Sermon de Mgr Williamson pour son 80e anniversaire
traduction

Nous sommes heureux de publier la traduction du sermon que S. Exc. Mgr Williamson donna lors de la messe de son 80e anniversaire. (La video originale, en anglais est ici.)

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Plan

L’aide de Dieu est plus proche que la porte
Premier moment : il y a quelque chose de pourri au royaume de ce monde
Deuxième moment : le protestantisme est un problème
Troisième moment : Dieu amène Mgr Williamson dans l’Église catholique à l’aide d’intermédiaires inattendus
Arrivée à Écône contre toute vraisemblance
Le catholique se sauve aux conditions de Dieu, pas à ses conditions à lui
Le sacerdoce
La gloire puis la dérive de la Fraternité Saint Pie X
L’épreuve actuelle de l’Église empêche le pourrissement de nos âmes
Les épreuves à venir
Souhaits et recommandations
Dieu veut la prière – surtout le rosaire quotidien, la vigilance, et non l’action

Transcription

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.

C’est aujourd’hui une occasion très agréable de pouvoir fêter 80 ans de vie sur cette terre avec quelques amis et en plus avec une certaine dignité liturgique.

Les catholiques vivent de la liturgie, normalement : la liturgie est leurs yeux et leurs oreilles et leur âme, et c’est la majesté de Dieu.

Nous pouvons imaginer que Notre Seigneur, au cours de sa vie, en aura imposé par la Majesté de sa Personne Divine, sans besoin de vêtements sacerdotaux ou d’encens ou d’autres choses de ce genre.

Mais il fait ses ministres avec de pauvres êtres humains qui ne portent pas nécessairement sur eux leur propre majesté – certainement pas une majesté divine, au moins leur dignité sacerdotale, espérons-le, mais une majesté divine, non ! – et donc pour l’acte suprême du prêtre qui est le culte de Dieu, les couleurs, les ustensiles, sont absolument normaux et la belle musique et tout ce qui est beau !

Et donc nous regrettons que cela ait lieu dans une salle d’hôtel dans laquelle nous n’avons même pas un marchepied pour l’autel parce que normalement, l’autel est élevé de quelques marches afin que tout le monde puisse facilement voir. Aujourd’hui nous avons ce que nous avons et pas plus ! Ce sont les circonstances et nous avons la chance qu’elles ne soient pas encore pires !

Ah ! Si la foi est encore plus persécutée, cela pourra être une bénédiction, si la difficulté des circonstances fait comprendre aux gens ce qu’est la foi !

En tout cas nous avons été privés de nos séminaristes qui auraient pu nous aider et donc nous avons dû faire répéter des amis au dernier moment ; nous sommes privés d’encens, juste quelques grains à cause du système d’incendie ; nous sommes privés de ceci et de cela… Nous avons la chance, mes chers amis, de pouvoir avoir ce que nous avons !

Permettez-moi, pour ce 80e anniversaire, de mentionner trois “moments”, durant ces années, qui montrent que le Seigneur, le Seigneur Dieu, intervient.

L’aide de Dieu est plus proche que la porte

Quand j’étais complètement ignorant et loin – en ce qui me concerne – loin de Dieu et cela peut être un réconfort pour certaines âmes de comprendre que Dieu Tout-Puissant est bien plus proche d’elles qu’elles ne pensent, je peux me rappeler – et ce sera un quatrième “moment” – alors que j’étais en route vers l’Église, je visitais une île et je me suis arrêté à un monastère et j’ai parlé à un moine bénédictin attentionné et ce moine m’a dit : « l’aide de Dieu est plus proche que la porte »

L’aide de Dieu est plus proche que la porte : c’est vrai ! Il est beaucoup plus proche de nous que nous le pensons.

Premier moment : il y a quelque chose de pourri au royaume de ce monde

Le premier “moment” lorsque j’ai en quelque sorte commencé – tout juste commencé – c’était une esquisse de quelque chose d’autre survenant dans mon existence. J’avais environ 24 ans, j’étais en Afrique, j’enseignais dans un collège et je jouais au golf – ou après le golf – un dimanche matin avec un ami.

