14 septembre
L’Exaltation de la Sainte Croix

14 septembre
Fête de l’Exaltation de la sainte Croix


L’Exaltation de la Sainte Croix
par l’empereur Héraclius

 

Dieu a glorifié la Croix en en faisant l’autel de son sacrifice, le trône de son amour, son lit de justice, la chaire de son enseignement, le siège de sa royauté, le trophée de sa gloire ; nous devons la glorifier à notre tour en lui rendant un culte de respect et de reconnaissance, un culte de confiance et d’amour.
L’abbé C. Martin, Panégyriques.

 

La fête d’aujourd’hui exalte la sainte Croix en commémorant plusieurs de ses victoire : la victoire de Constantin, la découverte de la Croix par sainte Hélène, la victoire sur les Perses.

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La victoire de Constantin

C’est au mois d’octobre de l’année 312, au pont de Milvius, sur les bords de Rome, que se profilait une guerre qui allait changer le cour de l’histoire. D’un côté, les armées du paganisme, dirigées par le tyran Maxence, ennemi du Christ, firent subir durant des siècles de multiples persécutions aux chrétiens. De l’autre, la nouvelle armée Chrétienne de Constantin.

Durant trois siècles précisément, l’Église dut traverser de nombreux orages. De nombreuses persécutions générales ou locales, des dizaines d’hérésies, de schismes et de sophismes de la philosophie néo-platonicienne ne parvinrent à couper son élan. Au contraire même, ils l’abreuvaient.

« Les persécuteurs, disait Saint Augustin, avaient reconnu que, plus ils mettaient de chrétiens à mort, plus il en renaissait de leur sang. Ils craignaient de dépeupler l’empire. »

Constantin, fils de parents chrétiens, Constance Chlore et Sainte Hélène se rangea contre Maxence en manifestant son soutient aux Chrétiens. La bataille s’annonçait… Maxence rassembla tous ces hommes autour de Rome et y attendit Constantin. Ce qui se produisit ensuite tient de l’ordre du miracle. Ainsi parle saint Eusèbe, historien chrétien :

« Si le récit que je vais vous faire m’eut été transmis par une autre bouche, il pourrait trouver des auteurs incrédules. Mais je le tiens de l’auguste prince lui-même. Bien des années après, quand j’eus l’honneur d’être admis dans son intimité, il me raconta le fait et m’en attesta plusieurs fois par serment d’authenticité. C’est sa narration que je vais reproduire, et bien téméraire serait celui qui oserait s’inscrire en faux contre un pareil témoin, au sujet d’un prodige que les événements survenus depuis ont d’ailleurs suffisamment confirmé. » Ce récit est implicitement confirmé par Nazarius, l’orateur païen chargé du panégyrique de Constantin neuf ans après la bataille, et explicitement par Lactance, précepteur du fils de Constantin. Le prodige eut lieu devant toute l’armée et l’évêque écrivait quelques années après la mort de l’empereur « de nombreux témoins vivaient encore, et toute supercherie eut été vivement relevée et raillée par les auteurs païens. »

Quelques jours avant la bataille, Constantin, accompagné de ses officiers sortit du camp pour aller étudier la situation de l’ennemi. Tout le monde poussa un cri de stupeur lorsque soudain apparut dans le ciel une croix lumineuse. Une inscription en Latin se lisait dessus « In hoc signo vinces, par ce signe tu vaincras ». L’armée entière vu ce signe et fut très étonnée, d’autant plus que la croix n’était pas encore connue de l’empire à cette époque là.

La nuit venue, le Christ apparut dans un rêve de Constantin avec ce même signe de la croix, lui ordonnant de faire reproduire ce signe sur les drapeaux comme un gage de victoire. Le lendemain Constantin et son armée s’exécutèrent.

La suite nous la connaissons…. L’armée du Seigneur, forte de 40 000 hommes vint à bout des païens composée elle de 190 000 guerriers… Quasiment 1 contre 5… Quelle foi ! Une bataille vigoureuse s’engagea des heures durant. Les uns motivés par leur nombre, les autres par leur croix. Le choc qui était provoqué par la rencontre des deux armées déchaînées était assourdissant, intense. Les cris de fureur poussés par tous ces hommes nous indiquaient que seules deux issues seraient possible, la victoire ou la mort. L’abnégation et l’ardeur de l’armée du Christ mit finalement les païens en déroute en tuant leur chef Maxence. Après tant de persécutions, la croix, réservée jusque là comme instrument de supplice, triomphait du monde et devenait l’étendard des légions romaines.

