Mgr Lazo
ma conversion à la Tradition
Conférence donnée aux Etats-Unis devant les séminaristes de la Fraternité Saint Pie X, le jour de la Toussaint 1996.
Voici comment j’étais autrefois un évêque “ nouvelle messe ” et comment je suis devenu catholique traditionnel.
J’appartiens à Rome, la Rome éternelle, la Rome de saint Pierre et saint Paul, la Rome de saint Athanase et, laissez-moi ajouter, celle de Mgr Lefebvre !
Je fus ordonné prêtre en 1947 aux Philippines. La coutume alors était que, le lendemain de notre ordination, nous célébrions notre première messe. Bien sûr il n’était pas question de messe de Paul VI à l’époque ! Mon bon évêque m’envoya aider à la paroisse de la cathédrale et, après quelques postes de vicaire dans différentes paroisses, me donna l’expérience d’un poste de curé.
Après trois ans au service du diocèse, en tout ce que l’on trouva convenable pour moi, je fus nommé au séminaire comme préfet de discipline. Au bout d’un an il y eut une restructuration du séminaire et l’on me nomma recteur du séminaire San Jacinto. Je protestai en disant que j’étais trop jeune pour ce type d’emploi, mais l’évêque me dit : “ne vous inquiétez pas. Je serai là pour prendre les décisions. Tout ce que vous aurez à faire sera de signer les papiers ”.
Je le crus, mais après deux semaines il rentra chez lui à Nueva Segovia et ne reparut plus avant un an. Je n’eus pas seulement à signer, mais également à décider quoi signer ! Alors, jeunes prêtres, attention !
Ce fut le début d’une affectation qui dura dix-sept ans ! Le sentiment général des prêtres était de ne pas aimer retourner au séminaire… “ Vais-je redevenir séminariste ? Suivre tout un règlement ? ” N’importe, j’en pris mon parti. Dans chaque diocèse il faut que quelqu’un prenne soin du séminaire ! C’est ainsi que j’essayai de me résigner à la volonté de Dieu, d’apprendre ce qu’il fallait faire et de le bien faire.
Black-out sur le concile
Lorsqu’en 1962 le Pape Jean XXIII annonça le concile Vatican II, mon évêque se rendit à Rome. Lorsqu’il rentra de Rome pour la première fois au cours du concile, nous attendions qu’il nous rapportât quelques bulletins nous relatant ce qui se passait au concile. Mais on ne nous dit jamais rien sur le sujet. Lorsque enfin le concile fut achevé, nous nous demandâmes ce qui était arrivé et ce qu’avaient fait les Pères conciliaires, mais toujours aucune information. C’était un silence assourdissant ! Malgré cela, j’essayai de faire de mon mieux en ces circonstances.
En 1969 la messe de Paul VI arriva dans le diocèse. Pourquoi ? Pour exécution ! Comme nous tenions à notre réputation d’obéissance, nous acceptâmes la messe de Paul VI. Il n’y eut pas de plaintes. D’autres changements arrivèrent également, mais nous acceptions le principe “ Roma locuta, causa finita, quand Rome a parlé, l’affaire est entendue ”. Ainsi c’était entendu.
En 1970, je fus consacré évêque auxiliaire de mon diocèse. Je continuai à dire la nouvelle messe après ma consécration et je continuai mon rôle de recteur du séminaire. Après quelque temps l’archevêque de Nueva Segovia perdit son évêque auxiliaire et l’on me demanda de le remplacer. Je fus installé comme évêque auxiliaire par le nonce, Mgr Bruno Tropigliani. J’y restai trois ans, après quoi l’on nous apprit que l’évêque de San Fernando La Union était dans le coma. A la demande de mon archevêque je vins le voir et, quand il répondit à l’appel de Dieu et quitta ce monde, je fus nommé évêque de ce diocèse, j’y fus installé et je dus commencer à le gouverner.