La pensée m’est venue, alors que je lui parlais, et je l’ai partagée avec lui : « qu’allons-nous… » – rappelez-vous : 24 ans, 1964, Vatican II était en cours, mais c’était avant que les années 60 aient fait leurs dégâts, on en prenait le chemin – cette pensée m’est venue : « Qu’allons-nous faire pour tenir nos enfants ? À quoi allons-nous être capables de les raccrocher ? » Je ne sais pas d’où cela m’est venu, je l’ai dit comme cela à mon ami.

Manifestement, il m’avait été donné, oui, donné, de sentir qu’il y avait un ordre qui manquait.

Il y avait un cadre qui conduisait à ce manque, quelque chose dérapait, je ne savais pas du tout quoi à ce moment, j’avais seulement cette intuition qui était déjà certainement un cadeau de Dieu : comprendre qu’il y a quelque chose qui ne va pas, que “quelque chose est pourri au royaume du Danemark”, comme dit Hamlet.

C’est de Dieu cette pensée, certainement pas de moi.

Deuxième moment : le protestantisme est un problème

Un peu plus tard, quand je suis rentré d’Afrique à Londres, cela devait être vers 1965, 65 ou 66… c’est égal, – j’avais déjà commencé à travailler sur le sujet par moi-même. Ah ! « que nul ne se fasse illusion » comme dit Saint Paul, comment pouvons-nous penser par nous-mêmes ? Nous ne pouvons pas avoir une bonne pensée par nous-mêmes, c’est Dieu qui nous la donne. – Il m’a donc été donné de comprendre, par la lecture de Tolstoï, entre autres, que l’industrialisation n’est pas une bonne chose.

L’industrialisation sépare les êtres humains de la nature.

Il y a une nature, les hommes sont censés vivre dans la nature, les hommes sont créés par Dieu, la nature est créée par Dieu, la nature est l’environnement créé par Dieu pour que les êtres humains puissent vivre avec les animaux, les végétaux et les minéraux, tous les trois.

Aujourd’hui, bien sûr, beaucoup de gens sans Dieu, comprennent au moins que l’environnement est mis sens dessus dessous, est extrêmement sali et qu’il n’est pas fait pour cela, – si seulement ils pouvaient arriver par là jusqu’au Dieu Tout-Puissant ! –

Pourquoi ne doit-on pas polluer l’environnement ? Pourquoi l’environnement n’est-il pas à notre disposition comme un jouet avec lequel nous pourrions nous amuser à notre guise, pour notre amusement, en plus de la subsistance ? Pourquoi notre environnement est à respecter en lui-même ? À cause de Dieu !

Mais encore une fois, pauvres âmes d’aujourd’hui, les Verts saisissent tout le sens de l’environnement, mais ils n’arrivent généralement pas jusqu’à Dieu.

Vous et moi, à qui Dieu a donné d’arriver jusqu’à Dieu, nous avons besoin de prier pour eux. Ils ne peuvent pas prier pour eux-mêmes, ils ne croient pas en Dieu ! Ils ont peu ou pas de sens de Dieu, c’est à nous de prier pour eux.

Donc tout cela m’avait déjà été donné par Dieu en fait.

J’avais alors commencé à enseigner dans un collège à Londres, c’était un samedi, pas de cours, jour de congé. La pensée m’est venue que si l’industrialisation est le problème, peut-être que le protestantisme est le problème derrière l’industrialisation.

Cette pensée ne m’était jamais venue à l’esprit. Jamais !

Ah ! C’est intéressant !

À partir de cet instant, j’ai commencé à regarder vers les catholiques, leurs vues sur l’environnement, la nature, l’industrialisation etc. Oui, peut-être que l’Église catholique a quelque chose à dire. Dès lors, j’ai commencé à lire des livres sur la foi, sur les saints, sur tout ce qui est catholique.

Et, à un moment donné, j’ai regardé dans l’annuaire téléphonique à : Catholic Introductions Bureau. Je ne sais pas s’ils introduisent à la foi… je rentre en contact avec eux.

Ils me disent que là je suis à la recherche d’une femme ! – Je leur réponds : non, pas vraiment !

Je me souviens qu’ils m’ont mis en rapport avec Aylesford où le P. Malachy était encore en vie, un Carme irlandais.

C’était le second point : peut-être est-ce le protestantisme qui est derrière le problème de l’industrialisation…

C’est certain. Le protestantisme est à la racine de nombreux problèmes dans le monde actuel, parce qu’il marque le début de la véritable et spectaculaire rupture qu’est l’apostasie moderne.

