Mes bien chers Frères,
Ma chère mère m’ayant demandé de lui enregistrer un sermon que j’ai déjà prêché à la maison, je vous en fait profiter.
Bon et saint Noël à tous. N’oubliez pas de prier pour Nicolas Floury qui recevra l’habit religieux en la nuit de Noël, en vue du sacerdoce.
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saint Thomas d’Aquin, « Le Credo »
La foi est le premier bien nécessaire au chrétien. Sans elle, personne ne mérite le nom de chrétien fidèle. La foi produit quatre biens.
Est objective. Exemple de celui qui tend la main à un noyé.
I. Premièrement c’est par la foi que l’âme est unie à Dieu. Par elle, en effet, l’âme chrétienne contracte avec Dieu une sorte de mariage, conformément à cette parole du Seigneur à Israël (Osée, 2, 2~. ) : Je t’épouserai dans la foi.
Par la foi nous saisissons la main de Dieu qu’il nous tend.
II. Le second bien produit par la foi, c’est de commencer en nous la vie éternelle. Car la vie éternelle n’est rien d’autre que de connaître Dieu, selon la parole du Seigneur (Jn. 17, 3) La vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent vous, le seul vrai Dieu.
Lorsque nous paraitrons devant Dieu, nous le reconnaitrons, car nous le connaissons déjà.
Cette connaissance de Dieu qui s’inaugure ici-bas par la foi atteindra sa perfection dans la vie future, où nous le connaîtrons tel qu’il est. Aussi est-il écrit dans l’épître aux Hébreux (11, 1) : La foi est la substance des réalités espérées. Personne donc ne peut parvenir à la béatitude éternelle, qui consiste à connaître Dieu véritablement, si d’abord il ne le connaît par la foi. Aussi le Seigneur déclare-t-il (Jn. 20, 29) : Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.
Le troisième bien opéré par la foi, c’est de diriger la vie présente.
L’homme en effet, pour bien vivre, a besoin de savoir ce qui est nécessaire pour mener une vie vertueuse ; et s’il devait apprendre par l’étude toutes les choses nécessaires pour bien vivre, l’homme ne pourrait pas y parvenir ou bien il n’y parviendrait qu’au bout d’un temps considérable. Or précisément, la foi enseigne tout ce qu’il faut savoir pour vivre sagement. Elle nous apprend en effet l’existence du Dieu unique, elle nous révèle que Dieu récompense les bons et punit les méchants, qu’il existe une autre vie, et autres choses semblables. Ces connaissances nous incitent suffisamment à faire le bien et à éviter le mal. Mon juste, dit en effet le Seigneur (Habacuc, 2, 4) vit par la foi. Et cela est si manifeste qu’aucun philosophe, avant l’avènement du Christ, par tous ses efforts, ne put en savoir autant sur Dieu et les vérités nécessaires à la vie éternelle, qu’une vieille femme après l’avènement du Christ au moyen de sa foi. C’est pourquoi le prophète Isaïe a écrit (11, 9) : la terre a été remplie de la connaissance de Dieu.
Importance de la foi dans les temps actuels où la raison est troublée.
IV. La foi produit un quatrième bien, à savoir la victoire sur les tentations, comme le déclare l’épître aux Hébreux (11, 33) : Les saints, par la foi, ont vaincu des royaumes. La vérité de cette assertion est manifeste, car toute tentation vient soit du diable, soit du monde, soit de la chair.
La foi fait que nous eessons de respecter le démon et de le craindre. Le diable en effet nous tente pour nous empêcher d’obéir à Dieu et de nous soumettre à lui. Or, c’est par la foi que nous repoussons la suggestion du malin, car, par elle, nous savons que Dieu est le Maître de tout et donc que nous lui devons obéissance. Aussi saint Pierre déclare-t-il (1. 5, 8) : Votre adversaire, le diable, est là qui rôde, cherchant qui dévorer, résistez-lui, fermes dans la foi.
Quant au monde, il nous tente en nous séduisant par ses biens, et en nous terrifiant par ses adversités. Mais la foi nous donne de triompher de ses assauts, en nous faisant croire à la réalité d’une vie meilleure que la vie présente. Voilà pourquoi, grâce à la foi, les prospérités de ce monde, nous les méprisons, et ses adversités, nous ne les redoutons pas, comme l’écrit saint Jean (1. 5, 4 ) : La victoire qui nous rend vainqueurs du monde, c’est notre foi, et la foi nous donne également la victoire en nous enseignant qu’il’y a des maux plus grands : ceux de l’enfer. Haec est victoria quae vincit mundum, fides nostra.
Enfin, la chair, elle aussi, nous tente en nous entraînant vers les délectations passagères de la vie présente. Mais la foi nous montre que par ces délectations, si nous nous y attachons indûment, nous perdons les délices de l’éternité. Délectations passagères contre éternité.
Aussi l’Apôtre nous donne-t-il cet avertissement (Ephes, 6. 16) : Tenez toujours en main le bouclier de la foi.