Guide spirituel du chevalier

Principes qui engagent toute la vie et l’activité du chevalier

par Mgr Marcel Lefebvre

Note liminaire

Ce Guide spirituel du Chevalier a été écrit par Monseigneur Marcel Lefebvre. En dressant le portrait du chevalier, c’est en réalité le portrait de tout chrétien que dresse Mgr Lefebvre, car il n’envisageait pas un chrétien digne de ce nom qui ne travaille pas au rétablissement du règne du Christ.

C’est pour les chevaliers de l’Ordre du Rouvre, alors essentiellement établis en Belgique, qu’il a été écrit. M. Gérald Wailliez, chevalier du Rouvre, écrivait le 13 janvier 2013 à son fils M. l’abbé Benoît Wailliez, Supérieur du District de Belgique–Pays-Bas de la Fraternité Saint-Pie X :

« C’est le 27 août 1968 que j’ai écrit à Mgr Lefebvre à la demande de notre Grand-Maître de l’époque, le fr. Richard van Wyck, en me recommandant de Mgr Antonio Romeo (de la Sacrée Congrégation des Séminaires et Universités) et du Maître des Chevaliers de Notre-Dame, le colonel de Penfentenyo, qui avait présenté peu avant le Grand-Maître et quelques autres de nos membres à l’adoubement par Mgr Rupp.

« Nous souhaitions demander à un prêtre, et si possible à un évêque, la rédaction des parties les plus fondamentales de notre Règle, qui était en cours d’élaboration, et le choix de Mgr Lefebvre était motivé, outre sa fermeté doctrinale notoire, par le fait que notre Ordre était placé sous l’invocation du Saint-Esprit et que ce prélat était à l’époque Supérieur général de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit.

« Le 1er novembre de la même année Monseigneur m’écrivait (et le 31 octobre à Mgr Romeo) pour accepter le principe, tout en demandant un certain délai, pour examiner les documents que je lui avais transmis via Mgr Romeo… et en raison du fait qu’il devait déménager suite à sa démission de supérieur général.

« Profitant d’un séjour chez son frère Michel pour Noël, il se rendit à Bruxelles quelques jours avant le nouvel an 1969 et renouvela son accord. À la Pentecôte 1969, Monseigneur a adoubé en Belgique (au château de feu le comte de Ribaucourt) deux chevaliers, à savoir le fr. Philippe Schepens (qui fut notre deuxième Grand-Maître) et moi-même.

« La Règle a été élaborée à partir de décembre 1970 et adoptée en novembre 1973. Elle n’intègre pas formellement ce « Guide spirituel » et se réfère explicitement à celle de saint Basile le Grand. Sauf erreur, le Guide est resté manuscrit et c’est en tout cas sous cette forme que je l’ai. »

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Guide spirituel du chevalier
Principes qui engagent toute la vie et l’activité du chevalier

par Mgr Marcel Lefebvre

1.- Le Chevalier croit

Comme à tous ceux que Notre Seigneur a rencontrés et auxquels Il a demandé l’engagement de leur Foi, le Chevalier a rencontré Notre Seigneur dans le sacrement de l’Eucharistie en particulier, il s’est prosterné, il a adoré comme Zachée, comme l’aveugle-né, comme le paralytique et comme Pierre, il a affirmé : « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant ».

2.- Le Chevalier croit à Notre Seigneur Jésus-Christ

Le Chevalier croit à Notre Seigneur Jésus-Christ, Verbe de Dieu qui nous révèle son Père et sa Charité envers les hommes pécheurs, la Mission qu’il confie à son Fils et à l’Esprit-Saint. Il croit à la transmission de toutes ces vérités par les Apôtres, c’est-à-dire par l’Église. Il croit avec l’Église que la Révélation s’est terminée avec la mort du dernier des apôtres et en conséquence, que sa Foi a pour objet un enseignement transmis d’âge en âge par les successeurs des Apôtres, c’est-à-dire une Tradition. À l’imitation de saint Paul, de tous les Pères de l’Église, de tous les saints, de toute l’Église, le Chevalier a un culte pour la garde de ce dépôt sacré de la Foi. Il fuit donc les nouveautés, et tout ce qui ressemblerait à une évolution de la Foi. Son Credo est immuable.

3.- Le Chevalier a horreur de l’infidélité

En conséquence, le Chevalier par la nature de la Foi a horreur de l’infidélité, de l’hérésie, du schisme, de tout ce qui rompt avec la garde du dépôt sacré de la Foi. Il est prêt à tout faire pour empêcher les hérétiques de nuire au peuple fidèle et de le détourner de sa Foi. Il ne tolère l’hérétique que dans le cas où l’intolérance serait une source de maux plus grands.

