30 novembre
Saint André, apôtre

Dom Guéranger ~ L’Année liturgique
30 novembre, Saint André, apôtre

Cette fête est destinée, chaque année, à clore majestueusement le cycle catholique qui s’éteint, ou à briller en tête du nouveau qui vient de s’ouvrir. Certes, il était juste que, dans l’année chrétienne, tout commençât et finît par la Croix, qui nous a mérité chacune des années qu’il plaît à la miséricorde divine de nous octroyer, et qui doit paraître au dernier jour sur les nuées du ciel, comme un sceau mis sur les temps.

Nous disons ceci, parce que tout fidèle doit savoir que saint André est l’apôtre de la Croix. À Pierre, Jésus-Christ a donné la solidité de la foi ; à Jean, la tendresse de l’amour ; André a reçu la mission de représenter la croix du divin Maître. Or, c’est à l’aide de ces trois choses, foi, amour et Croix, que l’Église se rend digne de son Époux : tout en elle retrace ce triple caractère. C’est donc pour cela qu’après les deux apôtres que nous venons de nommer, saint André est l’objet d’une religion toute particulière dans la liturgie universelle.

Mais lisons les gestes de l’héroïque pêcheur du lac de Génézareth, appelé à devenir plus tard le successeur du Christ lui-même, et le compagnon de Pierre sur l’arbre de la Croix. L’Église les a puisés dans les anciens actes du martyre du saint Apôtre, dressés par les prêtres de l’Église de Patras, qu’il avait fondée. L’authenticité de ce monument vénérable a été contestée par les protestants, qui y trouvent plusieurs choses qui les contrarient ; en quoi ils ont été imités par plusieurs critiques des 17e et 18e siècles, tant en France qu’à l’étranger. Néanmoins, ces Actes ont pour eux un bien plus grand nombre d’érudits catholiques, parmi lesquels nous nous plaisons à citer, à côté du grand Baronius, Labbe, Noël Alexandre, Galland, Lumper, Morcelli, etc. Toutes les Églises de l’Orient et de l’Occident, qui ont inséré ces actes dans leurs divers offices de saint André, sont bien aussi de quelque poids, ainsi que saint Bernard, qui a bâti sur eux ses trois beaux sermons sur saint André.

Actes du martyre de saint André

André, Apôtre, né à Bethsaïde, bourg de Galilée, était frère de Pierre et disciple de saint Jean. Ayant entendu celui-ci dire du Christ : Voici l’Agneau de Dieu ! il suivit Jésus, et lui amena son frère. Plus tard, comme il péchait avec son frère dans la mer de Galilée, tous deux furent appelés, avant tous les autres Apôtres, par le Seigneur, qui, passant près d’eux, leur dit : Suivez-moi : je vous ferai pêcheurs d’hommes. Eux aussitôt, quittant leurs filets, le suivirent. Après la passion et la résurrection, André alla prêcher la foi chrétienne dans la province qui lui était échue, la Scythie d’Europe ; puis il parcourut l’Épire et la Thrace, et par sa prédication et ses miracles, convertit à Jésus-Christ une foule innombrable. Parvenu à Patras, ville d’Achaïe, il y fit embrasser à beaucoup de monde la vérité de l’Évangile, et ne craignit pas de reprendre généreusement le proconsul Égée, qui résistait à la prédication évangélique, lui reprochant de vouloir être le juge des hommes, pendant que les démons le jouaient jusqu’à lui faire méconnaître le Christ Dieu, Juge de tous les hommes.

Égée irrité lui dit : Cesse de vanter ton Christ que de tels propos n’ont point empêché d’être crucifié par les Juifs. Et comme André néanmoins continuait de prêcher intrépidement que Jésus-Christ s’était lui-même offert à la Croix pour le salut du genre humain, Égée l’interrompt par un discours impie, et le prévient de pourvoir à son salut, en sacrifiant aux dieux. André lui dit : Pour moi, il est un Dieu tout-puissant, seul et vrai Dieu, auquel je sacrifie tous les jours, non point les chairs des taureaux, ni le sang des boucs, mais l’Agneau sans tache immolé sur l’autel ; et tout le peuple participe à sa chair, et l’Agneau qui est sacrifié demeure entier et plein de vie. C’est pourquoi Égée, outré de colère, le fait jeter en prison. Le peuple en eût aisément retiré son Apôtre, si celui-ci n’eût apaisé la multitude, en la suppliant très ardemment de ne pas l’empêcher d’arriver à la couronne du martyre.