La ligne de conduite, alors, était de dire la messe de Paul VI, et je continuai à la dire pendant les treize ans où je gouvernai le diocèse de San Fernando La Union.
J’atteignis mes soixante-quinze ans, l’âge où le droit canon demande aux évêques de se retirer. J’en informai la nonciature en lui demandant de pourvoir à mon remplacement. C’est ainsi que le Très Révérend Antonio Tobias, évêque de Pagadian Mindanao, au sud des Philippines fut installé à ma place. Aussitôt que les cérémonies et le banquet des adieux furent achevés, je dis au revoir à Mgr Tobias et je quittai le diocèse pour poursuivre ma route.
On me fit des invitations de rester en raison de mon âge. Des sœurs me dirent : “demeurez ici et nous prendrons soin de vous”. Je les remerciai pour leur gentille proposition, mais il me sembla qu’on souhaitait mon départ. Je savais qu’il y avait peu de perspectives en dehors du diocèse, mais je m’aperçus qu’on me faisait un “ appel du pied ” pour aller à Manille, c’est ainsi que je m’y établis avec ma sœur qui venait de prendre sa retraite de doyen de son université. Je construisis une humble résidence et nous y vécurent ensemble.
Cela n’était pas loin du prieuré de la Fraternité Saint Pie X. Un soir, un des hommes de confiance du prieuré me rendit visite, accompagné de quatre catéchistes chargés de livres. Je leur demandai brusquement : “ puis-je vous demander la raison de votre visite ? ” Ils répondirent “ nous venons faire votre connaissance ”. J’étais heureux de me dire : “ il y a encore des gens qui veulent être mes amis ! ”
La découverte de la vérité
Après quelques moments de plaisanteries et une demi-heure à parler de choses et d’autres, l’un des catéchistes me dit : “ puis-je vous laisser les livres que nous avons apportés ? ” J’étais très heureux car j’aime lire. C’était une des choses qui me manquait lorsque j’étais évêque de diocèse, de lire pour le plaisir, de lire ce qui plaît, pour soi.
Ce qui avait été suffoquant, c’est qu’une grande conférence internationale, le second concile du Vatican, avait eu lieu sans que pas même un bulletin nous soit disponible pour nous apprendre ce qui s’y était passé. Il me semblait qu’il y avait eu un effort orchestré pour nous garder dans le noir. Oui, nous étions dans le noir, nous ne savions rien. Nous essayions de chercher à tâtons, mais nous ne trouvions que ce que l’on trouve dans un trou vide ! Vous vous redressez, vous vous cognez la tête et vous trouvez votre tête plus dure que du bois !
Ainsi, lorsque ces livres m’arrivèrent, je m’aperçus que c’était juste ceux que je désirais. Il s’agissait des trois tomes de La révolution liturgique de Michael Davies et de L’apologie pour Marcel Lefebvre par le même Michael Davies. J’éprouvai de la tristesse : voici un évêque qui essaye d’arrêter les entreprises des ennemis de l’Eglise et, au lieu d’être soutenu, il est méprisé. Une persécution était organisée contre lui.
Ensuite je vis La bouche du lion que je trouvai un titre vraiment étrange ! Je me demandais : “ quel est ce lion (Mgr Antonio de Castro Mayer) ? ” Je regardai également d’autres livres : la Lettre ouverte aux catholiques perplexes et J’accuse le Concile de Mgr Marcel Lefebvre. Une petite brochure rappelait : “ la foi vient en premier et l’obéissance doit être au service de la foi ”.