Et donc plus je lis sur le catholicisme, plus cela devient intéressant. Oui, oui, plus cela cochait toutes les cases.

J’étais donc debout dans la classe et j’étais en train de mettre en avant certaines… avec ces élèves londoniens, des garçons difficiles avec des parents divorcés, de plus en plus, des familles brisées par le merveilleux mode de vie industriel, moderne, protestant, et maintenant nous voyons où en sont les familles, à bout de souffle, oui ! sauf pour les catholiques qui prennent au sérieux le mariage et le sacrement de mariage ; c’est la sauvegarde de la famille.

Sinon, vous pouvez avoir de bonnes Organisations Familiales, de bons mouvements de protestation contre l’avortement, que Dieu les bénisse !

Mais pourquoi l’avortement est-il un mal ? Pourquoi une femme ne peut-elle pas faire ce qu’elle veut avec son corps ? Avec l’être qui grandit dans son corps ? Elle n’en voulait pas ou bien elle n’en veut plus, pourquoi ne pas s’en débarrasser ?

Et la réponse en fin de course est : Dieu Tout-Puissant.

Et ce n’est pas une réponse qui compte pour rien.

Mais les gens ont tant perdu le sens de Dieu, qu’ils ne… Ils ont un certain sens de la vie, un certain sens du respect de la vie, ils aiment la vie, ils aiment les enfants, peut-être, tout cela est excellent, mais Dieu est-il derrière tout cela ou non ? S’il n’est pas derrière tout cela, cela ne fait pas le poids dans la croisade contre les Géants qui luttent contre Dieu.

Cette guerre est partout autour de nous. L’homme fait dieu est en guerre contre Dieu, pied à pied, et il déteste Dieu. Les véritables meneurs, les chefs, les donneurs d’ordre détestent Dieu. Ne nous y trompons pas. Lénine disait : « Dieu est mon ennemi personnel ». Dieu est un problème, qu’allons nous faire ?

Pauvre homme moderne, si loin de Dieu !

Donc, deuxième “moment”, est-ce que le protestantisme etc. ? réponse : oui.

J’ai donc fini par enseigner cela dans ma classe à mes élèves londoniens.

Comme je le disais ils étaient du genre à jouer des coudes dans le métro le matin, à être agressifs – certains sont sans-abri, beaucoup d’entre eux, même dans ces années 60 finissantes, beaucoup de sans-abri, sans vrai foyer, parce que les femmes apprennent à être des hommes et non à être des mères. Elles ne se soucient pas d’être des mères, elles ne veulent pas être des mères : les enfants sont une charge, les enfants demandent l’oubli de soi.

– « Je dois m’oublier pour m’occuper des enfants »

– « Je veux être égoïste, je veux profiter de moi, remplir ma vie comme je veux »

Que dit Notre Seigneur ? « Celui qui veut être mon disciple, qu’il se renonce lui-même. »

Non pas : « qu’il fasse ses quatre volontés ! » mais : « qu’il renonce à lui-même ! » « qu’il prenne sa croix chaque jour » « qu’il prenne sa croix chaque jour et me suive ». Ah ! c’est un genre de vie bien différent ! et cela coûte et ce n’est pas facile !

Aucun catholique ne devrait prétendre que c’est facile ! Nous n’avons aucun droit à une vie facile si nous voulons aller au ciel.

Si nous ne voulons pas aller au ciel alors, évidemment, amusez-vous jour après jour, carpe diem, profitez-en, et la mort arrive et ensuite ?

Je me souviens d’une émission de télévision il y a des années – j’ai suffisamment d’années en magasin maintenant pour m’en souvenir… Je me souviens d’une émission de télévision avec Malcolm Muggeridge, il interrogeait un vieux petit moine écossais dans un monastère cistercien en Écosse.

Hélas, je ne sais pas imiter l’accent écossais, j’ai un bon accent irlandais, donc je ne vais pas essayer…

« Est-ce que votre vie dans le monastère est difficile ? »

Et le vieux moine :

« C’est un lit difficile pour s’y allonger, mais facile pour y mourir ! »

En tout cas, c’est une manière de vivre différente, c’est une vie différente.