Peu après, étant amené devant le tribunal, comme il exaltait le mystère de la Croix, et reprochait encore au Proconsul son impiété, Égée exaspéré commanda qu’on le mît en croix, pour lui faire imiter la mort du Christ. C’est alors qu’arrivé au lieu de son martyre, et voyant la croix, André s’écria de loin : Ô bonne Croix qui as tiré ta gloire des membres du Seigneur, Croix longtemps désirée, ardemment aimée, cherchée sans relâche, et enfin préparée à mes ardents désirs, retire-moi d’entre les hommes, et rends-moi à mon maître, afin que par toi me reçoive Celui qui m’a racheté par toi. Il fut donc attaché à la croix, sur laquelle il resta deux jours, sans cesser de vivre ni de prêcher la foi de Jésus-Christ, et passa ainsi à Celui dont il avait souhaité d’imiter la mort. Les Prêtres et les Diacres d’Achaïe, qui ont écrit sa Passion, attestent qu’ils ont vu et entendu toutes ces choses ainsi qu’ils les ont racontées. Ses ossements furent transportés d’abord à Constantinople, au temps de l’empereur Constance, et ensuite à Amalfi. Son Chef, apporté à Rome sous le pontificat de Pie II, fut placé dans la Basilique de Saint-Pierre.

Entendons maintenant la voix des diverses Églises qui sont sous le ciel, célébrer tour à tour un si grand triomphe. La sainte Église Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres, ne trouve rien de plus expressif à la louange de l’Apôtre de la Croix, que de faire retentir en son honneur, tantôt les paroles du saint Évangile sur la vocation du glorieux André, tantôt les passages les plus touchants des Actes rédigés par les Prêtres de Patras, en les entremêlant aux éloges que le sujet lui inspire. Nous citerons d’abord quelques-uns des Répons de Matines.

Liturgie romaine

R/. Comme le Seigneur marchait le long de la mer de Galilée, il vit Pierre et André qui jetaient leurs filets dans la mer, et il les appela, disant : * Venez après moi ; je vous ferai pêcheurs d’hommes, V/. Car ils étaient pêcheurs. Et il leur dit : * Venez après moi ; je vous ferai pêcheurs d’hommes.

R/. Dès que le bienheureux André eut entendu la voix du Seigneur qui l’appelait, ayant quitté les filets dont l’usage le faisait vivre, * Il suivit Celui qui donne les récompenses de la vie éternelle, V/. C’est cet homme qui pour l’amour du Christ fut attaché à la croix, et qui pour sa loi endura la Passion. * Et il suivit Celui qui donne les récompenses de la vie éternelle.

R/. Docteur plein de bonté et ami de Dieu, André fut mené à la croix. La voyant de loin, il dit : Salut, ô Croix! * Reçois le disciple de Celui qui à toi fut attaché, le Christ, mon maître, V/. Ô Croix, salut ! toi qui as été consacrée par le corps de Jésus-Christ, et ornée de ses membres, comme d’autant de perles précieuses. * Reçois le disciple de Celui qui à toi fut attaché, le Christ, mon maître.

R/. André, voyant la croix, s’écria : Ô Croix admirable ! ô Croix désirable ! ô Croix qui brilles par tout l’univers ! * Reçois le disciple du Christ, et que par toi me reçoive Celui qui m’a racheté en mourant sur toi. V/. Ô bonne Croix, qui as reçu par les membres du Seigneur l’éclat et la beauté. * Reçois le disciple du Christ, et que par toi me reçoive Celui qui m’a racheté en mourant sur toi.

R/. Saint André pria, en regardant le ciel, et s’écria à haute voix : Vous qui êtes mon Dieu, vous que j’ai vu de mes yeux ; ne souffrez pas que je sois détaché d’ici par un juge impie : * Car j’ai ressenti la vertu de la sainte Croix. V/. Vous êtes le Christ mon maître, que j’ai aimé, que j’ai connu, que j’ai confessé : exaucez seulement cette prière que je vous fais. * Car j’ai ressenti la vertu de la sainte Croix.

Vêpres

Les Antiennes des Vêpres forment un ensemble lyrique plein de grâce et d’onction.

Antiennes

Salut, ô Croix précieuse ! reçois le disciple de Celui qui à toi fut attaché, le Christ mon maître.

Le bienheureux André priait, et disait : Seigneur, Roi d’éternelle gloire, recevez-moi qui suis suspendu à ce gibet.

André, le serviteur du Christ, le digne Apôtre de Dieu, le frère de Pierre et le compagnon de son supplice.

Maximille, femme aimée du Christ, enleva le corps de l’Apôtre, et l’ensevelit avec des parfums en un lieu honorable.

Ceux qui persécutaient le juste, vous les avez précipités, Seigneur, dans les enfers, et vous êtes l’appui du juste sur la Croix.

L’Hymne suivante a été composée, à la louange du saint Apôtre, par le Pape saint Damase, l’ami de saint Jérôme ; il y est fait allusion au nom d’André qui, entre plusieurs significations, a aussi celle de Beauté.

Hymne

Vous dont le nom glorieux et sacré présageait la vie, votre nom exprime aussi la Beauté dont la Croix bienheureuse vous a noblement couronné.

