Dimanche de la Septuagésime

Dom Guéranger ~ L’Année liturgique
Dimanche de la Septuagésime

La sainte Église nous rassemble aujourd’hui pour repasser avec nous le lamentable récit de la chute de notre premier père. Un si affreux désastre nous fait déjà pressentir le dénouement de la vie mortelle du Fils de Dieu fait homme, qui a daigné prendre sur lui la charge d’expier la prévarication du commencement et toutes celles qui l’ont suivie. Pour être en mesure d’apprécier le remède, il nous faut sonder la plaie. Cette semaine sera donc employée à méditer la gravité du premier péché, et toute la suite des malheurs qu’il a entraînés sur l’espèce humaine.

Autrefois l’Église lisait en ce jour, à l’office de matines, la narration simple et sublime par laquelle Moïse a initié toutes les générations à ce triste événement. La disposition actuelle de la liturgie n’amène pas cette lecture avant le mercredi de cette semaine, les jours qui précèdent étant employés à lire le récit des six jours de la création. Nous placerons néanmoins dès aujourd’hui cette importante lecture, comme le fonde­ment des enseignements de la semaine.

Du Livre de la Genèse. Chap. 3

Or, le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait formés sur la terre. Il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger du fruit de tous les arbres du jardin ? La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des arbres qui sont dans le jardin ; mais, pour ce qui est du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu nous a commandé de n’en point man­ger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mour­rions. Le serpent dit à la femme : Assurément, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que le jour où vous en aurez mangé, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. La femme donc considéra que le fruit de cet arbre était bon à manger, qu’il était beau et agréable à la vue, et, en ayant pris, elle en mangea, et en donna à son mari qui en mangea aussi. Et en même temps, leurs yeux furent ouverts à tous deux.

Ayant reconnu leur nudité, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures. Et ayant entendu la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin après midi, à l’heure où il s’élève un vent doux, Adam et son épouse se cachèrent sous l’ombrage des arbres du jardin, pour fuir la face du Seigneur Dieu. Et le Seigneur Dieu appela Adam, et lui dit : Où es tu ? Il répondit : J’ai entendu votre voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que j’étais nu ; c’est pourquoi je me suis caché. Le Seigneur reprit : Qui t’a appris que tu étais nu, si ce n’est que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais commandé de ne pas manger ? Et Adam répondit : La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. Et le Seigneur Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’en ai mangé.

Et le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et les bêtes de la terre. Tu rampe­ras sur ton ventre, et tu mangeras la terre tous les jours de ta vie. Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : elle t’écrasera la tête, et tu tâcheras de la mordre au talon. Il dit aussi à la femme : Je multiplierai tes angoisses après que tu auras conçu ; tu enfanteras tes fils dans la douleur ; tu seras sous la puis­sance de l’homme, et il te dominera. Il dit ensuite à Adam : Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais commandé de ne pas manger, la terre sera maudite à cause de ce que tu as fait : tu tireras d’elle ta nour­riture à force de travail, tous les jours de ta vie. Elle te produira des épines et des ronces, et tu te nourriras de l’herbe de la terre. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, jusqu’à ce que tu retournes en la terre dont tu as été tiré : car tu es poussière, et tu rentreras dans la pous­sière.

La voilà cette page terrible des annales humaines. Elle seule nous ex­plique la situation présente de l’homme sur la terre. Par elle aussi, nous apprenons l’attitude qui nous convient à l’égard de Dieu. Nous revien­drons sur ce lugubre récit dans les jours qui vont suivre ; dès à présent, il doit faire le principal objet de nos réflexions. Reprenons maintenant l’explication de la liturgie d’aujourd’hui.

Dans l’Église grecque, le dimanche que nous appelons de la Septua­gésime est désigné sous le nom de prosphonésime, c’est-à-dire procla­mation, parce qu’il annonce au peuple le jeûne du carême qui doit bientôt commencer. Il est aussi appelé le dimanche de l’enfant prodigue, parce qu’on y lit cette parabole, comme une invitation aux pécheurs de recourir à la miséricorde de Dieu. Il faut observer néanmoins que ce dimanche est le dernier jour de la semaine appelée prosphonésime, laquelle commence dès le lundi précédent, selon la manière de compter des Grecs.