Là encore j’éprouvai une grande tristesse pour l’Eglise que j’aimais tant. Je voulais être éclairé, je voulais savoir ce qui était juste et ce qui ne l’était pas. Après avoir beaucoup lu, avoir réfléchi et prié, je commençai à fréquenter les prêtres du prieuré Saint Pie X à Manille. Ils me donnèrent d’autres livres que je lus avec attention. Un des ces livres était intitulé Le complot contre l’Eglise. Il me fut une grande lumière, mais, en même temps, j’éprouvai une grande tristesse à constater que l’Eglise avait des ennemis qui désiraient éteindre la lumière de la foi. On me donna Iota Unum et je fus très heureux de recevoir ce livre que Mgr Lefebvre avait recommandé. J’en ai lu les deux premiers chapitres et c’est certainement un livre très profond.
Le programme des francs-maçons
Je lus également un autre petit livre, ES 1025 par Marie Carré. Connaissez-vous ce livre ? C’est une vraie bombe ! Il décrit le programme des francs-maçons pour détruire l’Eglise, le programme de la judéo-maçonnerie. Le livre que je lis actuellement les papes et la franc-maçonnerie, explique que la Franc-maçonnerie n’est pas qu’une association mais bien une contre-Eglise, une contre-Eglise catho-lique ! Leur plan est d’envoyer leurs jeunes au séminaire, même s’ils ne veulent pas devenir prêtres. Certains sont assez brillants pour devenir plus tard, peut-être, prêtres et même évêques. C’est pourquoi nous ne sommes pas surpris de voir leur plan marcher maintenant car cela fait longtemps qu’ils ont commencé à le mettre en œuvre. Lorsque le concile Vatican II commença, certains de leurs hommes, des francs-maçons, étaient déjà postés à différentes positions.
Quand on demandait à Jean XXIII pourquoi il avait lancé ce concile, il répondait : “ c’est une inspiration ! ”… Etait-il vraiment inspiré ?… D’habitude il faut un gros problème pour justifier la réunion d’un concile. Mais à Vatican II, ils n’ont pas attaqué le problème de l’époque, le communisme ! Non ! Ils voulaient manipuler, réarranger et réorienter l’Eglise catholique, non seulement pour l’empêcher de grandir, mais pour la détruire.
Le premier livre que je lus me troubla beaucoup. J’en lus un autre, Le Rhin se jette dans le Tibre de Ralph Wiltgen. Mon Dieu ! Je me rendis compte que quelque chose de très important se produisait. Je me demandai à moi-même : “ pourquoi cela arrive-t-il ? ” Les Maçons n’ont qu’une ambition dans la vie, détruire l’Eglise. Je me demandai : “ pourquoi la judéo-maçonnerie ?! ” Vous rappelez-vous le cri des juifs, le dernier jour du Vendredi Saint ? “ Crucifie-le ! Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! ” et ainsi cette malédiction pèse toujours sur les Maçons et les juifs. C’est très troublant, mes biens chers frères.
On nous dit qu’une centaine d’ecclésiastiques de Vatican II étaient francs-maçons. Ce qui m’ennuie, c’est que Léon XIII a écrit son encyclique Humanum Genus précisément contre la franc-maçonnerie ! Comment se fait-il que les papes suivants aient nommé des nonces et des évêques maçons, les aient fait cardinaux ? Préparaient-ils la destruction de l’Eglise, ou quoi ? Quand le pape meurt, il y en a toujours pour déterminer le nouveau pape ! Bien entendu il y a eu des cardinaux qui ont voulu obtenir le vote des Maçons pour devenir pape. Il y a des papes qui le sont devenus avec leurs votes. La question est, sont-ils devenus papes pour faire leur devoir de vicaire du Christ ? !
La lecture de ces livres me troubla grandement. Mais je copris aussi que j’avais peut-être tort de dire la nouvelle messe, qu’elle n’était plus le sacrifice du calvaire, mais un repas, un mémorial. Je me demandai comment cela avait pu arriver. Je ressentis de l’amertume et de la tristesse. Comment était-il possible que mes supérieurs m’aient fait une telle chose ?
C’est pourquoi je lus et lus encore. Après six mois à chercher la vérité, je commençai à former mon esprit et à prendre une décision. Pendant tout ce temps je rendais également souvent visite au prieuré de la Fraternité Saint Pie X.