Eusèbe nous raconte aussi un des faits étonnants qui se déroula pendant la bataille :

« Constantin, dit il, avait choisi parmi ses gardes environ cinquante de ceux qui surpassaient les autres en force de corps, en grandeur de courage et en piété, et il les chargea de garder continuellement l’étendard et de le porter tour à tour. Le désordre s’étant mis dans l’armée au milieu de la chaleur du combat, celui qui portait l’étendard signé d’une croix et d’un monogramme du Christ eut peur et le donna à un autre pour éviter le péril. Mais il n’en fut pas sitôt déchargé qu’il reçut un trait dans le corps dont il mourut sur le champ en punition de sa lâcheté et de son infidélité. Celui qui s’était chargé de l’étendard en sa place fut protégé. Quelques quantités de traits que jetassent les ennemis, aucun ne tomba sur lui. C’était une chose merveilleuse à voir que tous les traits demeuraient dans le bois de l’étendard, quoiqu’il fut fort étroit, et qu’aucun ne toucha jamais ceux qui portèrent le signe de notre rédemption. Ce récit, ajoute l’historien, n’est pas de moi, il est de l’empereur, de la bouche duquel je l’ai appris. »

Peu de temps après, Constantin confirmait l’émancipation de l’Église, rendait justice aux chrétiens dépossédés et appelait prés de lui le pape saint Melchiade.

Puis il prit toute une série de mesures humanisant et christianisant Rome. « Désormais, déclare-t-il, les condamnés aux mines ne seront plus marqués au front. La face humaine, créée à l’image de la beauté divine, ne doit point être déshonorée » « Il est temps, dit il encore, d’arrêter la barbarie des pères dénaturés qui donnent la mort à leurs enfants. S’il se trouve des parents qui ne puissent nourrir leurs enfants, qu’on prenne ce qui sera nécessaire sur le Trésor public ou sur mon domaine privé. » Constantin écrivait aussi, au préfet de Rome, que désormais le maître qui mettra à mort son esclave sera jugé comme homicide. Un édit supprimait la prison et la flagellation pour dettes, un autre interdisait les combats de gladiateurs, car selon l’empereur : « il ne convenait pas que le sang humain soit versé en pleine période de paix comme un passe-temps à l’usage des oisifs. »

Une loi abolissait le supplice de la croix. « En même temps, nous dit encore Hervé-Bazin dans son livre intitulé Les grandes journées de la Chrétienté, Constantin commençait à porter des coups à l’esclavage avec prudence, intelligence et habileté : il proclamait d’abord le principe éminemment chrétien que même soixante ans de servitude ne pouvait prescrire contre la liberté humaine. Il supprimait tous les obstacles qui avaient été apportés par la législation païenne pour l’affranchissement, et permettait de rendre aux esclaves leur liberté dans l’église en présence du peuple et des évêques, ne demandant qu’une attestation des ministres de l’église. Il défendait aux Juifs d’avoir des esclaves chrétiens et ordonnait à ceux qui connaîtraient des personnes injustement retenues en servitude d’en avertir les magistrats. »

En 316, il imposa le repos du dimanche pour tout l’empire. Ce fut l’occasion pour le peuple de consacrer du temps à l’église ainsi qu’à la famille.

Toutes ces ordonnances furent couronnées par l’édit du 23 Juin 318 qui permettait aux parties de passer outre la juridiction des magistrats de droit commun pour s’en rapporter au jugement des évêques.

C’est à partir de cette période que l’effet sublime de la bataille du pont de Milvius se fit le plus ressentir. Constantin n’hésitera alors plus à rendre à l’Église la place qu’elle devait désormais occuper en faisant construire des dizaines de splendides basiliques à la gloire de Dieu. Grâce à l’Église, l’homme retrouvait enfin sa liberté et sa dignité à travers la Vérité.