André, Apôtre du Christ, votre nom seul est un signe qui vous distingue, un mystique emblème de votre beauté.

Ô vous que la Croix élève jusqu’aux cieux, vous que la Croix aime avec tendresse, vous à qui l’amertume de la Croix prépare les joies de la lumière future,

En vous le mystère de la Croix brille doublement imprimé : vous triomphez de l’opprobre par la Croix, et vous prêchez le Sang divin qui arrosa la Croix.

Désormais donc réchauffez nos langueurs, daignez veiller sur nous, afin que, par la victoire de la Croix, nous entrions dans la patrie du ciel.

Amen.

Le moyen âge consacra les deux Séquences que nous donnons ci-après à la gloire de l’Apôtre de la Croix. La première est du 11e siècle. Elle est sans mesure régulière, comme toutes les séquences de cette époque.

Séquence

Elle est sainte et sacrée, la gloire de la fête qu’on célèbre en ce jour.

Que toute l’Église fasse entendre un chant digne du sujet.

Qu’elle exalte les mérites très saints du Saint le plus débonnaire,

De l’Apôtre André, en qui reluit une merveilleuse grâce.

Il apprend de Jean-Baptiste que celui-là était venu qui enlevait les péchés.

Bientôt il entra dans la demeure du Messie, et écouta ses paroles.

Et rencontrant son frère Barjona :Nous avons trouvé le Messie, dit-il plein de joie ;

Et il le mena à la très douce présence du Sauveur.

André parcourait les mers, quand l’appela la clémence du Christ ;

Pour échanger l’art de pêcheur contre la dignité de l’Apostolat.

Son âme, après les joyeuses jubilations de la Pâque,

Fut illuminée par la puissance glorieuse de l’Esprit-Saint ;

Pour prêcher aux peuples la pénitence et la clémence du Père, manifestée par le Fils.

Réjouis-toi d’un si noble Père, ô Achaïe !

Éclairée par sa doctrine salutaire,

Illustrée par l’abondance variée de ses prodiges.

Et toi, gémis et pleure, Égée, cruel bourreau !

À toi, l’infection infernale et l’éternelle mort.

Pour André, la Croix lui prépare des joies pleines de bonheur.

Déjà tu contemples ton Roi, André ! déjà tu apparais debout devant lui.

Déjà tu aspires l’odeur des parfums qu’exhale l’arôme du divin amour.

Sois donc aussi pour nous une merveilleuse suavité, qui répande au fond des cœurs les senteurs balsamiques de la céleste vie. Amen.

La seconde Séquence, dont la rime est régulière et le mètre exact, est du pieux Adam de Saint-Victor, le plus grand poète lyrique du moyen âge.

Séquence

Tressaillons et réjouissons-nous, et savourons les louanges de l’Apôtre André.

Sa foi, sa doctrine, ses mœurs, ses longs labeurs pour le Christ, il sied de les célébrer.

C’est lui qui mena Pierre à la foi, lui qui le premier vit briller la lumière, montrée par Jean-Baptiste.

Aux rives de la mer de Galilée, Pierre et André sont choisis à la fois.

Tous deux d’abord pêcheurs, deviennent les hérauts du Verbe et les modèles de la justice.

Ils jettent le filet sur le monde, et leurs soins vigilants s’étendent sur toute l’Église naissante.

Séparé de son frère, André est envoyé aux parages de l’Achaïe.

Dans les filets d’André tombe, par la grâce divine, la province presque tout entière.

Sa foi, sa vie, sa parole, ses miracles, tout en fait un Docteur de piété, un Docteur illustre pour former le cœur du peuple.

Égée apprend les œuvres d’André, et déjà s’agite sa fureur.

Âme sereine, âme virile, dédaignant la vie présente, André s’arme de la patience.

Ni les caresses, ni les tortures qu’emploie le sensé, n’amollissent son âme vigoureuse.

Il voit préparer la croix, il tressaille, impatient d’être un disciple semblable à son Maître.

Il paie au Christ mort pour mort ; par lui la Croix est conquise comme un trophée triomphal.

Deux jours il vit sur la croix, pour vivre à jamais. Il résiste au vœu du peuple, et ne veut point être détaché de son gibet.

Pendant une moitié d’heure, il est inondé de clarté ; et dans cette auréole et cette allégresse, il monte au palais de la lumière.

Ô glorieux André, dont précieuse est la prière, la mort lumineuse, et suave la souvenance ;

Du fond de ce val des larmes, tendre Pasteur des âmes, élevez-nous par votre faveur jusqu’à cette éclatante lumière.

Amen.

Autres liturgies

Les pièces que nous avons rapportées jusqu’ici appartiennent à la Liturgie Romaine, étant tirées des livres de cette Mère des Églises, ou de ceux des diverses Églises de l’Occident qui gardent la forme de ses offices. Nous allons maintenant, à la louange de notre saint apôtre, produire ici quelques-unes des formules que les autres liturgies anciennes lui ont consacrées ; nous commencerons par le rite Ambrosien, auquel nous empruntons la belle Préface qui suit.