Peu à peu je pris la sainte résolution de changer la messe que je disais. Cependant comme j’avais oublié comment se célébrait la messe traditionnelle je demandai au supérieur du prieuré : “je veux réapprendre à dire la messe traditionnelle. Pouvez-vous m’aider ?” Un des prêtres, Monsieur l’abbé Blute, m’aida et me guida à suivre les rubriques du missel et, en l’espace de quelques semaines, j’avais de nouveau appris à dire la messe de toujours.
Les modernistes s’affolent
Une fois, durant cette période où je visitai le prieuré, je reçus un visiteur envoyé par le Cardinal (des Philippines). Je lui demandai : “ puis-je savoir le but de votre visite, Frère Pascal ? ”… “ Je viens me confesser ”… “ Ah, bien ! ” Mais avant la confession nous parlâmes… Il me dit : “ Monseigneur, cessez d’aller au prieuré, car vous êtes un mauvais exemple et le peuple va vous suivre ”. Quoi ? ! C’est un mauvais exemple d’aller au prieuré des fils de Mgr Lefebvre ? Il vint, il s’en alla, et quand il fut parti je retournai au prieuré ! Je ne m’arrêtai certes pas d’y retourner ! Tête de mule !
Le supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, Mgr Fellay, visita le prieuré et j’étais présent lors de la bénédiction de l’église. Je lui dis “ bonjour ”, il me répondit, nous eûmes un échange agréable et, finalement, les prêtres suggérèrent qu’on fît quelques photos. “ Oh, ce n’est pas un problème pour moi ! ” dis-je. Nous essayâmes de sourire de notre mieux. Le lendemain cette photo avait déjà atteint le Cardinal ! Il me sembla qu’ils commençaient à devenir nerveux, ce qui fit que, après quelque temps, ils m’envoyèrent de nouveau le visiteur ! Il me rappela que je devais ne pas aller au prieuré, car le fondateur de cette fraternité sacerdotale, Mgr Lefebvre, était “ schismatique ” et, évidemment, “ excommunié ”. Mais, grâce aux documents que j’avais lus, je savais que ces décrets contre Mgr Lefebvre ne s’appliquaient pas,( le décret du Cardinal Gantin et celui du Pape). L’avertissement du visiteur ne servit à rien.
Le Cardinal m’invita à dîner. Soit, j’acceptai. Je consultai quelques autres personnes qui me conseillèrent de ne pas y aller seul et me rappelèrent l’histoire de cette religieuse qui était venue parler avec le cardinal à propos de la nouvelle messe. Lorsqu’elle en sortit, elle était comme Zacharie : elle faisait des signes, mais ne pouvait plus parler ! Lorsque Zacharie sortit du temple, le peuple dit qu’il devait avoir vu un ange. Dans ce cas je me dis : “ non, avec cette religieuse il n’y avait pas d’ange, peut-être un ange noir ! ” Je retins donc le conseil et un de mes amis décommanda l’invitation.
Je vins en Europe, et là, je visitai les sanctuaires. Le lendemain de mon retour, l’évêque qui m’avait succédé à La Union vint me demander ce que j’avais fait en Europe. Je lui répondis : “ eh bien, je suis allé aux ordinations à Ecône ! Oui, j’ai même imposé les mains aux ordinands ! ”. Très peu après je reçus une lettre ainsi libellée : “ Monseigneur vous devenez vieux et vous êtes membre du mouvement traditionaliste. Dieu peut vous rappeler n’importe quand. Revenez en arrière pour pouvoir mourir au nom de Dieu ”. Je répondis que j’avais choisi la Tradition et que je n’allais pas revenir en arrière. J’avais brûlé mes ponts. La veille de mon départ aux États-Unis, je trouvai une autre lettre pour me dire que j’étais perdu. Je répondis aux arguments.