Cependant il n’oublie pas que rien n’est plus précieux que le don de la Foi catholique sans laquelle on ne peut être sauvé. C’est en ce sens aussi que le Chevalier se sent une mission évangélique de protecteur des pauvres, des faibles, contre les erreurs de la Foi catholique. Sa Foi vive et militante, héritière d’un combat incessant, le rend méfiant des ennemis de la Foi à l’exemple de Saint Paul, il ne se fie pas aux colloques, aux conversations, aux dialogues qui scandalisent les petits et profitent toujours à l’erreur. Il ne connaît en fait de rapports avec les ennemis de la Foi que le zèle pour leur conversion à la Foi catholique. Ils adhèrent à ce sujet avec fidélité aux enseignements du Magistère de l’Église exprimé d’une manière lumineuse par le Pape Léon XIII dans son Encyclique « Satis Cognitum ». (Enseignements Pontificaux, Solesmes, L’Église, I n° 53 & sq)

Le zèle pour l’intégrité de la Foi catholique rend le Chevalier méfiant et très soucieux d’éviter toutes les opinions, courants d’idées qui voudraient s’efforcer d’allier la Foi catholique avec les erreurs des hérétiques ou des francs-maçons. Le libéralisme s’est efforcé et s’efforce encore de montrer que l’idéologie des philosophes du XVIIIe siècle, de la Révolution et de toutes les erreurs qui en découlent n’est pas incompatible avec la Foi catholique.

À ce sujet, appuyé sur les enseignements de l’Église les plus irréfutables et les plus solennels, de Grégoire XVI en son Encyclique Mirari Vos, de Pie IX en son Encyclique Quanta cura et le Syllabus, de Léon XIII condamnant le droit nouveau dans son Encyclique Immortale Dei, de saint Pie X condamnant le Sillon et le modernisme, de Benoît XV, de Pie XI dans son Encyclique Ubi Arcano, de Pie XII sans son Encyclique Humani generis. Le Chevalier est prêt à lutter par tous les moyens à sa disposition pour dissiper ces erreurs qui tuent la famille, la société civile, ruinent l’Église, et conduisent aux guerres les plus atroces.

Afin d’entretenir sa Foi et son intégrité, il aimera l’étude de la Tradition de l’Église et des combats que l’Église a toujours soutenus pour la sauvegarde de la Foi catholique. Il aimera la lecture des Pères, des Conciles, afin d’affermir sa Foi au milieu des épreuves qu’elle peut subir de nos jours.

4.- Le Chevalier ne craint pas de manifester sa Foi catholique

Il est profondément attaché à ce qui au cours de l’histoire a été un témoignage de la Foi catholique : les églises, les monastères, les pèlerinages, les calvaires. Il aime les connaître et les faire connaître, les sauvegarder. Il encouragera les pèlerinages et au besoin les suscitera, les dirigera, ayant conscience d’aider ainsi au règne de son Roi, Notre Seigneur Jésus-Christ et de la Reine du Ciel, la douce Vierge Marie.

Parce que la Foi est une des vertus qui caractérisent spécialement le Chevalier, cela sans doute ne signifie pas qu’il ne cultive pas les vertus d’Espérance et de Charité. D’ailleurs, elles sont si intimement liées entre elles, que rechercher avec zèle la vertu de Foi c’est aussitôt grandir dans l’Espérance et la Charité.

5.- L’Espérance est la vertu du combattant, du pèlerin.

Elle convient donc aussi très particulièrement au Chevalier qui lutte, assuré de la victoire finale, mais non surpris des nombreux échecs apparents de son combat. « In te speravi, non confundar in aeternum ». « En toi j’ai mis mon espoir, qui ne sera pas confondu. »

6.- Le Chevalier sait que la Charité est la reine des vertus

Le Chevalier sait que la Charité est la reine des vertus, mais il n’oublie pas que cette vertu est très exigeante, et ne consiste pas en une vague sentimentalité, une affection plus ou moins sensible vis-à-vis de Dieu ou de son prochain. « Celui qui m’aime, dit Notre Seigneur, qu’il observe Mes commandements ». Jn XIV, 15) C’est pourquoi, afin de ne pas se laisser abuser par une fausse Charité, le Chevalier attend la preuve de sa Charité dans les actes, c’est-à-dire dans la pratique de la vertu de justice, qui la caractérise aussi comme la Foi.