Préface

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel ; car voici le jour consacré à la mémoire d’un mystère auguste, le jour où le bienheureux André se fit reconnaître pour le frère de l’Apôtre Pierre, tant par son zèle à prêcher votre Christ que par son courage à le confesser, jour dans lequel il compléta l’honneur de la dignité apostolique par les souffrances unies à la gloire ; ne voulant pas taire sur la croix même ce qu’il avait prêché sur la terre d’une voix intrépide ; heureux de suivre l’auteur de la vie éternelle pendant les jours de cette vie, et de l’imiter ensuite dans le genre de sa mort. Fidèle au précepte du Sauveur, il avait crucifié en lui-même les désirs terrestres : à son exemple il fut attaché à la croix. Donc, les deux frères pêcheurs sont tous deux élevés au ciel par la Croix, en sorte que ceux que votre grâce, Seigneur, avait enchaînés de tant de liens d’amour, une même couronne fût tressée pour eux et les réunît dans le royaume des cieux, et qu’après avoir livré un seul et même combat, une seule et même récompense demeurât leur partage.

La Liturgie Gallicane célébra aussi les grandeurs de saint André. Dans le petit nombre de fragments qui nous sont restés des monuments qui la composaient, aucune pièce métrique ne nous est parvenue ; mais du moins la Préface que nous donnons ici sous son titre gallican de Contestation, montre que l’Église des Gaules, du 4e au 8e siècle, partageait l’enthousiasme des Églises Romaine et Ambrosienne pour le glorieux Apôtre de la Croix.

Contestation

Il est digne et juste, équitable et raisonnable que nous rendions d’ineffables actions de grâces à votre bonté, Dieu tout-puissant et éternel, et que nous célébrions avec une joie sans égale la passion de vos Saints, par Jésus-Christ notre Seigneur, qui donna au bienheureux André la foi, dès le moment de sa vocation, et plus tard lui octroya la victoire dans les souffrances. Le bienheureux André avait donc reçu ces deux faveurs ; et c’est pour cela qu’il montrait la constance dans la prédication, la patience dans les supplices. Après des verges injustes, après l’étroite prison, enchaîné au gibet, il s’offrit à vous, ô Dieu! comme une oblation pure. Plein de douceur, il étend ses bras vers le ciel, il embrasse l’étendard de la Croix, il y colle ses lèvres, il y pénètre les secrets de l’Agneau. Enfin, comme on le conduisait au supplice, comme on le suspendait à la croix, il souffrait dans la chair, mais l’Esprit parlait par sa bouche. Il oublie les douleurs de la croix, en prêchant Jésus-Christ du haut de cette croix. Plus son corps était étendu sur le bois, plus sa langue exaltait le Christ ; car, suspendu au bois, il se félicitait d’être associé au Christ. Il ne souffre pas qu’on le descende de la croix, dans la crainte que l’ardeur du combat qu’il soutient ne s’attiédisse. La foule le considère et se lamente ; elle veut qu’on délie les liens de celui qu’elle sait être le médecin des âmes ; elle demande qu’on dégage le juste, dans la crainte que le peuple lui-même ne périsse pour un si grand forfait. Cependant, le martyr rend l’âme, et est admis en possession du royaume de l’éternel juge. Par ses mérites, accordez-nous, Dieu tout-puissant, d’être délivrés et préservés de tous les maux, et de vous rendre d’éternelles louanges et actions de grâces, à vous, notre Seigneur, Dieu des Martyrs et Prince des Apôtres.

La Liturgie Mozarabe est très abondante sur les louanges de saint André, tant au Missel qu’au Bréviaire ; nous nous bornons à lui emprunter la belle Oraison qui suit :

Capitule

Ô Christ, notre Seigneur, qui avez décoré le très heureux André de la grâce de l’Apostolat et de la couronne du Martyre, lui ayant fait l’honneur d’arriver lui-même au supplice de la Croix, après avoir prêché le mystère de cette même Croix : accordez-nous de devenir de très véritables amateurs de votre sainte Croix, et, nous renonçant nous-mêmes, de prendre notre croix et de vous suivre ; afin que, participant en cette vie à vos souffrances, nous méritions de parvenir à la félicité de l’éternelle vie.