Nous ne nous accordons pas au rythme du monde, nous marchons sur une autre musique, ce qui rend parfois difficile aux laïcs d’essayer d’aider les prêtres, parce que le prêtre ne marche pas au rythme des laïcs, le laïc peut être un expert dans son domaine, c’est pour cela qu’on fait appel à lui, il se promène librement dans son propre domaine, mais il a, ultimement, des fins de ce monde, tandis que là [dans le domaine du prêtre] la fin ultime n’est pas de ce monde, c’est le salut des âmes. Musique bien différente !

Et le monde d’aujourd’hui ne marche pas sur la partition de Jésus-Christ…

Troisième moment : Dieu amène Mgr Williamson dans l’Église catholique à l’aide d’intermédiaires inattendus

Troisième “moment”

Les deux premiers “moments” figurent dans la biographie récemment écrite par un très bon ami qui vit aux États-Unis, le Dr. David White, qui n’a pas pu venir aujourd’hui malheureusement, sa santé ne le lui permet pas. Je l’évoque ici avec beaucoup de gratitude, parce qu’aux États-Unis, il y a toujours eu quelqu’un que j’ai pu appeler et qui m’a toujours fourni des points de vue très sensés, et catholiques.

Voici ce que j’ai trouvé lorsque j’approchais l’Église catholique : j’ai rencontré un prêtre après l’autre, j’ai rencontré plusieurs prêtres, carmes, bénédictins, jésuites, ils ont tous été bons pour moi, très patients envers ce jeune homme disons exigeant, qui ne s’intéressait pas à une épouse, mais au catholicisme, « mais bon il est Anglais, donc, ce que vous dites est intéressant, mais ne m’approchez pas », « Ne m’approchez pas, dites-moi seulement… »

Ils avaient la même réaction, et parlaient sans essayer de me mettre à genoux, avec beaucoup de sagesse. Je rencontrais ces prêtres…

Revenons un peu en arrière… je disais aux garçons en classe, la dernière année de mon enseignement, c’est-à-dire 1969-70, je disais aux garçons : – « Voici le problème et voilà la réponse catholique » – « Monsieur, êtes-vous catholique ? – « Non, non, non, je ne suis pas catholique ! » – « Mais quoi ? vous dites que la réponse est catholique, et vous n’êtes pas catholique… qu’est-ce qui se passe ? »

Alors ! cela…

Le Bon Dieu a dû me jouer un tour avec un prêtre Irlandais pour être sûr que je tombe dans l’Église catholique. Il se tenait derrière moi et m’a poussé et je suis tombé directement dans la piscine, n’est-ce pas ?

Donc merci pour les Irlandais ! Merci à Dieu pour les Irlandais ! Au moins pour ce qu’ils étaient… Ah ! aujourd’hui… c’est tout autre chose

Les latins disent : corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire des choses. L’Irlande était autrefois l’un des pays les plus catholiques mais maintenant…

Si le matérialisme saisit l’Angleterre, les Anglais l’ont érigé en système depuis les 500 dernières années, cela ne va pas les tuer plus s’ils en reprennent une dose, hélas ! Mais les Irlandais n’avaient pas fait du matérialisme un système, ils n’étaient pas matérialistes. Ils croient au Petit Homme Vert pour vous dire qu’il y a chez l’Irlandais des dimensions qui manquent à l’Anglais.

Donc… Revenons vers 1966-67, disons le milieu des années 60, je suis un grand amateur de Beethoven comme certains doivent le savoir, cela n’a pas d’importance ici, mais je lisais un livre sur Beethoven écrit par un Français, Romain Rolland, que je recommande fortement : Les grandes époques créatrices dans la vie de Beethoven. Il décrit, analyse et interprète plusieurs des grandes œuvres du Beethoven de la seconde période puis de la troisième période. Il a analysé l’Appassionata.

Beethoven était indéniablement proche de Dieu. Il luttait contre Dieu, mais il était proche de Dieu.

Un jour il a osé dire – c’est vous dire à quel point il était mauvais – on lui fait dire quelque chose comme : – « Dieu et moi sommes sur un pied d’égalité » – pas à ce point, cher Ludwig, pas à ce point ! – mais c’est comme cela qu’il cherchait à traiter avec le Dieu Tout-Puissant.