La découverte de la sainte Croix par sainte Hélène

L’empereur Constantin, vainqueur par la Croix, rendait tous les honneurs dus à ce signe sacré du salut des hommes. Sa mère, sainte Hélène, ne le cédait en rien à la piété de son fils. Inspirée par un mouvement d’en-Haut, elle résolut, malgré son grand âge de près de quatre-vingts ans, de visiter les Lieux Saints et de chercher le bois salutaire sur lequel le Sauveur avait répandu Son sang.

L’entreprise ne manquait pas de difficultés ; les païens avaient visé à transformer les lieux à jamais vénérables, témoins de la mort de Jésus-Christ, en y établissant le culte de Vénus et de Jupiter. Hélène ne se laissa point décourager.

Elle dut d’abord interroger plusieurs Juifs pour identifier les endroits où il se pouvait que les instruments du supplice eussent été dissimulés ; elle enleva ensuite les traces détestables du paganisme (elle fit d’ailleurs la même chose au lieu où était la crèche du Sauveur et en celui de la Résurrection, ayant fait ôter du premier l’idole d’Adonis, et du second celle de Jupiter) et fit faire des fouilles au pied du Calvaire avec tant de soin et d’ardeur, que bientôt on découvrait trois croix, avec les clous qui avaient percé les mains et les pieds du Rédempteur et le titre que Pilate avait fait placer au-dessus de Sa tête.

Mais comment reconnaître laquelle de ces trois croix était celle du Sauveur ? L’évêque de Jérusalem eut l’heureuse pensée de les faire transporter chez une dame qui était sur le point de mourir ; l’approche des deux premières croix ne produisit aucun résultat, mais dès que la malade eut touché la troisième, elle se trouva guérie. Un autre miracle plus éclatant encore vint confirmer le premier, car un mort qu’on portait en terre ressuscita soudain au contact du bois sacré.

L’impératrice, au comble de la joie, fit bâtir sur le lieu même une magnifique église où fut déposée la plus grande partie de cette Croix ; elle envoya l’autre partie à Constantinople, où Constantin la reçut en triomphe.

La victoire de l’empereur Héraclius sur les Perses

(Nous donnons ici le récit des Petits Bollandistes.)

Sous le règne de l’empereur d’Orient Héraclius Ier (610-641), Chosroès II (590-628), roi des Perses, entra dans la Syrie, prit la ville de Jérusalem, la pilla, la brûla, et emmena en Perse Zacharie, qui en était patriarche. Ce qu’il y eut de plus déplorable dans ce pillage, ce fut la prise et l’enlèvement de la principale partie de la vraie Croix de Notre-Seigneur, que sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, avait laissée en ce lieu de notre rédemption. Chosroês néanmoins lui rendit ce respect, qu’il ne la voulut point voir à découvert, ni permettre qu’elle fût tirée de l’étui où elle était enfermée et cachetée ; et les Perses furent aussi divinement frappés d’une terreur religieuse à son égard ; ils la conservèrent précieusement, disant que le Dieu des chrétiens était arrivé dans leur pays.

Héraclius, pour réparer de si grands malheurs et délivrer les chrétiens d’Orient du joug des Perses, résolut de porter à son tour la guerre au cœur de la Perse, non-seulement par des levées de troupes, mais par plusieurs actions de piété. Avant de partir de Constantinople, il vint à la grande église, les pieds couverts de noir et non d’écarlate, pour montrer sa pénitence. Il se prosterna devant le saint autel et pria Dieu ardemment de bénir ses bonnes intentions. Georges Pisidès lui prédit alors, qu’au lieu des chaussures noires qu’il avait prises par humilité, il reviendrait avec des chaussures rougies du sang des Perses : ce que l’événement vérifia. Il recommanda la ville à Dieu et à la sainte Vierge, et son fils Constantin au patriarche Sergius. Enfin, il emporta avec lui une image miraculeuse de Notre-Seigneur, protestant qu’il combattrait avec elle jusqu’à la mort.