L’Église Grecque ne le cède à aucune de celles de l’Occident pour le zèle à célébrer les prérogatives et les mérites de saint André. Il lui est même d’autant plus cher, que Constantinople le regarde comme son Apôtre tutélaire. Il serait difficile, peut-être, de justifier par des arguments sérieux la prétention des Grecs, qui attribuent à saint André la fondation de l’Église de Byzance ; mais il est certain que Constantinople fut, pendant plusieurs siècles, enrichie du précieux dépôt de ses reliques. Elles y furent transportées en 357, par les soins de l’Empereur Constance, qui les déposa dans la Basilique des Apôtres bâtie par Constantin. Plus tard, vers le milieu du 6e siècle, Justinien en fit une nouvelle translation, toujours dans la même Église. Nous empruntons aux Menées des Grecs les belles Hymnes qui suivent ; la première se chante à l’Office du soir, et la seconde à l’Office du matin.

Au solennel office du soir

Quand Celui que l’on compare à l’astre avant-coureur du jour, et que nous appelons la splendeur hypostatique de la gloire du Père, voulut, par sa grande miséricorde, sauver le genre humain, tu vins le premier, ô glorieux André, te présenter à lui, illuminé dans ton âme par la pure clarté de sa très parfaite Divinité ; c’est pourquoi tu es appelé et le héraut et l’Apôtre de notre Dieu, lequel daigne prier de sauver nos âmes.

Quand Celui qu’avait proclamé la voix du Précurseur, le Verbe très saint, se fit chair et nous donna la vie ; quand il apporta la bonne nouvelle du salut à la terre, tu vins te mettre à sa suite en t’offrant toi-même comme prémices, comme sacrifice, et première oblation à Celui que tu fis ensuite connaître, et que tu désignas à ton frère comme étant notre Dieu, lequel daigne prier de sauver nos âmes.

Quand Celui qui se revêtit de notre chair dans un sein infécond, et pourtant florissant ; quand le Fils de la Vierge apparut, le maître de la piété, l’auteur de la pureté ; alors, très ardent amateur de la vertu, ô André ! tu fus au comble de ton bonheur ; disposant dans ton cœur de sublimes élans, tu t’élevas de la gloire à la gloire ineffable du Seigneur notre Dieu, lequel daigne prier de sauver et d’éclairer nos âmes.

Tu abandonnes la pêche des poissons, ô grand Apôtre, pour pêcher les hommes avec la ligne de la prédication, leur jetant l’appât de la piété, et retirant tous les peuples de l’abîme de l’erreur, ô André, Apôtre, frère du Coryphée, glorieux, excellent et puissant Prince de la terre ; viens illuminer par ta douce mémoire ceux qui sont dans les ténèbres.

Le premier appelé à l’Apostolat, l’imitateur de votre Passion, celui qui se rendit semblable à vous, Seigneur, c’est André, Apôtre, lequel se servant de votre Croix comme d’une ligne salutaire, retira de l’abîme de l’ignorance ceux qui y vivaient errants autrefois, et vous les amena ; c’est pourquoi, nous, fidèles qui avons été sauvés, nous crions vers vous, ô Seigneur de bonté : Pacifiez notre vie et sauvez nos âmes par son intercession !

L’Apôtre disciple du Christ est un feu qui illumine les intelligences, consume les péchés et pénètre jusqu’au fond des cœurs. Il brille par les mystiques rayons de ses préceptes dans les cœurs ténébreux des Gentils. Il consume les vains rejetons des discours fabuleux des impies ; tant a d’énergie le feu de l’Esprit-Saint ! Ô étonnante merveille ! une langue de limon, une nature d’argile, un corps de poussière a montré à tous l’intellectuelle, l’immatérielle Gnose. Et toi, ô initié des mystères ineffables ! ô contemplateur des choses célestes! daigne prier le Seigneur d’illuminer nos âmes.

Réjouis-toi, ô Ciel éloquent ! qui racontes partout la gloire de notre Dieu. Le premier tu te soumis à l’obéissance du Seigneur, tu t’attachas immédiatement à lui ; et nourri de ses divins feux, tu apparus comme une seconde lumière pour éclairer de tes rayons ceux qui vivaient dans les ténèbres, imitant ainsi la bénignité du Seigneur ; c’est pourquoi nous célébrons par nos louanges ta sainte mémoire, et nous baisons avec grande joie la châsse sacrée de tes Reliques, de laquelle découle la santé et une grande miséricorde pour ceux qui t’invoquent.

Par les filets de tes oracles, tu as retiré de l’abîme de l’ignorance les peuples qui ne connaissaient point Dieu. Tu as agité les ondes comme le coursier généreux du dominateur de la mer, ô digne de toute louange ! tu as desséché l’ordure de l’impiété, ô sel vénérable, en y semant ta sagesse, laquelle, ô glorieux Apôtre, remplit de stupeur et d’étonnement ceux qu’enflait une vaine et nuisible sagesse, et qui ignoraient le Seigneur qui donne au monde sa grande miséricorde.

À l’office du matin

Tu es accouru, ô André ! appelé non par la soif, mais de toi-même, comme le cerf, à la fontaine de vie. Appuyé sur la foi, tu as abreuvé aux sources incorruptibles les régions les plus éloignées, exténuées par la soif.

