8 septembre Nativité de la Vierge Marie
par saint Alphonse de Liguori
1. Avant la naissance de Marie, le monde était plongé dans les ténèbres du péché. « Mais l’aurore se leva, dit l’abbé Rupert, quand la Vierge fit son apparition sur la terre. » (Sur le Cantique des Cantiques, liv. 6 ; PL 168, 936-937). Aussi fut-il écrit d’elle dans le Cantique des cantiques : « Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore à son lever ? » (Ct 6, 10). Au lever de l’aurore, en effet, la terre tressaille de joie, parce que l’aurore est l’avant-courrière du soleil ; de même, l’univers entier tressaille de joie à la naissance de Marie, parce qu’elle est l’avant-courrière du Soleil de Justice, du Fils de Dieu qui doit être aussi son Fils et notre Sauveur par sa mort.
C’est donc à juste titre que l’Église chante en ce jour : « Votre naissance, ô Vierge Mère de Dieu, fut pour le monde entier l’annonce de la grande joie ; car de vous est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu, qui nous donna la vie éternelle. » (Bréviaire Romain : Nativité de la B. V. M., répons de la lecture 6). On peut dire que la naissance de Marie fut la première apparition de notre remède, de notre consolation, de notre salut : n’est-ce pas d’elle que nous avons reçu le Sauveur ?
2. Destinée pour Mère au Verbe éternel, cette Enfant fortunée reçut des mains de Dieu une telle abondance de grâces, que, dès son Immaculée Conception, elle dépassait en sainteté tous les anges et tous les saints réunis. Il lui fallait une grâce suréminente, proportionnée à sa dignité de Mère de Dieu : c’est de cette grâce d’ordre supérieur qu’elle fut comblée.
Ô saint Enfant, Ô Reine de grâce, je vous salue, moi pauvre pécheur, et je me prosterne devant vous. Vous êtes la Bien-aimée, vous êtes les délices de Dieu, ayez pitié de moi qui suis devenu par mes péchés un objet de haine et d’horreur pour Dieu. Vous, ô Vierge très pure, vous avez su, dès votre enfance, vous gagner si bien le cœur de Dieu, qu’il ne vous refuse rien et s’empresse d’exaucer toutes vos demandes. Recommandez-moi seulement à votre Fils, et je serai sauvé.
3. C’est par le même décret divin qui la prédestinait à devenir la Mère de notre Rédempteur, que Marie fut choisie pour remplir le rôle de Médiatrice entre Dieu et les pécheurs. C’est pour cette raison, d’après le Docteur Angélique, qu’elle reçut une grâce suffisante pour sauver tous les hommes (S. Thomas d’Aquin, Opuscule 8, Opuscules, trad. Védrine, tome 2, Paris 1857, 45) ; pour cette raison aussi, que saint Bernard l’appelle un Aqueduc surabondant, qui déverse sur nous sa plénitude, son trop-plein. (S. Bernard, Sermon de l’Aqueduc, n. 3).
Ô ma Reine, ô Médiatrice des pécheurs, je vous conjure d’accomplir votre office et d’intercéder pour moi. Je ne veux pas que mes péchés m’empêchent d’avoir confiance en vous, auguste Mère de Dieu ; au contraire, je veux me confier en vous toujours, et si complètement que si mon salut était entre mes mains, je le remettrais dans les vôtres. Ô Marie, daignez me prendre sous votre protection, et c’est assez.