À la messe

La station, à Rome, est dans l’Église de Saint-Laurent-hors-les-Murs. Les anciens liturgistes font remarquer la relation qui existe entre le juste Abel, dont le sang répandu par son frère fait l’objet d’un des répons des matines d’aujourd’hui, et le courageux martyr sur le tombeau duquel l’Église romaine vient ouvrir la Septuagésime.

L’introït de la messe exprime les terreurs de la mort auxquelles Adam et sa race tout entière sont en proie, depuis le péché. Cependant un cri d’espérance se fait entendre, au milieu de cette suprême désolation. Adam et sa race peuvent encore implorer la miséricorde céleste. Le Seigneur a fait une promesse, au jour même de la malédiction ; qu’ils confessent leur misère, et le Dieu même qu’ils ont offensé deviendra leur libérateur.

Introït

Les gémissements de la mort m’ont environné, les douleurs de l’enfer m’ont assiégé ; j’ai invoqué le Seigneur dans ma tribulation, et, de son saint temple, il a écouté ma voix. Ps. Je vous aimerai, Seigneur, qui êtes ma force ; le Seigneur est mon appui, mon refuge et mon libérateur. Gloire au Père. Les gémissements.

Dans la collecte, l’Église reconnaît que ses enfants ont mérité les châtiments qui sont la suite du péché, et demande pour eux cette miséri­corde qui délivre.

Collecte

Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer dans votre clémence les prières de votre peuple, afin que nous qui sommes justement affligés pour nos péchés, soyons miséricordieusement délivrés pour la gloire de votre nom. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Seconde collecte [1]

Préservez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, de tous les périls de l’âme et du corps ; et vous laissant fléchir par l’intercession de la bienheu­reuse et glorieuse Mère de Dieu Marie toujours vierge, du bienheu­reux Joseph, de vos bienheureux apôtres Pierre et Paul, du bienheu­reux N. (on nomme ici le saint titulaire de l’Église) et de tous les saints, accordez-nous, dans votre bonté, le salut et la paix, afin que toutes les erreurs et les adversités étant écartées, votre Église vous serve dans une liberté tranquille.

Le prêtre ajoute une troisième collecte, à son choix.

Épître

Lecture de l’Épître du bienheureux Paul, apôtre, aux Corinthiens. Chap. 9

Mes Frères, ne savez-vous pas que, quand on court dans la lice, tous courent, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez donc de telle sorte que vous le remportiez. Or, tout athlète garde en toutes choses la tempérance, et ils ne le font que pour gagner une cou­ronne corrupti­ble ; la nôtre au contraire sera incorruptible. Pour moi, je cours, mais non pas comme au hasard ; je combats, mais non pas en donnant des coups en l’air ; je châtie mon corps, et je le réduis en servitude ; de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne devienne moi-même ré­prouvé. Je ne veux pas que vous ignoriez, mes Frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous passé la mer ; qu’ils ont tous été baptisés sous la conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer ; qu’ils ont tous mangé la même nour­riture spirituelle et bu le même breuvage spirituel. Car ils buvaient de l’eau de la Pierre spirituelle qui les suivait ; et cette Pierre était Jésus-Christ. Mais cependant, sur un si grand nombre, il y en eut peu qui fussent agréables à Dieu.