Tu as reconnu les lois de la nature, ô André l’Admirable ! et tu as admis ton frère en partage avec toi, en lui criant : Nous avons trouvé le Désiré ; et à celui qui marchait selon la voie de la chair, tu as procuré la connaissance de l’Esprit.

Quand le Verbe eut dit : Suivez-moi, Céphas aussi suivit le Christ avec André ; tous deux disant adieu à leur père, à leur barque, à leurs filets, pour être les citadelles de la foi.

La déifique et inépuisable vertu du puissant auteur de toutes choses et de l’Esprit sans cesse enflammé, habitant en toi, ô divin André ! sous la forme d’une langue de feu, te fît connaître comme le héraut des ineffables vérités.

André, digne à jamais de tout honneur, n’apporta point des armes de chair pour sa défense et pour la destruction des remparts terribles de son ennemi ; mais, couvert de la cuirasse, il amena soumises au Christ les nations que le Christ avait déjà rachetées de la captivité.

André, voyant le premier votre ineffable beauté, ô Jésus ! appela son frère à haute voix : Pierre, dit-il, homme brûlant de désirs, nous avons trouvé le Messie prédit dans la Loi et les Prophètes ; viens, attachons-nous à la véritable Vie.

Tu as retrouvé, pour ta récompense, Celui que tu désirais, ô Apôtre André ! Celui avec lequel tu as lié les gerbes de tes travaux, et tu les as dignement amassées ; c’est pourquoi nous te chantons un hymne de gloire.

Tu as désiré le Maître et tu l’as suivi, marchant à la vie sur ses traces, imitant ses souffrances jusqu’à la mort, ô André ! digne de tout honneur.

Tu as navigué tranquillement sur la mer spirituelle de la vie, ô Apôtre ! tu l’as parcourue avec la voile de l’Esprit, et la foi au Christ ; c’est pourquoi tu es parvenu joyeux au port de vie pour les siècles des siècles.

Le Soleil spirituel s’étant couché par sa volonté sur la Croix, André, le grand et brillant flambeau de l’Église, le glorieux reflet de ce divin soleil, voulant disparaître aussi et s’éteindre dans le Christ, a été suspendu au bois.

Comme un disciple, le plus généreux de tous, de Celui qui volontairement fut attaché à la Croix, tu as suivi ton Maître jusqu’à la mort, tu es monté avec joie sur les sommets de la Croix ; nous traçant, ô bienheureux Apôtre, la route qui mène aux cieux.

Réjouis-toi présentement, Bethsaïda : en toi, en ton sein maternel ont fleuri les deux lis odorants, Pierre et André, qui ont répandu dans tout l’univers comme une suave odeur la prédication de la foi, par la grâce du Christ dont ils ont partagé la Passion.

La cité des Pères te possède comme son pasteur et son divin gouverneur, comme son libérateur dans tous les dangers et sa sentinelle vigilante, ô André, plein de sagesse ! Elle t’offre des hommages reconnaissants ; et toi, prie sans cesse pour elle, afin qu’elle soit préservée de toute calamité.

L’Église de Constantinople, si jalouse de la gloire de saint André, ne garda pas toujours le précieux dépôt de sa dépouille mortelle. Elle fut privée de ce trésor en 1210, lors de la prise de cette ville par les Croisés. Le Cardinal Pierre de Capoue, Légat Apostolique, transporta le corps du saint Apôtre dans la Cathédrale d’Amalfi, au royaume de Naples, où il repose encore, illustre par des miracles sans nombre et environné des témoignages de la vénération des peuples. On sait qu’à la même époque, les plus précieuses reliques de l’Église grecque passèrent, par un visible jugement de Dieu, entre les mains des Latins. Byzance méconnut ces redoutables avertissements, et persista dans l’orgueil de son schisme. Elle avait néanmoins conservé le Chef du saint Apôtre, sans doute parce que, dans les diverses Translations qui avaient eu lieu, il avait été réservé dans un reliquaire à part. Lors de la destruction de l’Empire Byzantin par les Turcs, la Providence disposa les événements de manière à enrichir l’Église de Rome d’une si précieuse relique. En 1462, le Chef de saint André fut donc apporté de Grèce par le célèbre Cardinal Bessarion, et le douze avril de cette même année, dimanche des Rameaux, l’héroïque Pape Pie II l’alla chercher en grande pompe jusqu’au Pont Milvius (Ponte Molle) et le déposa dans la Basilique de Saint-Pierre au Vatican, où il est encore aujourd’hui, près de la Confession du Prince des Apôtres. À l’aspect de ce Chef vénérable, Pie II se sentit transporté d’un enthousiasme religieux, et avant de lever un si glorieux fardeau pour l’introduire dans Rome, il prononça le magnifique discours que nous allons rapporter ici, comme un complément des éloges liturgiques que les diverses Églises ont prodigués à saint André :

« Vous voici donc arrivé, ô très saint et très vénérable Chef du saint Apôtre ! La fureur des Turcs vous a chassé de votre asile, et vous venez demander un refuge à votre frère le Prince des Apôtres. Non, ce frère ne vous fera point défaut ; et par la volonté du Seigneur, on pourra dire un jour à votre gloire : Ô heureux exil qui trouve un pareil secours! Cependant, vous demeurerez avec votre frère, et vous partagerez ses honneurs.

