce qu’ils devaient et ce qu’ils admiraient en Monseigneur. Son avocat allemand, qui n’a pas la foi, témoigna des qualités de courage, de fidélité, d’intelligence qu’il avait appréciées en lui, mais Mgr Fellay mit fin d’autorité à leur collaboration.
Je fus invité à donner mon témoignage qui fut en substance celui-ci :
« My Lord,
« Contrairement à plusieurs orateurs je ne ferai pas d’humour. Tout d’abord car c’est difficile lorsqu’on s’exprime dans une langue qui n’est pas la sienne. Ensuite, parce que j’apprécie l’humour anglais dont la finesse et la délicatesse ont pour but de permettre à celui auquel on s’adresse de découvrir par lui-même la vérité que l’on possède déjà, vérité qu’on veut lui laisser la joie et le profit de découvrir. L’humour français n’arrive pas à ce niveau.
« Je veux surtout témoigner de la joie qui fut la mienne durant mes études à Écône quand je découvris de l’intérieur le monde de Dieu. Quand je découvris la sagesse de Dieu qui dirige toute chose, qui est l’âme de tout ce qui est bon. Cette sagesse dont je découvrais qu’elle rendait raison et qu’elle était l’âme de la manière de vivre que mes parents m’avaient donnée depuis le début, depuis que je n’étais encore qu’un sourire dans l’œil de mes grands-parents. Je découvris que, par l’intelligence, cette sagesse de Dieu je la pénétrais, je la saisissais, je la faisais mienne. Et cela, grâce à Mgr Lefebvre qui eut la sagesse, face à l’ampleur immense de ce qui nous attendait, de ne pas nous perdre dans le concret de multiples tâches, mais de nous donner l’essentiel et, en toutes choses, de nous faire suivre la sagesse de Dieu. C’est ce qu’il appelait avoir l’esprit de foi.
« Des années plus tard, je découvris que beaucoup de mes confrères n’avaient pas compris cela, n’avaient pas saisi ce que Mgr Lefebvre avait voulu leur donner. Pauvres confrères qui se sont ainsi privés de joies sacerdotale pures et élevées et qui ne peuvent être que malheureux ! Qui n’ont pas la sagesse de Dieu pour les guider.
« Mais vous, Monseigneur, vous aviez compris et vous vivez de cette sagesse de Dieu, vous l’avez rappelé dans votre sermon ce matin. C’est pourquoi je vous ai suivi et que je suis avec vous. »