« Justus ex fide vivit. » Le Juste vit de la Foi. La vertu de justice prend sa source dans la Foi. Or la vertu de justice est la mise en pratique de la Charité envers Dieu et envers le prochain.

7.- Le Chevalier est juste

« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. » Mt V, 6)

La justice, c’est l’Ordre, c’est mettre chacun et chaque chose à sa place réelle, véritable, voulue par Dieu. Le Chevalier a faim et soif de l’Ordre. Il a une horreur instinctive du désordre. Or c’est par le péché qui est lui-même désordre, que le désordre s’est introduit dans l’homme, dans la société, dans le monde.

C’est pourquoi le Chevalier est vigilant sur les conseils de Notre Seigneur et se trouve toujours prêt à combattre le péché et les occasions du péché, en lui, et dans son entourage. Il se dresse contre l’impiété c’est-à-dire le mépris de Dieu et de sa sainte Religion ; comme saint Michel, il s’écrie : « Quis ut Deus ! » Qui est semblable à Dieu ! Il travaille au rétablissement de l’autorité dans la société, la famille, les écoles et institutions sociales. Il est toujours prêt à lutter contre les scandales de l’immoralité publique. Mais il n’oublie pas que l’arme la plus efficace de combat est la sainte Croix et sainte Passion de Notre Seigneur. C’est pourquoi il a un culte tout particulier pour la Croix, qu’il vénère avec respect, et pour le saint sacrifice de la Messe qui en est le prolongement.

Unir sa vie à celle du Christ crucifié est pour lui un honneur, une fierté, une grâce. C’est pourquoi il accepte la souffrance comme un signe de la prédilection de Notre Seigneur.

Après ce court aperçu sur la profondeur et l’importance de la vertu de justice, nous allons passer en revue les champs où elle s’exerce et où le Chevalier s’efforcera de lui être fidèle, afin de mériter le plus bel éloge décerné aux âmes saintes comme celle de saint Joseph. « Joseph erat vir justus ». Saint Pierre n’attribue-t-il pas ce nom à Notre Seigneur lui- même « Sanctum et Justum negastis ». Vous avez renié le saint, le juste. (Ac III, 14)

8.- Le Chevalier est dévot

Le Chevalier est dévot dans le sens originel et ancien du mot. Il reconnaît que le premier devoir de justice est pour toute créature spirituelle d’adorer Dieu, de L’aimer, de Le servir loyalement. L’impie vit dans la plus profonde injustice, dans le désordre le plus radical. L’Ordre veut qu’Honneur, Louange, Adoration soient rendues au Dieu Créateur et Rédempteur du genre humain.

C’est pourquoi le Chevalier fera dans sa vie belle part au service de son Dieu et de son Roi, Notre Seigneur Jésus Christ. Il l’honorera publiquement et dans le secret de son âme. Il aura grande joie de prendre la garde d’honneur auprès de Jésus dans l’Eucharistie pour réparer les outrages et les oublis dont Il est l’objet. Il aura soin de prévoir des moments de prière, l’assistance à la Sainte Messe et la communion quotidienne si possible. Il communiera à genoux, se souvenant de cette parole de l’Écriture « In nomine Jesu omne genu flectatur cœlestium, terrestrium et infernorum ». Au nom de Jésus, tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers. (Ph II, 10) Il s’approchera régulièrement du sacrement de Pénitence dans lequel il trouvera les grâces de réconfort pour son combat spirituel.

Il aimera particulièrement toutes les cérémonies et prières qui honorent l’Eucharistie et la Vierge Marie, pour laquelle il aura une profonde et tendre dévotion. Il la considérera comme sa Souveraine et s’efforcera d’étendre son Règne partout. Il considérera le Rosaire comme une arme très efficace contre les hérétiques et contre Satan.

Il saura donner à sa demeure un caractère de révérence à Dieu en ornant les parois de croix, de tableaux qui élèvent les âmes â Dieu.

L’Église étant essentiellement sacerdotale, c’est-à-dire faite pour continuer le sacrifice de Notre Seigneur, le Chevalier aura pour le Pontife Suprême, pour les Évêques, pour les prêtres, un profond respect à cause de leur caractère sacerdotal qui les configure au Prêtre par excellence, Notre Seigneur Jésus-Christ. Il évitera de manifester le même respect pour des pasteurs, même s’ils se disent évêques, alors qu’ils n’ont aucun caractère sacerdotal.

Il aimera rafraîchir son âme auprès de religieux contemplatifs qui ont gardé toute la noblesse et la grandeur du culte divin. Dans toute la mesure de ses possibilités, il cultivera l’étude de la langue latine et du chant grégorien, qui demeurent le véhicule de la Foi éclairée et priante.