En cet état, Héraclius, plus fort encore par la confiance qu’il avait en Dieu que par le nombre de ses soldats, entra dans la Perse et battit Chosroès, qui fut obligé de prendre honteusement la fuite. Plus il était victorieux, plus il implorait le secours du ciel, auquel il attribuait de si heureux succès, faisant faire à son armée des processions solennelles pour demander à Dieu la continuation de sa protection et de sa bénédiction. Il marcha de victoire en victoire. Chosroès, craignant de tomber entre les mains de son vainqueur, prit le parti de la fuite, et se retira avec ses femmes et ses trésors à Séleucie, au-delà du Tigre ; là, son fils aîné Siroès se saisit de lui et le mit en prison où il mourut de faim, de mauvais traitements et d’outrages. Ainsi finit Chosroès, qui avait désolé tout l’Orient et fait aux chrétiens la plus inhumaine et la plus sanglante guerre qu’ils eussent jamais soufferte, enlevé et emporté la Croix du Fils de Dieu, pillé ses églises, profané ses autels et commis un nombre infini de sacrilèges.

Siroès, se voyant élevé sur le trône de Perse par des voies si condamnables et si tyranniques, ne demanda pas mieux que de faire la paix avec les Romains : il envoya donc des dépêches à Héraclius pour l’obtenir. Ce prince la lui accorda volontiers, mais, entre les conditions du traité, il l’obligea surtout de rendre la Croix de Notre-Seigneur dans le même état que son père l’avait emportée, et de mettre en liberté le patriarche Zacharie et tous les esclaves chrétiens. Il revint ensuite tout triomphant à Constantinople, où il fut reçu avec de grandes acclamations du peuple ; on applaudissait celui qui avait réparé l’honneur de l’empire romain par la défaite des barbares. On alla au-devant de lui avec des rameaux d’olivier et des flambeaux, et on n’oublia rien qui pût témoigner l’allégresse et la joie publiques de voir la Croix du Sauveur entre les mains des chrétiens.

Héraclius, pour rendre à Dieu des actions de grâces solennelles des grandes et insignes victoires qu’il avait remportées, voulut conduire lui-même à Jérusalem le bois de la vraie Croix qui avait été quatorze ans sous la puissance des barbares. Lorsqu’il y fut arrivé, il la chargea sur ses propres épaules, pour la reporter avec plus de pompe sur le Calvaire, d’où elle avait été enlevée ; mais, quand il fut à la porte qui mène à cette sainte colline, il se trouva immobilisé et ne put avancer un seul pas. Cette merveille, dont on ne connaissait point la cause, étonna tout le monde ; il n’y eut que la patriarche Zacharie qui, jugeant d’où cela provenait, lui dit : « Prenez garde, ô empereur, qu’avec cet habit impérial dont vous êtes revêtu, vous ne soyez pas assez conforme à l’état pauvre et humilié qu’avait Jésus-Christ lorsqu’il portait sa Croix ». Héraclius, touché de ces paroles et en reconnaissant la vérité, quitta aussitôt son habit couvert d’or et de pierreries, ôta ses souliers et se revêtit de la robe d’un homme pauvre, après quoi il marcha sans difficulté et alla jusqu’au Calvaire, où il replaça la croix au même endroit d’où on l’avait enlevée. Enfin, pour rendre ce triomphe encore plus mémorable et exalter davantage la gloire de la Croix, il se fit, ce jour-là, plusieurs miracles par la vertu de ce bois sacré : un mort fut ressuscité, quatre paralytiques furent guéris, dix lépreux purifiés, quinze aveugles illuminés, quantité de possédés délivrés et une infinité de malades remis en parfaite santé.

