Sermon ~ La nécessité de l’incarnation du Verbe de Dieu

Mes bien chers Frères,

Voici mon sermon qui montre en quoi il était nécessaire que le Fils de Dieu se fît homme.

À la suite, je vous donne de larges extraits de la réponse de saint Thomas d’Aquin qui pourront vous aider dans votre méditation quotidienne.

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Saint Thomas d’Aquin :

On peut dire qu’une satisfaction est suffisante de deux façons. D’abord parfaitement, parce qu’elle compense par une équivalence absolue la faute commise. En ce sens, la satisfaction offerte par un simple homme ne pouvait pas être suffisante, parce que toute la nature humaine était désorganisée par le péché, et que le bien d’une personne, ou même de plusieurs, ne pouvait compenser d’une façon équivalente le désastre de toute une nature. En outre, le péché commis contre Dieu reçoit une certaine infinité en raison de l’infinie majesté divine ; car l’offense est d’autant plus grave que l’offensé est de plus haut rang. Ainsi fallait-il, pour une satisfaction adéquate, que l’acte de celle-ci ait une efficacité infinie, comme venant de l’homme-Dieu.

Mais on peut parler aussi d’une satisfaction qui soit suffisante, mais imparfaitement, parce qu’elle est acceptée, malgré sa faiblesse, par celui qui veut bien s’en contenter. En ce sens la satisfaction offerte par un simple homme est suffisante. Et parce que l’imparfait suppose toujours une réalité parfaite qui le fonde, il s’ensuit que la satisfaction de tout homme ordinaire tient son efficacité de la satisfaction du Christ.

L’Incarnation n’était pas rigoureusement nécessaire, car Dieu tout-puissant pouvait nous sauver de bien d’autres manières, mais, en choisissant l’Incarnation, il choisit le meilleur moyen pour nous stimuler au bien et nous éloigner du mal.

Pour nous stimuler au bien :

1° Notre foi devient plus assurée, du fait que l’on croit Dieu qui nous parle en personne. Selon S. Augustin : “Pour que l’homme marche avec plus de confiance vers la vérité, la Vérité en personne, le Fils de Dieu, en assumant l’humanité, a constitué et fondé la foi.”

Les samaritains disent à la samaritaine : « ce n’est plus à cause de ta parole que nous croyons, mais nous l’avons entendu, et nous croyons qu’il est le Sauveur du monde ».

L’espérance est par là soulevée au maximum. Selon S. Augustin : “Rien n’était aussi nécessaire pour relever notre espérance que de nous montrer combien Dieu nous aimait. Quel signe plus évident pouvons-nous en avoir que l’union du Fils de Dieu à notre nature ?” nous ne recevons plus seulement la grâce, mais l’auteur de la grâce.

« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous aurait-il pas tout donné avec lui ?

3° Notre charité est réveillée au maximum par ce mystère, et S. Augustin dit ailleurs : “Quel plus grand motif y a-t-il de la venue du Seigneur que de nous montrer son amour pour nous ?” Il ajoute plus loin : “Si nous avons tardé à l’aimer, maintenant au moins ne tardons pas à lui rendre amour pour amour.”

4° L’Incarnation nous donne un modèle de vie, par l’exemple que Jésus a présenté. Selon S. Augustin, “l’homme, que l’on pouvait voir, il ne fallait pas le suivre ; il fallait suivre Dieu, que l’on ne pouvait voir. C’est donc pour donner à l’homme un modèle visible par l’homme et que l’homme pouvait suivre, que Dieu s’est fait homme”. –

5° L’Incarnation est nécessaire à la pleine participation de la divinité qui est la béatitude véritable de l’homme et la fin de la vie humaine. C’est cela qui nous a été conféré par l’humanité du Christ. Car S. Augustin l’a prêché : “Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.”

Pour nous éloigner du mal. –

1° Par ce mystère l’homme apprend à n’avoir ni préférence ni respect pour le démon qui est l’auteur du péché. S. Augustin dit à ce sujet : “Si la nature humaine a été unie à Dieu au point de devenir une seule personne, que ces esprits mauvais et orgueilleux n’osent plus se préférer à l’homme sous prétexte qu’ils n’ont pas de chair.” –

2° dignité de la nature humaine, et qu’il ne faut pas la souiller par le péché. Ce qui fait dire à S. Augustin : “Dieu nous a montré la place éminente occupée par la nature humaine dans la création, par le fait qu’il est apparu aux hommes comme un homme véritable.” Et S. Léon dit aussi : “Chrétien, reconnais ta dignité et, après avoir été uni à la nature divine, ne va pas, par une conduite honteuse, retourner à ton ancienne bassesse.” –

3° Pour détruire la présomption de l’homme “la grâce de Dieu est mise en valeur pour nous, sans aucun mérite de notre part, chez le Christ homme”. –

4° “L’orgueil de l’homme, qui est le plus grand obstacle à l’union avec Dieu, peut être réfuté et guéri par cette grande humilité de Dieu.” –

5° L’Incarnation est utile pour délivrer l’homme de la servitude du péché. Cela, dit S. Augustin, “devait se faire de telle sorte que le diable fût vaincu par la justice de l’homme Jésus Christ”. Et cela s’est fait parce que le Christ a satisfait pour nous. Un simple homme ne pouvait pas satisfaire pour tout le genre humain ; et Dieu ne devait pas satisfaire ; il fallait donc que Jésus Christ fût à la fois Dieu et homme. C’est aussi l’affirmation de S. Léon : “La puissance assume la faiblesse, et la majesté la bassesse ; ainsi ce qui convenait à notre guérison, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes pouvait mourir d’une part, et ressusciter de l’autre. S’il n’avait pas été vrai Dieu, il n’aurait pas apporté le remède, s’il n’avait pas été vrai homme, il n’aurait pas offert un modèle.”

Il y a encore beaucoup d’autres avantages venus de l’Incarnation, qui dépassent la connaissance humaine.