Le Chevalier se réjouira de prier avec ses frères d’armes, d’unir sa Foi, sa piété, sa dévotion à la leur. C’est dans cette prière commune qu’ils trouveront la source de leur union fraternelle autour de leur Grand Maître, qu’ils puiseront les grâces nécessaires à une action coordonnée et disciplinée.

9.- Le Chevalier est pieux

Le don du Saint-Esprit qui couronne la vertu de justice est le don de piété.

Sans doute ce don s’exerce excellemment dans la vertu de Religion dont nous venons de parler, mais il s’étend aussi à notre comportement dans les sociétés dont nous sommes membres : famille, patrie, Église et toute autre association.

La piété s’exerce particulièrement vis-à-vis de toute autorité ou paternité. C’est la piété filiale qui donne aux relations d’autorité et d’obéissance un caractère de respect que seule une Foi profonde en Dieu peut donner.

En effet, contrairement à l’idéologie libérale qui situe l’autorité dans ce peuple, la raison et la Foi nous enseignent que toute autorité vient de Dieu « Omnis potestas a Deo », même dans les cas où l’autorité est désignée par les membres de la société. Aucune personne humaine n’a en soi la faculté de commander une autre personne humaine. Toute autorité est une participation à l’autorité de Dieu. Cette notion fondamentale est essentielle pour le bon ordre de la société parce qu’elle rappelle à celui qui détient l’autorité que ce pouvoir ne lui appartient pas et qu’il aura à rendre compte à Dieu. Elle l’invite à l’humilité et à la discrétion. Par contre, elle facilite l’obéissance, car l’obéissance ainsi comprise s’exerce pour Dieu et à cause de Dieu. Elle invite au respect de la personne qui est investie de l’autorité. Or le respect est la fleur de la Charité. Il rend les relations vraiment chrétiennes et les élèvent au niveau des relations célestes, parce que le motif et le don de la piété filiale viennent de Dieu.

Le Chevalier aura donc le sens du respect qui est le fruit du don de Piété et il s’efforcera de rétablir cette notion si importante partout où il le pourra, dans sa famille, dans toutes les relations sociales. Rien n’a corrompu et ne corrompt les sociétés comme cette fausse notion d’autorité résidant dans la masse. Elle a conduit depuis deux siècles les sociétés à l’anarchie ou à la tyrannie.

10,- Le Chevalier est miséricordieux

Ainsi le veut la vertu de justice et l’ordre, qu’elle veut rétablir en toutes choses. Ordre dans les rapports avec Dieu par la dévotion ; ordre dans les rapports avec les autorités par la piété filiale ; ordre dans les rapports avec le prochain par une grande Charité qui s’exprime surtout par la miséricorde.

Car le Chevalier au cœur généreux, comme saint Martin, ne peut demeurer insensible à la misère. Cependant il sera particulièrement sensible à la misère morale, à ceux qui vivent dans l’esclavage du péché. Il se penchera sur les conditions de cet esclavage et s’efforcera avec ses frères d’armes d’y remédier. C’est dire qu’une action pour améliorer la législation, la constitution et parfois le gouvernement peut avoir sur le salut des âmes une influence considérable.

Cela ne doit pas dispenser le Chevalier d’actions individuelles pour libérer de l’esclavage du démon. Cet esclavage s’étend aux personnes les plus cultivées et les plus fortunées. Le Chevalier, dans toute la mesure de ses moyens, est toujours prêt à bouter l’ennemi hors de la place. Son action sera prudente et s’exercera selon le don de Conseil. Mais elle sera aussi confiante et courageuse. Sa miséricorde s’étendra aussi et surtout auprès des petits, des faibles, des abandonnés. Il exercera sa générosité pour lutter contre tous les maux qui affligent les hommes, non seulement ceux qui lui sont proches, mais aussi ceux qui sont éloignés.

Il défendra volontiers les peuples catholiques opprimés et persécutés par les ennemis de Dieu et de l’Église.

Cependant en toutes ces manifestations de générosité, il se gardera d’oublier de remplir avant tout fidèlement et loyalement son devoir d’état, qui représente la volonté de Dieu à son égard. Il veillera particulièrement à remplir fidèlement ses devoirs d’époux et de père de famille. Il veillera particulièrement à l’éducation et à l’instruction chrétienne de ses enfants. C’est aujourd’hui une œuvre particulièrement difficile, étant donné les scandales au milieu desquels nous vivons actuellement. Il militera pour l’existence d’écoles vraiment catholiques et dénuées de toute influence de l’esprit libéral contraire à l’esprit de l’Évangile.