La raison pour laquelle je ne peux accepter la nouvelle messe et les réformes liturgiques, est que la réforme liturgique post-conciliaire a été inspirée, organisée et pensée par les Maçons. Et les Maçons reçoivent leur inspiration de Satan. Finalement, en dernière analyse, s’agit-il du Christ ou de Satan ? J’ai choisi de vivre ma vie avec le Christ et c’est ainsi que je veux continuer.
Les Causes de la réprobation divine
Dans la lettre au Cardinal je citai la brochure Pourquoi la crise dans l’Eglise ? L’auteur, John Cotter, dit que l’Eglise est dans un très mauvais pas, que la réprobation divine est bien notable dans l’Eglise d’aujourd’hui, et il en donne les causes.
La première cause est que la nouvelle messe elle-même déplaît à Dieu. La seconde raison est l’affaiblissement de la papauté. Voilà ce que j’ai donné au Cardinal et je suis sûr qu’il est allé le montrer au nonce, au cardinal Sanchez à Rome, et au cardinal Sin, primat des Philippines, ainsi qu’au président de la conférence épiscopale, Mgr Oscar Cruz.
Pourquoi je suis devenu traditionaliste
Vous allez peut-être me demander pourquoi je suis devenu catholique traditionnel. Eh bien, voici, c’est parce que j’ai rejeté la nouvelle messe ! “ Pourquoi avez-vous rejeté la nouvelle messe ? ” Je l’ai fait pour plusieurs raisons. La première lorsque les évêques du Concile ont réformé la liturgie, les Maçons avaient en vue d’éteindre la lumière de la Foi. Il fallait souffler la lumière de la messe. Mais le peuple a pour la messe une telle inclination et il l’aime tellement ! Que faire alors pour le tromper ? Ils ôtèrent l’ancienne messe, mais lui donnèrent un substitut, la messe de Paul VI. Voilà pourquoi il nous arrive d’entendre aux Philippines : “ la nouvelle messe est un fantôme de messe catholique. C’est un truquage ”. Voilà ce que disent les gens ! Cela vient du peuple ! Ceux qui ne suivent pas les évêques les yeux fermés se forment eux-mêmes et lisent. Certains sont arrivés à la conclusion que ce n’est pas la vraie messe, mais un repas, un récit, un mémorial.
La grande idée que cache la nouvelle messe est de donner à la longue aux catholiques l’état d’esprit protestant. On ne leur parlerait plus des vérités catholiques mais on leur rappellerait la valeur de l’homme, comme dans les sectes protestantes. Ce fut l’œuvre d’Annibale Bugnini que l’on appelle quelquefois “ Cannibale Bugnini ” à cause de tout ce qu’il a fait à la liturgie. Alors, qu’est-ce que les réformateurs ont fait à la messe ?
Une messe inacceptable
1) On commence la messe de Saint Pie V avec le Judica me en esprit de pénitence pour préparer nos cœurs par un acte de repentir. Il faut éveiller et approfondir l’esprit de pénitence. On dit : “ Judica me, jugez-moi, ô Dieu… ” Mais cela a été retiré de la nouvelle messe. Pour la même raison lors des enterrements selon le nouveau rite, on ne nous rappelle plus que nous sommes pécheurs, nous sommes canonisés ! C’est l’impression qu’on en retire. Le Judica me est un psaume qui souligne l’état pécheur de l’homme, on l’a enlevé.
2) Les oraisons qui enchâssent avec tant de beauté les vérités de notre religion, les mystères de la Rédemption, les actes héroïques de nos saints, ainsi que les fins dernières, la mort, le jugement, le ciel et l’enfer, ont été également supprimées. Qu’a-t-on à la place ? Les réformateurs, conduits par Bugnini et les six protestants, ont ôté ce qui déplaisait aux oreilles protestantes et ont mis à la place les notions protestantes et les valeurs humaines, et ainsi ces prières sont devenues celles du culte de l’homme, non plus celles du culte de Dieu. On prie ainsi l’homme à la place de Dieu. C’est pourquoi le prêtre se retourne pour devenir un président. Il se tient non plus devant un autel, mais devant une table, comme pour pendre un repas. C’est du protestantisme.