Dans la suite, il fut ordonné que tous les ans on ferait la fête solennelle de ce rétablissement, et l’Église la célèbre encore, le 14 septembre, sous le non de l’Exaltation de la sainte Croix. Elle fut très-célèbre en Orient, et, ce jour-là, il accourait à Jérusalem des pèlerins de tous les endroits du monde. Voilà pour ce qui regarde l’institution de cette fête, en mémoire du recouvrement de la Croix fait par Héraclius ; mais longtemps auparavant on faisait, dans l’Église grecque et dans l’Église latine, une solennité en l’honneur de la Croix, sous le nom d’Exaltation pour se remémorer les paroles de Jésus-Christ qui dit, en parlant de sa mort : « Lorsque je serai exalté, c’est-à-dire élevé au-dessus de la terre, j’attirerai toutes choses à moi. Tout ainsi que Moïse a exalté le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit exalté. Lorsque vous aurez exalté le Fils de l’Homme, vous connaîtrez qui je suis ». Le cardinal Baronius, dans ses Notes sur le martyrologe, dit que cette fête fut établie au temps de l’empereur Constantin, pour remercier Dieu de ce qu’alors la Croix fut exaltée dans tout l’univers par la liberté qu’eurent les fidèles de prêcher l’Évangile et de bâtir des églises. Peut-être le fut-elle après que la vraie Croix eut été trouvée par sainte Hélène, et lorsqu’elle fut placée sur le Calvaire.

C’est ce jour que saint Benoît, le père des moines, a fixé pour le début du carême monastique qui s’achève le jour de Pâques.

Cette fête peut se fêter tous les jours et à tous moments dans le cœur du chrétien. C’est l’endroit où Jésus-Christ veut principalement que sa Croix soit exaltée. L’exaltation extérieure qui se fait ou sous les voûtes des temples, ou sur les portes des villes, ou même sur la tête des souverains, n’est qu’un signe de ce qui se doit faire dans ce sanctuaire vivant et animé.

Nous l’exalterons par une haute estime que nous concevrons de son mérite, par un grand zèle à la porter comme Jésus-Christ l’a portée, par un profond respect pour les souffrances que cet aimable Sauveur a endurées, par un soin particulier de la glorifier en toutes nos actions, et par une sainte application à la faire triompher dans le cœur de nos frères. Et qu’y a-t-il de plus noble et de plus salutaire que la dévotion envers ce précieux instrument de notre salut ? Car la Croix est l’espérance des chrétiens, le soutien des désespérés, le port de ceux qui sont agités par la tempête, et la médecine des infirmes. C’est elle qui éteint le feu des passions, rend la santé aux âmes malades, donne la vie de la grâce à ceux qui étaient morts par le péché, et ruine l’empire du vice et de l’impiété. Elle nous sert d’épée et de bouclier pour combattre nos adversaires, de sceptre pour triompher de leur malice, de diadème pour nous orner, de boulevard pour défendre notre foi, de bâton pour nous soutenir dans nos faiblesses, de flambeau pour nous éclairer dans nos ténèbres, de guide pour nous redresser dans nos égarements, et de leçon pour nous apprendre les vérités du salut. Elle efface les péchés, excite à la pénitence, amortit les flammes de la cupidité, arrête l’ambition, dissipe la vanité, condamne le luxe, réprouve la délicatesse, porte à la confiance en Dieu, nous ouvre le ciel, nous fortifie contre les tentations, nous préserve des périls, nous assiste dans nos infortunes, nous console dans nos afflictions, nous délasse dans nos travaux, rassasie les faméliques, nourrit ceux qui jeûnent, couvre ceux qui sont dépouillés, enrichit les pauvres, châtie les riches, secourt les nécessiteux, accompagne les voyageurs, protège les veuves, défend les orphelins, garde les villes, conserve les maisons, unit les amis, résiste aux ennemis, est l’honneur des magistrats, la puissance des rois, la victoire des généraux d’armée, la gloire des prêtres, le refuge des religieux, la retraite des vierges et le sceau inviolable de la chasteté.

Les pieux habitants du Liban célèbrent avec une dévotion et une solennité particulière la fête de l’Exaltation de la sainte Croix. La veille, à la tombée de la nuit, cent mille feux brillent sur toutes les hauteurs, rivalisant d’éclat avec les étoiles du ciel, et se réfléchissant dans l’azur de la mer. II n’y a pas une colline, pas un rocher, pas une anse du. rivage, pas une habitation, depuis le pied des montagnes jusqu’à leurs cimes les plus élevées, de Sidon jusqu’à Tripoli, partout où bat un cœur catholique, qui ne rende gloire à Dieu. Toutes les cloches unissent leurs voix aux chants des fidèles, au murmure des ondes, à la joie de la terre, pour exalter l’arbre de vie qui a porté le Salut du monde.