11.- Le Chevalier est magnanime

Enfin, toujours en conséquence de sa vertu de justice, corroborée par la vertu de force, le Chevalier est magnanime : il connaît la noblesse de son âme baptisée dans le sang de Jésus-Christ, il s’efforce d’imiter la grandeur d’âme de son Seigneur et Maître, qui fut magnanime dans toutes les circonstances de sa vie, et particulièrement au cours de sa Sainte Passion. Jamais Jésus ne fut vulgaire, ni pusillanime, même au milieu des foules qu’il approchait. Ainsi le Chevalier, au milieu des vicissitudes de la vie quotidienne, garde une âme sereine et vaillante. Sa conversation demeure toujours digne, car il a le respect de son âme, de toute sa personne, n’oubliant pas qu’elle est le temple de l’Esprit-Saint, n’oubliant pas non plus la présence de son Ange gardien.

Si les vertus de Foi et de Justice lui tiennent particulièrement à cœur, il ne néglige pas les vertus de Prudence, de Force et de Tempérance.

12.- La vertu de Prudence

La vertu de Prudence et le don de Conseil doivent être cultivés spécialement par ceux qui ont des responsabilités. Ils se rappelleront que les trois actes prudentiels : le conseil, le jugement, et l’exécution sont nécessaires pour agir raisonnablement. Prendre conseil de sa propre expérience, de la sagesse d’autres personnes jugées prudentes, prendre une décision sans demeurer dans une hésitation nuisible, enfin procéder à l’exécution de la décision malgré les difficultés, c’est le propre de l’autorité. Autre chose est prendre conseil auprès de personnes compétentes, autres chose vouloir associer tous les inférieurs à l’exercice du pouvoir comme si ce pouvoir leur appartenait également. C’est donner raison aux libéraux qui situent l’autorité dans le peuple.

13.- Le vertu de Force

La vertu de Force est particulièrement estimée par le Chevalier, car le combat incessant qu’il a entrepris contre les forces du mal réclame de lui les deux attitudes fondamentales de cette vertu : la patience qui soutient dans les difficultés, les échecs, et le courage qui entreprend des actions hardies, mais non présomptueuses, mettant sa confiance dans Celui qui donne la victoire.

14.- La vertu de Tempérance

La Tempérance qui règle l’usage des biens de ce monde aidera le Chevalier à trouver en cet usage et en toutes circonstances la mesure qui convient à son état de chrétien, à son devoir d’État, à ses responsabilités. Cependant il ne peut oublier que le désordre résultant du péché originel se manifeste particulièrement dans la concupiscence, c’est pourquoi il veillera à ne pas être l’esclave des biens de ce monde, à ne pas se laisser dominer par la « prudentia carnis » mais par la « prudentia spiritus ». (Rm VIII)

15.- Conclusion

Ainsi revêtu des sept Vertus et des sept Dons du Saint-Esprit, comme d’une armure invincible, le Chevalier ne craindra pas le combat contre les puissances des ténèbres et contre les suppôts de Satan en ce monde.

Puisant sa vitalité spirituelle aux sources de la Pénitence, de l’Eucharistie, de la prière, de la dévotion à la Vierge Marie, à saint Michel Archange ; recherchant la vraie sagesse dans une Foi profonde et éclairée par toute l’histoire de l’Église, il demeurera vigilant et ferme dans son attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ et à sa Sainte et unique Église.

Ainsi il trouvera dans son adhésion à l’Ordre de la Chevalerie, dans son adoubement, dans son engagement, un soutien puissant pour sa vie spirituelle. Il y trouvera le courage d’accomplir ses devoirs et toute sa vie comme un vrai compagnon d’armes de Notre Seigneur, de Celle qui est forte comme une armée rangée en bataille et du Chef des armées célestes, l’Archange saint Michel.

Il se trouvera ainsi l’héritier de tous les martyrs, de tous les saints, dont il s’efforce de continuer la noble lignée, refusant de se joindre à tous ceux qui, sous des prétextes insensés, trahissent la cause de l’Église et la livrent à ses ennemis.

Ainsi à sa dernière heure ici-bas, il pourra dire avec Saint Paul : « Cursum consummavi, Fidem servavi, in reliquo reposita est mihi corona justitiae quam reddit mihi Dominus in die illo jutus judex ». (2 Tm IV, 7 & sq.)

La Croix-Valmer, en la fête de l’Épiphanie de Notre Seigneur 1970

+ Marcel Lefebvre, Arch. tit. de Synnada in Phrygia