3) Ensuite, les prières de l’offertoire indiquent de façon parfaitement nette la nature sacrificielle de la messe. Elles ont été enlevées. La nouvelle messe parle juste des “ fruits du travail de l’homme ”et de choses semblables. On a délibérément enlevé l’idée du sacrifice.
4) Après cela nous entrons dans la Consécration. Les protestants ne croient pas en la transsubstantiation, alors, pourquoi faire la génuflexion après une consécration qui n’en est pas une ? Depuis le début, la nouvelle messe est une tricherie, un moyen de tromper.
5) Venons-en au respect pour le Saint Sacrement. Même s’il y a le Saint Sacrement, où mettent-ils le Tabernacle ? Pas au centre de l’autel ! On l’a vu à la sacristie ou même sur un tas d’immondices. Cela s’est souvent produit. Le Seigneur a été mis de côté afin que nous ne pensions plus à Lui.
6) Il y a une grande controverse à propos des paroles de la consécration. Si l’on dit que le sang de Jésus-Christ est répandu “ pour beaucoup ”, on reprend les paroles du Christ. Si l’on dit “ pour tous ”, on change les paroles du Christ. Peut-on changer ces paroles ? Et pourtant, c’est ce qu’a fait l’officielle commission liturgique de la nouvelle Eglise.
7) Et qu’ont-ils fait de la bulle de 1570, Quo Primum, dans laquelle saint Pie V décide que la messe qu’il établit est valable à perpétuité ? Il y a de nombreuses manières de célébrer la nouvelle messe. Il semble que le pape saint Pie V avait prévu une crise comme celle-ci et, voici, nous l’avons.
8) Quelle explication théologique peut-on donner à la soi-disant valeur enrichissante de la nouvelle messe ? Elle n’a aucun fondement dogmatique. Quand on lit la vie des saints, on voit que des millions sont allés au Ciel. C’est grâce à la messe traditionnelle qu’ils ont saintement vécu. A-t-on lu quelque part que la nouvelle messe produise des saints ? Que produit-elle, en réalité ? Des églises vides, des religieuses quittant leur couvent, des prêtres abandonnant leurs vœux, et un peuple laïc désorienté. Ils ont passé l’Eglise au bulldozer, quelle tragédie ! J’ai vu une photo de Paul VI la tête dans les mains, avec la légende “ auto-démolition de l’Eglise ”. L’Eglise est détruite depuis l’intérieur, mais par qui ? Par les chefs spirituels qui sont supposés l’édifier et la faire grandir. Ce sont eux les vrais agents du démon dans la destruction de l’Eglise. Et si vous leur demandez : “ qu’allez-vous faire maintenant ? L’Eglise est en pleine destruction ! ” Ils ne répondent rien. Ils sont même heureux d’atteindre leur but, la destruction de l’Eglise. Exposer les catholiques aux nouveaux enseignements qui les mènent à leur damnation éternelle, voilà l’effort concerté de l’Eglise post-conciliaire.
9) Dans la messe dite de saint Pie V on a le Memento des morts. En entendez-vous parler dans la nouvelle messe ? Il semble qu’ils n’y croient plus. Pourtant le purgatoire est l’une des vérités du dépôt de la foi. C’est pourquoi nous avons une messe pour les défunts. Je ne sais pas ce que pensent les gens. Ils donnent une grosse offrande afin que le sacrifice de la messe soit offert pour le repos éternel de leurs défunts, mais qu’arrive-t-il ? C’est le pique-nique entre amis. Est-il justifié de garder les honoraires de la messe dans ces conditions ? Rendez l’argent ! Les prêtres n’ont pas accompli les conditions qui justifiaient l’offrande. N’ont-ils pas eux aussi un contrat à respecter ? Sinon il faut restituer.