Cette ville que vous voyez, c’est l’auguste Rome consacrée par le sang précieux de votre frère. Ce peuple qui vous entoure, c’est celui que le bienheureux Apôtre, votre frère plein de tendresse, aidé par saint Paul, le Vase d’élection, a régénéré en Jésus-Christ. Fils de votre frère, ces Romains sont vos neveux. Tous reconnaissent en vous le frère d’un père, un second père ; tous vous vénèrent, vous honorent, vous rendent hommage et s’appuient sur votre patronage en la présence du grand Dieu.

Ô très fortuné Apôtre André ! prédicateur de la vérité, défenseur de l’auguste Trinité, de quelle joie vous nous remplissez en ce moment où nous contemplons de nos yeux votre tête sacrée et vénérable, qui mérita qu’au jour de la Pentecôte, le saint Paraclet se reposât visiblement sur elle, sous l’apparence du feu !

Ô vous, Chrétiens, qui allez à Jérusalem pour honorer le Sauveur au lieu même où ses pieds se sont posés, voici le Trône de l’Esprit- Saint ! Ici s’arrêta l’Esprit du Seigneur ; ici a été vue la troisième personne de la Trinité ; ici ont été des yeux qui souvent ont contemplé le Seigneur dans la chair. Cette bouche a fréquemment adressé la parole au Christ ; ces joues, il n’est pas douteux qu’elles n’aient plus d’une fois reçu les baisers de Jésus.

Ô Sanctuaire ineffable ! ô charité ! ô piété ! ô douceur de l’âme ! ô consolation de l’esprit ! qui ne sentirait, en une telle présence, ses entrailles s’émouvoir ? Quel cœur ne s’embraserait ? Qui ne répandrait des larmes de joie, à l’aspect des tant vénérables et précieuses reliques de l’Apôtre du Christ ? Oui, nous nous réjouissons, nous tressaillons, nous jubilons de votre arrivée, ô très divin Apôtre André ! car nous ne doutons pas que vous ne soyez ici accompagnant votre Chef mortel, et que vous ne fassiez avec lui votre entrée dans Rome.

Sans doute, nous haïssons les Turcs, ennemis de la Religion chrétienne ; mais nous ne les haïssons pas de ce qu’ils ont été la cause de votre venue parmi nous. En effet, que pouvait-il nous arriver de plus fortuné que de contempler votre très honorable Chef, et d’être embaumés de son très suave parfum ? Une seule chose nous attriste : c’est de ne pouvoir, à votre arrivée, vous rendre les honneurs dont vous êtes digne, ni vous recevoir comme le mérite votre excellente sainteté. Mais accueillez notre désir, comprenez la sincérité de notre cœur, et souffrez avec bonté que nos mains indignes touchent vos ossements, et que nous, pécheurs, vous fassions cortège dans l’enceinte de la ville.

Pénétrez donc dans cette sainte Cité, et soyez propice au peuple Romain. Qu’à tout le monde chrétien votre arrivée soit salutaire, votre entrée pacifique ; votre séjour au milieu de nous, heureux et fortuné. Soyez notre Avocat au ciel, et ensemble avec les bienheureux Apôtres Pierre et Paul, veillez paternellement sur tout le peuple chrétien, afin que, par votre intercession, les miséricordes de Dieu viennent sur nous ; et si nos péchés, qui sont nombreux, ont provoqué son indignation, qu’elle retombe sur les Turcs impies et sur les nations barbares qui déshonorent le Seigneur Jésus-Christ. Amen. »

C’est ainsi que la gloire de saint André est venue se confondre, dans Rome, avec celle de saint Pierre. Mais l’Apôtre de la Croix, dont la fête était autrefois décorée d’une Octave dans beaucoup d’Églises, compte aussi parmi ses titres d’honneur celui d’avoir été choisi pour Patron de l’un des Royaumes de l’Occident : l’Écosse, aux jours de l’unité catholique, s’était placée sous sa protection. Puisse-t-il s’en souvenir du haut du ciel, et préparer le retour de cette contrée à la véritable foi !

Prions maintenant, en union avec l’Église, ce saint Apôtre dont le nom et la mémoire font la gloire de ce jour ; rendons-lui honneur, et demandons-lui le secours dont nous avons besoin.