La parole énergique de l’apôtre vient augmenter encore l’émotion que nous apportent les grands souvenirs qui se rattachent à ce jour. Il nous dit que ce monde est une arène dans laquelle il faut courir, et que le prix n’est que pour ceux dont la marche est agile et dégagée. Gardons-nous donc de ce qui pourrait appesantir notre course et nous faire man­quer la couronne. Ne nous faisons pas illusion : rien n’est sûr pour nous, tant que nous ne sommes pas au bout de la carrière. Notre conversion n’a pas été plus sincère que celle de saint Paul, nos œuvres plus dé­vouées et plus méritoires que les siennes ; toutefois, il le confesse lui-même, la crainte de devenir réprouvé n’est pas entièrement éteinte dans son cœur. Il châtie son corps, et il le réduit en servitude. L’homme dans l’état actuel n’a plus cette volonté droite qu’avait Adam avant son péché, et dont cependant il sut faire un si malheureux usage. Un penchant fatal nous entraîne, et nous ne pouvons garder l’équilibre qu’en sacrifiant la chair à l’esprit. Cette doctrine paraît dure au grand nombre, et c’est pour cela que beaucoup n’arriveront pas au terme de la carrière, et n’auront pas part à la récompense qui leur était destinée. Comme les Israélites dont parle ici l’apôtre, ils mériteront d’être ensevelis dans le désert, et ne verront pas la terre promise. Néanmoins, les mêmes merveilles dont furent témoins Josué et Caleb s’étaient accomplies sous leurs yeux ; mais rien ne guérit l’endurcissement d’un cœur qui s’obstine à mettre tout son espoir dans les choses de la vie présente, comme si leur péril­leuse vanité ne se révélait pas d’elle-même à chaque heure.

Mais si le cœur se confie en Dieu, s’il se fortifie par la pensée que le secours divin ne manque jamais à celui qui l’implore, il parcourra sans faiblir l’arène de cette vie, et il arrivera heureusement au terme. Le Seigneur a les yeux constamment ouverts sur celui qui travaille et qui souffre. Tels sont les sentiments exprimés dans le graduel.

Graduel

Vous êtes, Seigneur, notre appui dans le besoin et dans la tribu­la­tion : que ceux qui vous connaissent espèrent en vous ; car vous n’abandonnez pas ceux qui vous cherchent. V/. Le pauvre ne sera pas toujours en oubli ; les souffrances du pauvre ne seront pas perdues pour l’éternité : levez-vous, Seigneur, et que l’homme ennemi ne prévale pas.

Le trait envoie vers Dieu un cri, du fond de l’abîme de notre déchéance. L’homme est profondément humilié par sa chute ; mais il sait que Dieu est plein de miséricorde, et que sa bonté l’empêche de traiter nos iniquités comme elles le méritent ; autrement, nul de nous ne pourrait espérer le pardon.

Trait

Des profondeurs de l’abîme, j’ai crié vers vous, Seigneur ! Seigneur, écoutez ma voix. V/. Que vos oreilles soient attentives à la prière de votre servi­teur. V/. Seigneur ! si vous considérez mes iniquités : Seigneur ! qui soutiendra votre jugement ? V/. Mais la miséricorde est en vous ; c’est pourquoi, à cause de votre parole, je vous ai attendu, Seigneur.

Évangile

La suite du saint Évangile selon saint Matthieu. Chap. 20

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui sortit de grand matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Étant demeuré d’accord avec eux d’un denier pour leur journée, il les envoya dans sa vigne. Et étant sorti vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire, et il leur dit : Allez-vous-en aussi dans ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste. Et ils y allèrent. Il sortit encore sur la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose. Enfin étant sorti sur la onzième heure, il en trouva d’autres qui étaient là, et il leur dit : Pourquoi demeurez-vous ici le long du jour sans travailler ? Et ils lui dirent : Parce que personne ne nous a loués. Il leur dit : Allez-vous-en aussi dans ma vigne. Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et donne-leur le salaire, en commençant par les derniers et finissant par les premiers. Ceux donc qui n’étaient venus que vers la onzième heure, s’étant approchés, reçurent chacun un denier. Ceux qui étaient venus les premiers pensèrent qu’ils allaient recevoir davantage ; mais ils ne reçurent que chacun un denier. Et en le rece­vant, ils murmuraient contre le père de famille et disaient : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et vous leur avez donné autant qu’à nous qui avons porté le poids du jour et de la chaleur. Mais il répondit à l’un d’eux : Mon ami, je ne vous fais point de tort. N’êtes-vous pas convenu avec moi d’un denier ? Prenez ce qui vous appar­tient et vous en allez ; mais je veux donner à ce dernier autant qu’à vous. Est-ce qu’il ne m’est pas permis de faire ce que je veux ? Votre œil est-il mauvais parce que je suis bon ? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers, parce qu’il y en a beau­coup d’appelés, mais peu d’élus.