10) Venons-en à la communion dans la main. L’un de ceux qui voulaient la communion dans la main déclarait qu’il était plus naturel de manger avec la main. Pour çà, c’est naturel ! Mais que dire de la désacralisation ? Un homme éminent qui demeure près de chez moi demanda longtemps qu’on l’autorisât à être ministre de l’Eucharistie. Ce lui fut refusé. Mais quand cela fut accordé aux religieuses, il vint les voir, leur donna de l’argent et leur dit : “ confiez-moi ce ministère ”. On le lui confia et, après quelque temps, on apprit que cet homme donnait la sainte communion et que, au lieu de dire “ le corps du Christ ”, il disait “ vous êtes belle ma chérie ”. La jeune fille était choquée comme le serait, je le pense, toute jeune fille honnête. Voilà jusqu’où s’étend le manque de respect ! Et cela continue.
11) Vous avez également noté qu’à la nouvelle messe le dernier évangile a disparu. Cela est dû à ce qu’il proclame la divinité de Jésus-Christ, mais, pour les réformateurs, Jésus-Christ n’est pas Dieu. Ils disent que c’était un homme, un homme bon, brillant, mais probablement pas Dieu. Et ainsi on a enlevé cet évangile, pour raccourcir la messe.
12) Les prières de Léon XIII à la fin de la messe ont également été enlevées parce que la nouvelle messe n’aime pas l’idée de convertir les communistes.
Voici les raisons pour lesquelles j’ai décidé d’abandonner la nouvelle messe.
Combien de conséquences celle-ci a eues ! Des milliers de prêtres ont abandonné leur prêtrise, des milliers de religieuses sont sorties de leur couvent, les laïques ont vu qu’il manquait quelque chose à la messe et n’y vont plus. Nous avons entendu parler d’églises et de paroisses fermées. Hier, quelqu’un m’a dit : “ ici, deux cents églises ont été fermées ”. C’est vrai. Cela n’arrive pas qu’aux Etats-Unis, mais aussi en Europe.
Je suis allé à Rome récemment et j’ai du me frotter les yeux en entrant dans les grandes basiliques. Les foules ne les visitent pas pour le culte de Dieu, mais pour connaître l’histoire des peintures, certes pas pour s’agenouiller et adorer, même à Saint Pierre. Cela arrive vraiment, mes biens chers frères, je suis heureux que vous ne soyez pas en leur compagnie. Un des prêtres du séminaire de la Fraternité à Winona, me disant au revoir, ajouta : “ Monseigneur, vous n’êtes pas seul, nous sommes avec vous ”. C’est bon de le constater entre nous tous, mes biens chers frères !
Les sacres de 1988
Qu’en est-il du problème des sacres épiscopaux de 1988 ? Le droit canon lui-même détermine que l’excommunication ne s’applique pas. Mais l’Eglise conciliaire continue à nous dire de ne pas assister aux messes célébrées par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, pour ne pas devenir schismatiques. Être schismatique, c’est se damner. J’espère que vous ne vous croyez pas schismatiques ! Vous venez à ces messes, parce que l’excommunication n’est pas valable. Revenez, revenez à la messe de saint Pie V ! C’est la messe de tous les temps ! Lisez des livres qui en parlent. Cette messe a fait les grands saints comme saint Thomas d’Aquin, saint Albert le Grand, la sainte Vierge, les vierges, des milliers de saints à travers les siècles de l’Eglise. On vous demande pourquoi vous allez à la messe. “ Parce que je veux être proche de Dieu, je veux enrichir mon âme ”. Entendez-vous des gens dire la même chose lorsqu’ils vont à la nouvelle messe ?