Sûrement, Dieu est dans cette musique, on l’y trouve dans un état de lutte, mais il est là, c’est ce que Romain Rolland dit : à un moment particulier du premier mouvement de la sonate pour piano Appassionata, Romain Rolland dit qu’il s’agit d’un « fiat Voluntas tua, que votre volonté soit faite ». Beethoven dit ici : « que ta Volonté soit faite »

Cette pensée m’a frappé, oui, ce qu’il dit semble logique, l’Appassionata est une tempête formidable, c’est une musique orageuse avec des mouvements plus calmes, mais ce « que ta Volonté soit faite », c’était manifestement ce que signifiait ce passage.

Donc par la musique, par cette sonate en particulier, par ce Beethoven, révolutionnaire encore une fois, par le biais de cet écrivain français, de nouveau le Seigneur Dieu a trouvé le chemin de mon âme et je Lui ai dit : « que Ta Volonté soit faite ».

Là encore, il y a eu des conséquences…

Voici ces trois “moments”, depuis 80 ans, pour rappeler comment ma gratitude pour ces 80 années va d’abord et avant tout à Dieu Tout-Puissant.

Arrivée à Écône contre toute vraisemblance

Ensuite, ma gratitude va à Mgr Lefebvre.

Quel grand homme de Dieu ! et Dieu Tout-Puissant m’a conduit à lui.

Je ne voulais pas spécialement aller chez lui, et finalement, c’est le même prêtre irlandais, – cela sonne comme “policeman”, mais cela n’a rien à voir… – le prêtre irlandais m’a jeté à l’eau. Il m’a dit, le jour même de mon entrée dans l’Église : « Vous devez devenir prêtre ! » J’ai répondu : « Attendons un moment ! Je commence juste ! »

Donc j’ai attendu près de deux ans et à la fin de ces deux années, il disait encore : « Vous devez être prêtre ! » Il me poussait vers la prêtrise.

J’ai essayé un séminaire diocésain, à Guildford, cela n’a pas marché, j’ai ouvert ma grande bouche un peu trop. J’ai essayé les Oratoriens de Londres, cela aurait pu marcher, mais j’ai ouvert ma grande bouche un peu trop.

Ce bon prêtre, quand je suis revenu pour la deuxième fois la queue entre les jambes, comme un chien fouetté, refusé une deuxième fois, je suis retourné vers lui et il m’a dit : « Il n’y a qu’un seul endroit pour vous et c’est Écône ! »

Il n’y croyait même pas à Écône, il pensait que Paul VI était un saint… Il croyait que les problèmes étaient avec les évêques, pas avec le Pape, visiblement, c’était sa manière de traiter le problème posé par le Pape, le problème de Paul VI.

Donc il m’encourage toujours au sacerdoce.

Il a eu un rendez-vous à Londres avec Mgr Lefebvre, mais il a fait faux bond, il n’est pas venu, parce que l’archevêque s’opposait au pape.

Donc ce cher Père Flanagan ne croyait pas à Écône, mais il disait : « c’est la seule place pour vous, avec votre grande bouche ! Le seul endroit où vous serez heureux, c’est Écône ! »

Il m’a donc envoyé chez le prêtre de la Fraternité en Angleterre, puis je suis parti pour Écône, et le reste appartient à l’histoire.

Il s’agit de mon histoire, je ne prétends pas que ce soit d’une grande importance, sauf pour moi, bien sûr…

Le catholique se sauve aux conditions de Dieu, pas à ses conditions à lui

Aujourd’hui quel monde avons-nous ? Bon, je reste toujours convaincu que la réponse catholique est la vraie réponse, pas la réponse catholique modernisée, mais la vraie réponse catholique, c’est la conclusion de presque tout le monde ici, les vraies réponses catholiques sont la solution aux problèmes du monde moderne.

Mais attention à respecter les règles !

Un autre “moment” que j’aurais pu mentionner, quand l’Introductions Bureau m’a envoyé à Aylesford. Je me suis rendu à Aylesford, j’étais déjà un peu catholique, j’ai été reçu de manière très amicale. La première fois que j’y suis allé, j’ai parlé à un prêtre carme, et de nouveau, je reçois une lumière.