Il importe de bien saisir ce célèbre passage de l’évangile, et d’appré­cier les motifs qui ont porté l’Église à le placer en ce jour. Considérons d’abord les circonstances dans lesquelles le Sauveur prononce cette parabole, et le but d’instruction qu’il s’y propose directement. Il s’agit d’avertir les Juifs que le jour approche où leur loi tombera pour faire place à la loi chrétienne, et de les disposer à accueillir favorablement l’idée que les Gentils vont être appelés à former alliance avec Dieu. La vigne dont il est ici question est l’Église sous ses différentes ébauches, depuis le commencement du monde, jusqu’à ce que Dieu vînt lui-même habiter parmi les hommes et constituer sous une forme visible et per­manente la société de ceux qui croient en lui. Le matin du monde dura depuis Adam jusqu’à Noé ; la troisième heure s’étendit de Noé jusqu’à Abraham ; la sixième heure commença à Abraham pour aller jusqu’à Moïse ; la neuvième heure fut l’âge des prophètes, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Le Messie est venu à la onzième heure, lorsque le monde semblait pencher à son déclin. Les plus grandes miséricordes ont été réservées pour cette période durant laquelle le salut devait s’étendre aux Gentils par la prédication des apôtres. C’est ce dernier mystère par lequel Jésus-Christ veut confondre l’orgueil judaïque. Il signale les répu­gnances que les pharisiens et les docteurs de la loi éprouvaient en voyant l’adoption s’étendre aux nations, par les remontrances égoïstes que les ouvriers des premières heures osent faire au père de famille. Cette obs­tination sera punie comme elle le mérite. Israël, qui travaillait avant nous, sera rejeté à cause de la dureté de son cœur ; et nous, Gentils, qui étions les derniers, nous deviendrons les premiers, étant faits membres de cette Église catholique, qui est l’Épouse du Fils de Dieu.

Telle est l’interprétation donnée à cette parabole par les saints Pères, notamment par saint Augustin et saint Grégoire le Grand ; mais cet enseignement du Sauveur présente encore un autre sens également jus­tifié par l’autorité de ces deux saints docteurs. Il s’agit ici de l’appel que Dieu adresse à chaque homme pour l’inviter à mériter le royaume éter­nel par les pieux labeurs de cette vie. Le matin, c’est notre enfance ; la troisième heure, selon la manière de compter des anciens, est celle où le soleil commence à monter dans le ciel : c’est l’âge de la jeunesse ; la sixième heure, par laquelle on désignait ce que nous appelons midi, est l’âge d’homme ; la onzième heure précède de peu d’instants le coucher du soleil : c’est la vieillesse. Le père de famille appelle ses ouvriers à ces différentes heures ; c’est à eux de se rendre, dès qu’ils ont entendu sa voix ; mais il n’est pas permis à ceux qui sont conviés dès le matin de retarder leur départ pour la vigne, sous le prétexte qu’ils se rendront plus tard, lorsque la voix du maître se fera entendre de nouveau. Qui les a assurés que leur vie se prolongera jusqu’à la onzième heure ? Lorsque la troisième sonne, peut-on compter même sur la sixième ? Le Seigneur ne convoquera au travail des dernières heures que ceux qui seront en ce monde lorsqu’elles viendront à sonner ; et il ne s’est point engagé à adresser une nouvelle invitation à ceux qui auront dédaigné la première.

À l’offertoire, l’Église nous convie à célébrer les louanges de Dieu. Le Seigneur a voulu que, dans cette vallée de larmes, les chants à sa gloire fussent notre consolation.

Offertoire

Il est bon de louer le Seigneur, et de chanter votre nom, ô Très-Haut !

Secrète

En recevant nos dons et nos prières, Seigneur, daignez nous pu­rifier par vos célestes mystères, et nous exaucer dans votre clémence. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

Seconde secrète

Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et, par la vertu de ce sacrement, défendez-nous de tous les ennemis de l’âme et du corps, nous accor­dant votre grâce en cette vie et votre gloire en l’autre.