C’est vous, ô bienheureux André ! que nous rencontrons le premier aux abords de ce chemin mystique de l’Avent où nous marcherons bientôt, cherchant notre divin Sauveur Jésus-Christ ; et nous remercions Dieu de ce qu’il a bien voulu nous ménager une telle rencontre. Quand Jésus, notre Messie, se révéla au monde, vous aviez déjà prêté une oreille docile au saint Précurseur qui annonçait son approche, et vous fûtes des premiers parmi les mortels à confesser, dans le fils de Marie, le Messie promis dans la Loi et les Prophètes. Mais vous ne voulûtes pas rester seul confident d’un si merveilleux secret, et bientôt vous fîtes part de la Bonne Nouvelle à Pierre votre frère, et vous l’amenâtes à Jésus.

Saint Apôtre, nous aussi nous désirons le Messie, le Sauveur de nos âmes ; puisque vous l’avez trouvé, daignez donc aussi nous amener à lui. Nous mettons sous votre protection cette sainte carrière d’attente et de préparation qu’il nous reste à traverser, jusqu’au jour où ce Sauveur si attendu paraîtra dans le mystère de sa merveilleuse Naissance. Aidez-nous à nous rendre dignes de le voir au milieu de cette nuit radieuse où il apparaîtra. Le baptême de la pénitence vous prépara à recevoir la grâce insigne de connaître le Verbe de vie ; obtenez-nous d’être vraiment pénitents et de purifier nos cœurs, durant ce saint temps, afin que nous puissions contempler de nos yeux Celui qui a dit : Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu.

Vous êtes puissant pour introduire les âmes auprès du Seigneur Jésus, ô glorieux André ! puisque celui-là même que le Seigneur devait établir Chef de tout le troupeau, fut présenté par vous à ce divin Messie. Nous ne doutons pas que le Seigneur n’ait voulu, en vous appelant à lui en ce jour, assurer votre suffrage aux chrétiens qui cherchant de nouveau, chaque année, Celui en lequel vous vivez à jamais, viennent vous demander la voie qui conduit à lui.

Cette voie, vous nous l’enseignez, est la voie de la fidélité, de la fidélité jusqu’à la Croix. Vous y avez marché avec courage ; et parce que la Croix conduit à Jésus-Christ, vous avez aimé la Croix avec passion. Priez, ô saint Apôtre ! afin que nous comprenions cet amour de la Croix ; afin que, l’ayant compris, nous le mettions en pratique. Votre frère nous dit dans son Épître : Puisque le Christ a souffert dans la chair, armez-vous, mes frères, de cette pensée[1]. Vous, ô bienheureux André ! vous nous présentez aujourd’hui le commentaire vivant de cette maxime. Parce que votre Maître a été crucifié, vous avez voulu l’être aussi. Du haut de ce trône où vous vous êtes élevé par la Croix, priez donc, afin que la Croix soit pour nous l’expiation des péchés qui nous couvrent, l’extinction des flammes mondaines qui nous brûlent, enfin, le moyen de nous unir par l’amour à Celui que son amour seul y a attaché.

Mais, quelque importantes et précieuses que soient pour nous les leçons de la Croix, souvenez-vous, ô grand Apôtre ! que la Croix est la consommation, et non le principe. C’est le Dieu enfant, c’est le Dieu de la crèche qu’il nous faut d’abord connaître et goûter ; c’est l’Agneau de Dieu que vous désigna saint Jean, c’est cet Agneau que nous avons soif de contempler. Le temps qui va s’ouvrir est celui de l’Avent, et non celui de la dure Passion du Rédempteur. Fortifiez donc notre cœur pour le jour du combat ; mais ouvrez-le en ce moment à la componction et à la tendresse. Nous plaçons sous votre patronage le grand œuvre de notre préparation à l’Avènement du Christ en nos cœurs.

Souvenez-vous aussi, bienheureux André, de la sainte Église dont vous êtes une des colonnes, et que vous avez arrosée de votre sang ; levez vos mains puissantes pour elle, en présence de Celui pour lequel elle milite sans cesse. Demandez que la Croix qu’elle porte en traversant ce monde soit allégée, et priez aussi afin qu’elle aime cette Croix, et qu’elle y puise sa force et son véritable honneur. Souvenez-vous en particulier de la sainte Église Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les autres, et lui obtenez la victoire et la paix par la Croix, à cause du tendre amour qu’elle vous porte. Visitez de nouveau, dans votre Apostolat, l’Église de Constantinople, qui a perdu la vraie lumière avec l’unité, parce qu’elle n’a pas voulu rendre hommage à Pierre, votre frère, que vous avez honoré comme votre Chef, pour l’amour de votre commun Maître. Enfin, priez pour le royaume d’Écosse, qui depuis trois siècles a oublié votre douce tutelle ; obtenez que les jours de l’erreur soient abrégés, et que cette moitié de l’Île des Saints rentre bientôt, avec l’autre, sous la houlette de l’unique Pasteur.

[1] – 1 s. Pierre 4, 1.