Voici cette lumière : « Vos problèmes seront résolus, mais pas à vos conditions. »

Vous ne venez pas vers l’Église pour lui dire quelles sont les réponses, vous pouvez lui dire quelles sont vos problèmes, mais non lui dicter les solutions : c’est l’Église qui vous les dit.

Le sacerdoce

Donc j’ai écouté ce que l’Église disait, et tout est resté cohérent et finalement le père Flanagan m’a envoyé à Écône.

Là-bas je me souviens d’un journaliste français qui m’a interrogé et demandé comment je me sentais à Écône, si j’étais heureux etc. Je lui ai répondu : « Eh bien ! partout ailleurs qu’à Écône, j’ai envie de briser les fenêtres ! Mais ici, les fenêtres et moi, nous nous entendons bien ! »

À Écône, j’étais chez moi.

Je suis donc devenu prêtre en 1976 et je dois dire que la vie était fatigante, mais très heureuse.

En français on dit : si vous voulez être heureux pour quelques heures, soûlez-vous ; si vous voulez être heureux pendant quelques mois, non, en fait, quelques semaines, mariez-vous ; si vous voulez être heureux pour le reste de votre vie, faites-vous prêtre !

La gloire puis la dérive de la Fraternité Saint Pie X
à la suite de saint Paul, Monseigneur ne se glorifie pas

C’était une vie heureuse, tout simplement. Merci au Dieu Tout-Puissant et au grand évêque. Il tenait le cap, l’équilibre, entre le schisme à droite et l’hérésie à gauche.

Il a évité le modernisme dont il voyait les fruits, mais de nombreux jeunes séminaristes de la même période que moi ne le comprenaient pas réellement : ils n’étaient pas passés par l’épreuve – comme j’y suis passé dans le monde moderne. Ils n’avaient pas compris avec succès : c’est l’industrialisation, le protestantisme etc.

C’étaient des jeunes hommes pieux, indiscutablement pieux, suffisamment pieux pour vouloir une formation de séminaristes catholiques à l’ancienne, qu’ils pouvaient encore recevoir de l’archevêque et qu’ils n’auraient eu nulle part ailleurs. Mais tandis qu’ils voulaient cette formation “à l’ancienne”, ils refusaient d’être “séparés” de l’Église, c’est du moins ce qui leur semblait.

Au bout d’un moment, en tout cas après la mort de Mgr Lefebvre, ceux qui étaient restés jusque-là, car des séminaristes nous quittaient continuellement, – Monseigneur était “schismatique”, c’est comme cela que le démon le leur représentait pour les effrayer, donc il en partait tout le temps, – certains restaient dans la course, mais même quand il eut consacré les quatre évêques en 1988, de nouveau, un groupe déserta, à peu près 50 prêtres. Je me souviens que Mgr Lefebvre fut surpris qu’il n’y en ait pas eu plus à partir, en réalité la masse des catholiques traditionnels tels qu’ils étaient en 1988 resta avec lui, l’évêque traditionnel.

Il a conduit son troupeau à travers la Mer Rouge et la plupart d’entre eux ont réussi à passer de l’autre côté. Il a quand même été surpris, mais c’est ainsi.

Mais une fois qu’il fut parti, que son charisme n’était plus là – il est mort en 1991 – quand il n’a plus été là pour guider les séminaristes et les fidèles par son exemple, sa sainteté, son enseignement, son équilibre, son humour, son charisme, – il était un homme aux multiples facettes, un grand homme –, quand il n’a plus été là, son magnétisme n’a plus joué, alors le magnétisme plus faible de Rome a de nouveau joué : « Nous devons être des catholiques romains ! »

Ceux qui avaient compris qu’en aucune manière Mgr Lefebvre n’avait cessé d’être Romain ou catholique, ceux qui étaient restés jusque-là avec lui, commencèrent à devenir les proies du magnétisme romain.

Et c’est le moment où la Fraternité Saint Pie X – avec ses bataillons de jeunes prêtres et de fidèles qui faisaient un travail magnifique de fer de lance de la résistance à l’effondrement de l’Église à Vatican II et c’est la raison pour laquelle Dieu Tout-Puissant a suscité la Fraternité : pour résister – … le magnétisme de Rome a attiré un certain nombre de ces jeunes hommes qui n’avaient ni mon âge, ni mon expérience du monde.