Le prêtre ajoute une troisième secrète, à son choix.

Dans l’antienne de la communion, l’Église demande que l’homme, régénéré par l’aliment céleste, retrouve la ressemblance de Dieu, selon laquelle il avait été créé dans le principe. Plus notre misère est grande, plus nous devons espérer en celui qui est descendu jusqu’à nous pour nous faire remonter jusqu’à lui.

Communion

Renouvelez votre ressemblance en votre serviteur, et sauvez-moi dans votre miséricorde. Seigneur ! Que je ne sois pas confondu, puis­que je vous ai invoqué.

Postcommunion

Que vos fidèles soient fortifiés par vos dons, afin que, en les recevant, ils ne cessent pas de les rechercher, et qu’en les recher­chant, ils les reçoivent pour l’éternité. Par Jésus-Christ notre Sei­gneur. Amen.

Seconde postcommunion

Que l’oblation du divin sacrifice nous purifie et nous protège, Seigneur, nous vous en supplions ; et, par l’intercession de la bien­heureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, du bienheureux Joseph, de vos bienheureux apôtres Pierre et Paul, du bienheureux N. et de tous les saints, qu’elle soit pour nous l’expiation de tous nos péchés, et la délivrance de toute adversité.

Le prêtre ajoute une troisième postcommunion, à son choix.

À vêpres

Antienne de Magnificat

Le père de famille dit à ses ouvriers : Pourquoi demeurez-vous ici tout le long du jour sans travailler ? Et ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. — Allez-vous-en aussi dans ma vigne ; et je vous donnerai ce qui sera juste.

Autres liturgies

Nous plaçons à chacun des jours de cette semaine quelques-unes des stances que la liturgie grecque consacre à déplorer la chute du premier homme, dans l’office du dimanche qui précède le jeûne du carême, appelé dimanche de la Tyrophagie.

Dimanche de la Tyrophagie

Pour avoir transgressé le précepte du Seigneur et goûté, dans son intempérance, un mets rempli d’amertume, Adam fut banni du jardin de délices, et condamné à cultiver la terre d’où il avait été tiré, et à manger son pain après beaucoup de sueurs ; nous donc, aspirons à la tempérance, dans la crainte d’être réduits comme lui à pleurer hors du paradis, et méritons d’être admis dans son sein. Le Seigneur, mon créateur, ayant façonné la poussière de la terre, m’anima d’un esprit de vie, il me donna l’empire sur toutes les créatures visibles de la terre avec la compagnie des anges ; mais Satan plein d’artifice, empruntant la forme du serpent, m’a séduit par un fruit, m’a repoussé loin de la gloire de Dieu, et m’a livré à la mort dans les abîmes de la terre ; vous, qui êtes le Seigneur et rem­pli de bonté, rappelez-moi de mon exil.

Malheureux que je suis ! pour avoir violé par la fraude de l’ennemi votre commandement, Seigneur, je me suis vu dépouillé du vêtement que vous m’aviez divinement tissu ; maintenant je n’ai pour me couvrir que des feuilles de figuier et des tuniques de peau, J’ai été condamné à manger au prix de mes sueurs le pain du travail ; la terre maudite ne porte plus pour moi que des épines et des ronces : mais vous qui, dans les derniers temps, avez pris chair au sein d’une Vierge, rappelez-moi, dans le paradis, et rétablissez-moi dans mon premier état.

Paradis, séjour digne de tout honneur, beauté incomparable, taber­nacle dressé par la main de Dieu, asile des délices éternelles, toi qui es la gloire des justes, la joie des prophètes, l’habitation des saints : supplie par le bruit de tes feuilles le Créateur de l’univers de m’ouvrir les portes que j’ai fermées par ma prévarication ; qu’il me rende digne de manger le fruit de l’arbre de vie, et de recouvrer les joies que je goûtais si douces dans ton enceinte.

 

[1] Ces oraisons, comme la deuxième et troisième secrètes, la deuxième et troisième postcommunion, ne se disent plus depuis Jean XXIII.