On nous demande souvent : “ mais pourquoi avez-vous quitté l’Eglise ? Il faut être humble et conserver l’unité dans l’obéissance ! ” Certainement, c’est une bonne chose d’être obéissant. Saint Thomas nous le dit. Mais il dit également qu’on n’a pas toujours à obéir, notamment qu’on ne peut obéir lorsqu’il s’agit de commettre un péché. On doit même attirer l’attention du supérieur, même en public s’il le faut, pour éviter un dommage.
Ainsi, je n’obéis pas à l’Eglise conciliaire, et mon raisonnement est le suivant : je sais que l’Eglise conciliaire a planifié ses propres réformes liturgiques. Les intentions des réformateurs sont maçonniques, et par conséquent, la tendance de ces réformes est de détruire l’Eglise, ce qui est évident partout aujourd’hui. Par conséquent, je retire mon obéissance. “ Mieux vaut obéir à Dieu qu’aux hommes ”. C’est ce que nous enseigne l’Ecriture Sainte. C’est pourquoi je suis revenu à la messe traditionnelle et j’espère que, à ma mort, on célébrera pour moi la messe de saint Pie V, la messe de tous les temps
Éteindre le feu
Je voudrais ajouter autre chose à propos de ma découverte de ce qui n’allait pas dans la nouvelle messe. Lorsque vous voyez une maison en feu, vous croisez-vous les bras ? Vous apportez votre aide, n’est-ce pas ? J’ai donc essayé d’aider ces évêques. Je leur ai envoyé des choses à lire, par exemple la brochure L’intervention du Cardinal Ottaviani. Je le leur donne parce que je pense que c’est à ce niveau d’idées que doit se livrer la bataille. Ce sont les idées qui combattent les idées, c’est pourquoi ma campagne consiste à distribuer gratuitement des photocopies qui expliquent aux gens pourquoi il y a une crise dans l’Eglise et pourquoi nous avons à nous réformer.
Nous distribuons des photo-copies. Quelqu’un nous a acheté un multicopieur, mais nous sommes souvent à court d’encre ou de papier. Nous avons également à l’étude la construction d’une maison d’études qui enseignera la théologie vraiment catholique, la morale, le Droit Canon, la liturgie et le dogme. Nous avons trouvé l’endroit mais il faut un gros investissement et nous n’avons pas l’argent. Mais, c’est le travail de Dieu et Dieu nous aidera à accomplir ce qu’Il veut.
Je ne suis pas seul
Bien que je sois le seul évêque des Philippines, j’ai avec moi des laïcs ainsi que deux prêtres, l’abbé Santi et le R.P. Manuel Piñon. Le R.P. Piñon. a été professeur de philosophie et de théologie à la fameuse université du séminaire central Saint Thomas. Il a célébré récemment son cinquantième anniversaire de professeur de théologie dans ce pays et pour cette occasion, a demandé à son supérieur de célébrer la messe de saint Pie V dans la grande église de son couvent. Comme cela lui fut refusé, il se tourna vers l’église Notre Dame des Victoires qui appartient à la Fraternité Saint Pie X. M. l’abbé Blute, responsable de cette église, accepta. Je fus heureux de l’apprendre car, ainsi, les gens se sont pressés à l’église pour fortifier les prières d’action de grâce du R.P. Piñon et remercier Dieu de l’avoir gardé fidèle durant toutes ces années. Le R.P. Manuel Piñon est le seul dominicain traditionnel de la grande communauté dominicaine de la ville de Manille. Il est très heureux de se trouver avec nous et de célébrer la messe traditionnelle.
Pour terminer, mes biens chers frères, je vous remercie d’être venus m’écouter. Disons-nous mutuellement : “ nous nous séparons, mais nous sommes unis par nos prières ”. Que Dieu vous bénisse et vous donne la grâce de persévérer jusqu’à la fin parce que seulement ceux qui persévèrent recevront la couronne de victoire. Puissions tous nous retrouver au Ciel.
Vive la messe traditionnelle !
Vive la Tradition Catholique !
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