J’oserais me vanter… non… car Saint Paul dit : « je ne me glorifierais en rien sauf dans la Croix du Christ »

Je dirais : la différence entre eux et moi, c’est que j’avais dû tracer mon chemin à travers le monde moderne, à travers l’industrialisation, le protestantisme, après avoir reçu de Dieu l’intuition que quelque chose allait gravement de travers. Si je n’avais pas eu cette idée, cette intuition pour commencer, je n’aurais jamais rêvé d’approcher de la religion catholique.

L’épreuve actuelle de l’Église empêche le pourrissement de nos âmes

L’abbé Chazal m’a dit – il était en Europe dernièrement, maintenant, il est aux Philippines, – un ancien prêtre de la Fraternité, un de ceux qui l’ont quittée pour la bonne raison, il est maintenant missionnaire aux Philippines, très difficile, très difficile, parce qu’il n’y a plus de cadre, le cadre de l’Église officielle n’est plus là pour l’aider et le guider, il est très seul et c’est le sort des prêtres qui quittent la Fraternité, cela n’est pas une vie facile.

En tout cas, l’abbé Chazal m’a écrit : « sans cette crise – vous pouvez aussi bien tirer sur cette crise et vous en plaindre – sans cette crise, j’aurais pourri mon âme ! » J’aurais pourri mon âme ! seule cette crise m’a réveillé.

C’est sûrement vrai pour moi-même, il est sûr que si je n’avais pas reçu le sens de la gravité du problème du monde moderne, je serais « en train de me faufiler parmi les tulipes » « en dansant avec les fées » et tout le reste…

Mais Dieu Tout-Puissant s’occupait de moi.

Les épreuves à venir

Ah ! mes amis ! Où en sommes-nous aujourd’hui ? Permettez-moi d’en dire quelques mots.

Nous sommes au début d’une formidable crise économique et financière, et les moyens que le président Trump veut mettre en œuvre pour sortir de la crise ne vont que l’aggraver, en d’autres termes, il botte en touche.

Toujours plus de dette, une énorme masse de dette nouvelle en plus, est nécessaire depuis l’origine. Le système moderne est ainsi construit. Depuis que les hommes ont commencé à se détourner de Dieu et que les banques modernes sont arrivées…

‘Réforme’ protestante : années 1530 et 1540 ; Banque d’Angleterre : 1694, la première Banque centrale moderne.

Banque… banksters… ces banksters qui gouvernent le monde, qui imposent leur loi au monde moderne derrière la scène quand ils ne sont pas devant, ils ont mis en place ce système de la dette. Qu’est-ce que la dette ?

« La dette est un esclavage » dit l’Écriture, le débiteur est l’esclave du créancier.

Les nations riches asservissent les nations pauvres afin de les enferrer dans la dette et la seule chose qu’elles ne veulent pas, c’est que ces nations pauvres les remboursent. Cela elles ne le veulent pas ! Elles veulent l’augmentation sans fin de la dette pour enchaîner toujours plus les nations pauvres et confisquer leur pouvoir.

En d’autres termes si les hommes se détournent de Dieu, nécessairement, ils se tournent vers l’homme. Notre-Seigneur dit que nul ne peut servir deux maîtres, c’est soit Dieu, soit l’homme.

Si vous servez l’argent alors vous ne pouvez pas servir Dieu.

L’homme moderne veut l’argent et tout ce que l’argent peut apporter, le confort, le matérialisme, et tout le reste, il se détourne de Dieu mais cela va de pair. Ce détournement de Dieu crée le désordre dans la société de toutes sortes de façons. Ce désordre n’est résolu que par un retour à Dieu, ce qui signifie le retour à Jésus-Christ et à son unique Église, et ce n’est pas tolérable pour l’homme moderne.

Et donc il est reparti pour une nouvelle montagne de dettes, une nouvelle série de renflouements de banques, de plans de sauvetage dans l’industrie.

Tout ceci montre que ce système ne marche pas : il a constamment besoin d’augmenter sa masse de dette. C’est comme cela depuis son origine.

C’est le piège dans lequel l’homme moderne est tombé par sa propre faute.

Vous pourriez dire, étouffé par la dette : – « La solution, c’est de faire marche arrière et de revenir à Jésus-Christ » – « Non, c’est la seule solution inenvisageable, nous ferons n’importe quoi d’autre mais pas cela ! »

Mes chers amis voici notre monde…

Cela veut dire que dans dix ans, je suis presque certain que nous ne pourrons pas faire ce que nous faisons aujourd’hui, qui est déjà plus ou moins décevant comparé à ce qui se faisait dans l’Église. Néanmoins, même ceci ne sera pas possible dans dix ans.

Donc pour mon 90e anniversaire, si j’arrive encore à me déplacer sur des béquilles, il n’y aura pas d’encens du tout, pas d’hôtel, seulement un apéritif dans une obscure catacombe.

Mes chers amis, au revoir, hasta luego, nous nous reverrons dans les catacombes dans 10 ans !

Souhaits et recommandations

Que Dieu vous bénisse tous !

Plein de courage !

Demeurez avec Dieu Tout-puissant !

Demeurez dans la vraie Foi !

La plupart d’entre vous avez cette Foi !

Si l’un d’entre vous n’est pas convaincu que la Fraternité va mal, elle n’a pas encore coulé mais elle sombre – je parle de la Fraternité Saint Pie X – si vous n’êtes pas persuadé de cela achetez le livre As We Are ? parce que le grand argument dans la Fraternité est : « Rome a dit qu’elle était prête à nous accepter “tels que nous sommes”, donc les Romains acceptent l’ancienne foi, donc les Romains ne sont pas si mauvais, donc nous pouvons arriver à une sorte d’accord avec eux ! »

Hum, hum ! Les pauvres Romains sont modernistes et ne connaissent même pas leur propre mal. Peu de gens aujourd’hui savent ce que veut dire “être moderniste”. Beaucoup de gens sont modernistes, beaucoup de gens le sont.

En termes simples, cela signifie : « Je suis de la religion de Dieu, mais selon mes conditions, pas celles de Dieu. »

C’est la leçon que Dieu Tout-puissant m’a enseignée il y a quelques années. Je dois servir Dieu selon la Volonté de Dieu et non selon mon caprice.

Dieu veut la prière – surtout le rosaire quotidien, la vigilance, et non l’action

Et si l’épreuve arrive, mes amis, et elle arrive bientôt, imminente et lourde, quand l’épreuve arrive, tournez-vous vers le chapelet, c’est la solution que Notre-Dame nous donne.

Il ne reste pas beaucoup d’actions encore possibles.

Si vous êtes viril, si vous êtes militant, si vous voulez agir, faire quelque chose, rappelez-vous alors de Pierre au jardin de Gethsémani, lorsque Notre Seigneur était dans une profonde détresse, Pierre sort son épée et coupe l’oreille d’un serviteur du Grand-Prêtre. Whoum ! L’oreille vole ! Et le Seigneur dit : « Pierre, range ton épée »

Il y a un temps où le militantisme et l’action ne sont pas ce qui est nécessaire.

Notre Seigneur aurait pu lui dire : « Il y a quelques instants, je t’ai prévenu… » Quand il est entré dans le jardin de Gethsémani : « Prie, pour ne pas entrer en tentation. » Mais Pierre n’avait pas prié, il s’était endormi, il est entré en tentation et il est tombé. Dès que Notre Seigneur a dit : « Range ton épée », lui et les dix autres apôtres – Judas n’était certainement plus avec eux – ils ont tous fui.

Désirez-vous vraiment finir en prenant la fuite, ces prochaines années ?

Alors, discernons ce que Notre Seigneur veut vraiment. Je ne pense pas qu’Il veuille l’action. Ce qu’Il veut, c’est la prière. C’est pourquoi sa Mère ne cesse de répéter : « Priez le Rosaire »

Priez le Rosaire en entier mes chers amis, si c’est possible et si c’est raisonnable.

Il y a une infinité de gens dehors qui n’ont pas la moindre notion de la prière et aucune aptitude à prier. C’est à cause de ce qu’on leur a enseigné, croyez-moi ! Une infinité de gens qui ne peuvent pas prier pour eux-mêmes, et une poignée qui doivent le faire pour eux tous.

C’est la Volonté de Notre Seigneur.

Par sa Mère.

Sa mère est le grand canal de secours pour notre salut, par lequel nous atteignons son Fils, et la vraie religion de notre Père, notre Père du ciel.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.